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Bulletin SAF 1880


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Recherches et documents sur l’art et les artistes bretons du 15e au 18e siècle (Landivisiau, note sur l’origine du mot Julot)

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RECHERCHES ET DOCUMENTS SUR L, ART ET ,LES ARTISTES BRETONS
DU XVe AU XVIIIe SIÈCLE.
Dans la Monographie de la cathédrale de Quimper, j'ai ex-
primé l'intention, et, en quelque sorte, pris l'engagement de

danner une suite aux recherches publiées dans cet ouvrage sur
les artistes bretons. Je commence ,aujourd'hui la réalisation de

ce projet, en !aisant observer que je ne suivrai dans ce travail.,
ni ordre topographique ni ordre .chronologique. Mes notes seront

mises au jour un peu à bâtons rompus, et au fur 'el à mesure
que celles qui intéressent chaque monument me paraîtront
relativement complètes.
Mon but n'est pas précisément de decrire par le menu les

œuvres d'art sur lesquelles je pourrai trouver quelques rensei-
gnementsi l'objet que je me propose est surtout de faire con-
naître les détails qui se rapportent aux habitudes des ouvriers,
au prix de la main d'œuvre et à la manière dont se réglaient
les marchés entre ces derniers, les recteurs et les corps politi­
ques d~s paroisses. Des tables permettront, du reste, de re­
aisément les noms de personnes et de localités. Il est
trouver
presque inutile d'ajouter que les monuments qui ont cessé
d'exister seront de ma part l'objet d'une mention aussi atten-
tive que ceux qui existent encore. Après ce court préambule,
en matière. ' -
j'entre immédiatement
Landivisiau .
L'ÉGLiSE PAROISSIALE. " Ancienne trêve ou succursale de la
paroisse de Plougourvest ou Guicourvest, Landivisiau aujour­
de canton de l'arrondissement de MorlaIX, est
d'hui chef-lieu
un gros bourg, ou si l'on veut une petite ville, qui fut jadis
et qui l'est encore dans une assez large me­
très-commerçante

su're. La grande route de' Brest ~i Paris qui traverse cette Ioca· ,
lité lut donnait autrefois une hnporLance ct un mouvement qui
ont dû s'amoindrir depuis lu création du chemIn de fer, cir-
, constance dont elle ne paraît pas du reste s'être émue. Qualid

on a traversé la gare qui porte son nom, modeste hermitage où
les commodités les ,plus élémentaires semblent faire défaut, on
se croirait en plein désert, si deux omnibus avides de voya­
geurs et représentant les deux hôtels de la ville, ne venaient.
rappeler la proximité d'un lieu habité. On arrive à destination
en suivant pendant deux kilomètres une route accidentée et
bordée de cultures qui offrirait par un beau temps aux touristes
une agréable promenade pédestre .
, Landivisiau situé sur une colline, et en quelque sorte, au
centre du Haut-Léon, renferme une ' belle halle, des trottoirs
construits d'Ulle façon pittoresque, et une grande église, édifiée
sur un plan en forme de croix latine, et dédiée à saint Thivi-
ziau, saint breton que l'on a identifié, sans arguments bien
solides, avec saint Thuriau, évêque de Dol. De ce rrionument
on ne peut guères cHer que le portail avec ses sculptures
en kersanton, daté de 1565 ou 1566, le porche orné des
statues des douze apôtres et la tour surmontée d'une flèche
octogone cantonnée de clochetons de même ' form,e, et qui
porte la date de 1590. M. de Fréminville qui a lu sous une
statue de sainte Anne, placée à gauche du portai1~ et sous une
statue de saint Jean, reléguée près du reliquaire, l'inscription
M: J: Floch, écrite en caractères ' gothiques, pense qu'elle nou~
révèle le nom du sculpteur qui a taillé les figures de ce portail.
Je ferai observer que dans notre pays les anciens tailleurs
d'images n'étaient pas dans leurs œuvres prodigues de leurs noms,
et je verrais plus volontiers dans cette inscription celui dû do-
nateur de ces statues. Si .ce donateur était prêtre, la première
lettre M : serait l'initiale de Missire, mot que l'on employait.
d~signer les ecclésiastiques, au lieu et place de
pour
que l'on réservait atlx chevaliers. .
Si la ville de Landivisiau fut jadis importante au point de
vue du commerce, elle ne fut pas, HU moins au XVIIe siècle, et
grâce à sa position centrale, sans importance au
probablement
point de vue des arts. J'y trouve en effet établis sous le règne
de Louis XIV d'habiles artistes qui s'intitulalent mélÎlres sculp - .

teurs et architectes, eL qui firent pour l'église paroissiale, ou
comme on l'appelait alors pour l'église tréviale, d'importants
travaux de sculpture en bois. Le5 vieilles gens s'en souviennent
mais il n'en reste malheureusement que le souvenir.
encore,
défaut de ces travaux j'ai retrouvR un titre qui en cons­

tate l'exïstence et dont voici le texte:

Procès-verbal d'expèr-tise d'un 'l'étable fait dans l'église de
Landivisiau par Guillaume Lesl'ays (Lerrel), maître sculp-
tew·.

(j Nous soubz signés Jacques Lespagnol, maistre sculpteur, de­
meurant à Morlaix parroisse de Saint-Mellaine, et Yves Lau-
rens, maistre menuisier, demeurant au bourg parroissial de
Ploudiry, certifions et rapportons à tous qu'il appartiendra que

ce jour vingt cinquiesme du mois de feuvrier, l'an mil sept cent
douze, en conséquanGc des leUres et assignations nou~ don­
nées de la part d'honorables gens, François Kerangall et Claude
Berregar, fabrique de l'esglise treuvialle de Landiviziau, par­
J'oisse de Guicourvest, ilOUS nous sommes rendus jusques au
bourg de Landivisiau," ou estantz en présence desdits fabriques
et plusieurs autres habilans, le sieur' Guillaume Lesl"ays (1), ,
aussy maistr0 sculpttlUr, nous a remis entre mains un dessein
figUré pour la confection d'un ré table du Rozaire audit Landivi- .

ziau, avec une coppie d II traité passé en conséquance, du troi­
siesme aoust mil sept cent dix.
« Aprés quoy lesdits Kerangall et Berregar nous ont requis de

voir . et d'examiner ledit dessein et tl'aité, et si le rétable en

question est.oit en tout conforme et sans deffault" et de leurs en
donner nostre rapport par écrit. Ce que faisant moy dit Lespa­
gnol, après avoir bien et meurement examiné le tout, certifie
que les ornements et sculptures sont bien faits, et que le bois

(f) Lisez LerreZ; voir plus bas. Ces erreurs d'orthographe, dans les
noms propres sont fréquentes dans les actes de .cette époque. .

employé pour les faire est bon et net, mais que les colonnes,

qui devoient estre cannellés et ornés de jeux de fleurs, estantes

ne sont pas conformes au dessein, et sont néantmoins
unies,
et à la mode; qu'iJ y 'a un augmentation d'ornements
desentes
de feillures ùe refantes, aussy à la mode, sur le quadre ce qui .
n'est pas marqué sur le dessein. Mais cependant estime que les
ornements qui devoie'nt 'estre sur les colon,nes devoient surpas­
ser en valleur ce qu'il y a d'augmentation sur le quadre, et que
forme d~ compensation, il doit estre placé d'augmentation
par

sur les deux colonnes de devant, deux flames ou deux poteaux
de fleurs. Au surplus, dit avoir trouvé caché sous un morceau
de papier blanc une figure dans l'oreille du quadre dans lequel
endroit il y a présentement un fleuron . '
. u Et moy dit Laurens certifie que suivant le dessein, le marche
pied devoit estre composé de trois marches esgalles de menu-

zeries, et qu'il y a des fauItes d'y avoÏl' placé Une marche de
pierre . et de n'avoir pas égalisé les marches de pareille hauteur. .
que la premièr.e marche n'est pas dans son œuvre
A joindre
comme l'ouvrage le demande et est à pièces rapportées. Ce qui
ne doit pas estre ct qui n'a esté fait :que faute de conduitte,
suivant le dessein. Que dans les chansbralles des portes il doit
. . ' estre planté une plainte de six poulces de hauteur, et qui des-

porte hors du chansbralle d,'un derny poulce' de saillie en de­
hors et en devant, et rallonge l~ chansbralle pour reveQir trou­
. ver la plainte de six poulees de hauteur, de la mesme moullure

qu'il est fait. Qu'il doit estre placées des pièces enfoncées d'un

mesme assignement (sic) à colle, au lieu de celles qui sont

à pièces rapportées aux deux brlU!Z de l'autel qui saillissent .
le jour. Que la corniche de l'autel n'est pa~ placée ,
pour cacher ,
conformément au dessein, que dans tous les joints il manque
de l'uniment, et qu'il, est nécessaire de les affuter d.e colle,
pas à l'estat présant, disposés à recevoir peinture et
n'estant
dorure, estant mesme crassés et salles. Qu'il faut unir deux
boulz de planche qui débordent et- choquent la veue dans Je

plat fond des deux cos!és de la vitre; Qu'il faut oster absolu- .

ment les patefiches qui tiennent le cordon au tour de la vitre.

qui entrent dans le plat fond, et qu'il en doit estre placez d'au·
. tres qui soicn t aussy posées dans le mesme plat fond à costé

dudiL cordon avec des petits clouz arreslés. Que le bois du

parait verd, etau surplus . le bois paroit assez en
marchepied
estat .
« C'est le rapport desdits L'Espagnol et Laurens qu'ils certi-
fient véritable, et offrent le répéte!' en justice et ou requis sera
en présence des soubsignés notaires de la "cour rayale de Les-
neven, avec soumission à icelle, sous leurs seins et les nostres
au tablier du soubsignant Blondel, à Landivi·
susdits notaires
ziau, lesdilz jour et an que .dessus. Ainsi signé: Jacques L'Es­
pagnoi, Yves Laurans, et Simon, notaire royal, et C. Blonde],
notaire royal.

. u Depuis, en l'endroit a esté payé audit sieur L'Bspagnol cinq
liVl'es en argent pour sa journée et audit Laurens trois livres,
ayant esté défrayés, et ont d'abondant signé avec nous dits·no­
taires, etc. Controlé à Landivisiau le 2° mars 1712, par le sieur

Maccé, qui a marqué receu douze sols trois deniers. Signé:

B. Blondel, notaire royal.»
Guillaume Lerrel qui exécuta ces travaux en .1712, ne tra­
pas seul qnelqlles années plus tôt, en 1697. Il avait
vaillait

pour associé comme maître sculpteur et architecte, Alain Cas­
leI, qui peut-être était mort depuis. Ils firent ensemble en cette

dernière année pOUf l'église paroissiale de Plouguerneau, un
grand travail de sculptufe en bois dont le marché suivant donne
la description.
Marché passé entre Guillaume Ler,reZ et A Iain Castel, maîtres
sculpteurs et al'chitectes, et la paroisse de Plouguerneau pour
la construction de niches et de statues.

« Devant nous notaires royaux du siége de Lesneven et apos-

toliqlle en Léon, av·~c soumission y jurée et receu audit siège
de Lesneven, ont estez présantz en leurs personnes vén~rable

et discret (sic) personne missire Guilleaume Piriou, prestre,
de la paroisse dé Plouguerneau, docteur de Sor­
sieur recteur
bonne, maistre Robert Onfrey, noble homme Christophe Tho­
mas sieur de la Lande, honorable marchand, René L'Isac, ho·
norable homme Prigent Le Jeune, gouverneur et administra-

teur des biens temporel de l'église paroissiale dudit Plouguer-

neau, demeurantz respectivement en leur maisons audit Plou-
guerneau. d'une part; et. maistres Guillaume Lerrel et Allain
Castel, sculpteurs et architectes, demeurantz au bourg de Lan­
divisia'u, paroisse de Guicourvesl, d'autre part.
u Entre lesquels est convenus et arreslez les pointz et condi­
tions cy après, pour parvenir à la confection de deux niches à
mettre aux deux bouts du grand autel de ladite église parois­
siale dudit Plouguerneau, que lesdits sieurs Lerrel et Castel
promettent de faire.

«Lesquels niches auront quinze pieds de hauteur chacune,
comprins leurs couronnementz et eus de lampes, et six pieds
de largeur. Comme allssy seront lesdites niches remply de deux
figures de S. Pierre et de S. Paul, de cinq pieds de hauteur

chacune, et représentez en a postl'es. _

«( Auront aussy lesdites niches un couronnement garny de deux

enfTans avec une corbeille de fleurs, consoles et palmes, avec
le retour de la corniche, qui set'a suporté par un chérubin avec
des f~stons de fleurs, suivant le dessein présenté à ceste fin et
paraphé par ledit sieur recteur. De plus, ledit couronnement

de deux termes et d'un cu de lampe, comme ils
sera soustenu
• sont aussy paraphé par ledit sieur recteur avec leurs orne-
ments.
« Seront faits dé bon bois de chesne sans· atibier, et lesditz
1 (sic) figures, si cella se peut, de châtaigné et à defTaut de
bois de chesne (1). . . - -

« De plus lesdits Lerrei et Castel rempliront en outre le vide

(t) Peut-être faut-il comprendre « de châtaigner à défaut de chêne. )

du rab'at jour d'une mesme construction. avec le tabernacle et
avec les ornementz convenables pour joindre lesdites niches.
« Tout lequel travail sera parfait pour les festes de la Tous­
saintz prochaine, et sera rendu aux frais de ladite église pa~
roissialle, parceque néantnioins lesditz sieurs Lerrel et Castel
supporteront le risque, s'il s'en trouve, ny arrive quelque chose •
de cassé, et seront tenu de mettre le tout en renable. (1).

« Ce qui èst accordé entre parties pour et en faveur de la
somme de six cents livres, payable en deux termes, scavoir, le

liers présantement payé à veu de nous ausditz Lerrel et Castel,
o (avec) suffisante quittance, et le restant,qui est celle de quatre
cens livres, lorsque le travail sera possé et mis en place, sui­
vant et conformément ausditz conditions cy dessus rapportez,
aux desseins demeuré par devers le~ditz entrepreneurs; les. ..
-quels seront aussy tenu de représanter lorsque besoin 8era.
u Finallement est conditionné quelesditz entrepreneurs seront
nourry pendant le temps qu'ils s'eront faire le pos­
entretenu et
sement desdits ouvrages aux frais de ladite esglise.
« A l'effet et accomplissement de tout quoy s'obligent lesdites
en ce que Iuy incombe, .soubz obli­
parties, chacune d'icelles
gation de lous et chacuns leurs biens en général, présant et à

l'advenir, et à pouvoir y estre contraint par le voyes des droits

et rigueurs de justice, au dessir de la nouvelle ordonnance et
sans sommation préc~dante. .

(t Ainsy fait et gré au manoir presbiteral et demeurance dudit
,sieur recteur à Plouguerneau, soubz les signés desditz susnom·

mez chacun pOlir soy, el le nostre nous ditz notaires, ce jour
de mars mil six cens quatre vingt dix sept, avant
quatriesme
midy. .

u A l'endroit se sont présenté avant la clôture du présant,

. ' messire René Symon, seigneur du Mouster, --capitaine de ceste
paroisse de Plouguerneau, demeurant en sa maison, . à .
dite

Kerlouan', el G. François Nicolas, Goulven Bretton, Jean Lot-

(1) En bon état.

trian, François Omnès, demeurant auditz Plouguerneau, et les
autres soussignantz, habitans de ladite paroisse de Plouguer­
neau. Tous lesquels après leur avoir fail lecture de mot à au­
et fait à comprendre tout ce que dessus, ont approuvé, co·
tre,
boré et ratiffié le présant, et s'obligent pareillement, ainsy que .
les autres habitants mentionnez au présent, à l'effet de ce que

dessus.
Cl Ainsi signé au registre de ceste: G. Piriou recteur de

o Plouguerneau, René Symon, R. Onfrey, Thomas, René l'Izac,
Y. Lottrian, Goulven Bretton, Prigent Le Jeune, F. Nicolas,
Fr. Omnès, Guilleaume Lerrel, Allain Castel, Jean Jaffren,

G. Uguen, J. Labat, F. Anton, Louis Le Gelleoc, Laurans 1'al-

lec; deux notaires royaux, le soussignant Le Jeune, notaire

royal, registrateur, et controllé à Lannilis, le 27 mars 1696,
par Fr. Léon, comis, et de luy signé,et resu 3 livres. Signé: 0
G. Le Jeune, notaire royal. n 0

Les détails donnés dans ces deux actes et l'appréciation du l

sculpteur expert de Morlaix ne peuvent laisser de doute sur le

talent de Lerret et de Castel. Mais si Landivisiau possédait
d'habiles sculpteurs,cette ville paraît avoir manqué à cette épo-
que d'autres artistes de mérite, car ainsi qu'on le verra par la
série de documents qui suit, elle était obligée de faire venir
de Morlaix ou d'ailleurs ses peintres, ses orfèvres' et ses fon-
. de urs de cloches.

Marché passé entre Cha1'les Nicol, peint1'e. et la paroisse de
Landivisiau. .

, « Sur ce que du précédant ' temps maistre Charles Nicol,
. . peintre, résidant le plus ordinairement en la ville de Lannion,
évo esché de Tréguier, auroict de l'advis de vénérable et discrept
missire Jean Grall, sieur recteur de la paroiesse de Plougour-
vest, de messieurs les prebtres, d'une partye des habitans et
Jrefiens de Landiviziau, étophé eL doré deux figures. scavoir
l'image de la vierge et de monsieur sainet Jean au natturel,

peint un armoire estant au bas de la sacristie de l'église de
Landiviziau d'un cfuxifix et des images de la vierge et sainct
Jean des deux costés en huille et le reste en ornemens, et avoir
lavé et raffrechy le grand tableau ,du rosaire et sa bordure,

et la petilte figure de l'image de la vierge que l'on porte aux
processions. du rosaire; lesquelles deux premi~res figures au
naturel furent posées le jour d'hyer des deux costés de la

mais tresse vitre de ladite église et ledit · tableau du rosaire au
coign du pignon de la chapelle au c6té de l'évangille de ladite
églisg ; de tout quo'y ledit sieur recteur auroit ce jour doùné
advis en l'endroit du prosne de la grande messe, cellebré en la
chapelle de monsieur sainct Guennal, . près ledit Landiviziau,
au général de la trMve dudit Landivisiau, assistans en ladite

grande messe et pardon de ladite chapelle~ les sommans de dé-
clarer s'ils trou voient à propos et utille et à leur gré ledit tra­
vaill et sy lesdites figures et tableau ' estoient bien et desca-
ment posées et en ce cas de nommer et desputer trois ou
quattre d'entr'eux pour se trouver aveq ledit sieUl' recteur à
l'issüe de ladite grand messe ponr tr.ettel' aveq ledit Nicol pour
ledit travaill; en l'endroit auroit esté nommé honorable gens
Jan SalIiou le vieil, Guillaume Hamon et Yves Rannou ; lesquells
de l 'ad vis dud'it sieur recteur et des auItres prebtres et treffiens
dudit Landiviziau, ont tretté et accordé aveq ledit Nicoll pour
ledit travaill el aultres qu'il a pu faire jusques à ce jour en ladite
à la somme de cent soixante livres, et soixante soulz à ses
église,
deux compaignons, faisans cent soixante et trois livres, quelle
dite somme a esté présantement payée et soleu en louis et
derny louis d'argeant neuff de France, bons et d'allai, audit·
. sieur Niccol pour luy et ses desdits deux compaignons par hon-
norables gens Alain Paugam et Jan Bras, l'an présant fabriques

de ladite. égli3e, de l'ordre et advis dudit sieur recteur et des-
dits députlés, que ledit Nicoll a prins et emporté, déclarant en
cùnséquance quitter lesdits fabriques et treffiens de·toutte ladite
besoigne et lravaill qu'il fi peu faire en ladite église et sacris-

tye aveq promesse de ne leur-faire jamais action, demande, ni

recherche ce touchant, soubs obligation de ses biens, foy et ser­
ment, et a signé a·veq ledit sieur recteur dom Paol Laurens
prebtre, son curé missire François Muzellec. prebtre, desdits
Salliou, Hamon et Rannou et des autres treffiens présans, et les
nostres, audit Landiviziau le dixièsme juillet mil six cens sep-
tante et deux, à midy. Ainsin signé: F. GraU, prebtre; recteur
de Guicourvest; Paul Laurens, prebtre et curé, et H. Nicoll,
F, uzellec, prebtre, G. Hamon, Jan Bras, J. Salliou, Yvon
Ranllou, F. Tanguy, .Germain Con, notaire royal et Dufourt.
« J AMIN, notaire» .

Reçu de F. et M. de Glazren, pour des peintures faites dans
l'église de Landivisiau.

« Nous soubsignens cognoissons, avoir ressu d'onorable gens

Fransoys Rolland et Pierre le Bheon, margueliers de l'égli5e de
Landiviziau, la somme de trois cent trante trois livres six sol

et huict denier; ladictte somme pour dernier terme et paiie-

ment du marché de mille livres que nous avons raict avecque
le général et les sudits margueliers pour dorer et étoffer le
tabernacle, les niches et images des sains Tivisiau et saint Puul,
blanchy la voûte, paint et doré le tambour ou cloison dedans
et dehor, ainsi que nous nous étions obligé soubs nos sainc
privé; de plus nous recognesons avoir ressu la somme de
cent livres des sudits Rolland et Bheon pour un marché séparé
que nous avons faict aveque le général et ses margueliers pour

dorer la crédence et autre choses, comme il et spécifié au long
sur le caier des délibérations pronalles, à Landiviziau le lundy
oinquiesme octobre 1699. Signé: Fr. C. de Glazren, Melene
de Glazren, J. Godfroy. J) .

entre O. Le Roy, orfevre et la paroisse de Landivisiau
. pour la façon d'ùne croix d'argent. -

CI En exécution de l'acte du premier de décembre dernier,

passé entre vénérable et discret missire Jan GraU, prestre, sieur

recteur de la parroisse de Plougourvest, faissant et stipulant .
pour le général (1) de la lreffe de Landiviziau, feillete (2) de
ladicte parroisse, eL le sieur Ollivier Le Roy, maistre orphevre,
de la ville de Morlaix, portant marché de faire une croix d'ar­
gen t pour leglise dudict Landiviziau, ledit Le Roy auroit ce
jour de dimanche vingt. et huittiesme avril mil six cents sep­
eincq, présanté une croix d'argent à la dicte église, ornée
tante
d'un cruciffix d'un cos té, de l'image de Sainct Tivizieau, por-
tant une croix d'archev.esque de l'autre costé; laquelle s'est

trouvé conforme au dessain qu'il a aussy apparu chiffré des
deux cos tés par ledict sieur recteur, de Gilles Leden, l'un des
fabricques de ladicte église de Landivizieau, et du soubzsignant
lloHaire royal; laquelle croix apprès avoir esté démon­
Jamin,
tée de dessus son bois auroit esté pezée en présance dudict

sieur recteur, des prestres, servant in divinis en 'Iadite église,
. dudict Leden et d'Yves Bleas, son consort, fabricques de la­
dicte église, et des treffiens et hahittans dudict Landivizieau,
soubzsignants présents en ladite église, et s'est trouvée pezer le
nombre 'de quatorze marcs un unce el cincq gros d'argent; et
ensuite ayant esté remontée et mise sur un pied de boys, elle

auroit esté apparue au bas du cœur de ladicle église, en pré- .
sance de tous lesdicts habit ans qui l'auroient trouvée à leur
et auroient unanimement consanty ·que lesdicts fabricques
grée,
auroient payé ladicte croix audict Le Roy sur le pied que les
parroissiens de Sainct Martin audict Morlaix, lui ont payé celle
. qll'illeur acy-devant raict et fourny, apprès . que ledict Le Roy
aura prins à valloir aussy à' pareil poidz, deux vieux calices,
et quelque autre argent cassé qu'il y a
leurs platines, patères,
_ dans la sacristie de ladicte église; el au reguard de la fasson
de ladicte croix ils luy paieront à raison de sept livres dix sols
pour chasque marc, conformément à cediet acte de marché

(1) C'est~à-dire cc pour la généralité des paroissiens» ou ,autrement '
« pour le corps politique.» .
(2) Lisez « fillette.» Cc mot est synonyme de « trève » ou (c suc­
cursale. »

predalté ; de plus donnent lesdictz sieurs recteur et fabricques

et habitans et treffiiens ordre audict Le Roy de faire un pied

d'argent pour ladicte croix qui sera de cincq pieds 'de,long, à
cinq neus (nœuds) pareil au dessain que ledict Le Roy a pré-

apl'aru, que lesdits fabricques lui payront sur le
santement
pied que luy a es(é payé ladicte croix de Sain ct Martin; ce que
ledict Le Roy promet faire soubz le sacre prochain. Ce que les
partyes ont ainsy voulu consanty promis tenir et payer soubz
obligation de leurs bienst meubles et immeubles, et par leurs

sermanls.

(1 Faict et gréé en la sacristie de ladicte église soubz les signes
desdicts sieur recteur et prestres et desdicls treffiens et habi-
. tans présants, dudict Den et de maistre Claude Coll~t, demeu­
Landivizieau, pour ledit Bléas, affirmant ne scavoir
rant audict

signer, 0 (avec) les nostres noUaires de la cour royalIe de Les­
neven, avecq submission et prorogation de jurisdiction à icelle '
et de la jurisdiction de Daudour et Coatmeur à Landivizieau,
ledit jour vingt et huictiesme avril apprès midy mil six cents
soixante et quinze. Ainsy signé, Jan Grall, prestre, recteur de
Guicourvest, F. Muzellec, prestre, H. Guéllez, prestre, Jan
Miorcec, prestre, J. Saliou, Jacque GraU, prestre, Jacque GraU,
Jacque Livinec, F. Tanguy, Pierre Saliou, Yvon R.annou, Yvon
, Abgral, Jan Nicolas, Hervé Abgral; Ollivier Le Roy, G. Leden,

Collet et Y. Jamin, nôttaire royal registrateur. Signé: Y. Ja-
min, no1taire royal.
Cl En l'endroit ledict Le Roy a touché desdicts G. Den et

Bléas le nombre de quattre marcs et six gros d'argent et denx
vieux calices~ leurs plaHines et quelques petites croix et grains

de chappeletz, le tout de bon argent, pezé aux poidz, et parlant
ne resteroit de ladicte -croix què dix marez et sept grodz d'ar-

gent, et la somme d,e deux cents trante et deux livres en argent
valloir en,iceux et en la fasson qu'il a prins, compté et emporté

en espèces d'escus d'Espaigne et autres monnoyes, le tout bons

. et d'aloi, dont il quitte lesdicls fabricques, sans préjudice du
surplus, et a signé en ladicte sacristie, ledict jour vingt et huic-

tiesme avril mil six cents soixante quinse apprès midy a nous

dicts noUaires. Ainsy signé: Olljvier Le Rayet Y. Jamin, not­
royal registrateur. Signé: Y. Jamin, nottaire royal.
taire
« Le dimanche de la Pentecoste second jour de juin audict an
mil six cents septante et cinq, en l'endroit de la grande messe
cellébrée par ledict sieur GraU, recteur, en ladicte église de
Lalldivizieau, ledict sieur Le Roy, orphevre, en exécution de
l'acte cy-dessus a apparu et faict exposer en ladite église la
croix avecq son pied ci'nrgent li six ùouilles, garny d'un plus
grand iOlage de cruxiffy que celluy qu'il y avoit mis I·Jrs· du
grée-...dudict acte; laquelle croix ayant esté trouvée au grée du-

dict sieur recteur, des prestres et habitans et treffiens dudict
Landivizieau, et auraient esté d'advis qu'on aurait pezé le tout

ensemble, attandu l'augmentation dudict cruciffy;. ce qu'ayant

esté faic! en présance dudict sieur recteur, desdicts Den et

Biéas, fabriques, et d'honnorables gents Maurice Bodilis, de
Pencoatmeur, et François Pengam, de la rue Il euffve, audit
Lrouvé pezer ensemble le nombre de vingt
Landivizieau, s'est ,
et trois marez et six gros d'argent, dont, le prix a esté arresté
le premier acte d'entre partyes à vingt et huict livres le
par
marc, et la fasson à sept livres dix sols par chacque marc; et

pour l'augmentation faicte audict cruciffy, est arresté à qua-
rante et quattre livres saize sols; pour l'estuy de ladicte croix
douze livres, et pour le boys et le fer au bas bouIt du piedz,

trois livres; tellement qu'il estait deu pour le tout audict Le
Roy la somme de huict cents septante huict livres dix huit sols
six deniers, valloil' en laquelle il a resceu par ]a quittance cy­
en argent monnayé qu'argent cassé, trois cents
dessus, tant
quarante six livres do uze sols six' deniers, et le parsus qui est
la somme de cinq cents tranle deux !iv'res six sols, lesdicts Den
et BIéas Iuy ont présantement payé, et trois livres pour les com­
paignons, le tout en argent de France. Et partant ledict Le Roy
les quitte générallèment, et ,aisigné ensèmble aveeq ledict sieur
recteur et lediet Den. Pour ledict Bodillis, a signé Sébastien
Rogues, dudiet Landivizieau, et pour lediet Paugam, Miche'

Rogues, aussy de Landivizieau, affirmants avecq ledict Bléas

ne scavoir signer, Ô les nostres, lesdicts jour et an. Ainsin'"liSi-

gné : Ollivier Le Roy, Jan GraU, prestre, recteur de Guicour-
vest, Sébastien Rogues, G~ Le Den, Michel Rogues, Y. Jamin,
nottaire royal, registrateur. Signé: Y. Jamin, noltaire royal •

Marché entre F. de Saint-Aabin, orfèvre et la paroisse de
Landivisiau pour la façon d'un ostensoir d'at'gent •

« Entre les soubsignans François de saint Aubin, maistre •
orpheuvre de Morlaix, et missire Bizien Salliou, prestre, sieur
curé de Landiviziau, Maurice Abgrall et Allain Legat fabricques,
et him.orab.1es gents Jacques Salliou et Yves Kerangall, faisant

pour le général dudit Landivisiau suivant dellibération du ..•..
de l'avis de noble maistre René-Corentin Allain, sieur de Pe­

nanru, sénéchal .. et seul juge dudit Landivisiau, et sub'dellégué
de monseigneur -l'intendant a .. esté passé feur et marché cy-

apres, sçavOlf :
Cl Que mon dit de saint Aubin promets faire un soleil (1)

conforme à celui de Runan~ en Treguier, et au dessain par luy
représanté, quy a esté chiffré et paraphé de mondit sieur le sé­
néchal; sur lequel dessain le soleil de Runan , a esté fait par
moy dit Saint Aubin; lequel soleil sera bien sizellé, recherché
. et proportionné, et sera de deux pièces contenant de' haulteur
vingt et deux pouces, comprises les rayons" et ne pourra peser
plus de sept marcqs d'argent; de plus moy dit de ,Saint Au-

bin promets de fournir deux belles glaces et de dorer en entyer
depuis le bas jusques au haut et sommet ledit soleil d'un tres
bel or moulu 'et de prendre poids pour poids les vaisseaux et
argent cassé qui me seront porté dont je .donneray décharge,
et ce soubs la my septembre prochain'.
a Et nous dits Maurice Abgrall et Allain Legat de l'ad vis du­
dit sieur curé et desdits Jacques Salliou et Kerangall, promet-

(:1) Un ostensoir.

tons de dellivrer audit sieur de Saint Aubin, un calice doré,
.rompu, élant dans l'église, et le s0}eil qui est à présanl, en ser-­
' vice et ce que nous avons d'argent cassé, dans hllitjours, et de

lui payer la. somme de. deux cents soixante dix livres pour
façOll et dorure dudit soleil, après la confeolion d'icelluy, et

outre quarante sols ' par marc pour le controle, el pour le surplus
de l'argent que fournira ledit sieur de saint Aubin, après l'em­
ploy desdits vaisseaux et argent cassé, nous promettons le sa­
à raison de trante deux livres le lTIarc ; a quoy nous
tisfaire ,
nous obligeons, et pour obligation avons passés par double,

soubs nos signs ce jour dernier may mil sept cents dix sept.

Signé, François de saint-Aubin. Aresté le présant billet double
à Morlaix le 26 jeuin (sic) 1717. Signé, François de Saint

Aubin. ,

Marché entre P. , Bourdon et la paroisse de
L'andivisiau pour

la fo.nte de deux cloches.

« Le ,dimanche septiesme aoust mil six cents soixante et .
, douze au prosne de la grand e messe' dicte et célébrée en
l'églize lrefvialle de ,Landiviziau par , vénérable et discrete
personne missire Paul Lorans, sou hz-curé de ladicte trefve,

assisté de messires Jan Mohol et Yves Bourhis, prestres, et

, aultres prestres suposls de ladicte églize, où estoient à ouir le
. , service divin les habilant5 d'icelletrefve, 'enlr'aultres Jan
Saliou, François Tanguy, Pierre Saliou, ,Guillaume Hamon,

. Morice Bodilis, Yves Rannou Kerlouet, Christophe Le Guen,
Allain Le Hir, Guillaume Corneli, .T acques Gral, François
Hamon, Hervé Cloar~c, Julien Miorcec, Jan Bras, François

Guéguen, François Hamon et plusieurs aultres, faisants pour

le général de ladicte trefn, tous assemblés en . corpH polilic-

que pour traieter des affaires publicques, a esté . remonslré
y a nécessité de refformer deux cloches cassées en la tour
qu'il

de ladicte églize de La'ndiviziau, et pourvoir Je métal pour les ·
augmenter, scavoir, la plus 'grande d'icelles pour pezer traize

BULLETIN DE LA SOC. ARCHÉOL. DU FINISTÈRE, TOME VII.

cents livres ou environ, et avoir faict venir maistre Paul
Bourdon, facteur de cloches de la ville de Morlaix, qui
auroit veu l'estat desdictes cloches ,et avoir accordé avecq luy
pour la refformation desdites cloches, à la somme de cent
soixante et cinq livres; ladicte remonstrance faicte par Jan
Bras et Allain Pogam, fabricques l'an présant ùe ladicte églize,

quy ont demandé sy lesdicts trefviens le trouvent agréable •

Cl Surquoy lesditcs Allain Pogam et Jan Le Bras, fabricques et
de ladicte églize, ont aussi remonstré que pour
marguiliers
parvenir à la facture desdictes cloches, et icelles restablir est de
besoin de pourvoir des cordages et engins et machynes affin de
descendre et monter lesdictes cloches, et de charpentiers et
forgerons pour composer lesdictes machines, oultre la terre,
boys à feu el charbon et auUres mathériaux qu'il fault fournir
les lièux. " . .
et charroyer sur
, Cl PI us est nécessaire de former une loge spacieuze sur pilotis
en quelque endroit à la comodité dudict fondeur de cloches.
« Sur laquelle remonstrance lesdlCts trefviens ayants délibéré,
ont d'une commune et vive voix, sans contredit de personne,
déclaré avoir agréable la proposition et l'accord faict avecq
ledict Bourdon, pour la façon desdictes cloches, à ladicte
• , somme de cent soixante et cinq livres, pourveu qu'il fasse faire
à ses fraicts la fournaize, en luy l'andant sur les lieux les
. mathériaux; et donnent pouvoir et liberté ausdicts fabricques
de prendre des deniers de la fabrice pour payer tant ladicte
de cent soixante et cinq livres que telle somme qu'il
somme
conviendra payer pour tous lesdicls mathériaux elle travail
ouUre fournir un darbareur (1)
desdicts charpantes et forgerons,
pour servir ledict fondeur durant le lemps qu'il sera occupé à

la façon et au restablissement d'icelles en leur places en ladicte
Bourdon dans la Sain ct el prochaine
tour, s'oblige ledict
à ses périls et fortunes, la descente et montement
venante, et
desdictes cloches en ladicte tour se fera, pàrceque on luy

(1) 'terrassier ou nlanœuvre.

fournira de l'ayde au travail desdictes descente et montée aux .
occurances.
Cl S'oblige ledict Bourdon fidellement travailler et rendre
bonnes et sonnantes et parfaictes et aC4.',om­
lesdictes cloches
plyes, à dire d'experts et gents cognoissants, dont les parties •
conviendront en cas que différent arive entre parties sur la
bonté ou falité desdictes cloches. .

Cl Aussy est conditionné que sy lesdicts fabriques s'adressent
audict Bourdon pour avoir du métal, et qu'il leur en vande
aux fins cy-desus, il sera obligé de reprendre le métal quy

restera, après l'accomplissement desdictes cloches, au prix qu'il

vandu à la livre, parce qu'ils le prendront de Morlaix
leur aura
et y porteront le reste, s'il est nécessaire et requis.
« .Tout ce que devant a esté ainsy accordé et délibéré audict
prosne, devant nous noltaires de la cour royalle de Lesneven et

du Daudour 0 submission à icelles soubs le sign dudict
celle
Bourdon ceulx desdicts Guéguen, Bras, Hir, Abgral, SaUou,
.Tanguy et Miorcec; et a le général prié de sigurr pour luy
ledict sieur curé quy aresfllzé de signer jusques au retour du
sieur recteur de la paroisse, quy est absant, lesdicls jour et an.
Ainsi signé, Bourdon. .
. « Et advenu le dimanche quatorziesme aoust audict an a
eslé par l'un desdicts nottaires, l'autre présant, faict lecture de
. l'acte cy-devant, en présance de vénérable et discrète· personne
Missire Jan Grall, prestre et recteur dJ la parl'oisse de Plou gour.
vest, et des prestres habitués en l'églize dudict Landiviiiau, et

plusieurs habitants de ladicte trefve, quy ont après avoir
entendu et conneu le contenu audict acte, déclaré aprouver le
marché faict avecq ledict Bourdon ~ pourveu qu'il mette en
relief sur les cloches qu'il fondera, l'escusson des armes du
. Seign eur marquis de Sourdéac et de Landiviziau.
. a Faict et grM et approuvé dudicl sieur recteur et nultre
prestres et habitants, quy soubzsignent le présant acte, devant .
nous dicts nottaires, le gré prins tant en la sacristie que en la
Anne, estante au cymetière de l'églize de
chapelle deSaincle

Landiviziau. Faict et gréé comme de.vant, ledict jour de diman-
che quatorziesme aoust mil six cents soixante et douze avant el

après la grand,e messe dicte et célébrée~n l'églize de Landi-

viziau par le sieur recteur qui signe avecq plusieurs aultres

Ainsy signé sur la minute. J. Gral, prestre recteur de Plougour •

vest, Paul Lorans, prestre el curé, J. Saliou, J. Morchou,

prestre, François Guéguen, F. Tanguy, Yvon Hamon, François

Abgral, Allain Le Hir, François Hamon, Jacques Gra], Julien
Miorcec, Yvon Abgral, Pierre Saliou, y, Nicol, prestre, Allain
Couloigne, prestre, Allain Riou, prestre, Jan Bras, ' M. Corbel
,- et Jean Ollivier, nottaire royal qüy . le garde . . Signé: Jean

Ollivier, nottaire royal.
« Le vingt el quatriesme jour d'aoust mil six cents soixante
~t douze après·.midy, devant les mesmes noUaires, s'est pré­
Bourdon lequel a faict lecture de tout ce que
santé ledict
devant, et après avoir conneu le contenu ausdits actes a yceulx
• aprouvé et coroboré et promis pozer et graver lesdictes armes
. en eSCUSSOll, ainsy que dict est. Gréé dudict Bourdon au .

tablier" du soubzsignant Jean Ollivier, notlaire royal à Landi-

viziau, soubs son sign lesdicls jour el an. Ainsy signé Bourdon

et Jean Ollivier, nottaire royal. » . .

LE MOBILIER. ' A défaut de monuments d'architecture pré-

sentant quelque intérêt, à l'exception de celui que je viens de
citer, j'ai eu l'occasion de voir à Landivisiau, chez M. Rohou,
sculpteur ébéniste, une collection assez nombreuse. de pan­
neaux provenant de vieu~ meubles, surtout de coffres-bahuts

recueillis dans la campagne. Il est regrettable que ces meuble

n'aient pas · été conservés entiers~ Mais depuis quelques années
la mode est venue de fabriquer avec les débris des vieux meu-

bles des meubles neufs dont la construction n'a pour règle
qu'une fantaisie trop souvent mal inspirée. L'industrie qui con-

. suIte moins l'art pur que son intérêt et qui ne produit que ce

qui se vend,suit naturellement la voie que lui indiquent la mode
et le caprice. Cet engouement diminue aujourd'hui, mais lors-

qu'il aura cessé, il n'existera plus dans nos campagnes un seul
vieux meuble artistique ayant un caractère d'originalité.
De l'examen de ces panneaux, datés la plypart du XVIIe siè­
il résulte que, tandis qu'en Cornouaille les sculpteurs de
cle,
fa campagne en travaillant le mobilier étaient restés fidèles aux
traditions du moyen-âge ou de l'art ogival dont les églises leur .
fournissaient des modèles, les ouvriers du haut Léon avaient

de bonne heure adopté le style de la Renaissance, résultat au .
quel le voisinage d~ la ville de Morlaix n'avait pas dû rester ' .

se composeprincipalemeot de mas-
étranger. L'ornementation
carons, de cartouches et d'enroulements généralement assez

habilement traités. Quant aux figures elles sont aussi grossières
que celles de la sculpture rustique des meubles de Cornouaille.
NOTES ETHNOGRAPHI(JUÉS. C'était jour de foire à Landivisiau
le 9 juillet 1819, date de mon passage dans cette localité. Il
faisait une tempête comme le mois de juillet n'a pas l'habitude
d'en -produire. Cependant la place du marché était remplie de
bestiaux et la foule des vendeurs et des acheteurs, parmi les-
quels se remarquaient quelquesaristocra tiquesjulots, n'était pas
moins nombreuse. Je ne mentionnerai pas ces détails s'ils ne

me donnaient l'occasion de ,parler du caractère de cette foire
comparé à celui des foires de la Cornonaille. Il ne faut pas en
effet en avoir vu beaucoup dans ce dernier pays pour savoir

combien ' elles sont bruyantes et tumultueuses. C'est tout le
contraire dans le Léon, et l'on est frappé du calme qui règne
au milieu des grandes réunions de cet évêché. Tandis que le
il a ' vidé quelques verres, crie,
Cornouaillais, surtout quand
et jette en l'air son chapeau, le Léonard soit indIvi­
gesticule
duellement soit dans les groupes reste grave et posé. Ses

adieux ne ' sont pas moins paisibles, et il s'efforce de conserver
dans tous ses mouvements une sorte de dignité. Le costume
des gens du Léon est aussi sév~re que leur caractère. Le noir
domine dans les vêtements des hommes et dans ceux des

femmes. Ces derniers n'ont de pittoresque qu'une eoiffe qui offre

dans la longueur, dans l'étoffe et dans la délicatesse du travail

de ses barbes un grand nombres de variétés. Au dire des an­
ciens, cette coiffe ne portent aujourd'hui les femmes de Plougastel-Daoulas. Les
hommes ont perdu la braie bouffante, mais ils ont convervé
le large chapeau, moins large cependant qu'autrefois, le
turban ou ceinture à carreaux blancs et bleus, et l'habit du
XVIII! siècle, dont les basques ont été singulièrement raccourcies.
On voit circuler parmi ces sombres costumes quelques mar­
chands de vaches des Montagnes d'Aré, pauvrement vêtus de
berlinge, et deux ou trois pagans de la côte de Guissény avec
leur bonnet bleu, que l'on appelle nid de · pie à cause de leur
de toile et leur figurf;} vigoureusement
forme, leur burnous
accentuée, mais peu avenante. .

De la fenêtre . qui me sert d'observatoire je vois passer deux
vieilles gens assis sur le banc de leur charrette. Derrière eux
dans le même véhicule est une vache qui pose familièrement
la tête sur l'épaule de son maître et semble lui faire à l'oreille

quelque confidence. Plus loin vient un bonhomme qui traîne

à sa suite un cochon [récalcitrant, et marche en titubant à la
conquête de son chapeau que le vent a emporté. Dans l'hôtel

est une noce qui remplit les greniers et les granges, et forme
dans la cour de petits groupes où l'on cause. Mais je le répète
tout cela est calme, paisible, et n,e prête pas à rire. On quitte

le marché sans bruit, comme on y est venu. Un simple marché
en Cornouaille est vrdiment plus bruyant qu'une foire en Léon.
J'ai exprimé ailleurs l'opinion que les habitants du haut Léon
provenaient d'une population différente de celle des Domno­
néens qui colonisèrent le nord de la Bretagne (1). Plus

j'observe cette petite contrée, plus je sens se fortifier mon sen-
timent sur cette question ethnographique .
. J'ai parlé plus haut des julots, cette ' curieuse aristocratie
campagnarde, qui a ses mœurs à part, et dont l'origine est si

peu connue. Le julot se considère comme supérieur aux

(1) Noms bretons commençant par AB ou AP. -- Revue celtique .

autres paysans. Il forme une caste. particulière, el n'admet pas

à sa table ses domestiques. Des renseIgnements que J al

recueillis en diverses paroisses. il semble résulter que dans le
principe on donnait le . nom de juiots à des individus qui au

lieu de s'occuper, au moins d'une manière exclusive, du travail
de la terre, exerçaient une industrie dans la campagne. On
sait que l'industrie de la toile et celle de la tannerie furent
jadis très-florissa.ntes dans le territoire de Landivisiau et des
paroisses voisines. On n'ignore pas non plus qu'elles ont
enrichi un grand nombre de ceux qui les onl exercées. C'est

donc uniquement aux descendants de ces industriels que devrait
• la qualification de julots. Mais de même que dans
s'appliquer
les villes ceux qui n'ont pas de titres cherchent à en avoir, tous '
les paysans du haut Léon, qui ont acquis quelque fortune par
la culture ou autrement, se donnent le titre de julvts qu'ils .
considèrent comme une grande ·distinction.

Dans un compte du-XVIe siècle de l'église Saint-Mathieu de
Morlaix, j'ai relevé l'arl.icle suivant: « A un jalot, pour avoir

sondé la croix de cuivre, t 0 solz. » Je pense que le mot jalot a
ici la signification de « marchand ambulant. J) A-t·il quelque
avec julot ? L'usage qu'avaient les vrais julots de manger
rapport
à part, habitude si contraire aux mœurs bretonnes, semblerait
indiquer une origine urbainé. On pourrait même à la rigueur
en induire qu'ils étaient originaires d'une province différente

de la Bretagne.

Cependant je dois faire observer que l'industrie de la toile
était si répandue en Bretagne aux derniers siècles,' qu'il est
impossible d'admettre' qu'elle ne fut pas ancienne dans ce pays.
du potier et celui du texier sont du reste les deux arts
L'art
les plus anciens du monde. Quant à l'industrie de la tannerie,
ce que nous dit César, des fines voiles de cuir qui entràient
le gréément des navires gaulois ' au combat naval qui vit
dans
tomber la puissance des Vénètes (1), ne peut laisser douter
que les armoricains ne fussent d'excellents tanneurs.

(1) De hello gallico.

POl1r conclure, je croirais volontiers que les vrais julots
étaient les anciens tanneurs et texiers du h~ut Léon, pays où ces
industries se sont. le mieux conservées jusqu'à nos jours dans la

campagne. Peut-être y a-t-il sous cette question une tradition
sérieuse d'origine. . -
En effet, je ne suis pas de ceUl qui pensent que la race
Armoricaine se fondit rapidement dans celle des émigrants
Bretons. De même que les Armoricains avaient su pendant
la dt.irée de l'oceupation romaine conserver leurs mœurs
toute
et leurs coutumes, il est fort probable que beaucoup d'entre eux,
notamment ceux qui exerçaient une industrie. durent garder
le passage des Bretons en Armorique, leur
longtemps après
de vie, sans se mêler aux ' nouveaux occupants. On
ancien genre

pourrait voir une trace de ce fait dans cette singulière caste des
julots, qui n'existera bientôt plus qu'à l'état de tradition •

J'aurais pu m'étendre plus longuement sur Landivisiau,
mais les détails que j'omets ici se trouvent dans divers ouvrages
sur la Bretagne, et je regarde comme inutile de remplir le

Bulletin de redites. J',arrive à Lampaul et à Guimiliau .

A la fin des lectures de M. Le Men, et à propos des ,
Julots, une conversation s'engage entre plusieurs mem-
bres de la réunion au sujet de l'origine du mot Pitot ou
Pi taud et de sa signification. Cette expression, très-

usitée dans certaines communes du Morbihan, vojsines
aurait pour synonimes en français les
du Finistère,
aristocrates.'») A Guidel, dans
mots ( riches, notables ou
Morbihan, on donne le nom d'as­
le département du
Pitots à la réunion du Conseil municipal.
semblée des

- Un rapprochement pourrait être fait entre Pitot et .
Julot, expressions qui, d'après M. Audran, auraient le

me me sens.

M. Le Men pense que ces 'deux mots présentent dans
leur origine une grande différence. .

M. de la Villemarqué prie M. le docteur Le Moal.

ligou d'avoir la bonté, dans ses voyages dans l'arron-
dissement de Quimperlé et dans le Morbihan, de re­
cueillir des renseignements sur l'étymologie et la valeur

du. mot Pitot et de vouloir bien, à la prochaine réu-

nion, faire part à la Société du résultat de ses recher-
ches. -
M. le docteur Le Moalligou promet qu'il se fera un
plaisir de se rendre au désir de la Société. .
M. Audran a la parole pour la descripti9n des sculp­
tures qui ornent à l'intérieur la porte d'entrée de

l'église de Sainte-Croix de Quimperlé.

DESCRIPTION DES SCULPTURES QUI ', ORNENT A L'INTÉRIEUR LA
PORTE D'ENTRÉE DE L'EGLISE DE SAINTE- CROIX DE QUIM- .

PRRLÉ •

Le parement intérieur du mur ouest de l'église' de .Sainte-

Croix est garni d'un placage de sculptures exécutées avec soin
et qui présentent une surface d'environ huit mètres de large
de hauteur.
sur cinq

. Deux inscriptions, l'une à droite, l'autre à gauche (F. 1541.
- R. 1752), nous indiquent que le travail a été fait en 1541

sous l'administration de Daniel de Saint-Aloual'n 3t e et der-

nier abbé régulier de Quimperlé, et restauré et placé dans

où il se trom'e aujourd'hui du temps de Christophe­
l'endroit

Louis Turpin-Crissé de Sansay, 3g , abbé et 8 com~anda­

taire (1).

. (f) « L'on acheva, en f54f, un ouvrage deplus grand prix qui est aussi
marqué au chiffre et aux armes de l'abbé, c'est le rétable de pierre de

de l'église, où l'on ne peut rien désirer
Taillebourg qui regarde la porte
ny po IIr l'ordre de l'architecture, ny pour h hardiesse des figures, ny
pour la délicatesse du travail. ))
. « En f 732, ce l'étable fut restauré par Me Morillon, sculpteur de la ville

'contl'e le pignon ouest nouvellement reconstruit .
de Rennes et appliqué
aujourd'hui.» (Histoire
de l'église Sainte-Croix, où on le voit encore
de l'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé, par <..!om Placid~ Le Duc,
publiée avec notes et pièces justificatives de • R.-F. I.e Men. ·­
Quimperlé, Clairet, :1863, page 384.)

. Au-dessus du portail, c'est-à· dire vers le milieu, on voit
Jésus-Christ assis sur un nuage dans la posture d'une personne
qui enseigne, ayant sous ses pieds le globe terrestre; il est en­
de quatre anges, deux adorateurs et deux autres qui
touré
sonnent de la trompette.
A gauche el à droite, deux de chaque côté, sont les quatre
évangélistes représentés avec leurs attributs.
Les quatre niches, dans lesquelles sont les évangélistes, re-
posent sur des saillies décorées de feuillages et formées de huit
de prophètes.
niches dans lesquelles sont huit bustes
Les nichea des évangélistes sont séparées par de riches colon-

. nettes surmontées de chapiteaux et chargées de huit statuettes;
elles sont couronnées de dais formés de gracieuses coquilles,
au milieu de chacune de ces dernières, il y a quatre sta­

la même ligne que les précédentes et qui
tuettes placées sur
représentent les douze apôtres.
Les dais sont surmontés de charmantes compositions dans
dessus des­
lesquelles s'enèadrent huit autres statuettes au-
on lit les inscriptions suivantes: M ARIA FIDES .
quelles
ESPERA-'CE . CHARITAS . PRVnËTIA JVSTICIA·· FORCE
_. ATRAPACE, (Tempérance) c'est-à-dire la Sainte-Vierge, les

trois vertus théologales et les quatre vertus morales •
Le tout est surmonté d'une corniche très-ornée, dont la frise
représente les bustes des huit grands docteurs de l'église, dans

de personnes qui enseignent ou qui disçutent •
l'attitude
Il semble que l'auteur ~ voulu représenter, dans ces sculp-
. tures, l'enseignement . de l'église chrétienne que saiut Paul
appelle un édifice fondé sur les apôtres et les prophètes. ayant
Jésus-Christ pour maîtresse pierre angulaire. Superedificati
super fondamenta apostolorum et prophetarum, summo et angu­
lari lapide Jesus-Christo.
Ces sculptures exécutées en pierres de Taillebourg ont
été épargnées lors de la chû~e de l'église de Sainte-Groix,
en 1862, .et, malgré qu'elques légères mutilations, elles méri-

tent de fixer les regards des touristes et des archéologues (1),

« Je me suis inspiré, dit en finissant M. Audran,
. d'une circulaire ministérielle par laquelle M, le Minis­
tre des 'Beaux-Arts demandait aux Sociétés d'archéolo­
sur les œuvres d'art. J'ai trouvé
gie des renseignements

trouvé une certaine valeur dans les sculptures inté­

rieures du porche de Sainte-Croix; je lesai étudiées. »)

M. de la Villemarqué remercie M. Audran de sa -"

communication qui sera insérée dans le Bulletin .
M. de la Villemarqué prend' ensuite la parole pour
la continuation de son mémoire sur les haches de
pierre (2).
Par suite de la longueur de la réunion, il n'est pas
reparlé de la nomination des deux vice-présidents.
La séance est levée à 4 heures 1/4. .

Le Secrétaire,

L. TANGUY .

(i) Lors de la restauration de F32, on fit disparaître le chiffre et Jes
armes de Daniel de Sainl-Alouarn, dont parle dom Le Duc- .
(2) Ce travail, par suite de circonstances indépendantes de M. de la
Villemarqué, ne pourra paraître que dans le prochain Bulletin.