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considérer qu'ayant seulement deux mil neuf· cent trent et 
neuf livres dix-sept sols ùe revenue, après les charges annuelles 
paié, cette somme ne proùuit pour chaque religieuse que 
cinquante et quatre livres huit sols, encore bien très·casuels, 
ne consistant presque qu'en pention viagère; ce qui prouve 
qu'il)lOlIô serait impossiblede subsister sy la divine Providence 
n'estendoit ses soins à nous pourvoir des moyens casuels par la 
réception des subjects qu'elle nons envoie. . 
Il est li remarquer que depuis quarante années nous avons 
un aisle de dortoir commencée, duquel nous aLLendons nos 
logements réguliers comme: réfectoire, chapitre, chambre de 
communauté et les chambres particulières, nombre de reli
gieuses estant obligées, pal' deffdut de logement, d'estre trois 
et quatre dans la même chambre. 
à divers particuliers, suivant l'estal cerli· 
Déclarons devoir 
fié du général, la somme de sept mil cent quatre livres 7,104. 
Monseigneur nous présentons à votre Grandeur, la juste situa, 
tion de l'état du temporel de notre mona.stère qui est dans la 
droiture tous ce que nous possédons, supplian t humblement 
de l'hollneur de sa protection, la 
votre Grandeur d'appuier 
que nous déclarons cerliffiées, nous, supérieure et dis
vérité 
de la communauté des Ursulines de Quimperlé, soubs 
crètes 
signes, ce jour 5° décembre 1717 : sœur Françoise Le 
nos 
Gall de Sainte-Gertrude, supérieure, sœur Angélique )- )el'vou, 
Hélène Gillart, sœur Louise Jacquelot, 
souspl'ieure, sœllr 
Agathe de Bodoyee, sœur Allgelle le Capiten, sœur 
sœul' 
Louise Gaultron de L'Annonciation, proclIl'ellse. . 
M. de la Villemarqué commence la lecture de son 
Mémoire sur les haches de pierre, porté à l'ordre .du 
jour de la séance. 
LES HACHES DE PIERRE. 
Si c'est une grande science que de sa voir 
Ignorel" nous 
finirons par l'acquérir en Franoe. On y trouve moltls qu au-
trefois de ces gens qui ne doutent de rien et affirment d'un ton 
tranchant, tandis qu'ils devraient répondre tout honnement : 
Je ne saIS pas. 
Plus on avance dans la vie, plus on devient modeste dans la 
sciellee; plus on apprend à désapprendre ce que l'on cl'oyait 
savoir: en Dieu seul on ne désappreucl rien. 
L'ohservation soigneuse des ; faits conduit souvent à recon
el l'on ahandonne les 
naitre loyalement qu'on s'est trompé, 
hypothèses séduisantes pour suil're la voie de l'expérience. 
. Souveraine en certaines études, la méthode expérimentale ne 
l'est, pas moins en archéologie, et les seuls résultats un peu 
positifs ohtenus d.ans ces del;nières années sont dûs à celte 
méthode appliquée aux temps primitifs de la Gaule. 
Peut-être parviendra-t-on à soulever davantage le voile 
qui cOllvre nos antiquités, par de nouvelles fouilles hi en faites 
et des vérifications sérieuses. 
Mais fouiller le soi, extraire et classer ce qu'il cache ne 
suffit pas; il faut en même temps fouiller les vieux manus
crits ; il faut.' iilierroger les témoins ou les échos du passé, et 
même la mémoire humaine, partout où elle ne s'est pas 
éteinte avec les langues du hérceau ; il faut demander à ces 
langues, quand ' on possède la généalogie de leurs l'nots, un 
surcroit d'information préférable à tous les systèmes. 
. On commence à le faire ; des hommes d'un grand mérite 
ont mis là main à. l'œuvre; vi eil ouvrier redevenu apprenti à 
l'école de plus d'un jeune explorateur, j'ai voulu travailler avec 
eux; je continuerai de mon mieux: après avoir tenlé d'expli
quel', par les textes, les mon u ments primi 1 ifs de la Ga ule (1) 1 
je vais essayer d'étudier, à la même lumière, quelques·uns 
des objets qu'on a trouvés dans notre sol. • 
Parmi ces objets je m'en tiendi'ai, pour aujourd'hui, à 
. (1) Les piel'-res et les textes (Congrès celtiql1e international). 
certaines pierres dont on voit à l'Exposition unil'eJ'selle une 
collection remarquable. 
Rien de curieux comme d'enlendre les questions de la plu
pflrt des visiteurs à leur endroit: u PO\lrquoi faire ici ces 
cailloux? » ; d'autres disent (( ces galets»; d'autres ( ces longs 
œufs de pierre, aplalis, pointus et tranchants Il ; servaiellt-ils 
à quelque chose? Quel est leur nom? D Les plus instruits, ou 
ceux qui prétendent l'être parce qu'ils onl entendu parler o des 
trois âges de la pierre, du 0 bronze et du fer, et qu'ils croient 
il cette rêvede scandinave, répondent avec un aplomb magis
tral. Sans avoir la même prétention, cherchons ce qu'on 
peut trouvel' de plus vraisemblable à dire touchant le nom, la 
provenance, l'usage et l'époque de ce que j'appellerai, pour ne 
rien préj uger, les pierres polùls cuneiformes, 
LEUR NOM. 
Un ancien poële français a dit que la première chose à 
faire, qnand on est devant un inconnu, c'est de Itli demander 
son nom: 
. Sachez d'abord comme il se nomme, 
. Car par le nom l'on cognoit l'ho omme. 
Je tiens pOUl' bon le conseil et je m'adresse à nos pierres; 
par malheur elles ne rr\pondent pas. L'antiquaireCambry ne 
s'est pas découragé pour si peu: lapo ides clamabunt! s'est-il 
et comme il y voyait des haches druidiques, comme il 
écrié; 
aimait les druides au point d'avoir voulu être peint dans leur 
il s'est constitué le parrain de leurs pierres et il leur 
costume, 
un nom: du mot latin Celtis, ablatif, Celte, que l'on 
a donné 
trouve dans le Glossaire de Philoxène et que M. Louis Qui
par « burin de graveur sur pierre», il a fait 
cherat traduit 
Celtœ, et d'un bUl'in une hache, barbarisme et contre-sens qui 
ne prouvent pas beaucoup en faveur ele l'inventeur. 
Ses contemporains racontent, en effet, qu'il ne savait.. guères 
latin CJue celui du Paroissien l'omain, forL négligé par 
d'autre 
lui depuis de longues années, et qu'il avait f iré son Celtee du 
verset bien connu de Job (ch, XIX) : Quis lIlihi tl'ibuat ut 
scribantur se1'llloncs mei ? ut exm'entw' in lib/'o, stylo rel'rco ... 
vel celte sculpalltuf in silice (Office des morLs, leçon IX.) 
Quoiqu'il en soit, le barbarisme a été adopté pal' quelqut1s 
antiquaires anglais, suisses, et même bretons, et il supplante 
le nom de hache da pit/Te, employé ordinairement. 
souvent 
Plus juste, assurément, et devant une sorte de consécrat.ion 
à l'autorité .de Montfaucon, de dom Martin et de M, de Cau
mont, le nom de hache de lJiel'l'e n'est pourtant pas â l'abri de 
toute objection; s'il çonvient aux coins emmanchés, peut-on 
l'appliquer Ir ceux qui ne le sont p,as? Convient·il en particu-
à ces petits bijoux cunéiformes de quelques millimètres, 
lier 
ne pourrait même pas appeler des 
d'un travail achevé, qu'on 
hachettes? Presque tous les archéologues en tombent d'ac· 
cord; ils n'emploient du reste le mot hache que faute d'un 
à trouver. . 
meilleur, encore 
A trouver! mais c'est fait, nous répond un des membl'es les 
plus distingués de la Société ' polymathique du Morbihan, 
M, de Closmadeuc (ct je l'ai cru avec lui, un moment, en par
sa joie) ; qu'oll demande 1 eut' nom, dit le sayanL doc-
tageant 
teur, à la langue bretonne, qu'un de nos collègues s'est efforcé 
de nous faire cOl}sidérer comme la langue mère d'où dérivent 
les autres, elle répondra. 
Effectivement, la langue bretonne., non la mère d'aucune 
autre que je sache, mais la fille de plusieurs pères, hélas! (je 
le dis tout bas); la langue bretonne actuelle a un mot pour 
désigner les étranges coins de pierre dont les savants igno-
rent le vrai nom; !VI. de Closmadeuc a raison : les paysans 
bretons ,ne les appellent pas autrement que men-gUl'un, 
pierre de foudre. Maintenant, poursuit-il, si nous interrogeons 
la tradition populail'e, universellement acceptée dans nos 
campagnes, elle nous apprend que les haches de piene, 
men-gu1'un (1 pierres de foudre Il possèdent, entre autres ver
tus merveilleuses, celle de garan tir les demeures des atteintes 
de la)oudre et des maléfices, Etrange légende qui permet à 
l'archéologie de s'en emparer pour expliquer ce qui, sans 
elle, serait inexplicable. ' 
en effet, dont j'ai voulu constater l'exis
Étrange légende, 
tence pour voir quel parti on en pourrai t tirer. 
La voici, telle qu'elle m'a été rapporlée le 17 juin 1878, 
par un paysan breton du Morbihan, nommé Pierre Derrien, natif 
d'Inguiniel, âgé de cinquante ans, ' 
Je l'abordai, tenant à la main une petite hache de pierre, 
Après les banalités d'usage sur la pluie et le beau temps: 
cr ' De quel nom appelle·t·on ceci en breton, l~ deman
dai-je. 
u Minn-gm'un, me:répondit-il. 
cr ' Mean-,qUl'un, repris-je, dans le dialecte de Léon. 
« Oui, minn-gut'un, répéta-t-il dans son dialecte van-
netais. 
(l , - Et d'où cela vient-il ? 
« Du ciel, Monsieur; dans mon enfance il en tomba une, 
. avec le tonne1','e, un jour de grand orage; elle fendit même un 
arbre, sillollna ensuite profondément la terre ,et disp:1l'ut sans 
qu'on pût la retrouver; mais on en a rencontré d'autres, que 
l'on garde soiglleusement dans le coffre, 
cr Et pourquoi les garde-t-on si soigneusement? Est-ce 
qu'elles peuvent servir à quelque chose. 
cr - Oui, elles sont bonnes pour gllél'ir les tumeurs prove-
nant de la piqûre des reptiles venimeux. 
« .- Et comment s'en sert-on? 
cr On les fait chauffer au feu; puis on les appliq.ue sur la 
tumeur, que l'on frotte avec elles jusqu'à ce que la guérison 
s'ensuive. 
Est-ctl qu'elles pa'ssent aussi pour préserver du ton-
nerre et des maléfices? 
et _0 Je ne l'ai pas entendu dire; qu'elles viennent du ton-
nerre, je ne dis pas non •• 
Tel fut notre curieux dialogue que j'ai traduit mot pour 
mot, 0 
Il justifie l'assertion de M. de Closmadeuc et la complète; 
s'il ne constate pas la vertu préservatrice que possèderait la 
mell-gw'un, il en fait du moins le produit du tonnerre, comme 
la tradition recqeillie par le savan t docteur. Celui-ci Il'a pas 
remarQué avec moins de satisfaction que, dans tous les idio-
mes de l'Europe, l'ohjet est désigné de la même fsçon au-
jourd'hui par le peuple: en NOl'wége, thondel'-kiler; en Alle-
magne, fiormer-keile,' en Ecosse, thundet' bolt·stone.. dam 
les Pyrénées-Orientales, pedms de lamp,' dans le Rouergue, 
peira deI tf·O. Il eut pu ajouter: dans le Pays de Galles, 
maen taran, farme dialectique du mot men-gurull, et conclure 
encore plus victorieusement: « partout pierre de foudre, • 
Malheureusement, il ne !l'agit pas de ~avoir comment le 
peuple appelle aujourd'hui partout les pierres qu'il àoit l'ou
vrage de la foudre, mais comment les appelaient autrefois 
les hommes qui les ont façonnées; il importe même assez 
peu de retrouver leur nom breton actuel dans celui que leur 
ont donné, du 1 au VOlliècle de notre ère, Pline, Juvénal, 
Lucain, Saint-Sidoine Apollinaire et les écrivains latins du 
. Moyen-Age; ce qui importe, c'est le nom qu'elles avaient à 
l'époque an lé-historique. Evidemment, si les Romains, d'après 
les Grecs, les ont appelées Céraunies ou pierres de foudre, 
lapides fulminis, c'e,t qu'ils ne connaissaient .pas mieux que 
nous leur nom véritable. 
Ils les ont qualifiées comme elles devaient l'être par des peu .. 
pies relativement modernes, par des gens superstitieux, igno
quand elles étaient déjà devenues pour le vulgaire des 
rants, 
objets merveilleux, mystérieux, des talismans tombés du ciel 
avec le tonnerre, ,du genre de ceux que Clalldien fail l'amasser 
dans les cavernes des Pyrénées par les Nymphes de la foudre: 
PY1'enœisque sub ontl'is 
Ignea fulmineœ legel'e Cerflunia Nymphœ, 
Tout en noyant que le poëte' latin a songé allx pierres po
lies cunéiformes qui devaient être trouvées de nos jours dans ' 
la grolle d'Aurensan el dans d'autres cavernes des Pyrénées 
par la Société RalUond; en admeltanf; même, avec M. Littré, 
que les Cm'aunies des Anciens, similes secul'ibus, sont « peut-, 
être les baches de pierre des temps ante-historiques », et en 
-reconnaissant en elle~, avec M. de Closmadeuc, les men
guru Il de nos paysans, je persiste à regarder leur nom ol'Î
ginel comme ignoré. 
. Les fabricateurs des haches de pierre Il'ont pas pu les appe
ler des ouvrages de la foudre-; leurs descendilnts seuls, long
après' em" ont pu leur donner un nom pareil; entre les 
temps 
uns et, les autres il y a t0u1e la distance qllÏ 5épare le naturel 
du merveilleux. Cela n'est-il pas de taule évidence? 
Cherchons donc ailleurs la solution du problème. 
A propos de cette lecture, M. Bourrassin présente à 
la Société un fragment d'aréolithe trouvé à Telgruc, il 
y a une quinzaine d'années. Il fait observer que les ha
du pays ayant suivi la marche de cet aérolithe 
bitants 
n'oilt pu en dér-ouvrir que quelques fragments, les au
di spersés et enfouis profondément en terre 
tres s'étant 
par la force de l'explosion. La pierre analysée par lui 
de l'oxyde de manganèse, et de l'oxyde de fer 
contient 
amphibole. 
Une disc'ûssion d'un vif intérêt a lieu sur le rap
entrp. ces pierres et les pierres 
port qui peut exister 
Men-gurun. M. Pavot dit 
façonnées dites vulgairement 
que les pierres en question ne peuvent être cùmparées 
aux météorites et établira le fait dans un travail qu'il 
présent.era à la Snciété. 
A ce moment M. de la Villemarqué reçoit une dépê
che .. télégraphique de M. Pocart-Kerviler, ingénieur 
des ponts et chaussées à Saint-Nazaire, si connu par ses 
décou vertes scientifiques dans le bassiQ- de la Loire, et 
membre de la Société d'archéolog'ie du Finistère. 
La dépêche est ainsi conçue : ( Buffon et Mahudel 
piet're de tonnerre pour outils aux hommes 
donnent 
primitifs; cela complète Pline, Suétone et Claudien; 
voir ausi>i Marbode, sur les Céraunies, et Evans: les 
âges de pierre, p. 37-66. KERVILER. ») 
M. de la Villemal'qué remercie M. Kerviler, au nom 
de la Société; il se propose à la proC' haine rfiu
nion de continuer son travail sur les haches de pierre, 
espérant retrouver leur véritable dénomination. 
A la fin de la séance, M. le Président donne lecture 
d'une lettre de M. de Montifault par laquelle il se 
fonctions de secrétaire de la Société, ' 
démet de ses 
remplir à cause de 
fonctions qu'il ne peut désormais 
ses nombreuses affaires et des déplacements qu'elles 
lui suscitent, mais il continuera à faire' partie de la 
Société. Le Président met à l'ordre du jour de la r-re
mière séance la nomination d'un sécretaire en rem
M. de Montifault dont la démission est 
placement de 
acceptée. 
L'ordt'e du jour étant épuisé, la séance est levée à 
4 heures 1/2. , 
I.e Secrétaire 1)(0" Î/lté1"im, . 
A. CRÉAC'HCADIC.