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Bulletin SAF 1879


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La fontaine de Saint-Léger en Riec

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e neutre). '" Un pont accompagné de
sable ac
moulin, 2 en chef, ullè en pointe.
soutena ~
au lion rampant d'argent (Sceau).
azur
Saint
nn che
a~ lion de gueules (Sceau).
siècle. D'or
« Le l
4_ Ecu de Bretagne plein. Au-dessus un

vaux qll
e la tête contournée (Sceau). .
lion roy
H.) , De gueules au ('erf passant d'or,
Sain
'mes antiques). .
• chef d'Il
- Ecu j d'-hermines plein (de Bretagne)'
A la
l passant (Sceau).
autres

au mouton passant d'argent
D'azur
abonda
~, au chef d'hermines (G. Le Borgne .
de Roll
1. ' Ecu' de Bretagne plein. Au-dessus un
à la ID
levrier n'est pas bien déterminé, c'est
le passante mais sans volets (Sceau).
espece
e gueules au levrier d'or, au chef d'her-
sembla

[e siècle. ' D'hermines au coq de gueules
pour 0
d'or (1); . '
crêté
mois d
ur au navire équipé d'argent floUant sur
Léger.
3, Jes VOIles. éployées d'hermines, au chef
:ourcy). .
utre neutre). _.
EcarteIé de France et de
Dans
la fonta'
.éon, 1666.· D'or au lion morné de
nous so

tence d'un saint irlandais nommé Leodegard, qui nous était in­
ou du moins que l'on ne trouve pas mentionné dans
connu,
les Bollandistes. Est-ce pour cet.te raison que les habitants du .
pays en parlant de saint Léger disent toujours sant Layerd,

Leyerd? Or, le nom de Layard, fort connu et usité en
sant
Angleterre, est-il lui-même un diminutif de Léodegard? Quand
vivait ce snint irlandais? Serait-il venu dans nos conlrées avec
quelqu'une des émigrations galloises? ' La plupart des noms
des habitations voisines de la fontaine de Saint-Léger sont d'ori­
gine irlandaise, Kergall, Keryquel, etc.' On invoque spéciale­
ment saint Léger pour la guérison des paralytiques, des boi­
teux, des jeunes enfants faibles et ne pouvant marcher seuls.
A-t-on voulu trouver une allusion favorable dans le nom du
. saint 7 Non, nous répondit notre érudit président,-
car
léger de corps se dit skan en breton.
Mais voici qui peut bien répondre à l'objection. Dans l'his­
toire de l'évêque d'Autun par dom Pitra, nous lisons,
pa:ge 407 : « Invités par le roi Salomon de se retirer dans
u l'Armorique à l'approche des Normands, les moines de Saint­
« Maixent (61~ Poitou) avaient transporté dans l'église de Saint-
CI Sauveur de Rennes le corps de saint Maixent et de saint Lé-
« gel'. La première tempête passée, ils s'en retournent à
u leurs anciennes cellules, et reprennent sur leurs épaules les
u ossements de leurs pères déposés dans tine châsse d'ivoire;
a ils arrivent avec un grand labeur aux bords de la Loire. Les
CI moines, effrayés des ravages croissants des Normands, s'en­
a fuient en Arvernie et déposen t les corps dans une petite
« chapelle, à Ebreuil.» Circà 856-870 (Scriptura de corpore
S. Leodegarii, quomodo ad Ebroïlum venerit, Ex. ms . de Dela­
mare, apud Bolland.)

Les reliques de snii1t Légel;, évêque d'Autun, sont donc ve­
nues en Bretagne au IXo siècle. Ne peu t-on pas supposer, sans

trop d'invraisemblance, que dans l'un de ces longs et pénibles
voyages, les moines fugitifs, porteurs du dépôt sacré, ont bien

pu passer daus notre voisinage, soit en nllant à Rennes, soit en

retournan t s'embarquer SUl' la Loire? Dom Pilra le dit lui·
même: Il ils arrivent avec un grand labeur aux bords de ce
fleuve », ce qui donne à penser que, durant ce long trajet, il
leur fallut faire de fréquentes haltes, de nombreux détours.
La paroisse de Riec est située sur une voie romaine qui
venait de Carhaix et aboutissait à la Porle-Neuve. Est-il impos-
sible, disons-nous, que les pieux fugitifs, en sortant de Rennes,
aient élé obligés de se détourner de la roule directe pour
venir dans le Léon et la Cornouaille, en suivan t les divers et
nombreux embranchements de voies romaines alors existantes '7
Ils devflient diriger leurs pas du côté des monastères où ils
étaient certains de trouver l'hospitalité. Landévennec possédait
alors une abbaye renommée; ils ont pu s'y rendre, ' puis
vers Riec et aborder près de Bélon où se trouvait un
descendre'

petit port. Accueillis avec un respectueux empressement par
les habitants de la contrée, n'ollt~iIs pu leur donner, par
reconnaissance, quelques parcelles des précieuses reliques?
Et le saint irlandais, nous dira-t-on. . Comment concilièr les
deux traditions? On le peut,si l'on prouve que le saint irlan-
dais a précédé le saint bourguignon; car le premier était peul-
être l'objet de la vénéra lion dt:s habitants de Riec avant le
IXe siècle; et, après le passage des reliques de sflint Léger
d'Au tun, les deux traditions se seront confondues. Des deux
saints de même nom, le plus célèbre aura fait oublier le moins
~ connu.' A la vérité, ce sont là de pures hyp.othèses que
nous soumettons à l'examen de IIOS confrères, plus compétents
que nous en fait d'histoire locale, el plus au courant de l'idiome
du pays de ComûuaiIle. ,
M. Le Men nous a rappelé, à ce sujet, qu'un évêque de Dol,
(sanctus Leucharius) contemporain de l'arche­
saint Leucher
vêqlle saint Samson, vivait au VIe siècle, et que, depuis ceLLe
époque reculée, le nom de ce saint a pu subir diverses trans­
selon les idiomes des localités où son culte avait
formations
de Leuche1' à Léger, Leyer, la t.ransition est facile.
été établi :
Ce saint aurait·il été vénéré dans le diocèse de Cornouailles?

l'lous ne pouvons l'Affirmer.

En résumé, nous avons voulu tout ~ilnplement chercher
l'origine et J'explication de cette façon de prononcer le nom de '
, saint Léger, et nous rendre compte de l'époque à laquelle
remontait le culte du saint particulièrement honoré ,dans le pays
que nous habitons. Beaucoup d'archéologues se laissent souvent
par des erreurs d"imagination. Le moindre doute, un
entraîner
mot différemment interprété, leur suffisent pour ohanger tout un
système .de chronologie. Ne les imitons pas; jusqu'à preuve certai­
Ile du contraire, reconnaissons dans l'un des principaux patrons
de la paroisse de Riec, le grand évêque d'Autun, le défenseur de
la foi chrétienne et de l'autorité royale contrel'ambilieux Ebroin.
D'ailleurs, une autre paroisse bretonne, celle de Quimerc'h,
dans le canton du Faou, arrondissement de Chàteaulin, honore
le mêtnesaint évêque depuis un temps immémorial. Elle pos-
une ancienne chapelle où se célèbrent deux pardons: l'un, '
sède
le 3 dimanche de mai, et le petit pardon, le
plus solennel,
lundi de la Pentecôte. , Ces deux fêtes réunissent un grand
nombre de fidèles. Avant la Révolut.ion, la chapelle recevait de

générellses offrandes et jouissait de plusieurs propriétés qui
ont éLé confisquées. Son revenu était de quinze cents écus,
comme le constaten' les anciens registres de la fabrique.
Une fontaine, voisine de la chapelle, attire comme celle du
bois de la Porle-Neuve ' une foule de pèlerins qui viennent de
fort loin y chercher par l'intercession de saint Léger la
guérison de leurs maux; principalement des d,ouleurs rhumatis­
males. On invoque aussi saint Léger pOUl' ohtenir la grâce
d'une bonne mort et la, résignation dans les épreuves dé la vie.

La chapelle est vaste. et, relativement, en assez bon état de
conservation, bien qu'elle ait grand besoin des réparations qui

n'ont pu être continuées, malgré le zèle et le dévouement du
recteur de la paroisse, M. l'abbé Kerivel. '
La chapelle de Saint-Léger, en la paroisse de Quimerch, est
bien plus ancienll!) que la vieille église paroissiale, nous dit
le recteut .. elle possédait autrefois des reliques, mal-
encore

heureusement perdues, au grand regret des pieux pèlerins qui
se contentent maintenant de baiser respectueusement une an-
tique imagA du saint vénér'é depuis tant de siècles. .
1\1. Le Men nous apprend encore que la chapelle de
Saint-Léger en Riec n'était pas moins riche en offrandes de toute
nature. Elle payait, autrefois, en décimes et en don gratuit, le
double de ée que payaient les au Ires chapelles de la paroisse •
On nous . pardonnera ces longues réflexions au sujel de la
chapelle et de la fontaine de Saint-Léger: et c'est pour nous
le cas de nous excuser en répétant le vieil adage: chacun .
prêche pour SOIl saint. ,
La séance est levée à quatre heures.

Le Secrétaire,

R.-F. LE MEN .