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Bulletin SAF 1880


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De la fondation et des premiers abbés de Quimperlé

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Lecture par M. le Président d'une lettre adressée à
notre Société par nos collègues du Maine.
n est décidé qu'un envoi de publications du Bulletin
de notre Société qui ne sont pas épuisées serait fait

M. Bertrand, rue de Flore, 48, au Mans.
M. le Président dépose sur le bureau un volume
intitulé: Inventaire sommaire de$ A rchloves dépm'temen­
de la Loire-Inférieure, antérieures à 1790, et donne
tales
lecture de la lettre qui accompagnait l'envoi de ce
est com~uniqué, sur sa de-
précieux ouvrage qui
à M. Audran. ° -
mande,
La parole est donnée à M. Audran pour la lecture
du chapitre premier de son intéressante Histoire
de la fondation de l'Abbaye de Quimperlé, qu'il va publier
dans cette ville, chez Clairet.

DE LA. FONDATION ET DES PREMIERS ABBÉS DE QUIMPERLÉ •

L'abbaye de Quimperlé aussi illustre par son antiquité que par
les droits et privilèges donlelle jouisRait est redevable~ de sa fon­
dation à la libéralité de Gralop le Grand. comte de Cor­
nouaille et à la vertu de saiot Gurthiern~ fils d'un des rois
bretons de Cambrie qui ayant tué dans une balail~e son propre
neveu, sans le connaître, eo fut tellement pénétré de douleur,
que dès lors foulant aux 'pieds les grandeurs~ et même la cou­
ronne qui lui était préparée, il résolut de se retirer dans la
pour y gémir et faire pénitence le reste de ses jours.
solitude
S'étant donc dérobé à la vigilance de ses courtisans et de ses ° o
domestiques il se retira dans un lieu désert et affreux situé
entre deux mont.agnes au nord de la grande Bretagne~ où il
vécut prè~ d'un an, inconnu aux hommes; s'y voyant enfin
découvert et craignant qu'on ne l'obligeât de rentrer à la cour

, / il passa dans une solitude encore plus reculée sur les bords de
la rivière de Tamar où il demeura plusieurs années (t).
De là il vint en l'île près l'embouchme du Blavet (2)1 et il Y
séjourlla quelque temps connu seulement des pêcheurs de l'île.
Mais le seigneur du lieu qui fut averti de sa présence lui témoi-
gna beaucoup de respect et le fit connaître au comte Gralon,
seigneur suzerain de l'île: Ce prince aussitôt le fit prier de le

vel1lr VOIr.
Le saint obéit et Gralon ful si content et édifié de sa ver tu
et surtout de son humilité. qu'il voulut le retirer de son rocher
de Groix et pour l'y engager il lui donna un terrain admirable
sa situation, nommé Anaurot, au confluent des rivières Isol
par
et Ellé, avec mille pas de terre à l'entour et le territoire de la pa­
roisse de Baye. Ce fut en c~ lieu qu'on nomma depuis ( uimperlé
qui signifie confluent d'Ellé que saint Gurthiern bâtit un monas-
ere.
On ne sait aujourd'hui quel en fut le patron? quel fut le nombre

des disciples du saint? ni même en quelle année il fut construit?
Albert Le Grand en fixe l'établissement vers 550 et cette date est
aujourd'hui généralement acceptée.
Près du monastère élevé par saint Gurthiern et ses çompagnons
et sur le terrain concédé par Gralon 1 beaucoup de personnes
par leur réputation de sainteté et voulant pI'ofiter de
attirées
leurs leçons se construisirent des cabanes qui donnèrent naissance
à] a ville de Quimperlé.
Les habitants de Cornouaille ne furent pas les seuls à ressenti r
les bienfaits de saint Gurthiern, car Guérec premier comte de

(i) Gurtbiernus et pater ejus vietores in illa die fuerunt et Gurthier­
nus filium sororis suœ oeeidlt, neseiebat enim esse amieum sibi et post
quam intellexit esse filium sororis suœ perituit se bana eulpam faeere,
ét flevit et postea exivit in desertum et habita vit in valle magna inter
duos montes in septentrionali parte Britannice ,
(Vie de saint Gurtbiern d'après le earlulaire de Sainte-Croix de Qllim-
Le Men) . .
perlé. Edition
(2) (In parvo lembulo veuit ad insulam quce voeatur Groice)

Vannes, voyan t son pays menacé par la famine parce que les vers qui
mangeaient les blés en herbe ruinaient entièrement l'espérance de
la moisson, jugea sur l'éclat des miracles du saint qu'il n'y avait
meilleur moyen pOUl' arrêter les ravages de ces vers que d1avoir
recours à ses prières. Il dépuia donc vers lui trois des principaux
habitants de Vannes, GUEDGUAL, CATHUOTH et CADUR pour le prier
d'avoir pitié de son pays. Gurthiern sensible aux misères de ce
peu,ple envoya de l'eau bénite et ordonna qu'on la jetta sur la ·
campagne, ce qui n'eust pas éte plus tôt fait que tous les vers
qui la ravageaient moururent comme si cette eau eut été un poison

assuré (1)

Le comte Guérec par reconnaissance donna à saint Gurthiern
et à son monastère une terre située sur la rivière de Blavet nommé
Vegnac et depuis Kervignac.
L'histoire particulière de l'abbaye el celle de la translation des
reliques de saint Gurthiern font présumer que ce saint resta de­
meurer à Kervignac jusqu'à sa mort, qui arriva au commencement
du septième siècle. Le corps de saint Gurthiern avec l'histoire de
la vie et quelques parties des reliques des sain1s Guénolé; Guena­
hel, Symphorien et Idunet furent transportés et cachés à l'île de

Groix vers 878, lorsque le monastère fut ruiné par les Normands:
ces reliques furent trouvées sous l'abbé Benoist, vers 1066.
La mémoire de saint Gurthiern s'est conservée à Quimperlé
dont il a été le premier abbé et dans j'île de .Groix où se trouve
une chapelle sous son invocation, au lieu où ~e trouvait son
oratoire,'et qui porte encore aujourd'buile nom de Loc-GÙrlhiern. .
Il s'y tient tous les ans une assemblée le jour de la fête du

(t) In tempore illo, regnante Guerech comite, orta est pestilentia et
fames in Broguerech, scilicet vermes eommedébant segetes ; qua propter
ad sanctum Gurthiernum, videlicet
misit prœdictus cornes nuntios su os
Guedgal, et Cathuoth et Cadur ut subviniret patriœ. Vir autem dei cito
liquam, misit que per illam patriam, fugavit que
. advenit et benedixit
immensam verminm multitudinem. .
(De inventione reliquiarum sancti Gurthierni aliorum que sanctorum
filiI Huclin de castro henbont in
tempore Benedicti abbatis et Guigoni
insula GroÏ ab Oedrio monacho revelatarum. Cartulaire de Sainte-Croix.
Edition Le Men) •

saint, c'est -à-dire le 29 juin, mais cetLe fête tombant le jour
consacré à la mémoire des saints Apôtres saint Pierre et saint
Paul, est transféré au 3 juillet. Il y a aussi à Douëlan près Quim­
perlé, un prieuré de l'abbaye s0113le vocable de saint Gurthip.rn .
Aucun des successeurs de notre saint n'est connu; seulemen t
on lit dans la vie de saint Gouesnou, évêque de Léon, que l'an
. six cens septante et cinq estanl allé avec son frère saint Majan
. visiter saint Corbasius, qui faisait alors construire un monastère
au lieu ou est Kemperlé il se permit quelques critiques qui déplu­

rent à l'architecle et ce dernier en conceut une estrange hainè
contre Saint Guesnou, et estant monté sur les échaffaux dres­
sez pour lembriser l'église, et passant pat' dessus le saint, il
laissa comme par mégarde tomber son marteau, droit sur la teste
et lui brisa le crâne. (Vies des saints de la Bretagne, par Albert
Le Grand).
M. Audran fait ensuite connaître qu'au sujet du ·

mobilier d'un magistrat breton dont il avait entretenu
la Société dans une des dernières séances, il a recu
d'un collègue de Lorient, M. Jégou, une le.ttre dont il
nous donne lecture.
La famille A umont qui a fait l'objet d'une communication de
M. le juge de paix Audl'an, insérée au Bulletin de lfl Société
archéologique de· Quimper (t. VII, p. 103), figure parmi les
notabilités de la haute bourgeoisie du pays baigné par le Blavet,
le Scorff el l'Ellé, an XVIIe et XVIIIe siècles .

Dans mes notes sur les familles et les fiefs de celte contrée,
je relève en effet un M. Charles A umont, qui était époux de
demoiselle Anne Lamollen. Celle-ci était veuve en 1633, elle
était fille de noble homme Charles Lamollen, sieur de Pen­
quellen, et sœur de Jean Lamollell, sieur de Penquellen, et de
Françoise Lamollen, femme de Jean Briant, sieur de Botdel.
Vers 1588, Charles Lamollen recueillit avec demoiselle Louise
Le Febvre, femme de noble homme Jean de Lantivy ~ les suc-

cessions de nobll'ls gens Raoul et Lucas Caézric, dont ils
vendirent les immeubles à noble homme Maurice Hernou,
qui était je crois de QuiŒperlé.
Charles Aumont n'était-il pas le père de Nicolas Aumont
sieur de Linteau, et par conséquent aïeul de Julien, sieur du
Linteau qui figure au contrat de mariage du 17 novembre 1656
reproduit par M. Audran? Je ne saurais l'affirmer .
Olive Pitouays (ou PiLtouays), était fille de Jean, sieur de
Kerleau, marchand à Hennehont, et de demoiselle Anger (et

. non Auger). Les Pitouays étaieùt parents ou alliés de la plupart
des familles notables du pays d'Hennebont: Guillemot, Baëllec,
Dondel, Gèffroy, Le Prédour, Le Brishoual, Le Mée, André,
Eudo, Marion, Boutouillic, Le Veuver, Fraboulet, AudouYll,
Blondeau, Leziart, Couttin, etc., etc. Je ne sors pas du
XVIIe siècle.
Olive Pitouays était petite-fille de Bonaventure, sieur de
Kerbloys, et arrière petite-fille de Nicolas, marchand, demeu­
rant à Hennebont, vieille-ville, où il mourut en' t 588. L'inven­
taire dressé à la mort de Nicolas Pitouays s'éleva à 22,391 livres.
Julien Aumont, sieur du Linteau, acheta l'année qui suivit

son mariage (t656), la charge d'alloué et lieutenant général,
civil et criminel de la juridiction royale d'Hennebond et ~ostang
donlle titulaire se nommait écuyer Pierre Pieot, sieur de Long-
champs et de la Moennerye. Ce dernier avait pour prédécesseur
écuyer Vincent Le Flo~ sieur de Branho, peut-être le père du
sieur de Kertanguy, baillif de Quimperlé, qui assiste au contrat
de marÎalle de Julien Aumont. Le sieur de Lintheo vendit sa

charge d'alloué moyennant 24,000 livre~" en 1671, à noble
homme Joseph Le Milloch sieur de Brangolo, et il se retira à
Quimperlé.

Le nom de Milloch appartenait à une ancienne famille du
bailliage d'Hennebont qui vient de s'éteindre. E Ile tirait son
origine de l'île de Groix, où vivait en 1601 Lorans Le Mylloch,
au bourg de Lomaria. En 1628, un notaire du nom de Bona-

venture Le Milloch, vivait au bourg de Loctudy. Un Claude
Le Milloch, maire, résidait à Blavet (Port-Louis), en 1603.
Je reviens à Julien Aumont. Son mariage avec Ollive
Pittouays fut de courte durée; celle-ci mourut à Hennebont en
1656, laissant un fils, Jean-Marc Aumont.
Julien épousa en secondes noces Julienne Le Puillon, veuve
elle-même de Charles de Jaureguy, sieur de la Forest, dont elle
avait des enfants, notamment noble homme Jacques de Jaureguy,
qui vivait en 1713. ,
Julienne Le Puillon était fille de Claude, sieur de Kerloret
(en Plœmeur), alloué des fiefs de Léon, demeurant à Pontscorff,
et de Anne Gilard. Elle était sœur de Guillaume Le Puillon,
sieur de Boblaye, souche des Boblaye, dont le dernier est mort
en 1857. président du tribunal civil de Pontivy. Les Le Puillon,
comme les Le MilIoch, étaient originaires de Groix. En 16ùl,
maître Jean Le Puisson, notaire royal, résidait à Loctudi, en
l'île de Groix; et en 1620, honorable femme Magdeleine Le Mil­
loch, sa veuve, demeurait au bourg de Plœmeur: Claude Le
Puillon sieur de Kerloret, alloué de Pontscorff était son fils.
Du mariage Aumont et. Le Puillon naquirent plusieurs enfants.
Aumont devint religieuse de la Retraite de
Marguerite-Françoise
Vannes; Magdeleine Aumont devint également religieuse-pro·
fesse au couvent de la Charité de la même ville; Jean-Baptiste
Aumont mourut recteur de Saint-Caradec-Hennebont; il était
né à Quimperlé, sur la paroisse de Saint-Colomban. En lui
s'éteignit une branche de la famille Aumont.
Je relève dans mes notes d'autres personnes du nom d'Au­
mont, à Pontscorff, Quimperlé Carhaix, Nantes ·el le ressort de
Rennes; je suppose qu'elles appartiennent à différentes branches
de la même famille.
En 1668, un Jean Aumont, sieur de Chauny, vivait sur la
paroisse de Bréal, près de Vitré; un autre, Charles Aumont,
de la Villeblanche était lieutenant de Carhaix. Tous deux
sieur
produisirent à la réformation de la noblesse, mais ils désistèrent

et payèrent 100 livres d'amende. L'alloué d'Hennebont,' Julien
Aumont, manifesta de sp.mblables prétentions, il imita ses ho­
monymes et paya comme eux l'amende de 100 lIvres (Arrêts
des 1 er et 12 octobre et 23 novembre 1668). -
Julienne Le Puisson, dame Aumont, hérita, je ne sais à quel

titre, de la terre de Kerlozret, en Plœmeur, de dame Louis e-

Marie Aumont, religieuse-professe au couvent des Bénédictines

de Quimper (1694). '
En 1705, Julien Aumont, sieur de la Villeblanche, était pré­
sident du présidial de Nantes. Je suppose qu'il était fils du
lieutenant de Carhaix de 166S, Charles Aumont. Julien obtint
une pension de 1,600 livres.
En 1721, un marchand tanneur de Pontscorff, Pierre Pécart,
avait pour femme Perriné Aumont.

Enfin, Hélène Aumont était en 1765 épouse de maître Jean
Cibeau, notaire et procureur à Quimperlé.

M. Faty demande que cette lettre soit insérée au
Bulletin, attendu dit-il, qu'elle présente beaucoup d'in-
la connaissance qu'elle donne
térêt au point de vue de
les noms des différents membres de la
en désignant
famille de ce magistrat et que la publication de ces
détails sera certainement goûtée des sociétaires.
de M. Faty.
L'assemblée consultée acquiesce au désir
M. Audran entretient ensuite la Société de la décou­
verte d'un tumulus près 'de Pont-Croix .

FOUILLES D'UN TUMULUS ET DÉCOUVERTE DE SARCOPHAGES GAULOIS
A MAHALON
Aux dépendances du village de Stang-er-Rhun, sur le ter­
ritoire de la commune de Mahrtlon, et dans la partie qui confine
celle de Plozévet, on apercevait ' il y a quelques années, une
éminence ou mieux un tumulus, régulièrement arrondi dont la .
le diamètre de 38 centimè-
hauteur était d'environ 3 mètres et