Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes
pas êté bien importantes, car les paysans bretons
nomment encore aujourd'hui cet instrument, cc civièf;e
rolleresse 1) (cravaz rodellec).
Après ces observations, M. Audran donne lecture
de la note suivante:
LE PAPEGAUT DE QUIMPERL~.
Le pllpegai, papeguay, pape,qaut ou papegault, vieux mot
français qui signifie perroquet est « un oiseau de carte ou de
bois que l'on met au bout d'unn perche pour servir à ceux qui
tirent de l'arc et de l'arquebuse qui donnent un prix à celui de -
leur compagnie qui l'abat. 1) (1) .
Le jeu du papegaut remonte au XIVe siècle ('2); le vainqueur
le titre de roi et avait droit à certaines exemptions. Dès
prenait
le XV· siècle, nous trouvons ce jeu établi dans les principales
villes de Bretagne; les rois l'encouragèrent ,dans le but d'en-
les bons citoyens à apprendre l'exercice de l'arbalète et
gager
de l'arquebuse.
Des ordonnances rendues en 1407 et 1471 avaient accordé à
celui qui abattait une fois le papegaut à Nantes, l'affranchisse
mellt « des tailles, aides, dons, emprunts, qnets, arrière-quets,
gardes de portes et tous autres subsides personnels- avec attri-
bution de noblesse bpréditaire, place et rang aux Etats à celui
qui l'abattait trois fois. » (3)
Cl Ce fut pendant la lieutenance de Marc de Carné, nous
apprend M. Le Vot, que Henri Il, ne pouvant payer la garnison
de Brest, recourut à un expédient d'un fréquent mage dans ce
(1) Dictionnaire de Trévoux, Edit. de 1721. VI' Papegai.
(2) ~ e plus, ancien titre dans lequel il est fait mention du papegaut
de QUImperle est un compte rendu par Guillaume du Quirisoet rece
veur ordi~aire de ~llimperl~ po~r les ann~es. 1398, 1399. Il est r~pporté
~ par extrait aux pieees JustIficatlves imprlmeeA à la suite de l'Histoire
de }' abbaye de Sain1e-Croix, de dom Placide Le Duc, pllbliée par
R.-F. Le Men, page 625.
(3) Magasin pittoresque, année 1842, p. 383.
- temps, la création d'un papegaut, institué par les lettres paten
tes du 3 mai 1349, enregistrées à la cour des comptes de
Nantes le 13 juin suivant. Ce papegaut, établi sous prétexte
d'exercer les soldats au tir de l'arc et de l'arquebuse, avait
pour but plus ré~l d'exonérer le trésor royal de la solde des
gens do guerre en leur conférant certains avantages. Ceux qui
furent accordés à la garnison de Brest pour atténuer sa fâ- \
cheuse position étaient les suivants: Celui qui remportait le .
prix de l'arqu~buse avait le droit de vendre quarante tonneaux
de vins, sans être assujetti à aucune taxe: les plus adroits à
l'arc et à l'arbalète pouvaient vendre, le premier trente ton-
, neaux, le second vingt, aussi en franchise de tous droits. » (1)
Henri III, par ordonnance du mois d'avril tô75, accorda aux
habitants de Locperan, autrement dit Blavet (plus tard Port-
Louis), le privilége du papegaut. « Voulons et nous plaict, (est-
il dit dans celte ordonnance rapportée en entier par M.F. Jégou
dans son histoire de la fondation de Lorient), que ceux qui
s'apliqueront audit jeu d'arquebuse, puissent tirer au dit pape
gaut et que celui qui l'aUJ'a' abatu puisse amener vandre ou
faire vandre et distribuel' par meneu détail, durant la dite an-
. née qu'il l'aura abatu, le nombre et cantité de trente et six
tonneaux de vin de tel creu et pays qu'il avisera, franc, quilte
et exent de tous tributs, impots et billots. D .
. Cet édit ful enregistré à la chambre des comptes de Nantes
le 27 juin 1575, avec une réduction considérable, contre la
quelle les habitants de Port-Louis réclamèrent; mais en 1577
ils obtinrent de nouvelles leUres confirmant les précédentes (2) .
Quimper et Morlaix ont eu également un papegaut. Un de
nos confrères nous fera sans doute J'historique de ces compa-
gnies. Je vous parlerai aujourd'hui de celle de Quimperlé. Je
pas retrouvé les lettres patentes qui créent ce privilége .
n'ai
(t) Histoire de la ville et du port de Brest, par M. P. Le Vot, ter vol.,
(2) Histoire de la fondation de Lorient, par F ~ Jégou. Lorient, 1810 .
Son existence m'est révélée par un procès-verbal en date du
de Sa ajeslé, commandant des vIlles et cltadell de Port
Louis Hennebont et Quimperlé~ rapporte que, s'étant trans.
pegaut, eh compagnie de Jean Le Tou]per, dernier roi du pa
pegaut, du bailli, du procureur du roi, du syndic et de plu
sieurs bourgeois et habitants, précédé de la compagnie des
archers du papegaut, et appel fait de ces derniers, il leur avait
représenté que le roi leur continuant la grâce de tirer au pa
pegaut avec les mêmes priviléges et émoluments que par le
passé, son intention était que toutes les dépenses inutiles qui se
faisaient par l'abatteur du papegaut, soient supprimées et em·
ployées au profit de l'hôpital général.
Cette proposition-fut acceptée par les archers, qui, en consi
du grand avantage qll 'ils retiraient de l'établissement
dération
de l'hopital général, consentirent qu'à l'avemr « le dict hospiLal
jouira annueilement de la somme de cent vingt livres des
Sa Majesté au roi du dict papegaut,
deniers accordés par
somme de cent vingt livres sera payée par quartier
laquelle
au trésorier dudit hospital,par le cabaretier que choisira l'aba-
du papegaut ou par le fermier- de l'impôt et billot auquel
teur
la quittance dudit trésorier servira de décharge. »
De plus, ils décidèrent que les trenle sols que chaque archer
payait lors de son eDroItement serait payés au trésorier du dit
le greffier chargé de délivrer les billets d'enroUement
hôpital,
n'ayant plus pour ses gages que cent sols, oulre son sol par
billet, et cinq sols par enrollement et rëception d'archers.
décision fut . approuvée par le duc de Chaulnes, gou
Celle
de Bretagne, le 11 juin 1689.
verneur
Mais les bounes dispositions des archers du papegaut ne pro
pas longtemps à l'hôpital, car le rentier qui fut dressé
fitèrent
en 1764, poUl' les revenus de l'établissement porte au folio 243:
«( Le droit au papegaut tiré dans la 'ville de Quimperlé, accordé
à l'hôpital, consiste à percevQir la SOlllm~ de cent vingt livres
chaque année par préférence sur le produit des devoirs de
tl'ente pipès de vin, -avec en outre trente sols par chaque récep-
tion d'archer. Au soutien de ce droit dont l'hôpital est frustré
du temps, douze pièces auxquelles on aura recours
depuis bien
faire rentrer l'hopital dans un droit aussi ulile,»
pour
Ces douze pièces que j'ai consultées aux archives de l'hos-
pice, comprennent, outre le procès-verbal ci-dessus analysé,
de M. le duc de Chaulnes, des traités inter
et l'approbation
venus de 1681 à 1684 entre le trésorier de l'hôpital et les
abateurs du papegaut, qui subrogeaient un cabaretier dans le
droit de débiter en franchise trente pipes de vin, à la charge
de verser au trésorier cent vingt livres, l'abateur n'ayant droit
qu'au surplus.
Enfin, par arrêt du conseil du 7 mai 1770, et l'art.icle 9~ du
bail des Etats des années 177 t et 1772, le droit de papegaut
fut en entier accordé aux hôpitaux, el depuis celte époque jus
qu'en 1791, l'hôpital de Quimperlé percevait chaque année,
des receveurs sédentaires des devoirs, une somme de six cents -
. livres, pour droit annuel sur trente pipes de vin,
Je termine par le nom de quelques rois du papegaut que
j'ai relevés sur les titres de l'hospice:
168U, Jean Le Toulper ;
1681, Mathieu Geffroy ;,
1682, Alain David ;
1683, François Foucault ;
1684, Gilles Pressart ;
1753, Guillaume-Joseph Le Fèvre, qui, par acte du 3 mai
1753, cède son droit pour cent trente livres.
Après cette communication l'ordre du jour étant
épuisé, la séance est levée à 4 heures.-
Le Secrétaire,
R.-F. LE MEN .