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Bulletin SAF 1878


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Antiquités celtiques et romaines de la commune de Riec (Finistère)

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Après quelques observations échangées entre
MM. Lorans, Faty, Fougeray, Audran et Le Men, au

• ·sujet de la nature de la tutelle de N. de La Hay,
M. le Président lit la notice suivante de M. le comte
de Bremond d'Ars, qui n'a pu assister à la
Anatole
séance.

NOTICE SUR QUELQUES ANTIQuiTBS CELTIQUES ET DE
LA COMMUNE DE RIEC (FINISTÈRE).
La commune de Riec, renferme un certain nombre de mo­
numents celtiques qui n'ont pas été étudiés avec toute l'atten­
tion qu'ils méritent: il est vrai de dire qu'ils son~ restés à peu
près inconnus jusqu'à ce jour.
Sur le bord de la voie romaine de Carhaix à Riec (et de ce
dernier lieu à la rivière de Bélon), voie citée par M. René
Kerviler dans le mémoire que ce savant ingénieur a publié sur
la géographie de la presqu'île armoricaine (Bulletin de
l'Association B1'etonne), et tout près de l'ancien manoir de la
Porte-Neuve, on voit encore les restes informes de menhirs,

tumulus, dolmens et allées couverte,s. Un monument de
cette dernière espèce existe à côté.de l'emplacement où s'éle-
vait jadis une chapelle dédiée à saint Julien.
C'est dans le bois, les champs et les landes situés en face de
cette allée, que se trouvent: 1 un menhir gisant à terre peut.
être depuis des milliers d'années, . et brisé en deux ou trois
-- 2° les ruines d'un assez grand dolmen, 'renversé
tronçons;
il y a vingt ans, et au pied duquel était, dit-on, ", un

amas de cem\res; , 3 une sorte Je crorillec 'h qui n'a pas dû

être exploré par des archéologues, puisque après quelques

coups de pioche autour de ]a pierre principale, on trouva . une
amulette formée d'une pierre plate en forme de trapèze, et
percée à la partie supérieure, d'un trou dans lequel passait
lien du collier dont sans doute elle faisait partie.

Il serait difficile de pratiqu'er des fouilles plus étendues,
autour de ce monument situé au milieu d'un bois et environné
d.e souches énormes qu'il faudrait enlever.
Ces diver's monuments de l'.époque celtique semblent se
relier enlr'eux jusqu'à la côte, au lieu nommé Keryqu,el où
M. L. Augustin a crû reconnaître Jes traces d'un ancien camp
ou Oppidum gaulois. La voie romaine aboutit également à une
très-petite distance de cet endroit, dans le parc du château de -
la Porte-Neuve, sur la rivière de Bélon, et ~n passant auprès
de l'antique . et si renommée chapelle de Saint-Léger. Cette
partie du parc se nomme encore Treiz-Coz, le vieux passage.
C'est là, sur ce pet.it promontoil'e d'où la vue s'étend fort loin
à droite et à gauche sur la rivière, que l'on a découvert, il y a
six ou sept ans, les vestiges d'une villa ou mansion romaine.
bien pour
L'emplacement était merveilleusement choisi, aussi
l'agrément et la salubrité, que pour la sûreté des habitants, en
cas d'attaque ou de surpriae du côté de la mer.

En creusant des trous pour des plantations, on avait souvent
amené à la surface du sol, des pierres de dimension uniforme,

des fragmen,ts de briquès, des débris de ciment : c'était bien
l'indice d'anciens murs, et c'est guidé par ces quelques pain ts
de repère que l'on parvint à déblayer le sol\ d'une chambre
une superficie de 4 m. 60 c .. SUi' 5 m. 60 Ci l'épais­
mosurant

seur des murs mis à jour à fleur de terre, est de 0 m . . ~O c.
à 0 m. 50 c. au dessous du niveau acluel du terrain,
C'est
que ron arriva à une terrasse parfaitement unie el formée de
béton ou ciment que l'air ne larda pas à décomposer.

On retira . de l'intérieur de celte pièce, d'abord des masses
de pierres calcinées, puis des briques à rebord ainsi que des

briques plates, et des enduits de chaux recouverts de peintures
aux vives couleurs, enduits tantôt unis, tanlôt moulés comme ·
le sont les corniches et les plin thes.

On trouva aussi une sorte de conduit calorifère, formé de '
terres cimentées e,t de très-grosse~ briques, traversant en dia-

gonale le sol de la chambre de l'est à l'ouest, pour arriver dans
un angle où apparaissaient les traces d'un f.oyer ou four­
neau.
Malheureusement, il- n'a pas été possible de continuer les
deux ou trois fois séculai(es, éten-
fouilles: d'énormes chênes,
dent leurs racines dans la terre qui recouvre ces ruines; mais
la configuration du soJ .permet, jusqu'à un certain point, de
juger de l'ilIlPortance de ces anciennes cQnstructions, naisem-
. blablemen t détruites par un incendie.
Un archéologue expérimenté pourrai t même décider si cette
villa ne fut point bâtie SUI' le même plan que cell~ découverte
au Pérennou, SUl' les bords de l'Odet: nous sommes portés à
le croire. Si ce n'est pas l~ même architectt' qui présida à
cette construction, on serail tenté de croire que c'est le même
peintre qui décora les plafonds et les lambris de cette habita­
tion: villa, rpansion, station, ball:léaire ou tout simplement,

mais'on du gardien du passage ou du ,port.
C'est en effet, à cet endroit, dans' cette. crique auprès de la

voie publique, que devait êtl'e le port primitif (aujourd'hui
no[nmé Pors':"'Kerc'heiz, le Port du Héron: orl y volt souvent de

ces oiseaux), abandonné plus tal'd par suite de l'envasement.
On alla naturellement aborder dans l'anse la plus voisine, qui

reçut ainsi le nom d'e Porz-Nevez, le Port-Neuf, d'où l'appella-
tion actueHe de Porte-Neuve (l) .
Voici la liste des objets trouvés dans l~s localités que rùll
vient de drcrire,et offerts an Musée d~ Archéologie de' Quimper
t 0 L'amulette trouvée au pied du cromlec'h du bois de
Saint-J ulien ;

2 Plusieurs fragmonts de diverses sortes de briques, trouvés
sur l'emplacement de la villa gallo-romaine;

(1) Ce chàteau paraît' avoir été construit dans les conditions men­
tionn~es à la page 97, note 1.

3° Des débris · du plafond et des enduits intp.rieurs de la
chambre; .
40 Quelques morceaux de verre, débris de vases ou de bou-
teilles ;
5· Des fragments d'enduit calciné;
6° On a joint à cela deux des vieilles monnaies que l'on trouve
le plus fréquemment dans la cour e~t les environs dn château

lorsqu'on a l'occasion de fouiller le sol; monnaies que l'on a
à notre savant confrère et vice-présidp,nt, . Fran-
déjà montrées
çois Audran (t). .
1 • Ajoutons., en terminant, que ce manoir de la Porte-Neuve a
de quelque habitation
dû être construit sur l'emplacement

d'une bien grande anl'Ïenneté. Le jardin actuel occupe certaine-
ment l'espace compris dans une sorte d'Oppidum, comme l'in­
dique un très-vieux mur, ou plutôt un rempart dont l'appareil-

1age intérieur démontre que ce rempart (où se voit encore l'en- .
trée primitive) date au moins des premiers temps du moyen

âge (2). .
C'est ce que notre confrère. M. Le Men, aurait pu nous dire
sûrement~ s'il avait été à même de comparer ces ruines à celles .

des Oppïdum du Finistère qu'il a décrits avec autant de science
que d'autorité dans le Bulletin de l'Association bretonne.
Comme supplément aux renseignements qui précè-
dent, M. de Bremond d'Ars nous adresse la note
suivante:

, On sait que la fontaine de Saint-Léger, sitn,ée dans ,·Je parc
de la Porte-Neuve et voisine de la villa romaine, est le but
d'un pélerinage très-suivi, qui a lieu chaque année le jour du

(t) Ce sont des doubles tournois.
(2) La terre de la Porte-Neuve a successivement appartenu aux Camil­
les Morillon, de Guer-Pontcallec et de Bruc-Malestroit. . Vendu en
183 , par M. le comte Armand de' Bruc, à M. Arnaud, de Nantes, le
château de la Porte-Neuve appartient actuellement à madame la com­
tesse de Bremond d'Ars .

pardon, le deuxième dimanche , de juillet. Celte fontaine, en
grande vénération dan~ toute la contrée, doit remonter à la
plus haute antiquité: mais le monumcn t actuel ne date que
de l'année 1656, d'après l'inscription gravée au-dessus de la
niche où e~t placé le buste de saint Léger. Ce buste n'est, sans,
doute, qu'un débris de quelque vieille statue du l]e ou
XIIe siècle, si l'on en juge par la forme de la mitre et de la

crosse du saint évêque d'Autun.
Ces jours derniers,en nettoyant le bassin de la fontaine, on a
une petit'e pièce de monnaie presque fruste, et qui, à la
trouvé
première vue, avait toute l'apparence d'une 'pièce d'or méro­

Mesillu"ions d'antiquaire, un moment partagées par
vingienne.
M. Alldran, témoin de la découverte, se son t
notre confrère
dissipées devant les explications de mon ami M. Anatole de
à q.ui j'envoyai ceUe médaille:
Barthélemy,

« La pièce que vous me soumettez . me répondit le savant
« numismatiste ' n'éclairera pas beaucoup l'histoire de l!l

« fontaine de Saint-Léger: je vous laretourne en vous garantis­

« sant: 1 Qu'elle n'est pas en or ; 2° que c'est un double tour- ,
« hois de Charles de Gonzague, comme comte de Rethel
« (1637-1659). Seulement, je dois vous prévenir qu'en curant
« avec soin le bassin des anciennes fontaines, objets de péleri- '
« nages, on peut trouver des choses fort anciennes. C'est dans
« une fontaine de Saintonge que j'ai trouvé, il n'y a pas bien
« longtemps, un vrai trésor de monnaies gauloises.» ,

En terminant cette lecture, M. le Président remercie
au nom de la Société, M. de Bremond d'Ars des dons
qu'il a bien voulu faire au Musée. Il est à désirer que ,
cet exemple soit suivi par d'autres membres de la

Société.
M. Le Men demande ensuite la parole pour com- "

muniquer à l'assemblée le compte-rendu fait par notre
M. A. de Blois, d'une fouille qui
regretté président

remonte à, 1845, et qui offre des particularités assez
curieuses.

FOUILLES n'UNE SÉPULTURE GALLO-ROM!INE PRÈS QUIl\lPER.
Une' intéressante découverte vient d'avoir lieu dans la com-

mune 'd'Ergué.Armel, sur les bords du chemin qui mène du
bourg communal à la grande route de Rosporden.

Le 18 Irai dernier (1845), des ouvriers en creusant pour
réparer le fossé d'un champ dépendant de la ferme de Keran­
éoët à M. ' Prosper Leguay, rencontrèrent des fragments de
potel'ie. M. Leguay, qui se rendit aussitôt sur les lieux,

reconnut un tumulus dans le 'léger exhaussement que le sol
offrait dans cette partie. La clôture que l'on , s'occupait à
réparer, en coupait }'eltrémitéméridionale; c'est ainsi qu'en
la douve, on avait pu mettre à découvert des
rafraîchissant
objets enfouis sous ce tertre. On déblaya avec soin près des
fragments et l'on aperçut bientôt, rangés autour d'une pierre

fiche taillée, semblable à une borne quadrangulaire, quatre-
vases remplis, de cendres et de parcf.lles d'ossements. Les
ouvriers avaient trouvé la veille, près de ces fragments, Ulle
monnaie espag'l1ole de Philip.pe II avec le millésime de 1568,

el une monnaie romaine n'offrant de reconnaissable qu'une •
effigie qui a paru devoir être celle de Trajan.
Les fouilles qui n'embrassaient oncore que la moindre partie
de. cette sUl'face élevée, ont été reprises par M. Leguay .. Elles ,
fait découvrir deux autres bornes, mai,s de forme cylindri­
ont
de quatre vases cinéraires
que, dont chacune était cantonnée
mieux conservés. L'une des pierres, celle du centre, était .
plus g-rand'e que les autres. Elles étaient espacées à trois pieds
- environ de distance aU centre du tumulus, sur une ligne nord

slld, celte d'e forme carrée ·au midi et la plus haute des deux

autres au milieu. La première a deux pieds de haut el treize
pouces ·à la- base-de la face, la plus large de son carré, les deux