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Bulletin SAF 1877


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Notice sur Saint-Divy

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corps du pauvre tailleur par de rapides et mulLiples COllPS de
pieds et coups de poings. C'est qu'ils ne plaisantent pas en ce,tte
occurence, messieurs les Cornandoned. .
M. le docteur Goulven Denis, de Roscoff, avec qui je me suis
abouché pour avoir 4es r.enseignements, m'a dit avoir vu des
vestiges d'une voie romaine SUl' cette langue de terre qu'on ap-
pelle Perharridi et qui se dirige de Santec vers l'île de Bâtz et
forme un côté de l'Aber. Il y a 'chez lui divers spécinleris de

tuiles à rebords ou à crochets,qu'il a recueillis sur divers points
de la commune de Roscoff et qui -témoignent .d'une station
romaine. Il y a constaté aussi diverses pierres branlantes qu'il
qualifie de l'adjectif probatoires. Il a recueilli également, en
grand nombre, les pratiques de la médecine superstitieuse des
temps celtiques. Il a signalé à mon aLtention les dolmens et
menhirs de la commune de Roscoff; mais elle est dans les

attrihutiollS de mon collègue de Roscoff. Néanmoins, pour ma
satisfaction et mon instruction personnelles, je profiterai des

quelques rares occasions que j'ai de voir ~M. le docteur Denis'
pour glaner quelques bribes de ses cOOllaissances archéolo-

glques.
EUZEN

Instituteur à Santec, en Roscoff .

2° COMMUNE DE SAINT-DIVY.

Sur la route vicinale qui conduit du bourg de Saint-Divy à

cel~i de Guipavas, à 2 kilomètres 500 mètres environ d~ Sainl- '
Divy, et à 3 kilomètres 500 mètres de Guipavas, se trouve une
fontaine, appelée fontaine des Quiritins.

, Ce nom vient nécessÇ\irement du mot latin Quirites,c'est le nom

que,Romulus donnait aux Romains, el c'est pour cela, qu'après
, sa mort- le fondateur de Rome reçut le nom de QU,irinus sous

leynel il reçut de ses sujets les bonneurs divins. Fontaine des

Quiritins aurait donc la même 'signification que fOlltaine des
_ Romains. (A). '
Cette fontaine est située sur h~ côté droit d'une large citerne
creusée par la main de l'homme. Comme il peu de distaricê 'il se
trouve deux cours d'eau, on se demande naturellement po'ur-
quoi on a creus~ cette citerne, et où eil sont les déblais? Je

cberchai ces déblais, et à 300 m~tl'es eüviron de ce lieu, je
un tertre élevé. J'examinai le teri'aln où il se trouve.
découvris

Il est posé sur une hauteul' d'où l'on découvre une im'niense

étendue de pays, de là l'œil peut s'étendre jusqu'à 27 kilomè-
environ fi la rtmde. Pi'es de là se croisent deux vieilles
,tres

1;outes. Malgré mes nombreùx contradicteurs, je' res(ai con-
vaincu que ce tertre étâit l'œuvre de l'homme, que c'était un
tumulus, peut-être le tombeau d'un homme illustre, et qu'ell­
fin là étaient les déblais de la citerne.

Je m'adressai a~ propriétaire du champ t't je le questionn3i.

Il me dit : c( Aze eo e becl devet ar Romanisted gant a'; Goloaed
en amzer Cezar. » (C'est là que les Romains fu'rent brûlés pat'

Jes Gaulois du temps' de César). C'est 1110n père qui me l'a dit

a ajouté le brave paysan et il l'avait appris d'e soü père et de

son grand-père. .
Plusieurs autres vieillards que je questioünai à ce sujet, me
fit'ent le même récit. Ces' naïfs laboureurs racont r~nt éncore cille

le camp Gàulois se trouvait près de' cet endroit, qu'à Quiritins

eut lieu. une grande bataille 'entre les Gaulois et les Romains et
que dix mille Romains, commandés pal' César, furent faits pri­
sonniers et brûlés d'ans le Goarem-Reunnien, (c'~st le nom dll

champ où se t1'ou,'e le tumulus). Bien que le nombre dè dix

n'lille hommes me semblât exagéré, cette tradition confirmant
l'idéê que faiL naître le noni
(A). LéI. rédaction du Bulletin laisse ft l'auteur la re~ponsabilité de
cette étymologie.

d'autant plus grande qu'à cette époque les Romains, plus
civilisés que les Gaulois, ne brûlaient plus ni leurs prisonniers,
ni leurs morts CB). Dailleurs, Je l'autre côtn de de la route se
trouve Goarem-Brenn, champ de Brenn, peut-être Brennus;

or ce mot B1'enn signifie chef des Gaulois. Je me décidai à
pousser jusqu'au bout mes recherches et à voir si le tertre dé- '
mentirait ou confirmel'ait ma conviction première. J'exprimai
au propriétaire du champ, mon désir de voir' ce que pouvait
contenir cette Torghen (tumulus). Il m'accorda l'autorisation

faire des fouilles.

Le 24 février dernier, mes ouvriers se mirent à l'œuvre et
pratiquèrent, au milieu de la par,tie supérieure d'e ce tumulus,
une ouyerture de 3 mètres de long sur 2 mètres de large. Au
commencement'du travail, nous trouvâmes une couche d'ar-
gile d'un mètre cinquante centimètres de profondeur ; c'était
évidemment les déblais de la citerne des Quiritins. Ensuite
nous avons rencontré une couche de cendre et de charbon
de deux mètres d'épaisseur. A la profondelir de trois mètres
cinquante centimètres, apparut une nouvelle couché de ditTé­
l'entes couleurs: jaunâtre, rougeâtre, -elc., etc. C'est aussi à la
profondeur de trois mètres cinquante que nous commeuçâmes
à trouver deS' débris résistants et criant sous la bêche, Ces dé­

bris ressemblaient à du fer complètement oxydé par le temps,
Nous avons continué à creuser, mais à cinquante centimètres
plus bas, par conséquent à la profondeur de quatre mètres, '
nous avons rencontré le sous-sol et nous avons cessé notre

ti'a v ail. . -
Ainsi, le nom de QUÎ1'itins et la tradition du pays ont été
confirmés par la présence des objets que je · vous envoie. Tant
cela prouverait qu'en ce lieu se livra uno grande bataille, que
l~s Romains furent vaincus et que, leurs prisonniérs. furent
brûlés., RIO U,
, Instituteur à Saint-Divy.
. (B) Ceci n'est pas exact ; l'usage de brûler les -morts était encore géné­
ralement répandu chez les Romains pendant les deux premiers sièdes

de notre ère.