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Bulletin SAF 1880


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Séance du 13 juin 1879 (Rapport d’un faux chouan au général Jaulin commandant à Carhaix, Le Moulin-Blanc en la commune de Mellac près Quimperlé)

Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes


DE LA

SEANOE DU 13 JUIN 1879.

Présidence de M. DE LA . VILLE ARQUÉ,

MEMBRE DE L'INSTITUT.

Etaient présents : MM. Faty, Pavot, Rourassin,

Oréac'hcadic, Le Maigre, Le Men, ]Y,J:alet et Audran,

ce dernier faisant fondions de secrétaire.

M. le Président dépose sur le bureau:

10. Une brochure de M. Henri Gaidoz, sur la religion
des Gaulois. .
2° Renseignements photographiques par M. Oharles

Fabre. -
. 3° Un Bulletin de l'Association française pour l'avan-

cement des sciences, renfermant un travail de M. Le
Goarant de TromeJin sur' des fossiles de Normandie.

Acte es,t donné de ces dépôts et des remercîments
'aux ùonateurs. .
sont votés

Ml.v.1. Niveau, inspecteur des contributions directes;
Mocrette, chef de division. à la préfecture, LukiR, in-

génieur des mines et De M:üharel, -receveur particuliér

des finances, à Quimperlé, présentés par MM. de la

Villemarqué, Puyo, Le Men et Audran, sont admis à
faire partie de la Société archéologique. du Finistère.
Sur la demande de la Sociét.é historique et archéolo-
gique de la Corrèze l'échange de nos . publications
Société est autorisé .
avec celles de cette

M. le Président donne lecture d'une leUre par
laquelle M. Créac'hcadic, trésorier, l'informe qu'il a
accompli trois' années dans ses fonctions et qu'il y a
lieu de le remplacer. '
M. le Président fait ensuite connaître que ses pou-
voirs sont aussi ~xpirés et 'demande que l'on procède
à l'élection d'un nOUveau président.
L'Assemblée décide qu'elle conserve la présidence à
M. de la Villemarqué pour une nouvelle période
- de trois années et désigne pour remplir les fonc­
la Société, ,M. Le Maigre,
tions de trésorier de
la Compagnie d'assurances Le Finistère,
directeur de

à Quimper. M. Le Maigre accepte, en exprimant

cependant la crainte que ses nombreuses occupations
ne lui permettent pas de s'acquitter de ces fonctions

pendant toute la période règlementaire.
MM. Pavot, Audran et Bourassin, sont désignés pour
composer la Commission chargée de la vérificàtion des

comptes du trésorier . sortant. .
La parole est donnée. à M. Le Men pour une commu­
nication portée à l'ordre du jour de la séanée :
et même des écrivains sérieux,
( Plusieurs personnes

fait observer M. Le Men, ont eonstesté l'existence de

faux chouans, pendant les troubles de la révolution. Le
document suivant né peut laisser subsister aucune in­
sur ce genre · d'espionn~ge qui à du reste
certitude

existé toujours et partout.

RAPPORT , n'UN FAUX CHOUAN ,AU GÉNÉRAL .JAULIN, COMMANDANT
A CARHAIX (FINISTÈRE) (1).

Egalité.
Liberte. Fraternité.

Déclaration passée à l'administration du Faouet ce jour
quinze floréal an 3 de la République française une et indivi­
sible: devêtnt nous Joseph-Marie Le Goarant, a4ministratenr
dudit district., commissaire nommé par arrêté du représentant

du peuple Guezllo, en date du 12 pluviose dernier, pour recevoir
les informations et interrogations relatifs aux attroupements
séditieux qui' s'étaient portés sur la cité du Faouet la nuit du­
neuf au dix audit mois de pluviose dernier. '
S'est présenté un militaire el1 uniforme national, ayant grade
de caporal, à nous inconnu; taille de cinq pieds deux pouces,
cheveux et sou cils chatains, les yeux gris, nez aquilain, visage
plain et d'une jolie ,figure.
Interrogé de nous dire son nom, surnom, âge, qualitA et de­

meure avant son arrivée au Faouet, a répondu qu'il se nomme
Gabriel Lehois âgé de 23 ans, caporal an 3 bataillon de la
141 e demie brigade, qu'il est originaire de l,a commune de
St-Martin-des-Champs, district d'Avranches dép'artement de la

Mallche, et qu'il..éloit en détachement en la commune de Mo­
treff, district de Carhaix.

Interrogé s'il a pris une part directement ou indirectement

à l'action contre-révolutionnaire que les rehelles tentèrent en
cette eité du Faouet,
A répondu que non, qu'il éloit à cp,tte époque à son batail­
lon à Brest, et que le ) 3 ventose dernier il vint en détachement
au bourg de Motreff.
Interrogé de quelle . manière et par quels motifs il a quitté
son détachement, .

' 0 ' L JE . " .. -....... ' L ' .. " •
(1) Ce documeut est reproduit avec son orthographe exacte .

Répond qu'après une conférence avec le général Jaulin,
commandant à Carhaix, il fut arrêté que lui répondant, ferait
feinte de déserteur et se joindroil à ce titre aux chouans, afin

de découvrir leurs marches, leurs noms, et s'assurer de leurs •
repaires; qu'à ces fins il quitta Motreff le huit de ce mois, au
soir, et se rendit chez le Merdy, agent - national de ladite
commune, auquel il fit part de son projet simulé de se rendre
, brigand ~ que ce même agent le reçu à bras ouvert et
avec satisfaction. En conséquence le lendemain matin
ledit Le Merdy, agent national se retldit · à Langonnet
afin de s'assurer s'il n'y auroit pas quelque c.hef de brigands;

en ladite commune d.e Langonnet le· capit.aine
qn'ayant trouvé
Salvar, il envoya un exprès au déposant qUI étoit resté chez lui
à Motreff, et où il avoit commandé de le bien trailler, ce qui
fut très-bien exécuté, de se rendre en ladite commune de Lan­
où le même exprès, qui étoit un sabotier d'auprès du
gonnet
bourg, le conduisit dans un village, maison couverte d'ardoise,
entre Motreff et Langonnet, qu'il croit appartenir à uue veuve
épaise·, d'une moyenne taille, âgée de plus de cinquante ans,
ayant deux garçons dans ladite maison, parlant français, d'une

taille différente; que là se trouva le capitaine Salvar accompa-
gné d'un cavalier de la réquisition, nommé François, qui disoit
aVOIr servi sous Charette, dans la Vendée.

Interrogé quelle réception Salvar lui fit et .ce qu'il devint
se comportoit cette veuve à leur égard?
ensuite et comment
Répond que Salvar le reçu avec joie, qu'il lui demanda s'il
avoit des armes et s'il n'y auroit pas quelques uns de ses ca­
marades qui voulusent l'imiter; et sur ce que le répondant lui
dit qu'il n'avoient point d'armes, que deux de ses camarades
de le rejoindre, Salvar dit alors: « Ça est bon, il
étoient d'avis
. ne sera pas difficile d'avoir leurs armes 1 » Que la veuve où ils
ètoient, traittoit fort bien les brigands, qu'elle lui paru s'enten­
dre avec eux et leur être entièrement dévoué, qu'ils cOllchè,'ent
chez elle où Le Merdy, agent national de Motreff, vint les re-

joindre le lendemain, en leur di ,ant qu'il avait couché chez

.Yveuat, prêtre réfractaire, en la Trève de la Trinité, com,mune

dudit Langonnet; que ce même agent natiol1 dit au répon­
dant que jamais il ne travailler0it pour la République, qu'au
il ferait tout ce qui dépendrait de lui pour la détruire,
. contraire

et qu'avant de qnilter le répondant, ledit agent national lui

paya un pot de cidre en l'eugageant de tenir bon dans le bon
parti qui ven oit de prendre, et de bien servir Louis 17 ; que le

même agent., dans la persualion que le répondant pourrait

faire partir quelques uns de ses camarages du détachement de

Motreff, exigea de lui un billet d'invitation pour leur remettre
ce que le l'épondan t fit, bien persuadé que ses camarades con­
naissaient sa marche et ses ' inlentions ; qu'aussitôt le départ

dudit agent de Motreff, sur environ midi dudit jour, le capitaine
. Salvar, le cavalier et le répondant partirent de chez la veuve
et . arrivèrent au bourg de la Trinité chez le sacriste où ils
burent chacun un coup d'eau-de-vie, et de là ils passèrent

dans un autre village sur ladite 'commune de Langonnet,
entrèr,ent dans une maison où on leur donna un fusil simple;

continuanlleur route tous ensembles ils arri"èrent de jour à la
ci· devant abbaye de Langonnet où ils entrèrent et où ils furent
très-bien accueillis, et y firent la cola tian ; le fils de Brehan arriva

il leur fit beaucoup d'instances
pendant qu'ils collationnoient,
les engager à rester souper et coucher et attendre l'arrivée
pour

de son père qui étoit au · bois. Ce que Salval~' refusa en di-

sant que ses affaires l'appelaient ailleurs, mais qu'il aurait le
plaisir de veniL' les voir et mauger de la souppe avec eux des

premiers jours; que ce même hOmme que le déposant désigne
polir être fils de Breban est gravé de petite véra Ile, llez poir~tu
et court, hien croisé, cinq pi'eds trois à quatre. pauses, figure
plaine; et que des femmes et filles de la maison, venant d'en­

que le déposant étoit déserteur, elles firent beau­
tendre dire
coup ses éloges, l'âssurallt que dans le jour il avait passé une
quinzaine de déserteurs venant de Brest, qui lfaisoie.nt pitié;

que ces mêmes déserteurs leur élvoient paru avoir peur en pas­
sant devant leur maison, mais qu'ils n'avoient rien à craindre

qu'elles auraient' désiré les avoir vu assez tôt pour leur offrir à
boir et à manger; que sur ~ela SaI var leur dit que toutes les

fois qu'elles en verraient d'avoir soin de les lui adresser;
qu'enfin le même homme que le répQndant vient de désign~r,

et qu'une femme de ladite maison dit à son entrée: « Voila
monsieur qui arrive, dite au répondant qu'il est avec un braf
homme )l, en montrant Salvar; et celui-ci lui recommanda
que s'il venait deux des camarades du répondant, à la ci-devant
abbaye où on leur avait donné le rendez-vous, de les lui en-
voyer au Pont-Callech; ce qu'il promit faire, en assurant
qu'illeiS recevrait bien à leur passage, et qu'ils eurent,
Salvar

cet homme gravé et ledit Salvar, un pourparler ensemble en
idiom breton, que ~e répondant ne compris pas, sinon le mot
que Salvar dit au même homme qu'il lui ferai part
Chareltéi
de ce qu'il aurait appris de Jean-Jean, chef de canton, avec le­
quel il devait avoir une prochaine entrevue.

Interrogé où ils furent à la sortie de la maison de Langon-

net, répond qu'ils se rendirent le même jour tous les trois
ensemble au bo~rg de Prézeac (Priziac), entrèrent chez un
pârticulier, burent quelques coups de cidre. Salvar lui prit une

paire de bas de laine brune qu'il donna au 'répondant; que
Salvar menaça ledit particulier de le tuer parce qu'il travaillait

pour la R~publique 'et qu'il ' eût à se prendre garde; ensuite,

Salvar dit: , « Allons chez le Jean foutre de prêtre qui est vis­
à-vis. J) Aussitôt ils entrèrent dans la maison habitée par le

ci· devant curé de Priziac ,- qu'ils trouvèrent dans son jardin.
Salvar l'aborda en lui disant: )l Te voilà donc, coquin,. foutu

gueux de scélérat; tu contique ton ancien métier, il faut que
tu renvoye ta servante, et si j'apprends que tu dise la messe ou '
que tu fasse quelques fonctions de prêtre, ta vie nè sera pas
longue, et mêil1e, dès le moment, j'ai envie de te la faire
perdre. J) A cet effet~ i1 tira ses pistolets de sa poche; il n'en

fit cependant pas usage, il se contenta de lui faire donner une

paire de souliers au répondant, et, après être sorti de la mai­
par le grand chemin qui conduit à Guémé­
son, faisant route
née, un particulier, tenant cabaret à la dernière maison sur la
gauche dudit chemin, d'ici. audit Guéménée, appela Salvar et
les invita tous les trois à boire de son vin qu'il tira à pleine
cruche, les obligea à souper et coucher chez lui, ce qu'ils ac­

le déposant, que ce même cabaretier
ceptèrent; remarqua
de la République par ses propos; que sur les
était l'ennemi
huit à neuf heures du soir arrivèrent quatre chouans à cocarde
armés chacun d'un fusil dont un doùble, les vrais ca-\
blanche,
de Salvar ; ils prirent part au festin et burent tous à
marades
s'enivrer. Le répondant s'en fut coucher avec un de ses chouans
dans une maisou près le bourg au nord dudit cabaret; qu'avant
de se quitter le cabaretier dit à Sai var et à ses camarades qu'il

faire venir le patriote du bourg; que trois d'entre eux
fallait
sortirent et revinrent un instant après avec un . homme ayant
un pantalon, un gilet et un bonnet, que le répondant reconnut
celui où ils avoient entrés en arrivant au bourg et où Sal­
être
var avoit pris une paire de bas brune. Alors Salvar lui annonça
qu'il falloit mourir; sur cela, ils se disputèrent entre eux pour
qui le fusilleroit. Le répondant, qui l'ayoit enteridu citer
savoir
pa triote, le voyant à genoux, demanda sa grâce à Salvar, et
comme il ne le voyoit pas plus que les autres disposé à la lui
accorder, il leur réitéra ses instances en leur disant que s'étant
IroU\',é indisposé un j our passant à Priziac, il l'avoit bien ac,..
cueilli et eu de lui tous les soins possible; ce prétexte imaginé,
que le particulier se garda bien de démentir, arracha de ces
scélérats la gràce qui leur étoit demandée, ils se contentèrent

la remise de son sabre qu'il fut cher-
d'exiger dudit particulier

cher et leur apporta aussitôt, et se retira après avoir reçu du

répondant la paiie de bas que Salvar lui avait prise •
Le répondant qui fut se coucher avec Je chouan dont il a elé
parlé, se .rendit le lendemain audit cabaret où étoit SaI var, son
camarade, ancien eavaliel' el un homme de la taille ùe cinq
. BULI.ETIN DE U . Soc. ARcnÉOJ .. DU FnnsT.imE, TOME VII 2

pieds deux à trois pouces, bien croisé, qu'on dit être un ci­
devant noble, et qui dit lui-même avoir été officier des brigands
de la Vandée, avoir une femme très~grande, ' la plus grande
du pétÏ::;; qu'il avoit avec lui une fille habillée en paysanne

qu'il diL être sa sœur; qu'il dOl1perait à lui répondant, un
autre habit que celui qn'il avoiti remarqua que cette fille peut
âgée de trente un an; que ce soit disant noble, paya le dé­
être
jeûner et Ulle bouleille de vin qui lui coùta douze livres, qu'ils
burent, le répondant et lui; que ledit jour, sur les onze heures
du matin, ils ont quitté le bourg de Priziac, Salvar, le cava­
le répondant ont pris la route de traverse qui conduit
lier et
à Berné: ils ont parcouru divers villages, bu et mangé en dif­
maisons et couché pendant deux nuits; ils étoient par-
férentes
, faitement bien reçus.

Le 13 de ce mois ils se sont rendus tous les trois au châ-

teau du Pontcalleck, après avoir soupr. chez. Le Bihanic, meu-
du Corougue, l'un des détenus de ce jour en la maison
nier
d'arrêt du Faouet ; arrivé audit château de Pontcal(~ck où
Pierre, domestique d'ycelui, blondin, les conduisit, après les
avoir' été chercher audit moulin, en entrant dans ledit château
ils furent parfaitement bien reçu par une petite demoiselle âgée
de plus de tranle ans, qui paru au répondant êlre de grande
. connaissance et liée avec SaI var et le cavalier; elle leur offrit à

souper et sur ce qu'ils dirent qu'ils en venoient, elle leui'
versa deux bouteilles de cidre, remis une lettre à Salvar et
se coucha. Le lendemain, sur les trois heures du matin,
chacun

la même demoiselle, accom" pagnée de deux autres chouans, fu-
renl avertir Salvar et le cavalier de se lever pour aller à la messe

d'un prêtre réfractairfl ; qu'environ lès cinq heures du matin arri ..
va ledit Le Bihanic, meunier du Corrougue, accompagné d'un
autre brigand, tous deux armés d~ fusils, qui annoncèrent que
la nation marchait sur eux, et, comme ils se sauvoÎlmt dans la
forêt, ils renconlrèrenlladite demoiselle qui revenoit au châ­
Leau, qui leur dit qu'il étoit faux que la nation fût en mlirche;
qu'alors que la troupe sortoit on étoit toujours prévenus dans

les campagne; que lui, répondant, fut se coucher de nouveau,
el que Salvar et ses camarades furent conduire leur prêtre,

crainte d'accident; que sur les dix heures du matin dudit jour,
Salvar et le cavalier arrivèrent au château où éloit le déposant,
que ladite demoiselle l'avoit fait déjeûné en lui disant qu'il .
fait de se joindre au chouan; que la disette était
avait très-bien
à Lorient et que partout la République étoit dans la misère;
qu'il ialloit soutenir son roi de préférence; plusieurs chouans
armés se firent réciproquement la barbe, un d'eux la fit au dé­
posant, qui par besoin y consentit, mais toujours en crainte.
Ledit jour 14 de ce mois sur les onze heures du matin, SaI­
var, ledit cavalier et le répondant partirent du château et se
rendirent dan~ un village, chez un petit homme, cheveux
blond, barbe rouge, âgé d'environ quarante ans, ayant un fils
gravé de petite vérolle, de l'âge de réquisition, qui n'a pas
jaïn t; ils y dinèrent. Six chouans armés y arrivèrent après; le
père, parlant français, dit à son fils de prendre son fusil et de
. marcher avec ces bonnes gens à .l'exercice; alors ils partirent
au nombre de dix pour se rendre près d'une chapelle, annoncée
le lieu de l'exercice. Faisant route ils passèrent par un vil­
être
lage où Salvar dit qu'il y avoit un jeune homme qui ne ser­
voit pas la république el qui ne voulait pas non plus servir le roy;
n'ayant point trouvé ce jeune homme, une femme de la mai-

,son parla à Salvar et celui-ci la menaça de lui tirer un coup
de pistolet qu'il tenoÏl en main; que rendu à ladite chapelle ils
y trouvèrent un rassemblement d'environs cinquante chouaris
dont quarante armés de fusils et tous habillés en paysans de
différents âges, que le répondant y reconnut et parla au pré-

tendu noble qu'il avoit vu au bourg de Preziac, que SaI var lui
donna lecture de la lettre que la demoiselle lui avait remise .
. au Pont-Calleck. La bande des chouans se mil à faire l'exer­
cice par partie, ayant tous la cocarùe blanche et criant: Vive
le l'oi ,. après quoi les chefs ayant eu conférence ensemble, ils

ordtmnèrent à leurs chouans de se rendre tous, dimanche pro-
çhain, à la Trinité, commune de Lnngonet, pOUl' y passel' la

revue sous les ordres de Salvar. La bande s'est aussilM divi-
une partie a pris d'un côté; le capitaine Salvar, le cava­
sée;
le répondant et vingt-deux autres se sont rendus à un
lier,
auberge au-dela de la chapelle Saint-Paterne, où le déposant
s'est grandement amusé avec eux: il a affecté d'instruire·son
capilaine Salvar à un maniement d'armes de vieux style; il
les excita à boire splendidement, que tel étoit l'usage d'une
,troupe courageuse; il se charge de verser à boire, leu~ mani­

la joie d'être avec eux, afin de pouvoir réussir dans ses
festant
projets; et, en effet, ils étoient' tellement yvres qu'une partie
en différents lieux. Un particulier du Faouët:
s'est retirée
brun? étant arrivé sur les ,huit heures du
barbe noire, habit
soir au cabaret où ils étoieut encore plusieurs à boire avec

Salvar, éelui·ci le fil boire avec eux; illni demandoit s'il n'a­
voit pas peur des chouans, il lui répondit que non, qu'il alloit
, payer un pot de cidre et se rendre au Faouët, d'où il était ab-
sent depuis quelques jours. Salva,r le prévint que ses chouans
en ribotte, que s'ils le rencontroient ils pourroient le
étoient
tuer, qu'il devoit attendre au lendemain. Crois le déposant que
ce qu'a pu fail'e ce particulier du Fouët é.toit pOUl' éviter ]a fu­
reur des chouans; que ,le déposant croyant avoir acquis des
connoissances à sufire sur la conduite des brigands, méditant
de les abandonner et de marcher aVf\C ses camarades,
toujours
. pour les détruire, il a profité dil moment où Salvar étoit en·
dOImi et plein de vin, auroit fait le semblant d'arranger les
armes qui étoient au cabaret, et fait le choix des deux meil-
leurs, qu'il auroit placé à côté, fait tomber ensuite la chan-
delle dans différentes brossailles el, profitant de la recherche
qu'on en faisoit et du somlpeil des chouans, s'est vivement
saisi des deux fusils dont un double, et s'est rendu à grands
pas an Faouët où il est arrivé sur une heure et demie du matin
de ce jour; il a été aussitôt conduit au commandant qe la
force armée d,u Faouët, auquel il a fait part de toutes les cho­
ses et dll repaire où pouvoit être Salvar et ses camarades, a
offert de marcher avec un détachement pour s'en saisir" ce qui
a élé a'ùsitôt llI'fêlé et exécuté, au point que Salvar et plusieurs

autres à lui inconnus ont ,été amenés le matin de ce jour envll'on
dix heures à la maison d'arrêt du Faouët, aux cris répétés de
vive la République! Dit de plus le déposant; qu'il a entendu
Salvar dire très-souvent que tous ceux qui habitoient le Faouët
dps gueux, des fripons, des scélérats; qu'ils avoit pris
étoient

la ville une fois, qu 'il la prendroit encore .

ce que ledit Bois a dit savoir et connoître. Lec­
Et est tout
faite des interrogats et de ses réponses à yceux, ain si
ture lui
que de ses dépositions, a dit que tout contient vérité, qu'il y
persiste n'y vouloir rien changer~ augmenter ni diminuer, a ~i­
gné avec nous commissaire susdit, lesdits jour et an que des-
sus. Signé: Le Bois, caporal, et Le Goarant. '
De plus, ledit Le Bois déclare se rappeller que lors de la re­

vue passée par les brigands le quatorze de ce mois, il y rem ar-

qua un jeune homme armé qui s'approcha et lui dit en français
qa'il avoit été blessé d'un coup de feu à l'attaque du Faouët et
fait prisonnier, et lui demanda s'il n'étoit pas le soldat qu'il
avoit vu au .corps de gal'de lorsqu'il y fut conduit avant son
emprisonnement; que ce jeune homme lui parut avoir reçu

une espèce d'éducation, et bien décidé à tenir au parti des
brigands. .
Que dans les différentes conférences qu'il a eu avec le capi- .
celui·ci l'a assuré qu'il étoit intimement lié avec
taine Salvar,
un prêtre réfractaire, qu'il lui nomma Yvenat, habitant la com­
mune de Langonet., ef le plus souvent la trève de la Trinité au­
dit lieu, et que le même prêtre était leur homme de confiance,
très-utile à leurs expéditions. .
en directoire de district au Faouët, sous les seings du­
Fait
dit Le Bois, et le nôtre, commissaire susdit, lesdits jour et an.
Signé: Le Bois et Le Goarant. Pour expédition conforme à
elle déposée au secrétal'iat du district du Faouël. Signé:
Bonneau, cadet, vice-président, et Briant, pour le secrétaire.
Pour copie conforme à l',flxpédition restée à mon bureau.

Le l!rocureur sindic du distriot de Carhaia;~

LE CORNU.

M. de la Villemarqué reconnaît que dans le prin­
cipe il ne croyait pas à l'existence des faux-chouans;
mais que se trouvant à Coray en 1841, il a reçu d'un
nommé Jourdan, ancien tambour dans les armées de
la République, la déclaration suivante transcrite aus-
sitôt par lui sur son carnet de voyage.
« A la foire de Saint ... Antoine en Guiscriff en 1795,
« Bonaventure :fit cerner une maison où il y avait
. « trente faux-chouans chauffeurs, il tua d'un coup

« de pistolet le chef, sabra les autres qui furent
« massacrés par la populace. »)
M. Le Men fait observer qu'il existe une grande dif­
férence entre le « faux-chouan ») dont il vient de lire le
rapport et les mIsérables dont Bonaventure purgea
justement le pays. En effet le premier était un de ces
hommes qui dans une. guerre exposent leur vie dans
l'intérêt de la cause qu'ils servent; les autres étaient
des bandits sans conviction qui profitent des troubles
civils pour donner carrière à leurs mauvaises pas­
sions. Il rappelle à ce sujet les excès commis pendant
guerres de la Ligue pàr de prétendus partisans.
les

MM. Faty et Pavot ajoutent que si cette exécution
fut réellement faite par le terrible chef de chouans
Bonaventure, dont le souvenir est demeuré si vivant
parmi les populations qui bordent la route du Faouët à
Carhaix, on devrait en trouver quelque mention dans
les registres de décès de la commune de Guiscriff.
M. de la Ville marqué donne ensuite la parole à

M. Audran, pour la communication d'une transaction
sur procès due à l'intervention de Daniel de Saint­
Alouarn, dernier abbé régulier de Sairite-Croix dé
Quimperlé (1521-1553) .

LE MOULIN-BLANC EN LA COMMUNE DE MELLAC, PRÈS QUIMPERLÉ
-' Monitoire ecclésiastique. Transaction du Il novembre

Dans la première moitié du XVIe siècle, noble homme
Gilles d' Aulray, sieur de Quillihermen et de Kermadiou, en
Mellac, BVrdt acquis dans cette paroisse plusieurs métairies ro-
turières. .
Le moulin de la seigneurie (petit moulin aujourd'hui sup­
primé) était par suite insuffisan t pour les besoins des nouveaux
tenanciers et le sieur de Quillihermen voulant 'rattacher à son
fief lè droit de suite qu'il imposait (selon la coutume) à tous
ses vassaux; se vit dans la nécessité de créer un nouveau mou­
lin. A cet effet il fit choix d'un terrain dépendant de la métai..,
rie de Kermadiou et bordant la rivière Isole. Il y construisit uu
barrage et le Moulin-Blanc fut édifié"
En 1541 ce barrage fut détruit par des gens inconnus et le
sieur de Quillihermen pour obtenir la réparation du dommage
qui lui avait été causé et sa réintégration dans les droits q1,l'il
croyait avoir, fit fulminer par l'abbé de Sainte-Croix, un moni­
les coupables.
toire contre
Ce monitoire semblait s'adresser directemen t à noble homme
Charles de Lescoët, sieur de Keregnault (aujourd'hui Kernault),
car poss~dant le fief le plus important de la paroisse, il ne de-
pas voir d'un bon Œil l'accroissement que son voisin don­
vait
à sa seigneurie de Quillihermen, et circonstance aggra­
nait
vante il était propriétaire de la métairie de Kervadou en la
paroisse de Tréméven, et le barrage fait par le sieur de Quilli­
.hermen, s'appuyait sur les terres de cette métairie.
Aussi, lorsqu'il comparut devant l'abbé, il ne nia pas sa par­
à la rupture du barrage, il se borna à contester le
ticipation
droit d'attache et alors intervint la transaction suivante:
« Sur le procès et différand que peut mouvoir et ensuivre
enlre nobles gent~ Gilles Daulray, sieur de Kermadiou, d'une

part' et Charles de Lescoët, sieur de Keregnault, d'autre

part, par cause de l'attache d'une chossée et bardeau que ledit
Daulray prétendoit avoir et lui appartenir et à ses prédécesseurs'
. à terre dudict de Lescoët des appartenances du village de Ker­
veadou, en la paroisse de Tréméven, pour conduire et tourner

l'eau aux moullins à bled et fouller que ledict Daulray a sur la
rivière d'Izoi devers la paroisse de Mellac, et disait cette atta­
che avoir été en l'an rompue par gents à luy iIlcogneu et à son
absance, sur quoi a obtenu jugement de réintégrande des chan­
celleries et conseil de ce païs et duché, affin de se faire réin'­
tégrer en Ba pocession et a fait par cour d'esglise fulminer mo­
nitoire sur ceux qui aurait rompu ladicte chossée, et entendait
intimer le mandement audict de Lescoët, a scavoir s'il avait à

desbaltre 9ue ledit Daulray n'y eust esté réintégré. Lequel de
Lescoët pouvait desdire la pocession de ladicte attache, préten­
dre et su poser qu'il n'avait trouvé aucune pocession, qu'il l'avait
continué sans co·ngé, sans consentement dudict de Lescoët et
sans temps suffisants, pour acquérir droit es terres dudit de
Lescoëtet à son préjudice, qu'il entendait déduire en lieux èt
temps, et ledit d'Aulray entendait dire et maintenir avoir esté
en possession lui et ses prédécesseurs d'icelle attache 'à veu
sceu et du consantement dudict de Lescoët comme que soit
lascittemant partant (temps) suffisants pour bonne possession
acquérir. J)
a Sur quoy et autres plusieurs faicts et raisons qu'ils pou­
vaient déduire de chacune part, pouvaient tourner à grande
involution de procès à leurs grand ennuy.et dommage; pour aus-

quels obvier paix et amour entreux nourir et entretenir ont esté
présants devant nous, par notre cour de Quimperlé, en droicts et
personnell-ement établis lesdicts Gilles Daulray sieur de Kerma­
diou el Charles de Lescoët, sieur de Kel'egnault, d'une et autre
part, respectivement en eux soulzmeUant, en tant que mes­
lier est, 0 tout le leur et par leurs sermans aux pouvoirs des­
troiH, seigneurie, juridiction et obéissance de notre dict COUf,
et y ont prorogé et prorogent juridiction sur eux et leurs

hoirs, à tout le contenu en ceste faire gréer, 'enterriner et tenir,
et 0 ce que Jesdicles parties ont des faits et chacun d'eux
narré et supposé leurs sequelles et dependances transigés, pas-
o sifiés et accordés par forme que ledit sieur de Kcrmadiou

pourra faire attacher la chaussée desdicts moullins qu'il a sur
ladite rivière d'Izoi devers la paroisse de Mellac, en la terre
dudict de Lescoët, des appartenances dudict village de Kervéa .
dou, situé en ladicte paroisse de Tréméven, aux lieu el endroit

et de la forme que ce sera la plus propre pour détourner et

conduire l'eau ausdits moullins et l'entretenir icelle chossée en
haulteur raisonnable et comme sera requis,parceque en fabveur
de ce pour ledict de Lescoët souffrir, toBérer, permettre faire
telle attache à ses dictes terres, ledict Daulray doibt a promis
et s'est .obligé, et par ceste promet et s'oblige paieret faire

avoir la somme de vingl sols monnoye de rente par an à cha­
cun terme de Saint-Michel-Montegargane, dessus le gage hypo-
tèque des-dicts moulins, chossée et bardeau, audit de Lescoët à
commencer le premier paiemant audit terme prochain veuant
et continuer par chacun dict terme.
u Et est dit et convenu que le dit sieur de Lescoël (faultè)
de paiement des dits vingt sols de rente par an â chacun ,
des dicts termes et quinze jours passés après le terme
de Saint-Michel-Montegargan pourra exécuter ou dict moulin
ou sur les hommes du dict d'Aulray demeurant ail village de
Kerouzault en le dicte (paroisse) de Mellac, au choix du dict
du Lescoët, et ont promis s'entregarantir, faire jouir des dicts
attache et vingt sols de rente respectivement, et partant sont
tous procès mandements monitoire ce touchant entre eux
sursis (?) et mis hors, de leur assentement, et au cas par
autant que le dict de Lescoët ses serviteurs ni aucuns d'eux
se trouveront grévés par le dicl monitoire, le dit d'Aulray
les quitte, pardonne et consent par ceste que iI~ puissent
avoir et obtenir (être) s'ils voient l'avoir à faire. Et par ce

que l'ont ainsy de ehaque part voulu, juré promis et gré tenir
sallS venir à jamais en contre, onl esté de leur assentement ou

jugement denostre dicte court condemnés et les y condemnons.
Donné témoin de ce· le sceau est.ably aux contracts de ceste
dicte cour à ceste mis. . .
(t Ce fust fait et gréé en la chambre de Révérend père en
Dieu issire Daniel de Saint-Allouarn, abbé de Quimperlé,
l'unzièsme jour de novembre mil cinq cents quarante deux.

« Ainsi signé: N. MARTIN; F. MADION. J)
Cette transaction ne ful pas exécutée, et par sentence de la
cour et siège royal de Quimperlé du 28 novembre 1665 la
propriétaire du Moulin-Blanc (damoiselle Françoise Le Corgne,
veuve d'escuyer Jean Gouezre sieur de Guillihermen) fut con­
à payer aU ~ieur de Kernault (Jean de Couetnours sieur
damnée
du Granec et dame Renée Le Veer sa compagne) a les arrérages
« de ladite rente de vingt sols monnoie pour les vingt et neuf
« ans précédant la demande en paiement du Il mars 1662 et
"' les années échues et d'en continuer le paIement etc. »

En 1682 le sieur Le Gal, mp,unier, achetait de Adéline
Gouezré, fille dudit Jean Gouezré le Moulin-Blanc moyennant
une rente censive de dix-huitlivres, et par acte du 10 août 1683
il se reconnaissait débiteur de la rente de 20 sols créée par la
transaction de 1542. Mais cette reconnair-sance ne mit pas fin
aux procès des propriétaires de Kernault el de QuilIihermen,

Les procès ne finirent réellement que le 14 février 1754; à
cette époqne le sieur de Kernalllt devint acquéreur des terres
le sieur d'Aulray avait fait construire le
pour lesquelles
Moulin-Blanc et de la rente de 18 livres assise sur le Moulin .

M. Le Men donne lecture des lettres suivantes, qui
sont les meilleures preuves de l'intérêt que portent
M.le Ministre des Beaux-Arts, le Conseil général et
M. le Préfet du Finistère à la création du Musée eth­
la Société, et du concours
nographique dont s'occupe

actif que lui prête notre député, M. L. Hémon.

(( Quimper, le 14 Mai 1879.
» MONSIEUR,
« J'ai l'honneur de vous informer que, d" ans sa séance du
24 avril dernier, le Conseil général a bien voulu, sur ma pro­
position, accorder une subvention de 3,000 francs à la Société
du Finistère, en vue des frais d?installation d'une
d'archéologie
galerie de costumes bretons dans une des salles du Musée dépar­

temental.
« Cette subvention sera répartie sur deux exercices,
1 ,500 francs en 1879, et 1 ,500 francs, en 1880.
« Je vous prie de vouloir bien donner " connaissance de ce "
vote à la Société archéologique. .
cr Agréez, Monsieur, l'assurance de ma considération très-"
distinguée.
« Le Préfet,
III G. LE GUAY. JI
( onsieur LE MEN, Secrétaire de la Société archéologique).

(c Paris. le 6 Mai 1879.

« MONSIEUR LE PRÉSIDENT,
" fi J'ai l'honneur de vous annoncer que, par arrêté du ... de
ce mois, j'ai accordé une subvention de 1,500 francs à la
Société archéologique du Finistère pour l'aider à former un
Musée ethnographique. "

« Je suis heureux d'avoir pu donner à cette Société savante
unè preuve dA l'intérêt que rattache à la création dont il
s"agit.

Recevez, Monsieur le President, l'assurance de ma considé­
ra tion distio gu~e.
« L~ Ministre de l'Instruction publique
et des Beaux-Arts,

« J ULES FERRY. J)
(Monsieur le Président de la Société" archéologique)."

, It Paris, le 6 Mai 1879 •

« MONSIEUR LB DÉPUTt ET CHEn COLLÈGUE,
« Vous m'avez fait l'honHeur de me demander à diverses
reprises et avec une instance particulière, une subvention pour
la Société archéologique du Finistère qui désire organiser une
galerie ethnographique.
« Dans une lettre que je vous ai précédemment écrite à ce
sujet, je vous disais que les plus forles indemnités données jus­
qu'ici n'avaient jamais dépassé 500 francs, et qu'elles n'étaient
jamais accordées sans l'avis du comité des travaux historiques.
Cl Toutefois, en raison de l'intérêt tout exceptionnel que pré­
sente l'entreprise que vous me recommandez et pour vous
donner une preuve nouvelle du prix que j'attache à votre
recommandation, j'ai disposé d'une somme de 1,500 francs

en faveur de la Société que vous protége~. Je suis heureux de
vous l'annoncer .
• Il me serait impossible de faire plus en ce moment.
« Agréez, Monsieur le Député el cher Collègue, l'assurance
de ma considération la plus distinguée. ,
a Le Ministre de l'Instruction publique

et des Beaux-Arts, .
« JULES FERRY, »

( onsieur Louis HEMON, Député).
D'unanimes remercîments sont votés à M. le Mi-

nistre des Beaux-Arts, à M. L . . Hémon, à M. le Pré-
fet et à MM. les Membres du Conseil général.
Sur la demande de M,"le Président j'assemblée dé­
par M. Le Men à M. le
cide que le rapport adressé
la subven­
Ministre des Beaux-Arts, en vue d'obtenir
tion mentionnée dans la lettre précédente, sera inséré
au moins par extrait dans le Bulletin .

M. Le Men expose les difficultés qu'il 'rencontre dans
l'exécution des mannequins destinés à porter les cos­
Un fabricant de Paris auquel il s'est
tumes bretons.
adressé pour avoir des mannequiqs articulés, lui a
550 francs, à la condition d'a­
demandé pour chacun
voir à la fois une commande de six mannequins. Avec
l'emballage, ·le port et les autres frats, ils nous re­
viendraient au prix de 600 francs l'un. C'est beaucoup
aux ressources dont nous pouvons
trop cher, eu égard
disposer pour cet objet. D'un autre · côté, le premier
industriel qui s'était chargé de faire six mannequins
ayant seulement les bras articulés a dû, par suite. de
pertes d'argent, retarder l'exécution de son marché.
M. Le Men ajout.e que la collection de costumes qu'il
a recueillie est déjà assez nombreuse, et pense qu'il y
a lieu de chercher une combinaison qui permette de

res conditions les moins coûteuses.
les exhiber dans
L'assistance partage cet avis, et M. Pavot donne
au sujet de ce qui se passe en
quelques explications
Russie, au point de vue des collections ethnographi­
« Dans ce pays, dit-il, ' on a créé des Musées, où
ques.

les hommes, à l'époque de leur entrée au service,
sont représentés dans les costumes locaux qu'ils por- _
tent alors, et avec les instruments qui leur servent
De plus, ces hommes sont pesés; des
journellement.
, peintres reproduisent leurs traits; des sculpteurs don-
nent la conformation de leur corps, et de cette manière
on obtient par les mannequins une représentation
exacte des sujets.»)

M. Le Men donne lecture de la lettre suivante de
M. Ropars, instituteur à Saint-Rernot, en Crozon.

u Une terre vague située entre Saint-Rerno! et Saint-Nor-

.gard, eL d'une contenance approximative de 130 hectares, a
, été vendue par là cômmune aux pêcheurs-cultivateurs de ces
deux villages.
'U Chacun à qui mieux mieux s'empresse de clore sa parcelle,
de temps à autre en défrichant le terrain on découvre par­

fois des ossements humains, des pierres rangées en forme de
tombes, et dans lesquelles tombes se trouvent ordinairement

des débris de vases en grès.

a 'Dans la pa l'celle d'un nommé Jean Drévillon, de Saint-
Hemo!, il y a une butte appelée ici Soden, et dans d'autres
Tuchen.
localités

a Celte bulle est faite d'une terre jaune remarquable de
finesse. .
. u Jean Drévillon travaille activement pour déblayer cette buUe ,
et hier 26 mai, il y, a découvert dans des moellons bien rangés
(forme de tombe), des fragments de grès; aux alentours de
cette lombe se trouve beaucoup de charbon de terre.
, Cl Au cas de nouvelles trouvailles, j'ai prié Jean Drévillon de

· les conserver précieusement. »

. ' Des remercîments sont adressés à M. Ropars.
- . M. Le Men ajoute qu'il s'est empressé d'écrire à ce
" zelé -instituteur, qui a déjà rendu quelques services à
la Société, pour le . prier de recueillir les objets [que
l'on pourrait trouver dans les fouilles .

L'ordre du jour 'étant épuisé, la séance est levée à
4 heures. •
' . Le Secrétaire,

F. AUDRAN . .

- Erratum. . Par suite' d'une erreur typographique, le hom
de 1\'.1. A. Créac'hcadic, avoué à Quimper, a été omis dans la

liste des membres de la Sociélé archéologique.