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Bulletin SAF 1876


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Fouilles d’un poste Gallo-Romain sur le Mont-Frugy, à Quimper

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M. le président donne ensuite la parole à M. Le
Men, pour la lecture de son travail intitulé:

FOUILLES D'UN POSTE GALLO-ROMAIN

SUR LE MONT-FRUGY, A QUIMPER .

Une des voies romaines qui ont le plus particulièrement at­
des archéologues, depuis que les monuments
tiré l'attention
pays sont devenus l'objet ù'une étude sé-
antiques de notre
rieuse, est celle qui, varlant de Dariorigum (Vannes), venait
aboutir à C'Ïvitas Aquilon'ia (Locmaria-Quimper) après avoir
trav~rsé, flans le Finistère, les communes de Rédéué, Quim
perlé, ~.ellac, Le 'Irévoux, Bannalec, Melgven, Saint- Yvi et
Ergué-Armr.l. A une petite distanëe au n'ord de l'église de cette
se confondait avec deux autres voies
dernière commune, elle
venaut~ l'une de Vorgium (Carhaix) et l'autre de Concarneau;
avoir longé dons une direction nord-sud~ la crête
puis après

du Mont-Frùgy, elle descendait, par une pente dou l' e, au fau-
bourg. de Locmaria, où elle pass·ait l'Ode~ à gué,. près du lieu
où s'élevait jadis la chapelle de Saint-Colomban .
Les ruines 'romaines abondent, comme rOll sait, à Locmaria
ses environs, sur-les deux rives de l'Odet. Il est difficile
et dans
les s~ntiers qui y-conduisent sans heurter du pied
de parcourir

quelque antique débris, et la bêche ou la charrue amènent cha-
à la surface du sol, dans les champs voisins, des frag­
que jour
de peintures murales, de revêtements en marbre et de
menls •

fines poteries, derniers témoins d'une splendenr dont la tradi·

tion ne s'est pas conservée dans les habitations de divers âges,

qui composent aujourd'hui ce fauhQurg. L'Église, dont l'heu­
reuserestauration a été pour notre regretté président, M. Ay­
mar de Blois, l'objet ùe tant de démarches et de tant de soucis,
fut sans doute érigée sur J'ell1placement du temple païen de la
cité. Je ne voudrais même pas affirmer. qu'une partie des ma-

tériaux qui -en provenaient, ·n 'est pas entrée -dans le monument
chrétien. Car si l'on Ile peul, saris témérité, faire remonter jus­
de l'occupation, les murs extérieurs de la nef ac-
qu'au temps
tuelle, il me paraît résulter de leur mode de construction, qui
ne diffère en rien de celui que nous retrouvons dans les ruines
gallo-romaine'S de notre pays, qu'ils ont été élevés à une épo­
que où l'on n'avait pas entièrement perdu le souvenir de l'art
de bâtir introduit en Armorique par ses vainqueurs, et au moyen
des matériaux tout préparés que l'on avait en abondance sous
la main. . .
Deux titres, l'un du XI! et l'autre du XIIe siècle, nous ont

conservé le nom antique de cette localité. Elle s'appelait éivi-

tas Aquilonia (t), c'est-à-dire, ville exposée au vent du nord~
est, dénomination suffisamment jus"tÏfiée par sa situation'. Cette
ville n'était pa$ entourée de murailles; ses maisons ou villas,

dont les plus riches étaient qapricieusement groupées sur les
çoLeaux exp.osés au soleil, s'éparpillaient sans'ordre sur les aeux

rives de l'Odet, près desquelles on retrouve encore les vestiges

des thermes qui servaient à ses habitants.
Il ne faudrait pas croire cependant que Civitas Aquilonia
-fut dépourvue des moyens de défense, ou qu'dIe n'eut pas à

proximité des lieux d'asil~, où sti population pût lr{)uver un
refuge, dans le cas d'une attaque par mer ou 'par terre de la
part des ennemis. En effet. sans compter le petit camp re-

tranché dont on voit d,es traces à droite du chemin qui condl!it· .
. de la ferme du Petit-Méné au Mont-Frugy, trois postes mili­
taires, qui pouvaient aisément communiquer entre eux au moyen
de signaux, lui fonllaiellt une sorte de ceinture. Un de C es étd­
était placé eutre les rivières l'Odet et le Teïr ou
blissements
Steïr, sur la hauteur occupée aujourd'hui par l'écoltJ des Likès.
On retrouve les -ruines du second, dans les champs, auj.o ur-

(1) Ap. D. Lob. P. col. 299.' Ecclesia beate Marie de Aqui-
lone 1172. Titre du prieuré de Locmaria (,Arch. du Fini'tère) •

tSt
d'hui transformés en pépinières et en jardins potagers, qui bor·
dent l'ancienne l'oute de Douarnenez, à l'ouest du couvent du
Sacré-Cœur, . au-dessus du faubourg de Bourlibou. Le
troisième, placé sur le Mont-Frugy, au point d'intersection
de la voie romaine qui venait de Va,nnes li Loc- Maria,
el de la route, aujourd'hui abandonnée, de BéJlodet à '
Quimper p.ar la Tourelle et Penll- ar-Slanc, dominait au nord,
la vallée où celte ville est assise, el commandait du côté du
sud, la baie du Lédanou, et rentrée des Virecours, de sorte
qu'il était impossible qu'un mouvement de bateaux s'effectuât
sur l'Odet sans être aperçu dès guetteurs de ce poste.
qui fera l'objet de cette no­
C'est cet établissement-militaire
tice. Mais comme la mélhode et la clarté qui sont, en toutes
choses, des, qu~]ités fort louables. s'impo~ent comme condi­
tions nécessaires, lorsqu'il s'agit de descriptions archéologi-
ques, je désire Hvant d'aller plus loin, désigner par un nom
particulier, chacun de ces trois postes, afin .qn'ilne puisse s'é ..
tablir de confusion entre eux. J'appellerai donc, les deux pre­
,miers, postes de Bourlibou et des Likès, et je désignerai le
troisième, par la déBomillatiol'l de Poste de Parc-ar-Groas,
parce que ses constructions occupaient principalement un
champ qui porte ce nom, aux dépendances du village de Les-

perbé, en la commune d'Ergllé-Armel. '
J'avais depuis longtemps remarqué aux abords de ce champ
des débris de tuiles romaines et des pierres de petit appareil
qui provenaient cerlainement, d'anciennes constructions. Le
nom de Parc-ar-Groas, qui signifie Champ d~ la. Croix, et que
la situation de c_ ette pièce de terre à l'angle d'un carrefour,

e.xpliquait sl:lffisamment, ne pouvait faire naHre dans l'esprit,
qu?un établissement quelconque y eût existé; mais les
l'idée
ondulations fortement marquées de sa surface, révélaient à un
œil exercé, la présence de substructions, dont la nature et
l~importance. ne pouvaient être établies que par des fouilles rê­
gulièrem~mt ex'éc.utées. Voccasion d~oolairoir le mystère que

renfermait le champ de Parc-m'-Groas, se présenta au mois de
mai 1865. Vous le voyez, messieurs, les fouilles dont je vais

vous faire le-récit, remonten t à plus de dix ans; mais comme
ai conservé soigneusement lous les détails dans mes notes
j'en
ma mémoire, comme d'un autre côté, vous pouvez
et dans
les vitrines d.e notre Musée, tous les objets dignes de
voir dans
quelqlle intérêt, qu'elles ont mis au jour, j'espère que vous vou·
drez bien accorder quelque attention à ce corn pIe-rendu qui
sera d'ailleurs rendu plus intelligible par les plans des lieux

que j'ai l 'honneur de mettre sous vos yeux, et qui furent faits,
à l'époque des fouilles, par notre confrère M. Loarer, agent-

voyer en chef des chemins vicinaux .
Le champ de Parc-ar-Groas était depuis plusieurs années
sous pâture, lorsqu'au _mois de mai 186&, le fermier de Les­

perbé, en faisant les travaux nécessaires pour y semer du blé
à, découvert un pan de mur construit en petites
noir, mit
pierres ~olidement liées par une chaux compacte. Instruit de
cett(~ trouvaille je me rendis Sllf les lieux, et grâce à l'obligeance
de M. Aymar de Blois, président de notr'e Société Archéologi­
que, qui mit à ma disposition deux de ses journaliers pour com­
mencer des fouill"es, jA ne tardai pas à découvrir les substruc­
tions d'un grand bâliment compos'é de plusieurs pièces, dont
l'origine gallo-romaine ne pouvait être douteuse. '
Sur la demande de M. de Blois, M. le baron Richard, pré­
fet du Finistère, m':lCcorda pour continuer .les travaux une
somme de cent francs, qui fut sllivie d'une allocation de

soixante-dix francs. Ces subventions suffirent à couvrir les
là payer une indemnité, relativem'ilnt
frais de recherches, . et
élevée, au fermier du champ. Les fouilles interrompues à la fin
du mois de mai par les exigences de la culture, et reprises au
mois de septembre- suivant, amenèrent la découverte de six

constructions de formes et de dimensions diverses, comprises

dans une enceinte rectangulaire de cent vingt mètres sur soi-
un mur en pierre de petit appa-
xante-quinze} ciJ'conscrite par

reU, bâti à chal:1x et à sable, et d'une épaisseur de quaJ'ante

centimètres. Le mode de construction des murs des habitations

ne différait en rien de celui du mur d'enceinte, mais il im-
porte de f~ire observer que les pierres q.ui entraient délns ces •
constructions et que je désigne sous le nom de petil appareil,

n'avaient rien de la régularité du petit appareil romain classi-

que que décrivent les traités d'Archéologie. Ces petits moël-
Ions de forme allongée et à peine dégrossis, avaient r.lé pris
sur les lieux, et mis en œuvre, à peu près tels que les fournis­
sait la stratification nélturelle du sol, par les maçons gallo­ -
romains qui se fiaient surtout à l'excellence de leurs ciments,
pour donner la solidité à ces matériaux grossiers. Cependant
on remarquait dans les angles~ des pierres plus grandes et plus
soigneusement taillées que celles des autres parties des murs .
. J'ignore à qu'clle époque le champ de Parc-ar-Grôas a été

livré à la c.ulture pour la première fois, mais si j'en juge par
de dégradation dans lequel. se trouvaient les SUD!;truc­
l'état
tions enfouies dans son sol, on peut faire remonter à une date
ancienne, ses premiers défrichements. Lorsque j'y pratiquai des
de l'enceinte générale, avait été entière­
fouilles, le mur est,
ment détruit par le fermier depuis' plusieurs années. Il n'exis­
tait guère du mur nord, que l'empâtement sur lequel reposaient

les prel1lièr.es assises. Le mur ouest, enveloppé dans la clôture

en terre qui séparait le champ de Parc-ar-Groas du champ
voisin, avait, grâce à celle circonstance, échappé à la destruc­
de ses parties,
tion, et présentait encore, dans quelques-unes
une hauteur de un mètre cinquante centimètres. Quant au

CÔlé sud de l'enceinte qui occllpait la partie inférieure du
ch::lmp, il n'avait laissé d'autres traces, qu'un assez 'grand nom­
bre de moëllons épars ça et là. Les murs ' des habitations

avaient été presque aussi maltraités - que ceux de l'enceinte, et
si l'on avait ajourné les fouilles, aprè'i les travaux de cullùre
de l'année t 865 il eul été impossible de retrouver le plan

d'ensemble de l'établissement gallo-romain. La voie dont j'ai

parlé au début de cet article, aboutissait à )'enceinie par son
est; elle longeait ensuite le côté sud, pour descendre à
côté
Civitas Aquilonia.

Je n'ai pas perdu le souvenir du grand émoi que la nouvelle

de ceLLe découverte causa dans la ville de Quimper, ni de
l'affluence de curieux dOIl t le champ de Parc-ar-Groas 'feçut, à
celte occasion, la visite, Cùmme le bruit, s'était rép'andu qu'on
un château sur le Münt-Frugy, les premiers
avait découvert
arri\ièreut. le nez en l'air sur le terrain des
groupes de visiteurs
fouilles. Quand' il fut bien constaté qu'il n'y avait sur la mon­
tagne ni château, ni manoir, l'imagination populaire ne s'em­
pas de ce lrger n:écompte. En U11 iustallt le château
barrassa

de la première heure, fut changé en un ,merveilleux palais sou-

terrain qui communiquait avec la ville de Vannes, par une
voie non moins my~térieus~ . n y avait parmi ces visiteurs des
gens doués d'ulle rare opinïâtreté. Un d'eux, entre autres, vou-

lait absoltlment qu'on lui fît voir la pièce de canon qui avait été

trouvée dans les fouilles. J'eus ·beau lui dire qu'on n'avait pas
découvert de pièce de canon mais seulemeut une pièce de

monnaie, il me fut impossible de le convaincre, et. si cet obstiné
de ce monde, il doit nourrir la pensée que
curieux est encore
rai voulu abuser de sa crédulité.

Ces détails font sourire, mais i!s montrent avec quelle prodi-
gieuse facilité l'errel:ll' se superpose à la vérité, et l'enseigne­
que nous devotl's en tirer est que, nous né saurions user
ment
et d'impartialité, lorsque nous voulons
de trop de prudence

dég~ger le fait vrai qui existe au fond de toute légende, des
erreurs ·et des récits. fabuleux qui les rendent souvent mécon­
Cela dit, je reviens à ma description .
naissables.
Comme je l'ai rapporté plus haut, il restait dans le poste
Parc-ar-Groas, à l'époque où l'on y fit des
gallo-romain de

fouilles, les substructions de six bâtimenls dictincts, placés
à l'est, deux au centre, et deux à l'ouest. Le plan ci-joint
deux

fera voir la position relative et la forme de ces djver~es cons ..

tructions.
La première désignée, dans le plan, par la lettre E, paraît
avoir été 1 'habilatioti principale et, par conséquent? celle du

du poste. Elle affectait la forme d'un rectangle
gouverneur
long de vingt-neuf mètres et large de dix. Ses murs avaient
soixanle centimètres d'épaisseur. Sa façade qui regardait l'ouest,
était renforcée par des .contreforts larges. d'un mètre q~arante
centimètres et ayant à l'extérieur et à l'intérieur une saillie de
Ce bâTiment se composait de sit, pièc~s
trente centimètres.
dont les planchers étaient en béton. La pièce a est une longue
galerie qui servait probablement de vestibule et d'où l'on corn·
mu niqu:1it 8"ec les au t.res pièces de la maison. La cuisine était

en b " on y remarquait au point C? ulle cavité large de cinquante
centimètres, ayant sans doute servi de fourneau et dont les
parois étaient formées de pierres entièrement calcinées par la
feu. La pièce d devait ê.tre la salle à manger. Elle était décorée
d'enduits peints en rouge vif, sur l~squels des filf-ts verts et
des panneaux; de nombreux ' debris de ces
. jaunes d'essillaient
peil,tures existaient sur ce point. La gra" nde quantité de coquil-
les,d'os d'ois~aux et de petits mammifères, d'huîtres, quj ont été
trouvés dans l~ couloir qui séparait l'habitation E du bâtiment
F, ne peut laisser aucun doute sur la destination de ces deux
pièces. Je v~rrais volontiers des chambres à coucher dans les
petites pièces e et f. Quant à la grande pièce g, il ne paraît
pas aussi facile d'en indiquer la destination.

La longue construction rectangulaire F ,qui mesure seize mè- .
tres sur six, et qui est placée au nord de la précédente dont
elle n'est séparée que par un étroit couloir de cinquante centi­
mètres de largeur, n'était divisée par aucun mur de refend~
On n'y a pas tl'ouvé de poteries, mais. seulement des clous de
grande dimension, et des ferrures de purtes ou -de fenêtres.
De nombreux fragments de charbons attestaient que ce bâti­
ment avait été détruit par nncendie; et je suppose, d'après la

grande quantité de paille et de foin brûlés que j'y ai trouvé,
qu'il a pu servir d'écurie .
Les murs de la construrtion G, don.t le plan donnflit un carré
de dix mètres de côté, étaient fort dégradés. A l'époque des

fouilles ils ne présentaient plus qu'une_ seule assise de pierres;
son aire en béton était. assez bien conservée. Ce bâ-
cependant
timent qui occupait le centre de l'enceinte, et qui n'était com-
posé que d'une seule pièce, était probablement le poste où se
tenaient les soldats préposés à la· garde de cet établissement
militaire. .

, La construction H, placée fout près de l'angle sud-est de la
précédente, paraît en avoir été une annexe. C'était une tour
d'observation dont le plan se composait de deux carrés em­
boités l'un dans l'autre, et du haut de laquelle on pouvait sur-

veiller les mouvements qui s'opéraient sur la rivière de Quim-
per, que l'on découvre de ce point, dans une assez grande
partie de sa longueur. Il m'a semblé que le carré inscrit devait
former un terre-plein, et que les murs du carré extérieur, qui a

huit mètres cinquante centimètres de côté, servaient de sup-
ports à la rampe qui conduisait au sommet de cet observatoire .

Mais je ne puis expliquer l'usage du double mur qui for~ait

l'un des côtés du carré intérieur .
Les soldats de la petite gai'nison romaine devaient 'sans
doute faire le guet à tour de rôle sur la plate-forme de celte
tour. La surveillance des rivières et des poi .l ts abordnbles des

côtes, était, comme on sait, une précaution que les Romains
ne négligèrent jamais. Car les mêmes flots qui portaient les
navires amis, conduisaient aussi les barquPos de ces terribles
du nord gui ravagèrent penâant si longtemps le littoral
pirales

de la Gaule. Personne n'ignore ' que, pour repousser leurs inva-
sions, les empereurs se virent forcés d'organiser le long des
côtes, un vaste système de défense, connu sous le nom de
Tractus Nervien et Armoricain .

A trente· cinq mètres à l'ouest des deux bâtiments que je

viens de decrire, est l'habitation 1, dont l'ensemble se compo­
sait de quatre pièces. On peut voir dans les pièces a, b, c qui
fort simples, et dont le plancher était en bétûn, une
sont
champre à coucher, Ulle cuisine et une salle ù manger. Quant
à la quatrième pièce qui devait être un cabinet de bain, on y

remarquait: 1 un bassin d, dont lé fond était revêtu d'une

de' ciment rouge; 2 un massif de maçonnerie
épaisse couche

e, beaucoup plus élevé que le" sol du bassin, et , sur lequel le

baigneur devait quiller les vêtements avant de d.escendre dans

son bain; 3 eJlfin une rigole (, large de 10 centimètres, qui
faisait communiquer le bassin d'avec l'extérieur, en c0ntournant
le massif e, au lieu de déboucher en ligne droite au dehors~
Cette pièce était d'une date postérieure à celle des trois

autres chambres de la construction l, à laquelle elle était sim-
plement juxtaposée.1 Dans le recoin g) étaient amoncelés, à une
hauteur de près d'un mètre, des débris de poteries, des coquil­
lages et des détritus de toute sorte. ·Cicéron disait en parlant
des villes gauloises. Quid oppidis incultius? L'impartialité
m'oblige de reconnaître que ces tas d'ordures que l'on rnn-
contrait dans tous les recoins des habitations du poste de
Parc-a1'.Groas, ,et que l'on trouve presque toujours dans le
voisinage des maisons de la même , époque,. ne donnent pas
une haute idée de l'ordre et de la proprété de leurs habitants

gallo-romains. Je ne voudrais pas cependant dire trop de mal
ces monceaux de détritus, car ils sont souvent une nline

féconde pour l'archéologue, et c'est parmi ces résidus de tout
genre, que l'on trouve ordinairement le plus d'objets inLéres-
sants.
Celte habitation qui devait servir de logement à l'un des

principaux officiers du poste, était adossée au mur ouest de

l'enceinte,on a trouvé dans la pièce a, la plus voisine de ce
mur, et que je suppose avoir été une chambre à cüucher~ des

débris de figurines en terre cuite, parmi lesquels il était facile
de reconnaître des fragments de Vénus Anadyomène·.

Le bâtiment K, placé à sept mètres au sud du précédent, ët
li la distance d'un mètre seulement du mur d'enceinte, se com-
posait de deux ('harnbres a eL b, d'égales dimensions, (sept
mètres cinquante centimètres sur deux mètres cillquante), dont
les aires étaient en béloll. On remarquait au point c de la
pièce b, ùn espace d'un mètre carré pavé en tuiles à rebords
sur un fOlld d'argile, qui a dû servir de foyer, si on en juge par
' ]a graude quantité de cendres, que l'on y a trouvée, et par

qui étaient toutes noircies, par le feu. A un
l'étal des tuiles
mètre, à l'est lie celte construction, était un p~til bassin circu-
laire de soixante centimètres de diamètre, ayant un fond en .
les p:uois étaient revêtues de tuiles recourbées •
béton, et dont

Ce bassin !'ervait peut-être à recueillir les égouts du toit de la

maison dont elle était voisille. "
Au point L, dans le voisinage dU ,IDur sud de l'enceinte, on

a rencontré à environ cillqudIlle Ct'lltimètrf),s au-dessous du
sol, SI)r une élelldue de plusieurs mèlres carrés, un grand
de pierres les unes brutes, les autres taillées en p.avés
nombre
très-réguliers. Ces pierres provenaient, je pense, de la partie
de la voie qui pénétrait dans l'enceinte. Sous l'une des plus
grosses était placée une urne en terre fine, tendre et de cou-
leur rougeâtre, qui ne renfermait que des ossements brûlés.
Ce vase dont on ne soupçonnait pas la présence. a été extrait
.brisé du sol. Il a été possible cependant d'en rapprocher
tout
les morceaux de manière à rétablir sa lorme primitive qui est
des plus élégantes, et qui appartient, sans le moindre doute,
à l'art indigène. On remarque sur sa panse deux rangs de
la cuisson. Cette urne restaurée
grandes spirales tracées après
. aussi bien qu'on l'a pu, ,est déposée dans une des vitrines du

Musée. · .

Enfin on a découvert, tout près du même mur d'ene~inte,

une cavité Mt profonde d'un mètre et ayant un diamètre
de deux mètres, renlplie de cendre et de débris de pote-
lesquelles se trouvaient des
ries samiennes et autres, parmi

fibules, un manche de couteau en bronze, une grande serpe
en fer, et divers autres objets. . '
Les six constructiolls décrites plus haut, étaient, comme je
l'ai déjà dit, comprises dans la même enceinte. Un septième
bâtiment situé à cent quarante mètres au nord-est de celte

enceinte, formait Ulle importanle annexe au poste militaire de
Parc-ar- Groas. C'était un observatoire ayant, dans sa forme,
une grande analogie avec celui doht j'ai donné plus haut la
description, mais bâti avec plus de solidité, ce qui doit faire
supposer qu'il avait une hauteur plus considérable. Il se com­
posait aussi de deuX' tours carrées comprises l'-une dans l'autre;
et dont les murs bien appareillés, avaient une épaisseur de cJn­
quante centimètres, La tour extérieure avait sept mètres de côté,
et la tour intérieure trois mètres quarante centimètres. De

cet observatoire placé sur le ,point culminant du Mout-Frugy,
l'œil embrassait, dans toutes les directions, un horizon im-
mense, circonstance qui permettait de correspondre de ce

point avec d'autres o.bservatoires situés à de grandes distances.
Les signaux dont on se servait étaient des torches ou des feux

plus ou moins nombreux, allumés sur la plate-forme de la
On pouvait ainsi signaler l'approche de' l'ennemi aux
tour.
postes voisins, qui transmettaient le même signal a·ux po~tes
plus éloignés, de sorte qu'en un instant, les troupes rom.aines
de" postes importants étaient averties; et pouvaient se por:ter

- rapidement sur les points menacés. C'est aussi en allumant des

feux sur les clochers des églises du littoral, qu'à unA époque
très-rapprochée de nOliS, les guetteurs signalaient aux troupes
garde-côtes, les mouvements ùes floUes ennemies, et leur indi-
quaiellt le point vers lequel elles devaient se diriger pour
s'opposer à un débarquement. ' .
Les ruines de cet observatoire formaient, au moment où les

fouilles furent entreprises, Ulle éminence assez élevée entière­
ment recouverte de gazon el de genêts. Les obje.ts découverts'

, ~ans ces ruines, étaient peu: nombreux; je citerai seulement

un fragment d'ardoise, assez épais, sur lequel est gravée une
rose des vents, les débris d'une petite amphore et d'tille écuelle
en terre grossière, qui composaient, je crois, toute la vaisselle

des guetteurs, et enfin plusieurs disques ou briques rondes,

épais de trois centimètrès, et d'un diamètre de quinze centi­
mètres envirùn. dont il n'est pas facile d'indiquer la uestination.
Quelques unes de ces briques avaient la forme d'un demi dis-

que. Peut-être ont-elles servi à former le pavé du rez-de-
chaussée de la tour. .
Et maintenant arrivé au terme de cette longue et monotone
.description, je dirai avec le poëte : .

Nunc sejes ubi Troja fuit !
La charrue a passé sur les ruines du poste de Parc-ar·Groas;
les pierres de ses habitations en ont été retirées pour macada-

miser les routes ou pour réparer les clôtures des champs voi­
de riches moissons couvrent maintenant ce sol rendu
sins, et

plus fécond par les éléments qu'une" longue occupation par
l'homme, laisse toujours . après elle. Il ne rPoste . alljoui d'hui,
comme souvenir de cet établissement militaire, qui fut presque •
le berceàu de la· ville de Quimper, que les débris, de nature
diverse, mis au jour par les . fouilles, et que notre 1\1 usée ar-
ses vitrines. L'énumération de ces
chéologique conserve dans
objets terminera c~ compte-rèndu •
A. MONNAIES. Les monnaies au nombre de treize seulement,
dont une consulaire et q.ouze im'périales, sonl, à l'exception

de Domitien et de deux âtJoiers de Trajan
d'un moyen-bronze
et de Faustine, dans un état. de conservation des moins sati"s-
f:1Îsants. Elles comprennent uue période d'environ quatre

siècles. En voiçi la description:

Famille VETTlA •

1° Tête laurée de Jupiter à droite; derrière devait se troü­
ver une lettre alphabétique, qui n'est plus visible snr notre

exemplaire.

Rev. P. SABIN (PubUus Sabinus). Victoire couronnant un _
trophée; à l'exergue Q (Quaestor); dans le champ, une ]etlre
alphabétique qui est la même que celle de la tête. Argent:
qllinaire. Cohen p. 327. '_
CeHe monnaie qui n'est pas rare, et que tous les numisma­
tistes jusqu'à Borghesi, avaient attribuée à la famille Tituria,

a été restituée par ce savant à la famille Vettia, par la rai-

son très-plausihle, que le prénom de Publius, fréquent dans ]a
famille Veltia,ne s'est pas encore rencontré dans la famille '
THuria. Ci'l\'edoni fixe vers l'an 184 avant J.-C. la date de
cette monnaie, et Borghèse l'attribue au père de Publius Vetilus
qui fut questeur de Verrès en Sicile, de l'an 73 à l'an 71
avant J.·C.
L'état dans lequel se trouvait cette monnaie, prouve qu'elle
avait circulé pendant longtemps. Cependant malgré son état
d'usure, on distingue facilement la tête de Jupiter d'un côté,
et -l'inscription , aussi bien' que la Victoire et le trophé gravés sur
le revers. Comme clle 'était déjà en circulation depuis près de
cinquante ans avant la conquête des Gaule~ par Jules César, on -

peut présumer que le poste de Parc-ar-G'roas fut établi par les
premières légions . romaines qui pénétrèrent à la suiJe de , ce
conquérant, dans la péninsule al'moricainc, c'est·à-dire vers
56 avant Jésus-Christ. '
l'an
DOMITIEN, né l'an 51 de J.-C.; empereur en 8t, mort en 96.
201MP. CAES. DIVI VESP. F DOMITIAN. AVG. P.M. Sa tête
à droite.
laurée
Rev. TR. P. COS. VIII. DES. VIlII. P.P. S.C. Pallas casquée
à droite, lançant un javelot et tenant un bouclier. Moyen
debout
bronze; Cohen &34 .

Celt~ monnaie d'une belle conservation et revêtue d'une pa-
tine verte, a été frappée en l'an 82 après J .-C.

IMP.DOMIT. AVG. GERM ....... Sa tête laurée a droite.
Le revers de ce moyen bronze est à peu près fruste: on y

aperçoit cependant un personnage debout, mais toutes les leUres
de la légende ont disparu. .
4°, 50, 6o, Je crois reconnaître la tête du même empereur sur
trois autres monnaies du même module, encore plus frustes
que la précédente.
TRAJAN, né le 18 septembre 53 de J.-C. ; empereur en 98 ;
mort en 117.
']0, AVT. KAIC. NEP. TRAIANOC.CEB. fEPM. Sa tête laurée

à droite .

Rev, AHMEZ YTTAT. DèuI boucliers suspendus à une traverse
sur laquelle est perché un oiseau. ARGENT. Denier fnppé dans
une ville grecque. .
FAUST1NE 1, mère; femme d'Antonin le Pieux, morte en 141
de J.-C., à l'âge de 36 ans.
8°. On reconnaît sur un grand bronze la tête de cette impé~
ratrice, mais le revers et la légen1ie sont complf!temenl frustes.
FAUSTINE II, fille d'Antonin Le Pieux, et de Faustine J, femme
de arc-Aurèle, morLe en 175 de J.~C.
9° F A VSTI~A A VG VSTA. Sa tête à droite.
Rev. FECVNDITAS. La FécondIté debout à droite tenant un
sceptre et un ellfant. Argent, Cohen, 35. •
Ce denier. d'une bonne conservation, a été trouvé dans les
fouillflS de Parc-ar-G1'oas, et donné au Musée par M. Canvel,
membre de la Société archéologique.
10° MARC-AURÈLE, né le 26 avril 121 ; empereur en 161 ;

mor! en HW .

, CM) ANTONINVS AVG (rR. P. XXVI). Sa tète laurée à

droite, tellaJlt une haste, et s'appuyant sur un bJuclier. Graud
brollze. Cohen, 530. \

Je rétablis ,d'après Cohen une partie des légendes de . celté
. monnaie qui .a été frappée en 172 de J.-C •

TETRICUS~ usurpateur en Gaule, 267-273.
tl 0 IMP ....... Sa tête radiée à droite.
Revers fruste, petit bronze.
12. Petit bronze barbare presque fruste', frappé en Gaule
vers la même époque.
LICINIUS, père~ né vers 263; proclamé Auguste en 3-01 par
Dioclétien et Maximien Hercule; étranglé en 323 par l'ordre
de Constantin. \
13° IMP. LICINIVS B.F. AVG. Son buste laul'é à droite avec

le paludament et la cuirr.sse.

Rev. GENIO POP. ROM. Génie tourelé à demi nu, debout à
gauche, tenant une patère et une corne d'abondance, et la tête
couverte du modius. Petit bronze. Cohen 69.
J'ai dit plus haut que l'on pouvait Jaire remonler jusqu~à la
conqu~te della Gaule par Jules César, "le poste de Parc-ar­
Groas. Tout porte à croire qu'il se maintiut jusqu'au commen ....
cement du Va siècle, époque où il fut détruit td'une" manière

violente, comme la plupart des autres éLablissemenll) gaUo-
romains de notre pays. . "

R. BRONZE.
'14. Un manche de couteau long de 0,07'5 m. large de
o m. 02 et épai.s de 0,015 m., dans lequel ·une partie de la
lame en fer est restée engagée. On remarque sur chacune de
ses faces,une cavité de forme rectangulaire dans laqu- elle étaient
sans doute)ncruslés des ornements en O~, - en bois ou en pierre. -
Un instrument semblable a élé trouvé dans la rivière de
un peu at!-dessous de la ville, à l'époque des tra-
Quimperlé,
vaux du chemin -dé fer.

15 .. Un petit crochet formé d'une lame de bronze large de
5 millimètres eL long de 0,075, ayant son extrémité supérieure
qui est bifurquée
terminée parunanneau. L'extrémité inférieure

se termine par deux branches pointues dont l'une est sensible-

ment droite et l'autre recourbée ; de sorte que ce pe~it instru-
_ ment a tout-à-fait la forme d'une gatTe.
16. Uue fibule en bronze argenté. ayant la forme d'une lyre.
17. Une autre fibule aussi en bronze argenté, représentant
un cheval et son cavltlier.

18. Une troisième fibule représentant un cheval ailé.
19. Une épingle de fibule.
A l'exception d'une fibule, tout les objets qui précèdent ont
été trouvés dans le trou de cendres 'M.

20. Un ornef!lent ayant la forme d'un balustre, long de trois
centimètres et demi, provenant peut-être J'un casque ou d'un
bouclier.
21. Une bague en bronze d't:m diamètre de 23 millimètres,
dont le chaton ovale, est orné d'une croix à hranches inégales, .
a~compagnée à ses quatre angles de palmes gravées au trait,

comme la croix.

Cette bague, dont l'antiquité est suffisamment attestée par la
patine verte et vitreuse qui la recouvre, a été trouvée dans
l'intérieur de l'enceinte et près de son mur nord. Elle est une
preuve certaine que le poste de Parc-ar-Groœs comptait des
ehrétitlns parmi ses habitants. .

22. Un fragment de disque orné de filets et formé d'une pla­
que mince qui devait avoir un diamètre de 8 à 9· centimètres.

23. Une grande serpe à double tranchant dont l'un est re­
courbé à angle droit. Sa forme est exactement .celle de l'instru­
ment dont les couvreurs se servent pour tailler les ardoises. Sa

hauteur est de 21 centimètres, .et sa largeur de 20 centimètres
d'une extrémité de ses branches. à l'autre. L'oxidation a produit
sur cet instrument de nOmbréU'3es boursouffl~res qui en ont
la forme. . .
altéré

C. FER •

24. Un fer de flèche lancéolé muni d'une douille et long de
1 t 5 millimètres; son tranch.ant a 17 millimètres dans sa plus
grande largeur.

. 25. Plusieurs pointes de javelots qui se
sont pOUl' la plupart..

délitées sous l'action de l'humidité.

26. Un marteau long de 55 millimètres et dont le manche
devait être en fer, si on en juge par la petitesse du trou dans
il s'emmanchait. . "
lequel

27. Un gond de porte ou de fenêtra.

28. Beauéoup de clous dont quelques-uns de grande dimen-
SIOn.

D. PLOMB.

On a découvert trois ou quatre fragments
do ce métal dont

.l'un provient peut-être d'un tuyau.

E. Os.

30. Un fragment d'os long, travaillé et poli provenant proba-
blement d'une flûte.

31 Deux défenses de sanglier.

. F. VERRE.

32. On a découvert un grand no:nhre de débris de vases en
vene parmi les résidus amoncelés dans les coins des habita­
tions et dans le trou ' de cendres M. Ces débris dont plusieurs

étaient complétement déformés par le feu, provenaient de vases
de formes et de destination fort diverses. Dans le nombre sont
des anses larges et striées, ayant appartenü à des urnes car­
de couleur verte. D'autres . bleus ou jaunâtres étaient
rées, et
évidemment des débris de coupes . de fvrmes ' élégantes et 01'-

nées d'épaisses cannelures. Il y avait aussi des fragments de va­
ses dépolis, des goulots et des fonds de fioles en verre mince.
G. MARBRES.
33. Peu de marbres ont été recueillis; on en' a cependant
découverlassez de spécimens, pour être certain que cette ma­
tière étrangère au pays. ne manquait pas à la décoration des

maisons du poste de Parc-ar-Groas.

H. GRANITE.

34. La pierre inférieure d'un moulin à ,bras a été relevée
près et en dedans du mur nord de l'enceinte. Elle est percée
o k 'son col, d'un trou circulaire de chaque côté duquel on aper-
çoit en dessous, denx entailles à queue d'aronde, qui servaient à
maintenir le pivot autour duquel on faisait tourner la pierre

. supeneure. 0
35. Un fragment de la pierre supérieure
d'ùn moulin à bras,

a aussi été trouvé dans l'habitation 1.

1. TERRE CUITE.
36. Quelques débris de figurines en terre blanche, parmi

des fragments de Vénus Anadyomène, ont été trouvés,
lesquels
o comme je l'ai di t plus haut, dans une chambre de l'habitation I.

37. Une fusaïole bombée sur ses deux faces, 0 et d'un diamè •
tre de 4 centimètre~, absolument semblable aux fus"ïùles de
l'oppidum du Castel-Coz, qui sont au Musée, et ~ celles que
l'on trouve dans les dolmens. 0
38. Sept autres fusaïoles, applaties sur leurs deux faces, dont
quelques-unes ont été faites àvec des ddbris de vases. On peut

suivre les progrès de cette opération, sur les exemplairès re­
,cueillis, En effet, les uns sont seulement à moitié arrondis. Le
trou est fait dans la plupart, mais dans quelques-uns, il était
seulement commencé.

39. Une bille en terre cuite, rouge, de la grosseur de celles
qui servent aux enfants dan,s leurs jeux.
40. Plusieurs fonds de vases épais et arrondis, évidemment
avec ,intention, et dont a_ on dû se servir pour jouer aux
taillés
palets.
Un très-grand nombre de débris de vases en terre samienne;
ornés de dessins en relief et en terte ordinaire. Comme tous'

ces débris sont aujourd'hui au sée d'Archéologie où les

membres de la Société peuvent les voir, je crois inutile d'en
faire la description. '

J'ai relevé sur quelques-uns de ces fragments de poteries,
les noms de potiers, suivants:

IV CVN (IV CVND 1 ) ,
SVCCIIS (SVCCESSI),
.•.•..• IINI (REGENI ?),

.•...... XII.

Puisque je mentiù[Jue les marques des potiers, trouvées à
Parc-ar-Groas, j'ajouterai que j'ai vu, il y a quelques années,
dans les mains de notre confrère M. Fougeray, un fragment

de plat, en terre samienne, trouvé près de sa manufacture à
Locmaria, et au milieu duquel on lisait très-distinctement, le­
mot CATONIS, il est regrettable que ce fragment de plat ail
été, depuis, égaré.

Le Musée possède aussi une moitié de grande amphore en

terre blanchâtre, trou~'ée dans la propriété de Rome, à Loc-
. maria, et sur la panse de laquelle le mot VIIRTROS (Vertros)
est gravé à la pointe.
Ici s'arrête ce que j'avais à dire du poste gallo-romain de
Parc-ar-Groas. J'ai fa~t plusieurs tentatives pour explorer ce­
Lui de Bourlibou, situé, comme je l'~lÎ dit, au-dessus du fau­
bourg de ce nom, sur l,a rive droite de l'Odet; mais le proprié-

. taire du tel'r~in s'est toujours opposé à ce que l'on y fit des
en règle. J'ai pu cependant m'assurer que sa disposition
fouilles
était la même que celle de Parc-ar-G1'oas i' mais les ruines des
habitations qu'il renfermait, étaient bien mieux conservées.

J'ai vu démolir dans des travaux de culture, des murs de plus
de deux mètres de hauteur. On.y a trouvé plusieurs grands
bronzes de J'époque des Antonins, et j'y ai recueilli d'assez
de poterie samienne -ornementée, qui sont
nombreux débris
au Musée.
J'ai pu obtenir. aussi, pour le même rtablissement, une

moitié de la plflte-forme en granite d'un pressoir à vin ou' à

cidre. Dans son pourtour est une large gouttip-re par ou s'é-
coulait le liquide, et l'on voit., au milieu d'un de ses côtés,
la moitié du trou destiné à recevoir la vis de pression. Mais la
destination primitive de cette pierre aV(lit été changée lors de
la constfJJction d'une des habitations du poste de Bou1'libou •
On s'en était, en effet, servi pour faire le linteau de l'entrée

d'un hypocauste. Il ne ~al]fait y avoir de doute sur l'origine
de -ce monument, car je l'ai vu en place et je
gallo- romaine
l'ai vu extraire du sol. Sa gouttière était remplie dA ciment, et
ses extrémités reposaient sur deux dés de granite entre lesquels
était l'ouverture , par où l'on 'communiquait avec [e sous-sol de
l'habitation. Cette moitié de pressoir est placée avec ses sup.
port.s dans la cour du Musée.
Les nombreuses constructions modernes qui se sont élevées
du poste des Likès, en ont tellem~nt modi-
sur l'emplacement

fié le sol qu'il ' m'a été impossible d'en retrouver le plan Pl'i-
mitif. Mais ,il résulte des renseignements qui m'ônt été fournis
par les ouvriers qui ont travaillé à ces constructions, que la
forteresse était, comme le sont les camps romains, si nom-
breux dans le Finistère, défendUe par un fort parapet formé
de terre et Je pierres et accompagné d'une douve profonde.
aux habitations, elles devaient . être nombreuses, si on
Quant
en juge ,par la grande quanlilé de tuiles qu'on y a rëncontrée;

M. Mahé, fils, entrepreneur, m'a remis, il 'y a deux ans, un
petit bronze de Victorin (265,,267) (tU 'il y avait trouvé, .
A la suite de cette communication, M. Le Men place
sous les yeux de l'Assemblée un plan d'ensemble et
un plan de détail du poste de Parc-ar-Groas. Ces plans
seront,autographiés pour le Bulletin de la Société. -
M. le docteur ,Halléguen, faisant allusion à une idée
exprimée par l'auteur du précédent Mémoire, ne pense

pas que la découverte, dans le poste de Parc-ar-Groas,
d'une seule pièce de monnaie qui était en circulation
50 ans avant Jésus-Christ, puisse autoriser à faire
remonter cet établissement jusqu'à cette époque.

M. Le Men reconnaît que cette circonstance n'impli-

que qu"une simple possibilité, qui pourrait cependant

prendre un caractère de probabilité dans les événe-
ments qui s'accomplissaient à cette date, dans notre

pays.

Le Secrêtaire ' donne ensuite lecture de trois lettres

adressées à la Société, par MM. 'Le Cam, instituteur à
Plouzévédé, Messager, instituteur à Sainte-Sève, et

Normanf, chargé des mêmes fonctions à Plouigneau,
sur les monuments et les traditions de leurs communes.

respecti ves.

Voîci le texte de ces lettres:

2 COMMUNE DE PLOUZÉVÉDÉ.
C. Au centre du vil!age de Lesvénan, existe un montienle
avec douve à l'entour. Cette élévation, faite sûrement de mains
d'hommes, semble avoir été un fort, une défense queJcongue ;
on l'appelle Tossen ar vouden', .