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Bulletin SAF 1878


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La révolte du papier timbré en Cornouaille

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Suivent diverses recommahdatiuns tendant à évitor certains
abus signalés en 1877; IE-s listes dressées ne devront compren-
dre que les noms des personnes qui auront à faire des lectures
ou des communications, et ceux des-délégués de la Societé, ces

derniprs au nombre de six au plus. "

M. le Président tient d'ailleurs des exemplaires de

la circulaire du Ministre à la disposition des membres
la Société qui pourraient aller la représenter à la

Sorbonne ou qui se proposeraient d'adresser des "ma­
nuscrits .

Aucun des membres présents n'a formulé de de-
mande à cet égard. M. Audran, absent, est seul in-
scrit, ayant fait connaître par son télégramme de ce
jour qu'il se tenait à la disposition de la Société pour
aller la représenter, si elle le jugeait à propos.

Cette offre est acceptée avec empressement.
M. le Président donne ensuite la parole à M. 'Le Men,
pour lire la communication suivante, portée à l'ordre
du jour de la séance. '
LA RÉVOLTE DU PAPIER TIMBRÉ EN CORNOUAILLE.
Lorsque vers le milieu du règne de Louis XIV, les ressources
de la France ne furent plus suffisantes pour entretenir la coû·
teuse passion de gloire qui avait envahi l'âme du grand

roi} on combla le vide au moyen de taxes el d'exactions de
toute sorte dont les Etats de Bretagne ne purent présener cette

province, malgré ses franchises et ses exemptions.
Bien que le peuple des villes et les habitants des campagnes
" sèntissent lourdement le poids de toutes ces impositions; aucune
ne leur fut plus odieuse que la taxe que l'on avait établie sur
le tabac et sur le papier timbré, et ce fut la haine de ces nou­
veaux droits, jointe à la crainte des l'établissement de la ga-

belle, qU! provoqua en Bretagne cfllte sanglante révolte dite du
papier timbré, qui eut en Cornouaille son foyer le plus actif.
cc On dit qu'il y a cinq ou six cenls bonnets bleus en Basse­
Bretagne qui auroient bien besoin d'être pendus pour leur
apprendre à parler,» écl'Ïvait Mme de Sévigné à sa fine le

3 juillet t 67 5. '
Si c'était un besoin de pendre tout ce pauvre monde,

Mgr le duc de Chaulne, gouverneur de Bretagne, s'acq'uilta fort

bien de la commission, car il pendit, pendit el pendit encore
pendant de longs mois, et ceux qui échappèrent à la corde ou
à la roue, s'estimèrent heureux d'aller ramer sur les galères
du roi. .
Il n'entre pas dans mon dessein de faire ici le récit dél;aillé
de la Révolte du papier timbré en Cornouaille. 'L'histoire de
c~tte . insurrection, dans toute la province de Bretagne, a été
faite en 1860 par notre confrère, M. de la Borderie, d'~ne ma­
nière très-complète et avec autant de talent que d'impar­
Le but' que je me propose est seulement d'ajouter, à
tialité (1).
son récit certains faits et certains documents inédits qui ont
un intérêt tout particulier pour notre département. De plus;
comme le travaH de M. de la Borderie, publié il y a dix-h uit
ans, est devenu rare aujourd'hui, je prendrai la liberté de lui
emprunter et de reNoduir~ ici une pièce ex.trêmement curieuse,
qui nous donne, mieux que les correspondances officielles du
temps, le véritable caractère de cette gl'ave insurrection.
Je veux parler du Code paysan que M. de Chaulnes mentionne
sa lettre à Colbert, du .9 juillet 1675. M. Gaultier du
dans
Mottay a.. retrouvé, dans les archives des Côtes-du~Nord, une
copie de ce document qu'il.a communiquée à M. de la Borderie
voici le texte :
et dont
Copie du règlement fait par les rnobles habitarnts (2) des qua-

(1) La Révolte du Papier Timbré, advenue en Bretagne en Z'an 1675,
de Bretagne et de Vendée, tome VII, année 1860 .
. Revue
(2) Les paysans et probablement aussi les bourgeois •

tm'ze paroisses unie§ du pays A rmo1'Ïque (t) situé depuis Douar-
11enez Jusqu'à Concarneau, pour être observé inviolablement
entre eux jusqu'à la Saint- Michel prochaine (1675) l sous peine
de TORREPEN (2).
1. Que lesdites quatorze paroisses, unies ensemble pour la
liberté de la province, députeront six des plus notables de leurs
habitants aux EtaLs prochains, pour deduire les raisons de leur
soulèvement~ lesquels seront défrayés aux dépens de leurs

communautés, qui leur fourniront à chacun un bonnet,el cami­
sole rouge, un haut-de-chausses bleuf, avec la veste ~t l'équi-
page (3) convenàble à leur qualité. '
2. Qu'ils (les habitants des quatorze paroisses unies) met­
les armes bas et cesseront tout acte d'autorité jusques audit
tront
temps (de la Saint-Michel' 1675), r1ar une grâce spéciale qu'ils
font aux gentilshommes, qu'ils feront sommer de retourner
dans leurs mai sous de campagne au plus tôt; falite de quoi ils

seront déchus de ladite grâce.
QUè défense soit faite de sonnet' le tocsin et de faire assem­
d'htwnnes armés sans le consentement urlÏversel' de ladite
blée
union, à peiue aux délinquants d'être pendus atlx cloehers aussi
de leur assetnblée (4), et (ou) d'être passés par les armes.
4. Que lès droits de champart . et corvée, prétendu5 par les- .
comme une violation (?) (5) ·
dits gentilshommes, seront abolis,
de là libertè l..rmoriquè.
5. Que pour affirmer (confirmer) la paix e{ 'la concorde
les gentilshommes et nobles habitants desdites paroisses,
entre
il se fera des mariages entre eux, à cmndition que les (filles)
11O'bles choisiront leurs maris de condition commune, qu'elles

(1) Il s'agit des paroisses du littoral,
(2) C'est-à-dire sous peine d'avoir la tête cassée. Torrepen ou To'rre­
ben signifie li tléralement Casse-lui la tête • .
(3) Ou peut-être avec le reste de l'équipage. .
(4) C'est-à-dire: « aux (·lochers des lieux de' leurs àssemblées. ))
(5) Mot illisihle dans la copie .

anobliront et leur postérité, qui partagera également entre
eux (§..ic) les biens de leurs successions.
6. Il est défendu à peine d'être passé par la fourche,. de
donner retraite à la gabelle et à ses enfants et de leur fournir

ni à manger, ni aucune commodité; mais, au contraire, il est
enjoint de tirer sur elle comme sur un chien enragé •
7. Qu'il ne se lèvera, pOUf tout droit, que cent sols par
barique de vin horet (1), et un écu pour celui du crû de la .
à condition que les hôtes et cabaretiers ne pourront
province,
vendre l'un que cinq sols et l'autre trois sols la pinte.
8. Que l'argent des fouages anciens ser'a employé pour
acbeler du tabac, qui sera distribué avec le pain bénit, aux
messes paroissiales, pour la satisfaction des paroissiens.
9. Que les recteurs, curés et prêtres, seront gagés (2) pour
le service de leurs paroissiens, sans qu'ils puissent prétendre
aucun droit de dîme, novale, ni aucun autre salaire pour t~utes
leurs fonctions curiales.
10. Que la justiee sera exercée par gens capables choisis par
les nobles h:1bitants, qui seront gagés avec leurs greffiers (3),
sans qu'ils puissent prélendre rien des parties pour leurs vaca­
tions, sur peine de punition ; et que le papier timbré sera en

exécration à eux et à léur postéri,té, pour ce que (4) les ac-
tes qui ont été passés r sur papier tilIJbré] seront écrits en au­
tre papier. et seront après brûlés, pour en effacer entièrement
la mémoire.

11. Que la chasse sera défendue à qui que ce soit depuis le

premier jours de mars jusqu'à la ml-septembre, et que fuies et
de tirer sm' les pigeons en
colombiers seront rasés, et permis
. campagne.

(1) Crû hors de Bretagne •
(2) C'est-à~dire : ( recevront un traitement fixe. »
(8) Ainsi que leurs greffiers.
(4) « En conséquence de quoi. ' )1

12~ Qu'il sera loisible d'aller aux moulins que l'on voudra,
et que les meuniers seront contraints de rendre la farin'e au
poids du blé.
13. Que la ville de Quimper et autres adjacentes seront con­
traintes par la force des armes, d'approuver et ratifier le
présent règlement, à peine d'être déclarées ennemies de la li­
.berté armorique, et les habitants punis où ils seront rencon­
de leur porter aucune denrée ni marchandise
trés : défense

jusqu'à ce qu'ils aient satisfait, sur peine de TORRÉBEN.
. 14. Que le présent réglement sera lu et publié aux prônes
des granges messes et par tous les carrefours et anx paroisses,
et affixé (affiché) aux croix qui seront posées. _
Signé : TORRÉBEN et les habitants.

Quand on lit quelques-uns des articles de cette sin-

gulière pièce, on se demaude si on est en ,présence d'une paro-
ou d'un document sérieux. Quoi qu'il en soit le nom de
die
Torreben que prend le chef ou le représentant de ,cette asso­
bien le mot qui se faisait entendre jadis d1\ns
ciation, était
toutes les querelles bretonnes dont le Penn·Baz était ordinaire­
ment le grand juge.
Comme le nombre des paroisses du littoral compris entre

Douarnenez et Concarneau était au moins de vingt-cinq en 1675,
il n'est pas facile. de dire quelles sont , celles de ces paroisses
qui firent partie de cette confédération armoricaine d'un nou.,.
veau genre. Cependant on peut sans crainte d'erreur y com­
la paroisse de Combrit qui, pendant cette insurrection,
prendre
se signala entre toutes par de graves excès.
A l'époque où éclata-celte révolte, Nicolas Euzenou, sieur de
t était propriétaire du château du Cosquer situé dans
Kersalaun
celte paroisse. Les paysans révoltés s'y rendirent en armes et

pendirent ce gentilhomme li une d~s fenêtres de son château
ensuite, J'ignore par combien d'exécutions ce cri-
qu'ils,pillèrent

me fut expié, mais le duc de Chaulnes voulant perpétuer par
une marque infâmante, le souvenir de la faute et du châtimenl
en fut la suite, fit raser la flèche de l'église paroissiale et cel-
qui

les ùes chapelles de la pflroisse, avec défense de les reconstruire
ans plus tard, les hflbitants de Gombrit
jamais. Lorsque cent

firent rebàtir leur église, ce- ne fut qu'à la sollicitation du
petit-fils de la victime, devenu marquis de Kersalaun, qu'ils
obtinrent du roi l'autorisation de réédifier ieur clochBr. Ceux
qui ont visité la très-intéressante chapelle de Lambourg, qui

fait aujourd'hui partie de la ville de Pont-l'Abbé, Pot qui était
compl'Ïse dans la paroisse de Combrit, ont pu remar­
autrefois
que sa lour est encore aujourd'hui privée de la flèche
quer
octogone qui la couronnait avant 1675.
Il existe dans un dépôt public 'de Paris des titres relatifs à
cette afl'aire. J'ai écrit à un compatriote pour en avoir des
copies; mais il parait que ma lettre s'est égarée en route car

je n'ai encore rien reçu.
Un soulèvement-plus important que celui du Pays armorique,
eut lieu la même année 1675 dans l'intérieur de la CornouajJle.
Vingt paroisses des Montage(d'Aré et des Montages Noires, se
Ï'évoltère~lt à la fois et leur premier exploil fut la prise du
château de Kergoat, en Saint-Hernin, que les paysans livrèrent
aux flammes après l'avoir pillé. Ce château qui était meublé
avec luxe, et pourvu de bonnes défenses, appartenait à

M. Le Moyne de Trevigny .

M. l'abbé Causer, dernier recteur de Spézet avant la révolu-
de 1789, et qui avait mis les archives de cette localité
tion
dans le plus gt'and ordre, nous a laissé sur cette insurrection
des paroisses des montagnes, la, note suivante:
Cl La tradition rapporte que cette révolte prit naissance à
l'occasion du papier' timbré qui venoit d'être inslÏlué; que le
nommé Balbe, notaire et procureur, ouvrit la scène à Pleyben,
et qu'elle fuL éteinte au château du Tymeur, en Poullaouen,
où ledit Balbe fut mis en pièces par les seigneurs d~ ce châ­
tea u ; après la destruction duquel ses adhérenta prirent la fuite. )

La prise et l'incendie de Kergoat causèrent en Basse-Breta-
gue, une véritable panique, el les gentilshommes qui étaient

encore dans leur châteaux, s'empressèrent de réunir ce
qu'ils purent de leurs meuble3, et de se réfugiel' dans les vilJes.
De son côté le duc de Chaulnes qui était resté renfermé
se mit à la tête des troupes qui lui
dans Fort-Louis (1)
furent envoy8es de ,France, et se dil'igea au commencement du
mois de septembre sur le pays de Carhaix, où la révolte semblait
s'être centralis'ée. On n'a aucun détail sur cette 'campagne,
mais on sait que le duc dMit complètement les révoltés, proba-
blement près du château du Tymeur, où, comme on l'a vu plus
haut, leur chef fut tué. Ce fut à la suite de cette victoire qui

mit fin à la rébellion, que Mme de Sévigné écrivit à la date du
24 septembre! ces lignes sü1istrement spirituelles;
(c Nos pauvres bas-bretons à ce qu'on vient d'apprendre
les champs, et dès .
s'attroupent, quarante, cinquante, par
qu'ils voient les soldats, ils se jettent à genoux, eL di~ent Med
cuipd ,. c'est le seul mot de françois qu'ils sachent; on ne
laisse pas de pendre ces pauvres has-bretons ; ils demandent à
boire et du tabac eL qu'ou les dépêche, et de Caron pas un mot. Il
Après les exécutions et lorsque la tranquillité fut rétablie,
M. Le Moype de Trevigny réclama des paroisses qui avaient
pris p'art au pillage et à l'incendie de son château de Kergoat, '
une indemnité pour la perte qu'il. avait éprouvée. Les diverses
négociations qui furent la conséquence de cette demande, son t
rapportées dans les actes suivants qui existaient avaÙl ' 1790,

a·ax Archives de Gourin, où l'abbé Causer, recteur de Spézet,
le soin d'en prendre des copies. ,
eut

Transaction passée en tre Mgr de ' Coatlogon, évêque de Quimper,
et messire Henri Barin, curateur du sieur Trévigni, seigneU1'
du Kergoat, au sujet de l'incendie et pillage laits aa château
du Kergoat. en Saint-Hernin.
L'an 1678, avant midi, le 25 juin, devant nous notaires
royaux héréditaires de l.a Cour de Quimper-Corantin, avec

(1) Port-Louis.

soumission et prorogation à icelle, ont comparu personnelle- .
ment illustrisisme et révérendisisme père en Dieu., François
de Coatlogon, évêque de Quimper, et comte de Cornouailles
conseiller du roi en ses conseils, demcuran t le plus ordinaire,
ment en son palais épiscopal, ville close de Quimper-Corantin
d'une part; et messire ' Henri Batin chevalier, seiglleur de
Boisgefroi, demeurant aussi le plus ordinairement en son
château de Boisgefroi, paroisse de Saint-Médard sur Isle~ diocèse
de Rennes, étant ce jour en cette ville de Quimper d'autre
part: Entre lesquels est reconnu que ledit seigneur évêqne
serait fondé en procuration des paroisses de Gourin, Le Saint,

-Guiscrif, Scaër, Leuhan, Tréogan, Motref, Plevin, Cléden,
Kerglof, Laitdeleau, Lannédern, Loquefret, Huelgoat, Plouhier

(Plouyé), Plouguer-Carhaix, Poullaouen, Saint-Hernin, Spézet.
Plonévé du Faou; JadiUe procuration dallée du ,,'
Plonévézel,
Que lesdites paroisses se seroient obligées par actes des mois
de novembre, décembre et janvier dernier, de payer au sieur et­
dame de Trévigni (seigneur du Kergoat), la somme de
64,800 livres, au désir de leurs traités,

Que néanmoins, monseigneur le marquis de La Coste, lieute-

nant de roi en Bre.tagne, leur avoit promis qu'en cas qu'ils rap-

portassent des meubles, de leur faire rabais de la vale ur
desdits meubles, ce qu'ils auroient effectiq-ement exécuté,
Que ledit sieur de B,oisgeffroi seroit curateur dudit sieur
Trévigny en l'instaner. de réparation au sujet des domages
causés au château de Kergoat en la paroisse de Saint-Hernin.
par l'incendie et pillage qui y furent faits, et qu'il agit aussi
pour la demoiselle Trévigny a présent dame de Kerfili.
Partant que ledit sieur de Boisgeffroi, en tant que ledit sieur
de Trévigny et ladite dame de Kerfili rayent pour agréable et
non autrement, a consenti diminution, conformément à la
promesse de mondit sieur marquis de La Coste, aux habitans
desdites paroisses de la gomme de ' 15,000 livres, etc ... el le

. surplus qui est la somme de 49,800 Eyres ledit monseigneur

évêque de Quimper, audit nom, s'est obligé de payet' et faire
avoir aux anciens créanciel's dudit sieur de Trévigny, scavoir :
1/3 à Noel prochain, 1/3 à la Saint Michel 1679 et 1/3 à la
Saint-Michel 1680. Laquelle dite somme de 49,800 livres sera
payée par lesdites paroisses suivfint l'ordre ci-après, scavoir :
1 ° par Gourin et trèves . • • . . •
5,500 livres.

20 • . Guiscriff. . . • . . . • . • .
3° . • Scaer. •••.•.•.•..

4 Leuhan.. . . . . . . . . . .

5° • • Tréogan. • • . • . . • . . .

6° . . Motref. · . . . . . . . . . . .

7 Plevin. . . • . . . . . . ~ . , 1,450

8° . . Cléden (Poher). .•.• . •
9° . • Kergloff. •. . • • • • . . •
10° .. Landeleau ... , .•.•.•

11 Lannédern. . . • . . . . .• •

,12 Loquefret. •••.••.••

13° • • Huelgoat. •..• 0 • • • •

t 4° . 0 Plou hier (Plouyé). • . • • 0 ,

15° .. Plouguer·Carhaix. . .••.
1,hOO

16° . . Poullaouen. " • .• ;.

t 7° .. Saint-Hernin.. . .••..•
18° . . Spézet. . . . . . . . . • • . 5,000

19° • • Plounévézel. . . • • • . • .

20° •. Plonévé-du-Faou. . •...

Total. . . •. 49,800 livres .

, pour parvenir au paiement desquelles sommes aux susdits
évêque de Quimper audit nom, a
termes, mondit seigneur,
consenti que les avocats qui se sont préseiltés au conseil pour

lesdites paroisses, fassent homologuer le présent traité, et
au conseil confo/'mément à icelui, et
qu'il soit donné arrêt
même qu'on obtienne des lettres patentes pour la levée do

ladite somme, parce que lesdits arrêts et lettres patentes se­
ront obtpnus à la diligence et frais dudil seigneur et dame de
Trévig~y ; et en· faveur desdits payemens ~ lesdites paroisses
demeureront quittes de toute l'instance intentée pour l'incen­
audit châteaQ de Ker­
die, pillage et autres dommages causés
goat, tant en principal que frais, généralement sans réservation
de quelque nature qu'elles soient; et sans que les ha­
aucune,
pOUl' au­
bitants desdites paroisses puissent être recherchés
que ce soil. A tout quoi lesdites parties se sont obli·
cune cause
gées el s'obligent chacun en droit soi, par obligation générale
de tous leurs biens, meuhles et immeubles présens et à venir,
à. y être procédé suivant les rigueurs de justice et des ordon­
obligé, stipulé, et condamné par nous dits
nances. Fait, gréé,
notaires, de l'authorité de nos offices, audit Quimper-Corantin,
au tablier des notaires soussignans, sous leurs 8cigns et les no­
lesdits jouI' el an ... Et du consentement et à la requête
tres
seigneurs a été le présent original délivl'é à maître
desdits
René Dudrésit, notaire royal à Carhaix, pour en délivrer des
copies auxdits seigneurs auxdits noms. Aiusi signé en l'origi­
de Coetlogoa, évêque de Quimper~ Batin, Le Roy, no­
nal Fr.
tail'e royal, et Dudrésit, notaire royal.

Arrêt du Conseil confirma/if de la transaction ci-devant

(Extrait des Registres du Cous~il d'État.)
. Vu . au conseil du roi la ' requête présentée en icelui par
Malo Le Moine de Trévigny, chevalier marquis
messire Joseph
et Claude de Serac, aussi chevalier, comte de Kerfili,
dudit lieu,
à cause de la dame Sylvie Le Moyne, son épouse, contenant
entr'autre chose qu'il y auroit eu ci-devant instance au conseil
part, et les habitants des paroisses
entre les 'suppliants, d'une
de Gourin, Guiscrif, Molref et autres; pour raison de la répa-
ration demandée par les supplians de l'incendie, pillage et
les habitants. du châtèa,u du
autres dommages, causés par
Kergoat en Bretagne, au mois de juillet t 67 5; qu'il y auroit

eu plusieurs procédllres, même un arrêt contradictoire qui
auroit réglé quelque incidens. .
Que le sieur duc de Chaulnes, gouverneur de ladite province,

voulu, pour le service de Sa Majesté et le soulagement
auroit
des parties, faire quelqu'accomodement entr'elles, mais qu'ayant
obligé de se rendre auprès de Sa Majesté, dans le temps
été
qu'il y travailloit, il en aurait chargé le sieur marquis de La
Coste, lieutenant général en ladite province. .
Que ledit sicur La Coste auroit ensuite reçu ordre de
Sa Majesté le 22 décembre 1677 de piirachever ledit accomo­
ce qui auroit été fait à une somme de
dement commancé ;
64,800 livres.

Que ledit sieur La Coste leur aurait promis qu'au cas qu'ils
r apportassent les meubles qui avoient été par eux enlevés, il
leur en seroit fait diminution de la valeur d'iceux.

Qu'ils en auroient rapporté quelques-uus, et que, sur cela,
il auroit été fait un traité général le 23 juin 1678, entre le .
sieur evêque de Quimper, comle de Cern ouailles, agissant pour
en vertu de leur procuration, d'une part, et
lesdits habilants
·le sieur Barin, comte de Boisgef!roi., conseiller au parlement de

Rennes, agissant pour ledit sieur de Trévigny, et dame de
Kerfili .) d'autre part. .
Que ledit sieur . Barin, audit nom, conformément à la pro·
messe faite par ledit sieur Lacoste aux habitants, leur aurait
fait remise de la somme de 15,000 livres, en sorte qu'ils
nè seroient plus redevables que de 49,800 livres payables un
tiers à Noël 1678, un t.iers à la St-Michel 1679, et un tiers à
la St-Michel 1680.
Que pOUl' parvenir au payement de ladite somme, ledit sieur
evêque de Quimper auroit consenti que les avocats qui se sont
présentés au conseil pour l.esdites paroisses, donnassent
les mains à ce que ledil traité du 24 juin 1678 fut homologué
au conseil, et qu'il y fut obtenu arrêt ~t des letLres .patentes • •
pour faire imposer et lever sur eux lesdites sommes, moyennant

quoy ils en demeureroient quittes et de l'instance intentée
contr'eux.
A ces causes requeroient les slJpp1ian~ qu'il plut il Sa Majesté

homologuer ledit traité du 23 juin 1678 pour être exécuté
selon sa forme et teneur, et en conséquence permettre auxdits .
eux les sommes y mentIonnées qui
habitants d'imposer sur
reviennent ensemble à cellt:! de 49,800 livres, pour être par
eux payées, ainsi qu'il est porté par ledit t,'aité ... tout ce que
dessus communiqué au sieur CO'urtin, conseiller du Roi en se~
conseils, maître des requêtes ordinaires de son hotel, oui son
rapport, le tout considéré: '
Le Roi en son conseil, ayant égard à ladite requête, a homo­
logué et homologue la transaction passée entre lesdits sieurs
Trévigny et Kerfili et les paroissiens de Gourin, Guiscrif,
Motreff et autres, du 23 juin 1678, ordonne qu'elle &era
exécutée selon sa forme et teneur, et lesdits sieurs de Tré\'igny
. et KerfiIi payés des sommes contenues en icelle par lesdits
habitants, suivant les avis des sieurs commissaires qui seront
commis et députés par Sa Majesté pour la tenue des Etats de
Bretdgne. Fait au conseil d'Etat du Roi tenu à Saint Germain
en Lay le vingtième jour de Juillet 1679 etc.
01'donnance du duc de Chaulnes après l'arrêt du Conseil
ci-dessus •
Le duc de Chaulnes, pair de France, chevalier des ordres
du Roi, gouverneur et lieutenant-général des pays et duché de
Bretagne:
Vu l'arrêt du Conseil du vingt-neuvième jour de juillet
dernier, portant que sur l'avis des sieurs Commissaires du Roi,

la' somme de 49,800 livres sera levée' ainsi qu'il est porté dans
avis a été qu'il sera communiqué à Messieurs
ledit arrêt, nôtre

des Etats, ,pour, sur leur consentement, être exécuté selon sa
forme et teneur. Fait à Vitré ce dix-septième septembre 1679.
Ainsi signé: le duc de Chaulnes; et'plus bas: par monseigneur
le comte, et scellé du cachet dudit seigneur duc. .

Consentement des Etats de Bt'dagne à ce que que l'arrêt du
conseil ci-·dessus soit exécuté selon sa forme et teneur.

Sur ce qui a été représenté dans l'assemblée des Etats géné- .
raux et ordinaires du pays et duché de Bretagne, tenue sous
l'authorité du roi en la ville de Vitré, pal' le sieur de Coatlogon

et de l'ordre de monseigneur le duc de ChaulnAs, que les sieurs
de Trévigny et de Kerfili avoient; le 2g juillet dernier, obtenu
un arrêt du conséil d'État, pour homologuer une transaction
passée entr'eux et plusieurs p
dénommés,le 21 juin 1678, dans lequel traité lesdites paroisses .
de lever sur eux , la somme de 49,800 livres.
. séroient obligés
La levée de laquelle somme ne se pouvant faire sans le consen-
tcment des Etats, à moins de blesser leurs privil.éges, et
l'exécution dudit arrêt avec le payement ordonné par icelui ren­
voyé à l'avis de Messieurs les Commissaires que sa Majesté en-
verrait pOUl' la présente tenue. .
De tout qùoy mondit seignenr duc auroit bien voulu faire
informer ladite assemblée, ayant une entière connoissance de
leurs priviléges. .

Sur ce délibéré entre les trois ordres, lesdits seigneurs des
Etats ont remercié mondit seigneur duc' de Chaulnes de sa
particulière bonté el affection pour la conservation de leurs
privilèges et libertés, et déclarent consentir, en ce' que le fait .
à l'entière exécution de la transaction 'passée entre
leur touche,
le seigneur 0vêque de Quimper, faisant p.our les habitans des­
dites paroisses, et le sieur . Barin, 'conseiller au parlemenl,
esdits sieurs de Trévigny et de Kerfily, homologuée
faisant pour l

en ladite assemblée le 30 octobre
par l'arrêt ci-dessus. Fait
1679. Ainsi signé: par commendement de messeigneurs des
Racinoux (t).
États,

(1) Le 27 octobr~ t 679 on signifia copie de tout ce que dessus au
procureur terrien de chaque paroisse. Ces copies ont été prises dans
les archives de Gourin, qui a les pièces par original. (Note ae M. Cau­
zer, recte.urde Spézet).

On voit par les actes qui p.récèdent que Mgr de Coëtlogon,
de Quimper, intervint d'une part pour calmer les
évêque
. mutins et de l'auLre pour adoucir les rigueurs du châtiment. Il
fut ardemment secondé dans cette . charitable mission par

Guillaume Charrier, abbé de Sainte-Croix de Quimqerlé (1),
et par le père Maunoir (2).
La révolte de 1675 ne fut pas la seule où les paysans des Monta­
gnes·Noires et d'Aré, eurent l'occasionde montrer l'impatience
de leur caractère, et la prompti tude avec laquelle, à l'instigation
de men~urs ambitieux ou malintentionnés, ils se laissaient en­
à commettre de graves excès, qu'ils expièrent cruelle­
traîner
et sauvage nature fut pour cela
ment, sans que leur rude
domptée. . -
, Déjà en 1489 ils s'étaient insurgés sous la conduite de trois
frères de la paroisse de Plouyé. Leur intention, dit le cha-
noine Moreau, qui nous a conservé le souvenir de cette insurec­
tion, étaiL de massacrer la noblesse, afin de s'affranchir' de

toute redevance (3). Aprè~ avoir ravagé une partie de la haute
Cornouaille, ils marchèrent sur Quimper où ils arrivèrent par
la route de Briec, à la fin du mois de juillet. Ils attaquèrent du
côté nord cette ville qu'ils prirent d'assaut, après avoir ren­
versé les avant-murs et pl'atiqué une brèche dans le rempal't,
entre la porte Bizian ou Bihan et la porte Saint-Antoine (4).
oreau nous apprend qu'ils pillèrent Quimper et y commirellt

toules sortes d'insolences. Ils étaien t en train de se reposer de

leurs fatigues eL de leur excès, lorsque la noblesse et les' habi-
tants des villes, qui s'étaient mis à leur poursuite, faillirent
les y surprendre. Les révoltés sortirent à la hàte de Quimper

(t) Voir mon édition de l'Histoire de Sainte-Croix de Quimperlé,
par dom Placide Le Duc; page 539
(2) Le parfait mis,sionnaire, ou la vie du R. P. Julien Maunoir, par
le R. P. Boschet, de la Compagnie de Jésus.
(3) Histoire de la Ligue en Bretagne, ehap. 1.
(4) Monographie de la Cathédrale de Quimper, par R.-F. Le Men,
. page 290. '

par la porte ard, et gagnèrent, soit par· le chemin de

Cree 'hmarc ou de Kernisy, soit par une très-vieille route que
l'on appelle les Trepazou (1), les rabines. de Pratanras où
les gentilshommes et les bourgeois réunis leur livrèrent bataille
elles défirent complètement.
Ils se rallièrent ensuite dans un pré dépendant du village
. du Buzit ou de la Hoixière, en Pluguffan, et que traverse la
route de Pont-l'Abbé, à un peu plus de quatre kilomètres de
Quimper. Mais attaqués de nouveau, ils furent taillés en pièces,
tt il en fut tant tué, dit le chanoine Moreau, que depuis ce

temps le nom de Prat mil goff, c'est-à-dire le Pré de mille
Ve!lt1'es, lui est demeuré , jusqu'à ce jour. J) (2) Aujourd'hui,
près de trois siècles après l'époque où écrivait ce chroniqueur
qUimpérois, on appelle encore l'Eau rouge, le ruisseau qui
coule à travers ce pré, parce que, dit la légende, l'eau de ce
ruisseau rougi par le sang des vaincus a conservé cette couleur·
jusqu'à pl'ésent. La vérité est que si ce petit cours d'eau a

une ~einle rougeâtre, il la doit au fond d'argile ferrugineuse
qui lui sert de lit. .
Il Y avait avant 1790, un peu au-dessus de cette prairie, à
l'embranchement de la roule de Pont-l'Abbé avec celle de
Pluguffan,. et vis-à-vis la borne kilométrique n° 4, une petite
chapelle dédiée à saint Nic ou saint Nicaise. C'est à peine s'il
en reste aujourd'hui quelques vestiges de substructions. Cepen~
. dant si vous passez dans ces ilarages à l'heure de minuit,
vous entendrez distinctement le son d'une cloche invisible •
C'est la cloche qui appelle à l'office divin, les âmes errantes de
ceux qui sont tombés dans le vallon de l'Eau rouge, et pour .
lesquels la tradition populaire a conservé quelque pitié.

(t) C'est III vieux mot français cc Trespas )). Cet ancien chemin,
voie gauloise, suit le bord ~'un ruisseau qui a
qui était peut-être une
Pratanras, et qui vient se jeter dans 'la rivière
sa source non loin de
Teir. près du moulin de Pontigou, situé à gauche de la route de

Quimper à Lo'crouan.
(~) Moreau, Ibid.

En 1590, pendant les. guerres de la Ligue~ les habitants de
quelque~ paroisses des environ's de Carhaix, s'étant soulevés
se firent battre par une poignée de royaux, pour n'avoir pas
voulu suivre les conseils de leur chef dont ils causèrent la mort.
D'autres paroisses de la même région qui venaient au secours
des premières, ayant appris leur défaite, crurent les venger et
se venger elles-mêmes en a~sassinànt leur capitaine.
Nous venons de voir quel fut le résultat de l'insurrection

« En 1764 les paroissiens de Spézet se révoltèrent contre

M. de la Giglais·Magon, seigneur de Boisgarin, qui, dit-on,
avoit le projet d'e congédier tous les convenants de la paroisse.
Les vassaux rentrés à la raison firent des excuses à M. de
Boisgarin, qui leur pardonna comme un bon père ét distribua
même beaucoup d'aumônes."
Cette note a été écrite par M. Causer, recteur de Spézet, sur
un des registres de sa paroisse. Quoiqu'il ne dise rien des
paroisses voisines, il est probable que quelques-unes d'entre
elles ne restèrent pas étrangères à ce mouvement. Voici un
autre renseignement que nous a laissé M. Causer et que je
copie textuellement dans le même registre.
« Le 11 août mardi 1789 à quatre heures du matin, on

sonna le tocsin à Spézet, et pour apaiser IdS paroissiens, je les
engageai à venir à ma messe que je dis à leur intention. A

l'issue de ma messe, ils vinrent en foule dans la sacristie et

, m'extorquèrent le billet suivant:
Cr Je présBnte mes respects à Madame la comtesse de Roque­
« feuil, douarière, seigneurA (sic) de Boisgarin, et .. la prie de
a donner une réponse favorable à ses vassaux de Spézet. On leur
« a dit que les autres seigneurs ne perç(i)ivent plus la corvée,
« la dismeà la seiziè!lle gerbe, les chapons, et 'ils réclament
« la même faveur, en se 'soumettant à payer seulement les ren-
, « tes en argent. Ils demandent que Madame contribue avec

«eux, selon ses facultés, aux droits du roi, comme le

« vingtième, les taillées, la capitation et le grand chemin, et
«( d'avoir la propriété des ho.is qui sont sur leurs terres. 11s m'ont
« demandé un certificat que je leur accorde volontiers, et par
a lequel je déclare que je n'ai reçu . aucune ordonnance à pu­
U ' blier relative à leUl's réclamations. El j'ai dit la messe à

« leur intentiqll pour supplier Dieu de leur inspirer les lumiè­

cres et les bons conseils dont ils ont besoin. Donné dans

« ma sacristie à Spézet, le 1 ( août 1189.11 Causer, recteur.
Munis de ce document les paysans se rendirent en foule au
château de BO,isgarin, où demeurait la comtesse de Roq·ue..:.
feuille. Mais ils ne bornèrent pas leurs exigences aux réclama~

tions formulées dans la letlre: de leur digne recteùr, et comme
presque toutes leurs terres étaient tenues à domaine sous
cette dame, ils demandèrent qu'on leur livrât les baillées, les
rentiers et les autres titres pouvant établir le caractère domanial
de leurs biens .
La comtesse de Roquefeuille crut pouvoir se débarrasser de

ces exaltés en leur faisant remettre quelques liasses de parche­
m.ins et de papiers sans .valeur. Mais il y avait parmi les

meneurs de cette campagne, des gens madrés, plus (lU moins
suppôts de Thémis, qui eurent bien vité éventé la ruse:
Les paysans furieux s'emparèrent de Madame de Roquefeuille,
et comme elle refusait de leur livrer ses titres de propriété,
ils lui passèrent une corde sous les bras, et, malgré son grand
âge, la plongèrent à plusieurs reprises dans un puits, lui deman­

dant Chaque fois qu'ils 1 ui faisaient faire 1 e plongeon, si elle
consentait à leur livrer ses papiers. Ce fut seulement lorsqu'ils
l'eurent à demi noyée que l'énergique douairière consentit
à leur remettre ses titres, dont les paysans firent un -feu de
joie dans la cour du château. ,
. La conséquence de cet incendie, fut que beaucoup de terres

tenues à domaine dans la paroisse de Spézet, ne furent pas
que leurs détenteurs prétendirent
vendues nationalement, parce
en être les propriétaires fonciers, et que l'absence des titres

ne permit pas d'établir le contraire. Pour le même motif,
lorsque dans ces derniers temps, les héritiers de la comtesse
de Rocquefeuille voulurent rentr'er en possession de ces biens,

ils ~urent beaucoup de p~ine et ne parvinrent pas toujours à
établir leurs droits de propriété. .
En t 792 nouvelle révolte des paysans des montagnes, mais
il ne s'agissait plus ni de nobles, ni de droits féodaux. Les
ici
habitants de la trève ou succursale de Saint-Goazec, en la
commune de Laz, ayant appris qu'un hui!)sier de Carhaix
nommé Le Guillou, devait venir exécuter un cultivateur de leur
paroisse. se réunirent au bourg, armés de fusils et de fourches
et sonnèrent le tocsin pour appeler les paroisses voisines.
Celles de Spézet, de Laz et de Saint· Thoys ne tardèrenl pas à se
joindre à eux. Ils avaient pour chef l'ex-maire de la commune

de Laz. Leur projet n'etait rien moins que d'attaquer les déta-

chements dont ils croyaient que l'huissier Le Guillou serait
escorté, puis de brûler les villes de Châteauneuf et de Carhaix:,
apres avoir fait entrer · dans leur dessein, les communes de '
Landeleau, Saint-Hernin, Cléden-Poher, Kergloff, etc. Grâce
à des mesures énergiques prises par le Directoire du district
de Carhaix et par les commissaires du département, la révolte

fut comprimée, mais pas assez tôt cependant pour sauver

l'huissier Le Guillou, qui fut massacré par -ces furieux. Tout se

borna à ce meurtre et à quelques coups de fusils, tirés dans la

direclion du château de Trévaré.
Enfin, en 1824 ou 1825, une dernière révolte éclata à Spézet
à l'occasion d'une' tentative de congément faite dans la
commune par .H. La maison où5se-trouvait ce propriétaire
fut cernée par les paysans qui exigèrent de lui llne renonciation
à ses droits sur les domaines de Spézet. La troupe alors en
garnison à Quimper dut se transporter sur les lieux pour
mettre fin à ces désordre s. •
La lecture de cette note donne lieu· aux observations
· suivantes ·d~ M. de la Villemarqué : . .

c( Je ne crois nullement, dit-il, à l'authenticité du
Code' paysan; il aura été fabriqué dans quelque office
de tabellion citadin .

c( J'ai vainement cherché à me procurer une v-ersion
quelconque de la chanson sur la · Révolte du papier
timbré,- d'autres pourront être plus heureux.
Cc Je donnerais beaucoup pour un texte breton an­

cien contenant le cri : Torr-he-benn! Su~das (et non
César), auquel on fait honneur de l'avoir conservé, dit
seulement des guerriers gaulois: « Poussant un cri
cc sauvage (ils vont au combat) . )
cc On peut lire dans les notes des Chants populaires

de la Bretagne (t. II, p. 287 et suiv., édit. de 1840),
un récit de la sédition de Spézet, écrit sous la dict~e
du comte du Laz, dont la présence d'esprit sauva la
fortune du notaire Liégeard des mains des paysans. )}
MM. Faty, Le Men et quelques autres membres
partagent l'opinion que vient d'émettre M. le Prési­
au sujet du Code paysan, et ajoutent que la chan-
dent
son de la Révolte du papier timbré ne paraît pas offrir
un caractère d'authenticité mieux établi.
à une observation de M. le Président,
Répondant
M. Le Men constate que le breton, considéré comme
une langue populaire et vile, n'a pas été employé pour
la rédaction des actes publics; il n'en a du moins pas
vu d'exemples, et cependant, les prédications, les pû.-
blications de toutes sortes se faisaient dans les églises
en langue bretonne. Du XVe -au XVIIIe siècle, les
témoins interrogés dans' les enquêtes répondent en
. leur ( vulg.aire langage breton,» mais toutes ces
réponses nous ont été transmises ·soit en .latin de Ctt,i-

sine, soit en un jargon prétendu français, mais cent
fois plus barbare que la langue populaire si injuste­
mént dédaignée.
Quant à l'expression Torr-he-benn! ce cri, à son avis,
doit être ancien parmi les Bretons. Il ne l'a jamais vu
il résulte
écrit en breton dans les anciens titres, mais
de divers documents qu'il a pu consulter, que dans
leurs rixes, les paysans bretons voulaient toujours

Cf casser la tête l) à leurs adversaires.
Un membre donne ensuite d'intéressants détails sur

la manière dont on représentait encore, il n'y pas très-
longtemps, des Mystères bretons dans quelques pa- "­
rois ses , de l'ancien évêché. Dans une de ces fêtés,
l'ac~eur qui représentêtit le roi Hérode put paraitre en
scène vêtu de pourpre et d'hermines, grâce à l'obli ..

geance d'un conseiller de la cour de Rennes.
M. Le Men informe l'assemblée qu'il vient d'adresser
au Ministre de l'Instruction publique, pOUl être sou­
mis au Comité des travaux historiques, un dossier qu'il
a mis bien des années à former et qui renferme les
renseignements les plus intéressants sur·Jehan Coetan­
lem, qui mourut amiral de P.ortugal, et sur Nicolas
Coetanlem, constructeur et armateur du navire ou
caraque la Cordelière, que la reine Anne fit construire
I~orlaix et qui fut brûlé et sombra ·
dans le port de
en t 012 dans le c( raz de Sainet Mahé, » avec le

valsseau . anglais la Régente et le capitaine Portzmo-
guer. Le premier capitaine de la Cordelière, ajoute
M. Le Men, fut Jacques Guibé, capitaine des gentils­
hommes de la reine, qui n'était pas plus marin que le
capitaine Portzmoguer .