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Bulletin SAF 1878


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Tronoën et ses antiquités

R.-F. Le Men

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SEANCE DU 2 FEVRIER 1878.
Présidence de M. le vicomte Th. HERSART
DE LA VILLE!tiARQUÉ.
Etaient présents: MM. Th. de la Villemarqué,
9.e Bremond d'Ars, Fougeray, Pavot,
Audran, Trévédy,
Faty, Malen, A. Créac'hcadic et Le Maigre, secrétaire.
MM. Le Men et de Kercadio se fopt excuser de ne

pouvoir assister à la séance
La parole est donnée à M. Audran pour lire un tra­
vail de M. Le Men sur

TRONOEN ET SES ANTIQUITES,

On a beaucoup parlé depuis quelque. temps, avec plus ou

moins d'exactitude, de Tronoën el des découvertes faites dans
ses environs~ La Société nrchéologique tiu Finistère a eu soin '
de ne demeurer dans cette atTait'e ignorante d'aucun détail
les hommes et les choses. Dès le mois de
utile concernant
septembre lR.76, l'auteur de cet article avait déjà fait inscrire
à l'ordre du jour de la séance du 28 octobre 1876, uue note
« Découverte d'un post.e gallo-romain, près la
intitulée:
chapelle de Notre -Dame de Tronoën en la commune de
Saint-Jean-Trolimon (1). D Pour des motifs qu'il est inutile de
rnppelel' ici, il ne Cl'ut pas devoir donner dans cetle séance, .
de celle note qu'il reproduit aujourd'hui avec
communication
de notables développements. Mais persuadé que' toutes les fois
que des faits archéologiques dl' quelque importance se produi­
sent, il c9nvient, pour la , clarté de leur exposition, de
déblayer historiquement le terrain où ils se sont produits, il a
fait précéder le récit des découvertes en question, d'u ~1C notice
CL L LE
(1) Voir le Bulletin de la Société archéolog'ique, tome IV, page 65.

sommaire sur la paroisse et Je pagus dont la chapelle de
Tronoën et les terres qui en sont voisines, faisaient autrefois
partie.

. La pointe de Penmarc'h, en français Cap-du-Cheval, .ou

Cap-Caval (t), à l'extrémité sud-ouest du département du
au moyen âge donné son nom à un assez
Finistère, avait
vaste territoire compris entre le Goazien (riv~ere d'Audierne),
l'Odet et la mer, et qui formait peut-être au temps de l'indé­
ou de l'occupation romaine, un pagus de la
pendance gauloise
grande cité des Veneti (2). Si on en juge par le grand nombre
de menhirs, de tumalus, de dolmens et d'allées couvertes qU,e
l'on. rencontre principalement dans la zône maritime' de ce

district, il devait être ' fort peuplé à J'époque celtique; le~

camps retranchés et les autres vestiges qu'y ont laissés les
lt qll'il fut forlement occupé . après la con­
Romains. montre:
les documents que le moyen âge nous a transmis,
quête, et
que le Cap-CavaI fui pendant cette période, l'un des
établissent
cantons les plus riches et les plus fertiles de la Bretagne .
Ce territoire formait, à une époque ancienne, dans l'ordre
civil, ·une juridiction royale qui fut unie à c~lIe de Quimper
pin lettres patentes, en forme d'édit, du roi Char'les IX, données
à Châleaubriand au mois d'octobre 1565. Dans .·l'ordre
ecclésiastique, il constituait un doyenné, faisant partie de
l'archidiaconé de Cornouaille, et qui ful supprimé en 1286,
une décision de J'évêque Even de la Forest, prise en
par
chapitre général, le lendemain de la Saint-Luc. Les considé­
rants de cet acte méritent d'être rapportés:

(1) « Caput Caballi.» Ce nom lui venait peut être d'un rocher
la silhollette d'un cheval. Beaucoup de
dont la forme rappelait de loin
c1es noms d'animaux.
rochers de nos côtes portent
(2) Pour les limites de la cité des Veneti, voir le Bulletin de la
Société archéologique du Finistère, t. II, p. 50. .

u Even, évêque, considérant l'insuffisance du doyenné de
Cap-CavaI, et les exactions auxquelles se livrent les détenteurs
de cet office pour avoir le nécessaire, considérant de, plus que,
par suite de cet état de choses, il est impossible que
, les causes porlées devant ce bénéficier soient défendues con-

venablement, d'où résultent de grands inconvénients dans les
causes de mariages et de testaments, accepte la résignation de
H ..• , doyen actuel, et d'accord avec le chapitre, supprime ce
doyenné qui ne sera plus rétabli, eten brise le sceau.» (1)
C'est à la pointe extrême de ce territoire qu'étaient situés le

port et la célèbre ville de Kerity-Penmarc'h sur laquelle on a
écrit bien des exagérations. La vérité est qu'il n'y a jamais eu
de ville de Kerity·Penmarc'h. On a donné ce nom à trois
centres de population, Tréoult, é, Kerity et Saint,-Guénolé,
de l'autre d'environ deux kilomètres, qui auraient
distants l'un

pu, par suite d'un heureux concours de circonstances, se fOlldre
en une vaste cité, mais que des calamités successives reduisi­
reut à un état de ruines el de désol::ltion dont .ils n'ont pu se
relever.' Mon intention n'est pas de vous entretenir ' aujourd'hui
,de cette localité bien connue et qui porte si tristement le deuil
de sa richesse passée, je désire seulement vous dire quelques
mots d'une paroisse voisine, qui eut aussi ses jours de pros­
périté, et qui supprimée en 1790, a été absorbée par les
communes de Saint-Jean-Trolimon, de Plomeur et de Pen-
marc'h. ~ '.j

La paroisse de Beuzec·Cap-Caval, dont le' nom '3e distingue
à peine dans la carte de l'état màjor, parmi les noms de
villages et de hameaux, était délimitée à l'ouest par l'Océan,
et au n~rd, à l'est et au sud par les ,paroisses de 'l'réguennec,

Plomeur et Tréoultré-Penmarc'h. Placée sous le vocable de
Saint.Budoc, maître de Saint-Guénolé, elle comprenait, outre ,
les trèvçs (tribus) ou succursales de Saint-
le bourg paroissial,

(f) Cartulaire du chapitre de Quimper, manuscrit de la Bibliothèque

uationale, no 56, fol. 25.

Jean-Trolimon et de Saint-Guénolé. On y voyait au dernier
siècle les chapelles de Saint-Yves, Saint-Ambroise, Notre-Dame­
d~-Tront)ën, Saint-Eloy et Km'dévot. Les noms de Lanvoran,
de Lanvenaël et de Saint-Saturnin, que porLent trois des
villages de celte paroisse; peuvent en outre faire présumer .
qu'il y existait autrefois des chapelles dédiées à Saint· oran, à
Saint·Guenaël, deuxième abbé de Landévennec, et à l'un des
trois martyrs que l'église honore sous le nom de Saturnin.
Suivant Ogée, Beuzec comptait il" y a cent ans, treize cents
communiants. L'auteur du Dictionnaire hlstorique de Bre­
tagne, . ajoute: « Son territoire est fertile e'n grains de toute
espèce. Je dirai à la louange de ses hab.itants" qu'il est cultivé
avec beaucoup de soin. »
Cette paroisse est mentionnée dès le VIe siècle, dans une
donation de terre faite par lp, roi Grallon à Saint-Guénolé, pre-
mier abbé de Landévennec (4): C'est,sans aucun doute, sur ces
, terres que s'éleva plus tard la belle chapelle de Saint-Guénolé,

aujourd'hui comprise dans la commune de Penmarc'h.

Le bourg de Bduzec était autrefois le chef-lieu des juridic-

tions ecclésiastique et civile dont j'ai parlé plus hau~. Après la
suppression du doyenné de Cap-CavaI en 1286, la paroisse 4e

Beuzec fut unir. au bénéfice du granù archidiacre de Quimper,
premier dignitaire de la cathédrale .
. Ce bourg fait aujourd'hui partie de la commune de Plomeur.
De l'ancienne église paroissiale il ne reste que le chœur, triste
ainalgame de constructions de diverses époques depuis le XIIIe
jusqu'au XV.J. siècle. C'est à cett'B dernière date que f ut élevé
Je calvaire, aujourd'hui mutilé,que l'on voit dans le cimetière.
Lorsque je \'Îsitai cette église en 1865, il y avait dans le
pavé plusieurs tombes plates anciennes parlant des croix
paUées ou des écussons aqx alliances de la baronnie du Pont.

, E , E,. , t :
Cart'lliaire do Landévennec, manuscrit de la bibliothèque de
Q er. . .

Je ne les ai pas toutes retrouvées en 1876. Je présume qU.e
celles qui ont disparu ont servi 11 paver l'église paroissiale de
Plomeur. On voit encore dans un enfeu pratiqué dans le mur
nord, une tombe élevée ornée d'une croix accostée de deux

écussons portant, l'un, une croix latine, et l'autre un tourteau •
. Une autre grande et belle tombe élevée, du XVIe siècle, se
remarque dans le bas-côté sud. Elle est . ornée d'une croix
fleuronnée, accompagnée de quatre écussons, dont deux
portent une rose (Trémie) et les ùeux autres un lion rampant
(Pont-l'Abbé ou Minven) .
Des deux trèves de Beuzec, celle de Saint-Guénolé fait
aujourd'hui part.ie de la commune de Penmarc'h. J'espère

pouvoir, dans une autre séance, vous donner une description
de sa belle église dont il ne reste plus que la tour .
détaillée
dflvenu chef-lieu d'une nouvelle
. Saint·Jean-Trolimon est

commune. Cette ancienne succursale portait au moyen âge le

nom de TreiT-Rumon (1), et son église était placée sous le
vocahle de saint Rumon, saint breton peu connu, dont on a
fait quelquefois saint Raimond, et qui est patron de la petite
ville d'Audierne. Dans UI! titre de 1690, elle est appelée Saint-
Au dernier siècle elle était déjà désignée par
Jean-Rumon (2).
le nom altéré qu'elle porte aujourd'h~i. .
L'église de Saint-Jean-Trolimon est de :forme rectangulaire
et se compose d'une nef et de deux bas-côtés sans transsept.

(t) « La paroisse de Treff Rumon. Il (Aveu au seigneur du Pont­
l'Abbé, du ~l juin 1389) , « Le TrefJ de Treff-Rumon, en la paroisse '
...... Chefrentc audit lieu de Saincl-Rumon . l)
de Beuzec-Cap-Cavall
(Aveu fourni le 19 Juillet 14 . 6. par Alain Provost, en la cour de
Rostrenen en Cap-Cavall, à cause de la seigneurie de Keroberan.)

2 juillet 1'492) du manoir de Kergllizirin, « 0 ses hoays.
Aveu (du
courtiltz. etc, estants ou Treff de Treff-Rumon, en la paroisse de Beuzeuc­
Cap-Cavall 1) fourni par Alain Provost, • à I\lein de Tyvaranlen,
Pont, pour haulte et puissante damoiselle l:Ieleine de Rohan,
receveur du
Pont, de Rostrenen et du Ponthou, ou nom, et comme tutrice
dame du
hault et puissant Jean, seigneur du Pont, son fils mineur. l)
. ' . (Archive$ du Finistère) •

(2) « Le lieu, de Caoudal audit bourg de Saint-Jean-Rllmon li
Testament de Pierre Le Goyat. (Ibid.)

Une arcade voisine du sanctuaire, et soutenue par deux piliers

~rrés, semble appartenir à l'époque de transition. Presque
tout le reste de l'église, y compris le clocher qui est fort '
le caractère de l'architecture du XVIe siècle.
élégant, porte
A l'entrée du cimetière sont deux grands lec'hs coniques
dont l'un est cannelé •. On en trouve un autre surmonté d'une
croIX sur le bord de la route au sud du bourg; un quatrième

moins élevé se voit aussi au bourg, près de la porte de la
chapelle ruinée de Kerdévot. CerUe chapelle, qui, comme son
nom l'indique, fut jadis le lieu d'un pèlerinage très-suivi,
paraît avoir été reconstruite au XVIIe siècle. Mais l'édifice '
pas entièremelltdisparu. Les murs sud et est
primitif n'a
existent encore en partie, et l'Dn voit dans l'angle formé par
leur rencontre, une fontaine qui s~ trouvait jadis à l'intérieur

de la chapt'lle~ et à laquelle on descend par plusieurs degrés
en pas de vis. Dans la muraille voisine de cette fon­
disposés
une étroite fenêtre en forme de meurtrière,
taine, est percée
par laquelle les pèlerins jetaient sans doute hors de la chapelle,
le reste de l'eau qui avait servi à leurs ablutions.

C'est dans la commune de Saint-Jean qu'est située la belle
chapelle de Notre-Dame de Tronoën ou Tronoan, dont on
distingue de loin les élégantes proportions, lorsquton vient de

Penrriarc'h en suivant la côte. Le nom de Traoh-Houarn que
l'on a donné quelquefois à cette chapelle est de pure fantaisie (1)'
Elle est construite sur un plateau qui descend en pente douce

jusqu'à la mer, dont elle es~ distante de 800 mètres. D'après
une tradition locale, Tronoën n'était autrefois qu'à 100 mètres

de la mer. Pour que cette tradition eût quelque fondement, il

faudrait que le sol se fut élevé dans celte partie du littoral.

(t) Le titre le plus ancien où j.'aie trouvé mention de cette chapelle
~st!(n testament de Made Mariee, née Guellanton, dn 19 janviet' 1'i29,
par lequel elle lègue c( t 5 solz monnaie à la ehapel1e de Notre-Dame du
Tronoen». (ArcMves du Finistère. Carmes du Pont.) Elle est 1. •

désignée par le même nom dans les titres du XVIIe et du XVIIle siècle.

Le contrdire paraît cependant avoir eu lieu en divers points de
la côte du Finistère (1).

Celte chapelle fut édifiée, avec un certain luxe de délails,
dans la première moitié du XVe siècle,en grande partie au moyen
des libéra lItes des barons du Pont-l'Abbé et des autres seigneurs

de la paroisse de Beuzec~Cap~Caval, dont quelques-unes des
armoiries se "Voyaient encore il y a douze ans dans la maUr'esse
. vitre (2). Elle se compose 'd'une nef et d'un seul bas-côté
au nord. La maîtresse vitre renferme dans sa partie infé­
placé
cinq arcades en tiers point, qui s'arrêtent à: la hauteur
rieure
de l'imposte, et dans son tympan une rose formée de sept

quatre-feuilles. De chaque côté de la nef, un gros pilier, dont
la masse est dissimulée par de nombreuses colonnettes enga-
gées 1 sert de support à une arcade ogivale au-dessus de laquelle
au centre de la chapelle, une tour carrée à flèche
s'élève,
octogone, accostée de deux élégantes tourelles. Dans cette
tour est une cloche portant, avec la date de. t 701, une ins­
cription qui nous apprend qu'elle eut pour parrain Yves de
Trémie, seigneur' de Keraneïsan, et pour marraine Claude de
L'Honoré, dame de Saint-Alouarn .
Il y avait autrefois dans la chapelle de Tronoën des sculptures
en bois, de ronde-bosse, exécutées · avec art au XVe ou au

XVIe siècle, et provenant peut-être d'un l'étable. Que .sont-elles
Il n'en, reste plus dans l'église que quelques débris
devenues?
des cavaliers.
représentant
A peu de distance au sud de la chapelle, est un calvaire à

soubassement carré, sans arcades ni contreforts, sur lequ e
(t) Voit' le Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. II.

(2) , : Pallé d'argent et d'azur de six pièc~s (Rosmadec). Hervé du
Pont épousa Marie de Rosmadec au mois de février U!W.
2. Parti au t :. d'or à 3 jumelies de gueules (Rosmadec-Goarlot) ,
au 2: fascé d'or et de gueules de six pièces (Dlit Chastel) .
3. D'argent on tourteau de gueules. Je ne sais à quelle famille
appartiennent ces armoiries qui se trouvent sur une tombe de l'église
de Beuzec-Cap-Caval •

s'élèvent ln croix du Christ ct celles des deux larrons. Sur ses
q.uatre faces sont disposées'en deux étages, des dalles de granits,
dans lesquelles un artiste naïf a taillé cn relief, non-seulement
les scènes de la .Passion, mais aussi 'les divers épisodes de la
vie de Notre- Seigneur. Il est difficile d'assigner une date cer-

taine à ces grotesques figures, dont les défauts peuvent trouver

une alténuàtion dans la dureté et la grossièreté de la pierre
mise en œuvre: Elles sont certainemeut moins anciennes que la .
à décorer, et sou~ le rapport
chapelle qu'elles sont appelées
du style, l'ensemble du monument n'est pas sans analogie avec
le calvaire de Guimiliau qui porte les dates de 1581 et de 1588 .

Je ne sais pas où M. de Fréminville avait. pris la singtrlière
manie d'aUribuer aux Templiers les églises pourvues d'un seul
Pour ce motif, V n'a pas manqué de faire de Notre­
bas-côté.

Dame de tronoën, une chapelle de l'ordre du Temple .

Il ajoute qu'elle était une succursale de la grande église de
Sainte-Thumette à Kerity, élevée, dit-il, au XIIIe siècle par les
même ordre (1). Or l'église de Kerity ne date _
chevaliers du

que du commencement du XVIe 'siècle, et l'ordre du Temple
fut supprimé en 130~~ plus d.'un siècle avant la construction
, de Tronoën, et deux cents ans avant l'édification de l'église de

SainLe-ThumeUe ! .
La chapelle de Tronoën est construite dans un camp.fomain

dont j'ai pour la première fois signalé l'existence dans la
Statistique gallo-romaine du Finistère publiée pal' notre
Bullelin au mois de mars 1875 (2). Il Y a dans le Finistère
_ d'autres exemples de chapelles construites à l'intérieur de
camps romains. Je citerai aux environs de Quimper la chapelle
de Saint-Vial ou Vidal, dans la commune de Combrit (3) et

( (1) Antiquités du Finistère, tome II, pages 103 et 104.
. (2) Tome XI, page 122. _ .

(3) Cette ehapelle aujourd'hui en ruines, se trouve tout près et à
-droite de la route de Quimper à Pont-l'Ahbé, un peu au-delà de la
borne kilométrique n° 1 t, presque en face de la route de Combrit. On

celle du Dréo en la commnne de :Sain\-Evarzec (1) .
Les Romains ont laissé d'autres souvenirs de leur occupation .
dans la paroisse de Beuzec-Cap-Caval. J'ai vu en effet en 1876

de nombreux débris de poterie et de tuiles f0maines recueillis
dans les cultures aux envirolls de l'ancienne église paroissiale.
D'autres débris ayant la même origin~ ont été trouvés au
nord du botirg de Saint-Jean Trolimon. Il existe en outre au
village du CastelIon, dans la même commune, un camp retran­
ché de forme rectangulaire, qlli l'enferme des fragments de

tuiles à rebord, provenant. de constructions romaines.
à l'historique des découvertes qui ont été
J'arrive maintenant
faites depuis une trentaine d'années, daus la contrée que je
viens d'essayer de décrire. ' .

Le pays de Penmarc'h, dont le territoire de l'ancienne pa'-
roisse ùe Beuzec fait partie, est de tous les cantonEl de l'arron.,.
dissement de Quimper, je pourrais dire du département du

voit à l'intérieur, sur deux consoles qui servaient jadis de supports à
des saints, deux écussons dont l'un porte 3 losa nge~ accompagnés de

6 annelets en orle; le second est' nn parti au t des armes précédentes
et au 2 d'une fasce, Ces armoiries paraissent appartenir à la famille
Buzic Un peu au-delà du moulin du Corro,ôc'h (qui s'éCl'jvait autrefois

Coet6)zerc'h), avant d'arriver li cette chapelle, dans le triangle formé
ar l'étang et la vidlle et la nouvelle route de Quimper à Pont- .
un autre camp romain. accompàgnü de nombreuses
'Abbé, se trouve
suhstructions de maisonnettes (Tuguria) , qui devaient au moyen àge,
former un village assez important. , ,
(1) A 7 kilomètres de Quimpel' et à pett de distance à gauche de la
route de Rosporden, sur une hauteur qui domine le vallon du Jet.

Le mot Dréo, altAration de Treff ou Dreff, signifie une portion de
paroisse, une succursale (Tribus). Près de cette chapelle et du camp
romain. où elle est bâtie, est une . motte féodale élevée et bien
conservée. On voit eucore ulle, partie des énormes murailles de la tour
rectangulaire dont elle protégeait la base . Avant d'alTi ver au Dréo, o'u
peut voir dans un village de formation récente appelé Ker-an-ael-fresk,
un autre petit camp romain qui n'est sépal'é de la l'oute de Quimpt'r à
Rosporden,. que par la distance d'un champ, à gauche. On y a trouvé
à rebord. . .
des tuiles

Finistère, celui 'où l'on trouve le plus de monnaies gauloises.
Depuis que je m'occupe d'archéologie, j'en ai vu un assez
grand nombre prove~ant de cette région, et au type du cheval .
androcépbale. C'est dans la commune de Plonéour, limitrophe
de ce canton, qu'un cultivateur découvrit en 1835, au village
de Créac'h, un vase en (erre renfermant environ 200 monnaies

gauloises en électrum, dont une fait partie du médailler de

notre musée archéologique. Toutes ces monnaies étaient ané~
pi graphes. J'ai acheté il y a peu de temps, avec une fibule en
bronze, émaillée de carrés blancs et bieus, un denier d'argent
trouvé sur les terres d'un village voisin de Tronoen. Ce denier
une tête d'homme, tournée à gauche, et de
porte d'un côté
un cheval galopant à gauche el ayant entre ses jambes
l'autre

un cercle avec un point central. On lit au droit et au rmiers
la légende (N)ERCOD. C'est ]e nom d'un chef gaulois, fort
. peu connu, et je ne sache pas qu 0n ait trouvé en Bretagne
d'autres monnaies à ce type.
Des découvertes d'antiquités d'une antre nature ont été faites
à diverses reprises et depuis une époque déjà ancienne, dans le

même terr~itoire. Mais on n'en a pas tenu note, et ces objets
ou dispersés sont perdus pour l'étude .
\ vendus

C'est ainsi que l'on a conservé le souvenir de vases trouvés
aux villages de Lanvenaël et de Kerugou, aujourd'hui en la
commune de Plomeur, dans des tumulus appelés Coghel · Eré

et Cogl"ael·Kerugou (1). Il Y a dans la même commune un vil­
lage appelé Cûghel.Run-Aour '(Tumulus de la bulle d'or), qui
paraît devoir son nom à une découve,.te d'objets en or.
En 1846, un cultivateur' en défrichant une lande au village
d~ Kerviny, en Plonéour, trouva divers objets en bronze, no-

tamment deux ornements ou bracelets composés d'aüneaux et
de pendeloques, 11ne douillè de lance, un couteau ou racloir et

(1) Dans le pays de Pont-l'Abbé, on donne le nom de Coghel à la
plupart des tumulus. Ce mot est évidemment une altération de Crughel
qui signifie amas, butte, éminence, .

quatre haches à ailerons. J'ai rendu compte ailleurs de cette

découverte (1). Des haches à douille ont aussi été trouvées en
assez grand nombre, vers la même époque, au village de Ker­

en la même commune .
goulouarn,
Le procès-verbal de la séance de la Société archéologique du
Finistère du 24 janvier 1846, contient la mention suivante:
cc M. Lozac'h informe l'assemblée de la découverte récem-

ment faite par son beau-frère, M. de Pascal, dans la commune
de Plomeur, d'une urne intacte enfouie sous quatre pierres for­
mant boîte. Elle est légère et en terre noirâtre, ornée de petites
des fragmen ts d'os calcinés. La même
vignettes, et contient
fouille a fait découvrir plusieurs vases rompus et un fragment
de poterie rouge de fabrique romaine. Il fait espérer que
M.de Pascal voudra bien adresser à la Société ces deux objets ••
Le vœu exprimé par M. Lozac'h s'est depuis longtemps réa-
lisé. L'urne celtique trouvée par M. de Pascal est au Mu&ée
d'archéologie de Quimper, et je doute qu'un vase plus élégant
de forme ait été découvert dans le département du Fi·nistère.
On remarque à rintérieur, des tacbes d'oxide qui montrent

qu'outre les ossements~ elle renfermait des objets en brom.e,
sur lesquels je n'ai pu avoir de renseignements. Le fragment
en même temps que cette urne provient d'un vase
découvert

gallo-romain · en terre samienne, orné de dessins en relief. Celte
trouvaille a été faite à 400 mètres au sud de la chapelle de

Tronoen, sur les terres du vill~ge de Saint-Saturnin, en la
. commune de Plomeur.
, Vers la même époque, un squelette ayant des bracelets en
bronze aux bras et aux jambes, fut découvert dans la palue de
Tronoen.
Un peu avant 1860, un autre squelette, dont la tête reposait

sm' un bloc de bronze en forme de gueuse, et qui portait un

(,) « Celtic arms and ornaments found at Plonéonr Britanny » -
 rchœologià Cambrensis, 1860, p. 136.

seul bracelet moniliforme en bronze, de 75 millimètres de dia­
mètre, fut exhumé à 500 mètres au sud-e~l du village de Ker­
vellré, dont les terres continent à celles de Tronoen. Ce brace­
en trois morceaux était, il y a dix ans, conservé dans
let brisé
celte rérme, où il jouait un certain rôle dans les cérémonies
pratiquées par certaines vieilles femmes pour la découverte des

·trésors. Car il ne faut pas croire que les cultivateurs du can- .

de Pon t-l' Abbé soient moins dominés que ceux du reste
ton
du Finistère, par .Ia passion de la recherche des trésors; je
pense qu'ils le sont davantage. Ce sentiment est:· a~l-eur3 en­

tretenu chez eux par la tradition toujours vivante de . décou-
. vertes autrefois faites dans les monuments celtiques que l'on
en grand nombre dans cette région, bien
rencontre encore
qu'on en ait détruit beaucoup. Aussi, lorsque par l'inspiration
ou par la vertu des incantations d'une sor­
d'un rêve doré,
cière, un endroit leur est désigné comme recélant un trésor,

s'empresseht-Hs d'y faire un trOll dans lequel,le hasard aidant,

ils trouvent parfois des objets antiques plus ou moins pré-
cieux. Mais le résultat; de ces recherches : demeure le plus
souvent ignoré. Est-il besoin d'ajoUter que dans les cas où il
parvient à la connaissance du puplic, on ne doit accp.pter
qu'avec la plus grande prudence les renseignements .que les
cr trouveurs D fournissent sur leur découverte? En effet., outre _
que l'émotion de la troùvaille ne leur permet pas d'observer, avec
le soin néce ssaire, les conditions, dans lesquelles les obj ~ts se
présentent à eux, et leur situation relative dans le sol, le spectre
de l'ailCienne loi des épaves et des trésors cachés, qui n'a pas
encore cessé de hanter leur imagination, leur inspire souvent des
c~aintes sur la légitimité de leur possession. D'un :·:ulre côté,
il faudrait peu conuaÎlre le paysan breton pour s'imaginer

qu'il consentit à donner à des éLrangp,rs, des renseignements
sa pensée, pourraient les conduire à de nou-
précis, qui, dans
velles trouvailles qu'il se réserve de faire lui-même. .

Ce fut sans doute, bien que l'a\'eu n'en ait pas été fait,

à la suite de fouilies de ce genre, que le cultivateur-domanier

du village de KerveHré en la commune de Saint-Jean-
Trolimon, ftt en 1873, une découverte importante dans un
tumulus appelés Coghel-ar-Menhir. La pierre- qui a donné son

nom à ce tumulus, n'est pas un menhir celtique, mais bien
une de ces pierres levées destinées à marquer des sépultures
chrétiennes, eL que depuis environ vingL ans, on a pris l'habi-
tude de désigner sous le nom impropre de lec'hs (1). Je revien-
drai plus loin, sur ces lec'hs qui abondent dans la commune de
"Saint-JeHn-Trolimon, et que les paysans bretons appellent lUe(n­
hir (pierres longues) comm e les pierres .levées celtiques. Le
lec'h, dont le tumulus dit Coghel-ar-Menhir a pris le nom,
était cannelé et haut d'environ deux mètres. Il est aujourd'hui

abattu et brisé en quatre morceaux que l'on voit au sud du
tumulus (2). Il est' probable qu'après l'avoir renversé pour

chercher le trésor qu'il devait recouvrir, les fouilles n'ayant
amené aucun résultat, on a « naturellement» supposé que le
trésor se trouvait dans l'intérieur de la pierre, et on l'a brisée

pOUf' l'en extraire. C'est une opération qu e pratiquent asspz fré-
quemment les chercheurs de trésors. Je reviens à la déeouverte
faite dans le Coghel·ar-Menhit ..
Plusieurs journaux du Fi~listère en rendirent compte dans
un entrefilet de quelques lignes. J'en informai M. de Blois,
de la Société archéologique, qui écrivit aussitôt à
présiden)
notre collègue M. de Pascal, maire de Plomeur, pour lui de- .
mander des renseiguements sur cette découverte. et pour le
prier de se rendre sur les lieux, afin de s'assurer si quelques-

uns des ohjets trouvés n'étaient pas restés aux: mains du pro-
priétaire de Kerveltré •

(1) Pour la signi.fication du mot lee'h, voir le Bulletin de la Soc.
qrchéol. du Finistère L II, pages. 41, 42.
(2) On a écrit quelque part que ce tumulus avait été appelé Parc-ar­
Menhir, en souvenir de cinq pierres levées qu'on y voyait autrefois. Mais

si cela était exact, on l'aurait appelé apparemment Paf c-ar-Meinhir, el non

. . Il est clair que l'on a pris chaque fragment du lec'h,
pour un monument distinct, mais ou s'est trompe dan's le compte • .

QuelquAs jours après, M. de Blois recevait
la I~ttre suivante
de M. de Pascal:
j( Pont-l'Abbé, le 2.& mars f 873. )1
CI Mon cher Monsieur,
« Je viens de rencontr.er Le Pape, Vincent,dp- Kerveltré,qlli a
trouvé au midi de son village, sur un tumulus, les objets dont

vous avez entendu parler dans les journaux. J)
Cl J'ai vu un reçu de M. Ca~n, bijoutier à Quimper, accu~ '
sant un poids de 510 grammes de métaux envoyés à Paris
pour reconnàître leur valeur, que M. Caron n'aurait pu indi­
quer. J)
• Vincent Le Pape m'a dit avoir trouvé deux urnes contenant
des ossements, lesquelles sont parfaitement conservées. J'irai
demain matin les voir. et je vous donnerai de plus amples dé­
, tails sur la découverte des obje.ts trouvés. »

- Cl J'ai engagé Le rape à aller trouver M. Le Men pour lui
montrer les objets, etc. )
CI Veuillez, elc. »

CI H. DE PASCAL. J)
. M. de Pascal se rendit en efTet à Kerveltr' .en compagnie de
, M. Flagelle, qui se trouvait \ alors c ez lui. Malheureusement ,
pour les intérêts de la Société archéologique, ils s'adjoignirent
une tierce personne qui arrivée sur les Ileux, voulut accaparer

son propre compte, lous les objets qui étaient encore aux
pour
mains de Le Pape. Ces objets consislaient en deux urnes ci­
en terre, trouvées sur les flancs du tumulus, el en
néraires
deux instruments en bronze, dont l'un ressemblait à un cise au
à froid, provenant d'une autre partie du même monument
qui n'a pa!; été déterminée. . ,
Ce ne fut pas sans opposition que MM. de Pascal et Flagelle
parvinrent à acquérir pour notre Musée archéologique, une des

deux urnes, qui est heureusement la plus belle. Elle est haute

de 24 centimètres, . faite au moyen du tour, 'et formée d'une
terre brune, dont la couleur, que des coups de feu ont rendue
presque noire en quelques endroits pendant la cuisson, a en
outre été altérée par l'application sur la surface encore humide
du vase, d'une couche de sable fortement micacé, qui lui donne
une apparence grisâtre. Cette urne a, pour la forme et pour la
ter re, la plus grande analogie avec les vases exhumés des cime-
tières gaulois de la Marne, et avec des urnes cinéraires décou-

vertes dans des tuqlUlus gallo-romains des environs de Quimper •
notamment à Kerancoat, en Ergué-Armel (1), et à Coz-Feun­
tun, eil Poullan.
me fut remise par M. Flagelle, elle contenait,
Lorsqu'elle
le col et la partie supérieure d'un
outrè des ossements, brûlés,
, fémur humain non incinéré, et une portion d'écuelle plate,

en terre, d'an type que ' l'on rencontr- e fréquemment dans les
dolmens. Cpt os provenait, dit-on, d'un squelette placé vers la

partie médiane du tumulus, dans un sarcophage fprmé de

qnatre pierres, et au pied duquel on avait trouvé renfermés
d~ns un vase en argile les objets en or mentionnés plus haut (2).
Quant à l'écuelle en terre, qui provient aussi du même tumulus,

j'ignore si elle avait quelque corrélation avec ces restes
humains ou avec le trésor enfoui,
Ce trésor, "suivant les informations données par l'acquéreur,
M. Caron, bijoutier à Quimper, se composait :

1 ,D'un certain nombre de petits lingots d'or oriental, de

(1) Voir ph.ils haut page 120.
(2) Je donne ces renseignements, que je tiens d'un cultivateur voisin
00 garantir la parfaite exactitude. Ces sarco­
de Kerveltré, sans oser
phages dont les côtés sont ordinairement formés de quatre pierres incli­
par une ou plusieurs pierres
nées vers l'intérieur et qui sont fermées
sur le
lates, se rencontrent fréquemment, soit isolés soit groupes,
ittoral.et dans les montagnes du Finistère. Ils occupent le plus souvent
le centre d'un tumulus. J'en ai vu cependant qui étaient placés près
y dépoHait n'étaiellt pas brûlés. On peut
des bords. Les corps que l'on
les considérer comme la dernière forme des dolmens.

forme rectangulaire, taillés au moyen d'ull ciseau dans des bal'-
res aplaties. Deux de ces lingots étaient ornés sur leurs faces

de:dessins niellés représentant des lanlbrequins.

2 De trois tiges de même or, tordues et coudées à leurs
éxtrémités, et ayant' à peu près la forme de poignées de tiroirs
de commode. Ce sont ces tiges qlli, d'après quelques personnes
qui ne les ont pas vues, auraient été des bracelets. M. Caron et
d'autres personnes qui les ont vues, loin d'être ' de cet avis,
m'ont affirméjque ces liges n'out jamais pu servir de b,'acelets.

Quand je me présentai chez le bijouller pour prendre ces
renseignements, les objets avaient déjà été fondus à Paris. Ils
sont donc irrévocablpment perdus pour la science.
Depuis 1873, quelques nouvelles urnes cinéraires ont été
trouvées dans le sable aux environs dc Kel'veltré, mais pour les
motifs exposés: plus haut, il sera toujours difficile d'en

connaître "le nombre exact. Pour les mêmes considérations, on
ne devra non plus, accueillir qu'avec réserve, les déta~ls four-
nis sur la dficouverte qui fut faite, au mois de janvier . 1876,
le même cultivateur, d'un co1lier en or acheté depuis
par
par un propriétaire du voisinage. Ce collier du poids de

433 grammes et orné de chevrons gravés au burin, aurait été
trouvé près d'lm squelette, et dans le sillon d'où l'on avait
exhumé en 1875, les objets en or décrits ci-dessus. L'ornemen·
. tation de ce collier rappelle celle de certaines urnes en terre

trouvées. avec des objets en bronze dans des dolmens du
Finistère.
Voici maintenant le compte rendu de découvertes d'un autre
.. qui ont été faites plus récemment sur les terres du village
ordre

de Tronoën :

III. .

Au mois d~ juin 1876, les fils et le gendre de la veuve
Garrec, fermière de ce village, découvrirent dans leur.s cultu-

res, un mur bien construit qui parl\issait s'étendre fort 'loin,

et au pied duquel ils trou vèrent des frag]~ents de poterie
ancienne en grande quantité, des débris de statuettes en
terre, des armes en fer, des ornements en bronze, etc-. A la

suite de cette trouvaille, des _fouilles fùrent faites par diverses

peu familiarisées, paraît-il, avec ce genre de
personnes,
travaux.
Dès les premiers jours de juillet" la Société archéologique
ayant été informée pa( notre collègue, M. de Kercadio, des

découvertes que "on venail de faire à- Tronoën, nous nous
rendîmes sur les lieux. MM. de Montifalllt, Xavier de Blois et

moi, en qualité de délégués' de cette Société. Mais 1I0US ne
pûmes que constater le désordre avec lequel les fouilles ayaient
il nOLIs fut touL-à-fc1Ït impossible, tant.le
été pratiquées, et

sol était bouleversé, de prendre un plan du terrain exploré.

On ne saurait trop regretter de pareilles explorations qui ont. ,

le triste résulLat de détruire les monuments sans aucun profit
la science.
pour
Sur le rapporl de ses délégués, M. le Présidei:t de la Société
écrivit, 1Hl mois d'août, à la propriétaire de Tronoën, pOli.r lui
demander l'autorisation d'y faire des fouilles . Mais celle auto­

risation venait d'être accordée à une autre personne, malgré

des conditions qui, pour nous, auraient été inacceptables,

plus qu'enes furent s'uivies d'une mise en demeure
d'aulaot

d'acheter pour un prix fixé, le village de Tronoën. Comme la
Société n'est pas assez riche pour' p.ayer quarante mille francs,

une propriété qui fut vendue en l'an II, quinze cent soixante-

quinze livres, l'église de Tronoè'n comprise, ses délégués durent
s'incliner devànt celte impossibilité, et accepter le rôle modésle
d'observateurs, qui leur permit d'ailleurs, de se tenir au
courant de tous les faiLs de qU,elque importance qui se sont
produits depuis le commencement des fouilles.

Ainsi que je viens de le dire, il nous fut impossible de lever
la partie du camp de Tronoën, qui avait été fouillée. Quant à

prendre un plan d'ensemble dè la forteresse, il n'y fallait pas
songer : le temps et les moyens nous manquaient · également
pour cela. Cependant l'impression que j'ai con~ervée d'un
examen attentif des Iiellx, me porte à pHnser que le poste gallo-

romain de Tronoën se composait d'une enceinte principale de
forme à peu près rectangu1aire et circonscrite par des' murs en
pierres de pelit appareil, analogues à ceux de Parc- ar-Groas

j'ai donné, il- y a deux ans, une description dans ce
dont

Bulletin (1). A l'intérieur de cette enceintes'élevaienl plusieurs
constructions en maçonneri e semblable, dont quelques-unes
n'étaient séparées du mur extérieur que par un étroit couloir.
Il y avait dan's le poste de Parc-ar-GJoas, des habitations
disposées de' la même manière.

En dehors de cet enclos, qui constituait le poste gallo-
romain proprement dit, se trouvaient' d'autres ·enceinles de
grandeur diverses et délimité~s par des. retranchements
formés de pierres et de tArre. Elles pouvaient servir soit à par­
quer des animaux, soit à abriter les demeures d'une partie des
habitants, Un village gaulois semblable n ceux dont on ren-
les vestiges sur nos côtes, s'était en outre
contre fréquemment
sous la protectiOll' du camp, entre Tronoën et Kerveltré.
établi,
L'existence des ruines de ce village a été signalée dans notre •

Bulleiin en 1875 (2) .
Toutes ces enceintes el toutes ces ruines, qui occupent sur

des deux fermes que je viens de citer, une
les dépendances
étendue considérable de terrain, sont d'ailleurs recouvertes

d'une épaisse couche de sable, qui rend fort difficile la déter-
de leurs contours. Mais je n'ai remarqué bulle part,
mination
ces énormes retranchements disposés sur deux ou trois lignes,
qui caractérisent les oppidums gaulois que j'ai pu étudier dans
le Finistère.

(1) T. Ill, p. 179.
(2) T. II, p.143.

C'est dans l'intérieur de l'enceinte murée que1e hasard d'~bord
et des fouilles, faileslà la hâte et sans ordre,_ ensuite, ont mis au

. jour un grand nombre d'objefs dont voici l'énùméralion

sommaIre:
1. Quelques monnaies gauloises, dont un denier d'argent de
NERCOD, décrit à la page 142. . .
2. Plus. de cent monnaies romaines, presque toutes (S) bronze,
donnant, mais avec des mterruptions, la suite des empereurs
depuis Auguste jusqu'à Constantin le Jeune, c'est~à-dire de l;an
27 avant J.-C. à l'année 340 après J:-C.
3. Une . tête de statuette en bronze, représentant lin person­
nage couronné de laurierS. Elle porte sur sa face el sur sa
partie postérieure., l'empl'einte des nombreux coups de marteaux
au moyen desquels on l'a séparée du corps,preuve évidente que
cette mutilatiOn a été intentionnelle.
4. Les débris de plusieur3 cen\.aines de figurines en terre

cuite, blanche, représentant presque toutes des Vénus Anadyo-
et des Déesses-mères. Les premières qui ont pour ·base,
mènes
un socle circulaire, sont entièrement ·nues et tordent leur che­
de la main droite, tandis que de la main gauche elles .
velure

soulèvent une draperie. Les autres représentenl une femme .
v~tue d'une longue robe, assise dans un fauteuil et allaitant un
ou deux enfants. Ces figurines paraissent avoir aussi été brisées
intentionnellement. Elles provenaient probablement d'une
de statuettes semblables, qui existait à deux ou trois
fabrique
au nord· de Tronoën, sur le territoire de la commune
. kilomètres
de Trégnennec. On y a trouvé en effet vers 1855, un four
renfermant encore ellviron quatre.vingts de ces statuettes dis-
posées pour la cuissçm. Le Musée .archéologique de Quimper en
possèqe trois ou quatre, à peu près intactes, qui lui ont été

données par MM. Daligaud et Halléguen. Les autrés ont été
détruites .

Ces statuettes réunies en si grand nombre dans l'établis-
sement gallo-romain de Tronoën, ne peuvent être .consi·

dérées que comme des ex .. voto. Elles étaient probablement
placées dans un p~tit temple ou sacellum dédié, soit à Vénus

Génitrix, soil à Lucine, s'oit à Latone, proteetrice des mèl'es
et dés nourrices, et cette divini,të y avait un autel et peut· être
une statue, qui furent brisés en même temps que les figmines
décrites ci·dessus (1). C'est évidemment de cet autel que pro- _
vient un fragment d'inscription recueilli dans les ruines, et sur
lequel on lit, en caractères de six ou sept c~ntimètres de
hauteur :

NVM..... ... .
ET DEJE ....... .
SILAN ........ (2)

Il est bien regrettable que le reste de cette inscription
n'ait pas été retrouvé. Mais, bien qu'il y ait peut-être quelque
témérité à tenter cet essai, j'eil proposerai la l'estitution sui-
vante :
NVMINIBVS AVG.

ET DE1E VENETEN

SI LAN ....... POSVERE.
Je ,crois avoir p.tabli que lè littoral de la\. cité des Vénètes
s'étendait jusqu'à la rade de Brest (3). Le poste et la bour­
de Tronoen faisàient donc partie de cette cité, et le mot
gade
_ commençant par LAN, était peut-être le nom de la peuplade qui
habitait le pagus du Cap-CavaI.
5. Un grand nombre de lances, d'épées, de javelots et de
longues piques en fer, trouvés principalement près du mur

(f) • James Miln a découvert dans l'établissement gallo-romain de
Carnac, qu'il a fouillé avet; tant d'intelligence et , de
Bossenno, près
- soin, un petit temple renfermant la base, encore en place, d'un autel
ou d'un piédeslal de statue, et un grand nombre de fiurgines brisées
et semhlables à celles -trouvées à Tronoën, (Fouille~
intnetionnellement,
faites à Carnac, Morbihan. p. H3 .) ,-
- (2) Rapport de M. A. Bertrand au comité des travaux historiques.
(3) Vorganium, l'orgium et la cité des Osismi, Bulletin de la Société
arehéologique du Finistère, tome II, p. t8.

d'enceinte. Quelques-unes de ces armes étaient bien conservées,

mais la plus grallde partie étaient tordues ou brisées •
Des javelots et des pointes dè flèches semblables, ont été

avec des monnaies romaines, parmi l-esquelles était
trouvés

un petit bronze de Constantin le Jeune, dans le tumulus de la
pointe de Rosmeur ou Porz-Carn, entre Trolloën et Kerity (1),
le poste gallo-romain de Parc-ar-Groas (2).
et dans
6. Une grande fibule en fer, longue de dix centimètres, et

formée d'une tige ' courbée à ses deux extrémités.
7 ~ Une grande quanlilé de fibules en bronze de formes très­
variées, et appartenan t, pour la plupart, à l'art étrusque. .
8. ' Des anneaux en bronze, aplatis, de différents d,iarriètres.
9. Des anneaux en verre vR rt et en verre blanc. ,
10. Un grattoir en bronze ayant pu servir à apprêter les
p :~a ux. .
. 11. Une poignée d'instrument en .mêrrie métal, et dont il
est difficil~ de connaître la desiination.
12. Des ferrures de portes, des crochets, des clous, un
ciseau à froid, etc., en fer. ' ,
13. Des pesons de fuseau ou fusaïoles en pierre et en terre

cuite~ les unes de formes côniques, d'autres rondes et d'autres .
discoïdes. .
14. Une portion de la pierre supérieure d'un moulin à bras,

et une meule gauloise à broyer le grain .

15. Des percuteurs, des pilons" des molettes, des pierres à
aiguiser, elc. ,
16: Quelques instrurrents en os.
17. De nombreux fragments de vases en verœ, les uns
unis, les autres à reliefs.' , .

18'. Une très-grande quantité de débris de poteries gauloises ,

(t) Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. I. page 11 0 ~
et t. IV, page 127. ' ,
(2) Ibid. ,-t. III, page t 95. Dans cet artiCle, une grande serpe en
fer a été décrite par erreur parmi les objets en bronze •

et galln-romaines, provenant les uns de vases extrêmement
grossiers, et d'autres de vases en terre sigillée, ou en argile fine

revêtue d'une couverte métallique très-brillante. Il y avait dans
le nombre, des débris . de jattes et d'autres grands vases en
terre mélangée de parcelles de schiste talqueux, dont on
retrouve les analogues dans notre pays, jusqu'au XVe et au
XVIe siècle. .
19. Beaucoup de fragments de tuiles et de briques romaines.
Tous ces objets ont été recueillis dans une épaisse couche de
détritus de toules sortes mêlés de cendres et de charbons, et

recouverte d'une couche de sable blanc et fin,apporté de la grève
le vent, à une époque inconnue mais relativement moderne.
par
Ils étaient pour la plupart révêtus d'une sorte d'enduit char­
qui leur donnait une tein te noirâ\re et y adhérait
bonneux
fortement. Il ressort de celte circonstance aussi bien que de la
présence au milieu, des ruines, d'une grande quantité de
fragments de charbons, qne le p'osta gallo-romain de Tronoën
a été détruit par le feu comme la plupart des ét~blissements de
même origine, dont on retrouve les ruines ell Bas~e Bretagne .
Mais il semble qu'ici les vainqueurs aient réuni en un seul lieu
une grande partie des objets qu'ils ont pu trouver dans la forte­
resse, et qu'après les avoir brisés ou mutilés, ils les aient jetés

un grand feu allumé exprès pour en compléter la destruc­
dans
un fait 8.nalogue dans le compte-rendu des
tion. J'ai signalé
fouilles que j'ai faites en 1869 dans l'Oppidum du Castel· Coz (1) .

La présence d'une source à Tronoën et la proximité d'une
en. poissons et en coquillages, rendent fort
mer abondante
probable ,l'existence sur ce, plateau, longtemps avant l'arrivée

des Romain~, d'un village gauloi~. Mais il ne faudrait pas

(1) Archaeologia Cambrensis, octobre 187o, page 286. - Association
breronne (Mémoires du Congrès tenu à Quimper en 1813) .

attribuer exelusivement à ces premiers occupants~ les débris
qui ont été recueillis dans ces ruines; car je
d'origine indigène
ne saurais trop le répéter, si dans une grande partie de la
Gaule, les mœurs des indigènes}urent transformés par la civi­
lisation romaine, il n'en fut pas de même dans la partie extrême
de notre péninsule dont lAS habitants gardèrent au miliell des
conquérants, la plupart. de leurs usages et de leurs coutumes.
En effet~ ce pays que l'expédition de César avait cependant
écrasé, fut toujours traité en rebelle, et l'occupation romaille,

y conserva pendant toute sa durée, un caractère particuliè
- rement militaire. Les vainqueurs n'y construisirent point de .
monuments dignes de ce nom, et ne firent aucun effort pour
introduire des idées de luxe ou d~ ciVilisation chez des
peuples complètement asservis, et qlle Rome avail peut-être
un intérêt politique à maintenir dans l'asservissement et dans

l' oppressi on. -
Si ces faits ne sont pas écrits dans l'histoire, ils ressorte nt

manifestement de l'étude attentive dB notre sol, où, à côté des
vestiges que nous a laissés l'industrie gauloise, on retrouve si
fortement marquée, dans son s~in comme à sa surface, l'em­
preinte de l'occupation romaine.(I).
La conclusion à tirer de cette remarque, est que les orne·
ments, les pesons de fuseau, les poteries et les autres objets de
fi1brique indigène, découverts dans les ruines de Tronoëll, peu-

vent être, pour une bonne partie, contemporains des objets d'o­
fitrangère provenant des mêmes fouilles. Je crois devoir
rigine

insister sur ce fait, parce que, pour pouvoir rétablir d'une .ma~
-nière exacte la position relative, dans le sol, des débris enfouis

soit à la suite d'un désastre unique, soit par le hasard d'évène-
il aurait fallu apporter à l'exploration de cette
ments successifs,
station àrchéologique, plus d'expérIence et de temps qu'il n'a

été possible d'y consacrer.

_. ----r i -------,.----------------'--. '. i
tl) J'ai exprimé la même opinion dans mon travail sur les Oppidums
du Finisière, publié dans les mémoires du congrès . de 1'Asso:)iation
bretonne tenu à Quimper, au mois de septembre 1813 .

Ce mélange d'objets d'origine diverse n'est pas d'ailleurs
particulier aux ruines da .Tronoën. Je l'ai observé dans les éta-
blisselUfmts gallo-romains de Parc-'ar-Grofls. de Bénodet, de
Carhaix, de Locmaria, de Saint-Evarzec, etc., et, M. James Miln
l'a récemment constaté dans le orbihan, comme le prouvent
lè texle et les nombreu'ses planches du splendide volume qui
contient le compte-rendu de se.s fouilles .
La présence dans la même localité, d' ornements apparte~
nant par leur style à l'art :é'rusque, et d'armes en fer plus
p~rticulièrement en usage dans le nord-est de la Gaule, ne doit
pas plus IIOUS sUl'prendre que l'existence au même lieù, de
monnaies gauloises étrangères à ceLlé région. La . voie qui y
avait introduit les uus, a pu servir à l'introduction des autres .
. A part les Maures-Vénète& (1), HO us igllorons du reste à quelles

de l'empire romain appartenaient le~ troupes qui
provinces
tinrent successi\'emel1t garnison dans le poste de Tronoën, et
qui peuvent fOl't bien avoir été les introducteurs de ces
armes et d'e ces Ort1ements.
La même observation pourrait à la rigueur s'appliquer aux
urnes cinéraires trouvées dans la palue de Tronoën, et dont
quelques-unes sont identiques à celles des cimetières gaulois
de la ~arne. Mais j'ai rapporté, plus haut que des vases appar­
au même type ont été découverts dans des sépultures
tenant
gallo-romaines des environs de Quimper et de Douarnenez.
à l'urne donnée au Musée par . de Pascal, et qui pro-
Quant

aussi de la palue de Tronoën, elle anpartient à un type
vient
. qui- n'a pas été retrouvé depuis dans le département du. Finis-
tère, et si je suis" bien infurmé, il n'en existe pas de semblable
au l\'J'us,ée de Saint- Germain.
Ces urn'es exhumées du sol sablonneux qui avoisine Tronoën,

contenaient sans doute les ossements de quelques soldats de la

(t) Voir la Not'Îce des dignités d~t'empire Tronoën était daus la cité
des Vénètes)

garnison du camp, ou de gaulois, pabitants de la bourgade éla­
blie sous sa protection. Lorsque l'usage de brûler les corps
ce~sa d'exister dans cette région, longtemps je pense avant la
fin de l'occupation romaine, les morts turent simplement inhu·
més, parfois avec leurs ornements, et il est fort probable que
quelques-nns des squelettes découver'ls dans la p~allle de Renel­
tré et de Tronoën, furent enterrés à cette époque. Mais sans .

parler des cadavres de naufragés, auxquels les habitants de ce
lieu voisin de la mel"ont dl)7 à toutes les époques, donner la sé­
pulture, il est incontestable que d'autres inhumations d'indigè­
nes ont eu lieu dans les mêmes parages, à une date postérieure
à l'établissement du Christianisme dans le pays. J'en trouve la •

preuve dans l'elistence de nombreux lec'hs 1 non-seulement au­
tOllr'de Tronoën, mais encore dans les champs, les terrains

vagues et les ancir.Ds chemins de la pHrtie sud-ouest du Cap-
CavaI. D'un autre côté plu~ieurs tumulus, celui de, Kerveltré eu
particulier, et quèlqlles menhirs que l'on voit dans les environs,

prouvent que l'on y enterrait dès les temps celtiq.ues. On ne

saurnit donc apporter trop de réserves dans l'appréciation de
l'r,poque À laquelle lès squelettes que l'on découvre dans
la palue de Tronoën et de Kerveltré ont été inhumés, lorsque
. surtout l'on n'a pas assisté à leur découverle, el qu'ils ne sont
pas aecompagnés d'objets qui permetlent d'assigl ier d'une mél-
nièrn cerlaine une date à leur inhumation. Des erretirs d'ap-
cette nature,seraiebt. extrêmement préjudiciables
préciat.ion,de

aux éLudes anthropologiques.

Arrivé à la fin de cc compte rendu, je me trouve en présence

de trois questions qu'il importe de ne pas laisser sans réponses .
A quelles circonslfll1èes la station de Tronoë-n du t-elle son
imporlance pendant l'occupation romainE' ?
A quelle époque el par que!l(-'s mains ce poste militaire
fut-il ddruit? _ .

A quelles causes doit-on attribuer l'érection sur ses ruines,
de la chapelle de Notre-Dame de Tronoën ?
Voici ma réponse à la première de ces questions.
pal' César de la puissance des
Lorsqu'après l'anéantissement
Vénètes . et de celle de leurs confédérés, les Romains
occupèrent militairement le territoire des cités vaincues,.Ieur

. premier soin pour éviter le retour de notivt311es révoltes. fut de
couvrir le pays d'un réseau de voies qui permettaieut aux
troupes de se p~rler rapidement sur un point menacé. Ils
établirent en même temps le long de ces voies, une multitude
de camps plus ou moins vastes et plus ou moins fortement
retranchés, dont beaucoup existent encore a(jjourd'hui. Quel­

ques-uns de ces camps ne pouvaient recevoir qu'un petit nombre

. d'hommes, mais il en élait d'autres, ordinairement défendus

par des tours placées aux angles ou sur les flancs des remparts,
qui pouvaient contenir aisément une garnison de plusieu~s
centaines de soldats Parmi les plus remarquables de ces forte-
resses dans le Finistère, je citerai le Castel-Doun, en Sizun,
les camps de Plogastel~Saint-Germain, celui de Castellien, en
Meilars, du bois d'Elliant, en la commune de ce nom, du bois
de Pleuven; en Pleuven, du Parc, en Rosnoën, du uriou. en
Quimerc'h, des Salles 1 en Locronan, de Lesneven, en Château­
neuf, de Toul-ar-Boudou, en Hallvec, de Castel-Du, de Stumen­
ven et de Saint-Cado,dans les montagnes d'Aré, entre Brasparts
et Sizun 1 etc.
Ces précautions étaient prises contre les dangers de l'intérieur,
mais les conquérants s'àperçul'ent bientôt qu'ils allaient avoir
à combattre un ennemi plus redoutable, dans les hordes de ,

pirates qui. après avoir porté la désolation sur les côtes de la
Grande-Bretagne, commençaient à ravager le littoral de la
Gaule. Ils établirent alors le long des côtes, dans des positions
la mer sur une grande
habilement choisies et qui dominaient
une série de postes militaires dont la garnison avait
étendue,

pour mission de s'opposer au débarquement des barbares. De

nombreux petits postes qui permettaient d'observer l'entrée
des ports et des baies, et que j'ai déjà eu occasion de men·­
tionner dans ce Bulletin (i), servaient d'auxilIaires aux pre­
miers. Pour completer ce système de défense, qui prit plus
tard le nom de Tractus armur'Ïcanus et nervicanus, les Romains
entretinrent à t'entréfl des flellv~s et des principales r;vières,
un certain nombre de vaisseaux chargés_ d'en défendre l'entrée
aux barbares, de s'opposer à leur-débarquement, el., au besoin,
de donner la chasse à leurs navires.

On ne sait pas au juste (Î quelle époque fut établi ce
système de défense. Il existait certainement au Ille siècle (2),
mais tout porte à croire que son organisation remonte à une
date plus ancienne; les 'pirates du Nord commencèrent, en

effet, de bonne heure, à infester les cÔles d'une partie de
- l'empire romain. .

La Notice des dignités de l'empire, qui contient la nomencla­
ture des garnisons échelonnées au commencement du
Ve siècle, le long des rivages ùe l'Océan et de la Manche,
sous l'autorité d'un seul général, ne fait pas l'enumération de
tous ces postes. Elle mentionne seulement le principal canlon-
nement maritime de chaque cité comprise dans ce commande-
l1lent, mais il paraît évident que si la plus forte partie des

garnisons demeura dans ces cantonnements principaux, le reste
fut réparti dans les postes de moindre importance du littoral.
La position de Ti'onoën sur un plateau qui commandf3 toute
la baie d'Audierne? et à peu de distance de la pointe de
Penmarc'h, où se ' trouve l'un des deux seuls ports de ceLte
baie, désignait naturellement cette localité comme propre à

recevoir une de ces garnisons secondaires. Telle fut, à mon
avis, \'origit.e de l'établissement gallo-romain miliLaire de
Tronoën, avec lequel on pouvait communiquer de Quimper

(1) Tome XI, pages 68 et 69.

(2) Dubos, lilonarchie française, tome l, p. 73.

par deux voies, l'une passant par Pont-l'Abbé" et l'autre par
Plonéour. .
Un poste semblable fut établi à l'extrémité de la Pointe·du­

Raz, au nord de la baie de ; Trépassés, près du village de
Troguer et de la chapelle Sain t-They. Quoiqu'il soit situé bien
plus au bout du monde que Tronoën, on ne peut méconnaître
lïmportance de ce point qui commande, non-seulement le
passage du Raz et la baie de Douarnenez, mais aussi toute la
mer jusqu'à l' drchipel d'Ouessant.
Le chanoine Moreau (1) a décrit, il y a trois siècles, le~
ruines de cet établissement dont une partie était encore debout
il y a vingt~ ans. Il n'en existe plus aujourd'hui. que les
substructions. li se composait d'une vaste enceinte rectangu-
Jaire, close par des murs en pierres de petit appareil, et ren-
les postes de Tronoën et de
fermant diverses maisons, comme
Parc-ar·Groas. La tradîtion du pays était qu'il y aVRil eu là
un couvent. On y a trouvé il y a quelques années ,deux statuettes
en bronze représentant le dieu ars. Deux voies romaines,
de leurs parties, ct qui
encore bien conservées dans plusieurs
partaient l'une de Carhaix et l'autre de Quimper, venaient abou- .
tir à cet établissement.

On a découvert en 1814, dans l'anse de la Palue ou de
Loslmarc'h, entre lapoiote de la Chèvre et la pointe de Dinan,
les ruines d'un poste moins considérable, qui paraît a voir été
-destiné à protéger la presqu'île de Crozon. ,Comme les deux
il a été détruit d'une manière violente
précédents
Ces trois forteresses se trouvaient sur le territoires desVeneti.
Au nombre des établissements de même nature de la cité des
Osismii, je citerai, dans l'Océan, l'important Castrum de Brest
(Gesocribate ou Brivates portus) (2), qui défendait la rade et

(t) Histoire de la D'gue en Bretagne, (1 Edit. page 7.)
(2) Notre confrère M Kervilcl' a crll découvrir récemment, à l'embou­
chure de la Loire, l'emplacement de Brivates portus. Je publierai, sous
peu, les motifs qui ne me perme tent pas de partager son avis sur ce
point contesté de ·notre géogl'aphie 'gallo-roma~ne.

l'enlrée des rivières qui viennent s'y jeter. Le cantonnement
principal de ceLLe cité, ' l'organium, appelé plus tard Osismii,
qui en était en même temps la capitale, ét.ait assis sur le
-littoral de la Manche à l'embouchure de l'Aber-Wrac'h.

Je crois avoir suffisamment répolldu à la pren1Ï~re question,
par les observations qui précèdent. Je rechercherai en quelques
lignes par qui et à quellA époque le poste de Tronoën fut
détruit.
Comme je l'ai fait entendre plus_ haut, la plupart des établis­
de notre pays furellt pris d'assaut, par
sements gallo-romains
des ennemis SUl' lesquels la tradiLion ne nous a laissé aucun
renseignement, ct ruinés) le plus ordinairement, par des incen-
dies allumés par les vainqueurs. La première pemée qui se
présente à l'esprit, quand on se demande la cause de ces dévas­
de les meUre sur le compte des pirates Francs et
tations, est
. Saxons que l'Histoire nous dépeint comme bien capables d'ac-

complir de pareils exploits. Mais diverses considérations
rendent cette hypothèse bien peu probable.
D'abord oh. ne saurait admettre que ces établissements aient •

la 'fin de la domina lion romaine dans èette
été 'détruÏls avant

de la Gaule, c'est-à-dire avant 409, date de la. révolte (
partie
des provinces armoriques contre des maîtres qui ne savaien'f

même plus les défendre contre les ennemis du dehors; car,

si les faits s'étaient passés à une époque antérieure à ce grave

les Romains n'auraient pas manqué de réparer les
événement,
désastres causés par les barbares. D'un autre côté, les monnaies

découvertes dans ' ces ruines, prouvent que ces ravages n'ont
pu avoir lieu avant. la fin du IVe siècle au plus tôt. Les plus

récentes appartiennent, e.l effel, aux empereurs Constantin
le Jeune (Trolloêu), Magnence (les BossellllO, près Carnac, ei le
Lodo,Morbihan), Constance II (Bénodet), Valentinien et Gr aUen

(l'anse de la Palue ou de Lostmarc'h). Ces dernières monnaies
nous amènent à l'eIltrée du VB sièCle.
J'ajouterai que si les pirates du Nord avaient été les auteurs

de ces ravages, au lieu de mutiler et de jeter dans les flammes

allumées par eux, les statuettes en bronze, les ornements et les
des vaincus, ils auraient c.ertainement emporté comme
armes
trophées, ces objets qui ne pouvaient manquer de représenter
une valeur à leurs yeux.

Tout porte donc à croire que la destruction de ces postes

militaires eut lieu en 409, à l'époque du soulèvement des pro-

pOUl' agents les Gaulois révoltés.
vinces armoriques,et qu'elle eut
De plus, comme il aéLé constaté, ainsi que je l'ai déjà dit, que
plusieurs ' de ces éLablissements les statues des divinités
• dans
qui y élâient l'objet d'un culte, avaient été intf'.ntionnellement
b1'Îsées (1), -on arrive forcément à celte conclusion que ces ico­
noclastès étaient des chrétiens, et que par conséquent, si une

partie des habitants dè l'extrêm~ Armorique ètai~nt encore
au commencp.ment du Va siècle, il faut bien admettre
païens

qu'un assez grand nombre avaient dfljà. embrassé le christia­

nisme i;l cette époqup., pour pouvoir secouer le joug de leurs
fidèles au culte des idoles. Cette con·
dominateurs demeurés
clusion, ,si importante en l'absence de témoignage écrit sur la

situation religieuse de notre pays, avant l'arr'ivée des Brelons
insulaires, explique bien pourquoi les vainqueurs des gar-
après avoir mis en piè.ces les images de
nisons romaines,
di\'inilés" détruisin'nt et jetèrent au feu les ornements ,
leurs
les armes des vaincus, objets qui aux yeux de néophytes

de souillure.
chrétiens, devaient être nécessairement entachés

(1) Dans le poste de la Palue ou de Lostmarc'h, ,en la commune
Crozon (Finistère), dont les ruines n'ont pas été l'objet de fouilles
pAS, que je sache, trouvé de statuettes en tene cuite,
régulières, on n'a
y a découvert une tête de bélier en granite, qui est aujourd'hui
mais on
au Musée archéologique de Quimper; et qui était peut-être une
représentation de Jupiter Ammon. , '

VII.
Après la dp.struclion du pos!e gallo-romain et de la bourgade
gauloise dè Tronoën. après la dispersion de leurs habitants, qui,
vivant ensemble devaient partager les mêmes croyances reli­
gieuses, ces ruines ne furent pas eutièremenl abandonnés. De

même que dans plus d'une chapelle chrélienne dont il ne reste
plus que les murs, la dévotion des pèleriùs a su se frayer un
sentier à travers les ronces et. les longues herbes du sanc­
la statue oubliée de quelque saint, de même
tuaire, jusqu'à

ceux qui avaient survécu au désastre de Tronoën ,devaient venir
pleurer sur les ruines ' du temple de leur bonne déesse, et
continuflr à rendre le~rs devoirs religieux à la fontain'e sacrée
qui en était l'accessoire.
en effet, quelle vénération les Gaulois
Personne n'ignore
avaient. pour les rivières et les fontaines'!. qu'ils honoraient '

comme des divinités. On' connaît le vers d'Ausonne :
« Divona, Celtarum lingua fonsaddite divis. ))
Cette superstition persista en Gaule el particulièrement en
Armorique, longtemps après l'introduction du Christianisme
ce pays, au point que le Concile de Tours en 567 dut
dans

proscrire par ùn de ses canons, ces restes d'idolâtrie:

« Venera tores lapidum, accensores focularum et excolentes
arborum, admonemus. »
sacra fontium et
Lorsqu'au Ve et 'VIe siècle les Bretons insulaires vinrent cher­
cher un asile dans la Bretagne-Armorique, ils apportèrent sans

doute avec eux .les mêmes traditions superstitieuses. Nous
lisons en effet dans Gildas :
« Neque nominatim inclamitans montes ipsos, aut fontes vel

coiles, aut fluvios olim exiliabiles nunc vero humanis usibus
divin us honos, a cœco tunq populo cumulaba-
utiles, quibus
turl' (1).

(t) Historia Gildre, § 2.

Une vie de saint Patrice, l'apôtre d'Irlande, qui lutta si éner­
giquement .pour extirper de celle île les croyances druidiques,
des motifs qui déterminèren~ ce saint il visiter
rapporte qu'un
fut qu'il y avait dans cette localité, une fontaine à la-
Slalle,
o quelle. les Druides (MagiJ rendaient des hommages et fajsaient

des offrandes comme à un dieu. .
que le Christianisme se répandit dans notre pays,
A mesure

veux dire dans l'extrême Armori.que, les missionnaires chré­

tous leurs efforts pour cllmbattre ces pratiques supers­
tiens firent
titieuses. Mais au lieu de ltis attaquer de front, ils jugèrent plus
de placer sous le symbole du Christ les monuments
prudent
qui en était l'objet. C'est ainsi que les pierres auxquelles les

nouveaux convertis continuaient à rer.dre un culte, furent :3ur-

montées d'une croix, et que les eaux des fontaines jusque Hi ·
consacrées à des divinités païennes, d.evinrent par l'usage qu'on
en fit dans le baptême, un instrument de régénération 1'eli-
gleuse.
Bientôt des chapelles chrétiennes s'élevèrent au-dessus de

ces fontaines qui se trouvèrent ainsi placées sous la protection
de Notre-Dame, de sainte Anoe, des apôtres.ou de quelque
Il reste e~lcore dans le Finistère assez de rui­
saint populaire.
nes de ces édicules,pour nous permettre de n'avoir aucun doute
à ce sujel. Aux exemples que j'ai cités plus baut, de cha-

pelles de ce genre existant dans la commune de SainL-Jean-

Trolimon, j'ajouterai ceux de la chapelle de Saint-Trégonnec
en la commune de Plogonnec, dont la nef est traversée par
de la très-curieuse chap~l1e de Saint-Guévroc,
une source, et
en la commune de Tréflez, qui avait au centre du sanctuaire,
une fontaine à laquelle bn descendàit par treize degrés. D~ns
le pourtour du même sanctuaire étaient des bancs de pierres
faisant corps avec les murs; et sur lesquels les .pèlerins

s'asseyaient., sans doute, en attendant que vînt leur tour de
faire leurs ablutions. Notre Bu·lletin il publié une description
un plan d~cette chapelle (1).

(t) Tome III, p. 162 .

La tr'adition de Tronoën et de I\erveltré rapporte qu'une
chapelle dont il ne reste plus de traces, existait autrefois dans
les ruines. Peut-être était-elle construite au-dessus de la fon-
taine. Quoi qu'il en soit, lorsque le Christianisme s'épura en
Bretagne, on cessa de renfermer les fontaines dans les églises,
mais elles continuèrent à en être les accessoires, et ilous avons
tous les jours sous les yeux, la preuve que, dans l'esprit des
habitants de la campagne, leUl's eau~, grâce aux saints auxquels

~lles sont consacrées, ont conservé la vertu qu'elles devaient
autrefois aux divinités du paganisme'.
Cet usage était généralement en vigueur au XVe siècle,date de

la construction de .la chapelle de Notre-Dame de Tronoën. On a
que partout ou presque partout en Bretagne, les
remarqué
chapelles dédiées à Notre-Dame sont construites sur des ruines
romaines. Je sais que le culte de la Sainte-Vierge se répandit
de très-bonne heure dans la chrétienté, et pour ce motif l'on

dut placer sous son vocable un grand nombre de chapelles
élevées sur les ruines d'anciens centres de population; mais

je suis porté à croire que la découverte fortuite, et qui à
l'époque, put paraître miraculeuse, de quelques unes de ces
statuettes de déesses-mères que l'on trouve presque toujours

ces ruines, et dout l'attitude est exactement celle que l'on
dans
à la Sainte.Vierge portant SOIl enfant, ne fut pas étran­
\ .donne
à l'érection de plusieurs de ces chapelles .
gère

Dans un article publié il y a lrois ans dans ce Bulletin (1),

j'ai cité des faIts qui p.rouvent jusqu'à la dernière évidence que .
la tradition des déesses-mères s'est conservée longtemps dans

. notre pays. Les gens de Tronoën appellent « des morceaux de
saints» (Tamou sent), les fragments de statuettes que l'on
trouve en si grand nombre autou~de lelir village. Pour eux,
en effet, qui ne connaissent de la statuaire ' que les saints de

(1) Sainte Guen et Saint Cadva'/l" t. II, p. t 04.

leurs églises, toute représentation grande ou petite de la figure
humaine est nécessairement un saint.
Une société de médecins a élevé il y a dix ans~ sur la piace

Saint-Corentin, à Qllimper, une statue au dodeur Laënnec. Il
n'est pas rare de voir, les jours de marché, des gens de la cam-
pagne pieusement agenouillés devant ce mùnument, et adressant
dévotement leurs prières à 1 "inventeur du stéthoscope.

VIII.
J'ai été peut-être I1n peu long dans l'exposé des découvertes
faites à Tronoën, exposé par lequel on a pu voir que ces dé­

à des cultivateurs ' plus . .
couvertes sont dues exclusivement
ou moins chercheurs de lrÂsors ~ mais ç'a a été pour moi un

devoir d'en énumérer minutieusement tous les dr.tails, afin
de bien établir, d'abord, qu'e la Société archéologique du Fi­
nistère, même lorsqu'elle se trouve en présence de certaines
compétitions féroces, comme il :,'en produit quelquefois, ne
néglige aucun fait qui intéresse ses études, et en second lieu de
montrer, que notre département n'est pas une contrée si sau­
vage ni si dépourvue de lumières, qu'il faille y envoyer de
prétendus missionnaires chargés de découvril' ce qui est dé­

de travailler à l'avancement d'une
couvert depuis longtemps, et

science donl ils ne connaîtraient peut-être pas les premiers
éléments (1). . .

(1) Je crois devoir placer iei quelques observations qui ont été

omises dans cet article.

t La fête de saint Rumvn, dont j'ignore absolument la date, était au
XIV· et au XVe siècle, un jour d'échéanct pour certaines redtlvances
due~ au seigneut' du Pont-l'Abbé, .et qUl se payaient au bourg de TrefI­
RUlDon (auj. Saint-Jean-Trolimon) .
. 2° Le mot « Trolimon)) s'est formé par les dfgra iations suivantes:
Treffrumon, Treorumon; Trorumon, Trolllmon et T,.ol·imon,

30 L étymologie de « Tronoen ou Tronoan » paraît être Traon, vallée,
ct Oan, agneau. -
40 La chapelle de Notre-Dame de Tronoen appartenait en 1790 au~
, Carmes de Pont-l'Abbé, par suite, je suppose, de quelque donation d'un

Après cette lecture:M. le comte de Bremond d'Ars
à la Société un dessin d'un fragment de
communique
représent~nt un des larrons du Calvaîre,
sculpture
trouvé à Kernével sur le mur du cimetière ~
M. le Président émet le vœu que cette sculpture soit
. transférée au Musée départemental.
. A ce propos, M. Pavot signale à la Société, l'exis-
tence d'un curieux calvaire en la commune de Briec
près du moulin du Lez (1). .
M. le Président prend ensuite la parole pour com­
à l'assemblée quel ues recherches qu'il a
muniquer

faites sur la poésie des Cacoux ou Lépreux rie notre

pays. . . ' ,

POE SIE DES CAC 0 U X.

Dans la séa_ nce du 13 j,mvier 1817, M. Le Men a donné com­
munication à la Société archéologique du Finistère .de docu- '
ments inédits du plus l'if intérêt concernant les lépreux et ca­
coux de la Basse-Bl'etagne (2). J'avais fait suivre sa lecture de
le procès-verbal n'indique qu'une
quelques observations dont
. seule, et que j'ai mises depuis en écrit. Elles ont paru de na·
ture à compléter le travail de notre savant secrétaire et je vais
les rappeler; mais il est bon de résumer d'abord en peu de

mots les faits qu'il a mis dans une lumière nouvelle.

Selon lui (et il adopte l'opinion de -M. Francisque iche],

seigneur du Pont, dont je n'ai trouvé aucune trace. Elle fut adjugée.le ·
2 nivose an Il, ave~ Ls maisons y jointes, 167 cOl'des terre chaude et
3 t 5 eordes terre froide, au citoyen Pierre-Marie Barazer, de Quimper,

pour le prix de 157;; livres.
50 On m'.a indiqué dans une Pl'airie entre le bourg de Saint-Jean­
Trolimon et Trolloen, une chapelle dont j'ai oublié le nom, et il l'inté-
rieur de laquelle se trouve une fontaine. .
(1) Voir le Bulletin, tome Il,. page IOj. .
(2) Voir le Bulletin, t. IV, page 138, et t. V, pages 40 et 132.