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Bulletin SAF 1879


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Les armoiries des villes du Finistère

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M. Audran présente à la Société, au nom de M. Jé-
gou, un . de ses membres, une brochure relative aux
fondateurs de Lorient.
La parole est donnée à id. Le Men , pour lire la
note suivante :
.LES ARMOIRIES DES VILLES DU FINISTÈRE •
Bien que dès le XVIe siècle la plupart des bourgeois de Quim­
pel', possédan t quelque fortune, et. certaines confréries d'arts et
métier~ telles que celles des tisserands de Morlaix, eussent des
armoiries particulières, ce n'est guère qu'au siècle suivant que
les principales villes comprises aujourd'hui dans les limites du
département du Finistère, adoplèrent l'usage de gravet' sur les .
monuments qu'elles faisaient construire, des emblêmes qui de·
vinrent le caractère distinctif de chaque localité.
Mais longtemps avant cette époque, et au moins depuis le
XIVe siècle, les juridictions ducales comprises dans les mêmes cir-
conscriptions départemelltales,étaient distinguées sur les sceaux
des cours pal' un emblême qui constituait pour chaque juridic­
tion de véritables armoiries. Au XIVe, au XVe el même au com­
mencement du XVIe siècle, les sceaux des cours ducales se
composaient d'un écuswn triangulaire chargé de 10 mouche.
4, 3, 2 et 1, et inscrit dans une rose à 6 lobes
tures d'hermines
entourée d'une légende. C'est au-dessus de cet écusson et
dans le lobe supérieur de la rose qu'était placé l'emblême dont
Je viens de parler, et qui est représenté par un animal, va-
riant quelquefois pour la même juridiction suivant les époques.

Les animaux servant à désigner ces diverses juridictions sont:
le lion et la chèvre (Morlaix), le cerf et le mouton-(Quimper),
(Carhaix),' le cheval (Saint-Renan), le sanglier (Le~ne'
le bœuf
ven), la levrette? (Quimperlé), et le saumon (Châteaulin). .
Après la réunion définitive de la Bretagne à la France, tous
ces sceaux ducaux ainsi diversifiés disparurent pour faire place
à des empreintes uniformes portant soit un parti soit un écartelé

de Frant:e et de Bretagne. Cependant le sceau de la cour royale
de Conearneau conserva dans le champ, de chaque côLé de .
une hache d'armes en pal soutenue d'une moucheture
l'écu,
pu découvrir de sceau de la juridiction du­
d'hermine. Je n'ai
cale de Concarneau, mais je suis persuadé que la hache d'ar­
mes y figurait. . '
Par suite de cette circonstance, les anciennes cours ducales
perdirent leurs emblêmes distinctifs,ou, pour mieux m'exprimer,
qui leur étaient propres. Mais la · tradition en ful
les armes
conservée, et lorsque plus tard,les villes qui formaient le chef-lieu
de ces juridictionf>, s'aLll'lbuèrent dAs armoiries, quelques-unes
se souvinrent de ces emblêmes qu'elles relrouvè­
d'entre elles
Tent sur les empreintes des anciens sceaux, et qu'elles adoptè­
rent pour armes'. Cependant comllle la plupart de ces emprein­
tes étaient usées ou mal (ailes, il dut en résulter etes el'l'eurs
dans la détermination de l'animal qui surmontait l'écu. C'est
ainsi que le cerf, qUI formait les armes de la juridiction ducale
devenu un mouton, et quela levrelte, ou pl~ut­
de Quimper, est
êlre l'hermine, de la cour ùe Quimperlé a été transformée en
coq. De plus on distingue trè:;-nettement sur les bonnes emprein.

tes des sceaux de la juridiction de Châteaulin, un saumon sur­
monté d'un château, mais le saumon est informé dans les mau- '
vaises empreintes et on n'y voit bien que le château. C'est pour
ce motif que le saumon ne figure pas d-ans les armes de Château­
lin telles qu'elles sont blasonnées dans les armoriaux. Et cepen­
dant quelles armes peuvent mieux que cet emblême convenir à la
ville de Châteaulin, si célèbre jadis par ses pêcheries de sau­
mons, et dont on appelle encore les habitants Penn-Eok, ùe
même que l'on ùésigne les Douarnenisles sous le nom de Penn­
Sardin, en raison du grand commerce de sardines qu'ils font
depuis un temps immémorial!
Les armes de l'ancienne juridiclion de Quimper', devenues
plus tard celles de la ville, convenaient parfaitement à la
région dont celle ville, était le chef-lieu, c'est·à-dire la Cor­
nouaille, COl'nubia ou Kernew. Dans cette circonstance le cerf

ou le moulonétaient des armes parlantes. Je ferai la même
observation pour le~ armes de la juridiction de MOI'laix qui
furent dans le principe un lion; le lion des comtes et des vi­
comle, de Léon, le dernier représentant de la légion -
qui a donné son nom à la partie nord ' de l)olre dépar­
romaine
tement, Ce lion est représenté morné, c'est-à-dire sans dents

. et sans grif(es ; mais que de victimes n'a-t-il pas faites! Il a
laissé partoul dans notre pauvre Cornouaille la trace sall-
glanLe de son passage. En deseendanl vers le sud, nous le
trouvons d'abord au Faou, transformé en léopard. Si nous

passons l'Aulne,nous le voyons occuper tout le pays de Crozon
et de Porzay; et au-delà. de la baie de Douarnenez, il règne
en maître. SUI' Pont-Croix et n'épargne même pas les plaines
fertiles de Cap-Cavai, où le lion de la baronnie du Pont eL le
fief de Quéménet nous ont conservé son souvenir. Est·il sur­
prenant qu'il soit sans griffes et sans dents après avoir déchiré

tant de proies ?·Et n'y a·t·il pas un écho de cette désolation
dans ces vers d'un poète du IXe siècle? -
Quam bene candelis splendebant culmina ternis
Cornubiœ precet'es cum terni. celsa teneban t ! .....
At nunc p1'essa jacet he1'vum orbata pottntum,
Cede gemens victa f!xterno sub fasce reflexa,
Armorùm nitidis nu1a spotiata triumphis (1).
J'ignore à quelle époque el dans quelles circonstances le lion
fut remplacé par la chèvre dans le sceau de la juridiction

Morlaix, mais il me semble que le lion qui figure '
ducale de
encore sur une empreinte de 1340, était un souvenir de la do­
cornIes de Léon, que Jean de Montfort voulut
mination des
en lui substituant la chèvre, animal plus prosaïque
anéantir
mais plus utile, et dont les Morlaisiens, excellents texiers,

peu t-être un très-bon parti. .
tiraient
Quoi qu'il en soit, lorsque la ville de Morlaix prit des armoi-
ni le lion ni la chèvre. Son commerce avait
ries elle nadopta
(1) Gurdestin, Cart. de Landévennec, Ms. de la Bibl. de Quimper .

été florissant au XV, siècle. Il l'était encol'e au XVIe et au XVIIe;
elle fit donc acte' d'indépendance et d'à propros en peignant
sa bannière un navire équippé.
sur
Depuis un certain nombre d'années il est d'usage, à l 'occa.
des fètes région ales ou locales, de décorer les monuments
sion
publics des armoiries,de la ville où se fait la fête ou des vilies
qui doivenl y concourir. Il m'a semblé qu'une petite galerie
qui permettrait de remonter à l'origine des armoi-
héraldique,
ries de chacune des villes de notre département et d'en suivre
ne seraient pas hors de place au
les modifications successives,
Musée départemental d'archéologie. Comme on a pu le voir par
les observations qui précèdent, les armoiries des villes ne sont
pas un assemblage fortuit de figures et de couleurs. Elles se
rattachent toujours à leur hist.oire soit par un côté politique,
un côté économique. On en trouvera la preuve dans les
soit par
descriptiolls qui vont suivre.

Pour réaliser ceUe idée, j'ai fait peind\'~ sur des planchettes
en forme d'écusson les armoiries des villes du Finistère, telles
que je les ai rencontrées sur les sceaux, ou, à défaut de sceaux
anciens, d'après les indications des armoriaux, eu prenant
de faire suivr.e le nom de la localité de la date du docu­
soin
ment reproduit. A côté des sceaux des anciennes juridictions
ducalés, royales ou seigneuriales, où l'écusson du seigneur
où l'emblême
haut-justicier tient la plus grande place, et
représentant la localité est placé au·dessus ou à droite et à
gauche de l'écu, j'ai indiqué sur une planchette spéciale de
quelle manière l'écusson "de la ville devait être représenté à la
même époque, si elle possédait un écusson particulier.

J'ai dit plus haut que plusieurs des chefs-lieux des anciennes
pris. pour armes l'emblême qui
juridictions ducales avaient
s'appliquait dans le principe à tout un territoire. Les peLites

villes moins importantes, chefs· lieux de juridictions inférieures,
eu d'autres armoiries que celles de ces juridictions
n'ont guère
je les leur ai soigueusement attribuées.
une autre catégorie de localités que l'on pourrait appeler
Il est

les disgraciées de la fortune, qui n'ont été chefs-lieux d'aucune
juridiction de quelque importance, ou pour lesquelles, au
poillt de vue du blason, les documents font absolument défaut.
Mais comme il n'y a pas de ville qui ne puisse tirer de son
histoire les éléments d'un blason, j'ai composé pour ces
localités mal partagées, des armoiries hasées SUI' la connais­
sance de leur passé, ou sur leur situation actuelle. Seulement
comme il s'agit ici , d'un, travail de fantaisie, j'ai fait peindre
en teinte neutre les écussons de cette catégorie; afin qu'il soit
impossible de les confondre avec les autres, qui ont un carac­
tère historique. S'il cnnvient aux villes qu'elles intéressent
de les adopter ,riAn ne sera plùs facile que de substituer à la
teinte neutre les couleurs ordinaires du blason.

Le nombre des écussons des villes du Finistère, terminés ou
en voie d'exécution est en ce moment de. quarante-cillq. C'est
grâce à la libéralité de quelques membres de la Société que ce
travail a pu être fait. Quand ces écussons des villes seront
terminés, je m'efl'orcerai d'augmenter cette galerie héraldique
en y plaçant les armoiries des hommes célèbres nés dans le
territoire du Finistère, et dont les familles sont éteintes. Voici
par ordre alphabétique la nomenclature de ces villes avec la
de leurs armoiries.
description
Audierne (teinte neutre), . Une ancre de marine accom-
pagnée de 2 homards en chef et d'un merlus en pointe . .
Brest, 1878. ' , Parti de France et de Bretagne.
Ces armoiries sont propres à toutes les anciennes juridictions
royales de Bretagne. Pour la ville de Brest. elles ne doivent

pas remonter au·dela de ]681, Jate du transfert du chef-lieu de
la juridiction 'royale de Saint-Renan à Brest. La ville de Brest

n'a pas d'armoiries particulières. Son origine est un château
avoir dans ses armes.
qu'elle devrait
Camaret (teinte neutre). Une barque à voiles éployées

d'hermines accompagnée de deux étoiles en chef et d'une tour
en pointe.

Carhaix, 1696. D'or au bœuf passant ùe sable. Ces
armes sont brodées sur une dalmatique de héraut semée

d'hermines, conservée à la mairie de Carhaix .

Châteaulin, 1484.
- Ecu de Bl'etagne plein.
Au-dessus un saumon mis en fasce surmonté d'un château
à ùeux tours carrées (Sceau).
Châteaulin. D'azur au château d'argent, girouetté
aCI!ompagné en pointe d'un saumon d'argent mis en fasce.
d'or,
D'azur au château d'argent gi-
Châteaulin, 1878.
fouetté d'or.
Châteauneuf (teinte neutre). - Neuf tours.
Concarneau, 1669. Écu de France plein. De chaque côté

une hache de gueules en pal soutenue d'une herm;ne (Sceau).
Concarneau, 1696. D'argent à 3 haches de gueules en
pal 2 et 1. '
Le Conquet (teinte neutre). - ' Une tour crénelée accom­
pagnée de 2 ancres de marine en chef et d'une coquille en
pointe. En 878 deseente des Normands au Conquet. En 1207
les partisans de Jean sans Terre bâHrent un fort château
du Conquet, qui fut rasé en 1218 par Pierre de Dreux.
auprès
Crozon et Porzay, 1525. D'or au lion morné de sahle
(Léon); hors de l'écu trois macles d'or, une au,dessus et une
Ile chaque côté (Rohah). ' {Sceau).
Daoulas, 1580. D'or au lion morné de sable (Léon) ;
macles de chaque côté et hors de l'écu (Rohan). ' (Sceau). '
Douarnenez (t in le neutre.) Une tour crénelée sur un
rocher entouré d'eau, accompa'gnée de 3 sardines mises en fasce,

deux en chef el une cn pointe.

Le Faou. D'azur au léopard passant d'or (Sceau).

Fouesnant. IJe sable ,à une aigle éployée d'argehl
membrée de gueules. Fouesnant était le chef·lieu
- becquée et

d'un Pagus ou pays de l'archidiacollé
de Cornouaille (Pagus
Fuenant). (P. de Courcy).

Landerneau, 1666. . Ecartelé aux 1 et 4 d'or au lion
morné de sable; aux ~ et 3, de gueules à 9 macles d'or,
3,3, 3 (G. Le Borgne).
Landerneau, 1696. D'azur au vaisseau équipé d'or sur
des ondes d'argent, portant à ses 3 mâts un pavillon, aux
armes de Rohan à senestre, de Bretagne au grand mât et de
Léon à dextre (Mm. gen .). ' ~ .

Landivisiau: 1482. D'or au lion morné de sable (Léon),
l'écu entouré, de macles d'or (Rohan). (Sceau).

Lanmeur, 1567.- D'hermines plein, l'écu supporté par
2 hermines rampantes.
Lanmellr, ,1666. " D'argent à la fasce de gueules aceom­
pagnée de;) hermines de sable (Guy le B. dans P. de Courcy).
Lannilis. ' D'azur à 3 macles d'or, 2, 1 (de Courcy) .

Lesneven, 1480." Ecu d'hermines plein. Au-dessus un
sanglier passant (Sceau).
Lesneven.
au sanglier passant de sable, au chef
D'or
cousu d'hermines.
Locronan (teinte neutre) . . , Une mitre posée sur une
crosse et accostée de deux navettes •

l[orlai&, 1340.-­ Ecu de Bretagne plelll. Au-dessus un
lion passant (Sceau).
Morlaix. -­ D'or au lion morné de sable, au chef cousu
d'hflrm ines.

Morlaix, 1400. . Ecu de Bretagne plein. Au-dessus une
chèvre passante (Sceau).
Morlaix. D'azur à la chèvre passante d'argent, ac-
cornée et onglée d'or, au chef d'hermines.
Morlaix, 1878. D'azur au navire équipé d'or voguant

sur des ondes de même, aux voiles éployées d'hermines .

pont-Aven (teint
3 annilles ou fers de

Pont-Croix. . D'

Pont-l'Abbé, XV

Quimper,\ '. cerf passan t à senestr
Quim1,)er (Gui le

au chef de France (al

Quimper, 15~6 .
Au · dessus un mout.o~
Quimper, 1666.
accorné et ongié d'ol

Quimperlé, 1518
levrier passant. Le
peul-être une hermi~

Quimperlé. D
mmes.
Quimperlé, XVI1
membré, barbé et
Roscoff. D'az
des ondes de mêm
dthermines CP. de

. Rosporden lei)

Bretagne •

Saint-pôl-de-I.

e neutre). '" Un pont accompagné de
sable ac
moulin, 2 en chef, ullè en pointe.
soutena ~
au lion rampant d'argent (Sceau).
azur
Saint
nn che
a~ lion de gueules (Sceau).
siècle. D'or
« Le l
4_ Ecu de Bretagne plein. Au-dessus un

vaux qll
e la tête contournée (Sceau). .
lion roy
H.) , De gueules au ('erf passant d'or,
Sain
'mes antiques). .
• chef d'Il
- Ecu j d'-hermines plein (de Bretagne)'
A la
l passant (Sceau).
autres

au mouton passant d'argent
D'azur
abonda
~, au chef d'hermines (G. Le Borgne .
de Roll
1. ' Ecu' de Bretagne plein. Au-dessus un
à la ID
levrier n'est pas bien déterminé, c'est
le passante mais sans volets (Sceau).
espece
e gueules au levrier d'or, au chef d'her-
sembla

[e siècle. ' D'hermines au coq de gueules
pour 0
d'or (1); . '
crêté
mois d
ur au navire équipé d'argent floUant sur
Léger.
3, Jes VOIles. éployées d'hermines, au chef
:ourcy). .
utre neutre). _.
EcarteIé de France et de
Dans
la fonta'
.éon, 1666.· D'or au lion morné de
nous so