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SÉANCE DU 18 MARS 1876.
Présidence de M. l'abbé DU MARC'HALLAC'H,
VICE-PRESIDENT ~
Etaient présents : MM. F. Audran; Ayrault; Briot
de la Mallerie ; Dubois-Saint-Sevrin ; Faty '; Flagelle;
Fougeray; Le Goarant de Tromelin ; l'abbé Guillard ;
le docteur Halléguen; Malen; Le Men ; Moreau ;
Roumain -de la Touche; de Quélen et Surrault.
Au début de la séance, M. Le Men, l'un des secré-
taires de la Société, déclare que le procès-verbal de la
dernière séance, qui a eu lieu le 2 novembre dernier,
n'étant pas encore imprimé, il a du convoquer par let-
- tres les membres de la Société. Il ajoute que n'ayant
plI, pour cause de santé, assister à cette séance, le re-
tard apporté à la publicat ion du procès-verbal en ques-
saurait lui être attribué. '
tion, ne
M. Audran, vice-président, ayant demandé la pa-
roIe, s'exprime ainsi:
Permettez-moi, Messieurs, à l'ouverture de là séance d'a-
dresser un dernie'r hommage à l'homme éminent, à l'écrivain
mais surtout à l'homme de bien que nous avons choisi,
illustre,
il Y a à peine une ann ée pour présider notre Société et qui
vient de nous être ravi. , .
Permettez-moi, Messieurs, non de faire ici l'éloge de notre
regretté Président. d'autres plus autorisés que moi se charge-
. ronl de ce soin, mais de vous rappeler briè'vement les princi
de sa vie, si bien remplie. afin d'en garder le
pales époques
souvenir dans . nos annales.
M. Louis-Marie DE CARNE-MARCEIN est né à Quimper le
17 février 1804 (1). Il débuta dans la di plomatie, et. en 1829 il
était attaché au ministère des affaires étrangères. De cette épo-
-que datent ses débuts comme écrivain, il fonde alors avec M. de
. Cazalès et plusieurs autres eatholiques fervents, Le Correspon
qui prend pour mission de défendre la religion et de de-
dant,
mander pour l'Eglise les libertés religieuses qui devaient de
nos jours nous apporter les facultés libres et eatholiques. r
Indépendamment de nombreux articles dans Le Correspon
dant, La Revue des Deux-Mondes et d90S l'Ami de la Religion,
et qui traitent de questions politiques, M. de Carné a,publié en
. 1833: Vues sur l' histoire' contemporaine; en 1838, Des intérêts
en Rurope depuis la Révolution de .1830; en 1841,
nouveaux
Du gouvernement représentatif en France et en Angleterre; en
1858, Etudes sur le gouvernement représentatif en France, de"
1789 à 1848; 1869, L'Europe et le Second Empil'e .
M. le comte de Carné s'~~t encore fait cOJlnaÎtl'e comme-ro-
mancier Jans Guiscriff, ou un drame sous la Terreur; eomme
conte!.!r, dans Les souvenirs de ma jeunesse au temps de la
Restauration, et enfin comme historien, par ses Études sur les .
fondateurs de l'unité française et son Histoire des E.tats de
Bretagne.
En 1839 M. de Carné fut élu député par l'arrondissement de
Quimper, qu'il représenta à la Chambre jusqu'à la Révollftion
de février; il était à cette époque directeur du eommeme au
ministère des affaires étrangères.
En 1863 il fut- nommé membre de ·l'Académie frauçaise, en
remplacement de M. Biot.
Retiré de la vie politique depui3 t 848, il se présenta comme _
candidat à la députation, une première fois en juin 1869, et
une seconde en juillet 1871, mais he fut pas élu, Membre du
(t) J'emprunte la majeure partie des renseignements qui vont suivre
à l'excellente notice que M. Eugène de la Gournerie a publiée dans la
Revue de Bretagne et de Vendée (Année 1816, mois de février) .
Conseil général depuis plu~ de quarante ans, il en était le Pré-
sident 'depuis plusieurs années, et une plus haute fànction (qui
devait êtrA le couronnement de sa carrière) lui semblait réser-
vée ; mais cl'ucllement frappé dans sa famille, M, de Carné a
à la trislesse et au chagt'Ïn
succombé
Après cette ,lecture qui est écoutée avec la plus
grande sympathie, l'assemblée décide qU,e la nomina
tion d'un nouveau président de la Société. aura lieu
dans la prochaine séance. "
Sont ~nsuite présentés pour faire partie de la Société
archéologique:
M. Trévedy, président du tribunal civil de Quimper,
par MM. Roumain de la Touche et AyrauIt;
, M. du Perray, par MM. de MontifauIt et Le Men;
MM. Henry de Tonquedec et Antoine Créac'hcadic, .
par MM. l'abbé du Marc'hallac'h et Le, Men. '
Ces messieurs sont admis à l'unanimité.
M. , Ayrtault a la parole pour donner communication
de son rapport sur l'E'xposition Céram'ique ; ce rapport
est ainsj conçu :
Messieurs, - ' ,
Dans votre séance du t9 juin 1875~ après la lecture faite par
M. Le Men de son intéressant travail sur la manufacture dn
- faïence de Loc-Maria, répondant à un vœu qu'il vous eKprimait,
vol\s avez décidé qu'une Exposition de céramique aurait lieu à
Quimper, pendant la durée du Concours régional de 1876. Vous
avez nommé à cet effet uue commission, composée de M. Le
M 'en, de Montifault et Ayrault, chargée de prendre les mesures
nécessaires pour parvenir à la réalisation de ce projet, et vous
avez en outre a.utorisé cette cQmmission à s'adjoindre un cer-
de membres pris en dehors dé la Société; ,
. tain nombre
.' Vos délégués, Messieurs, se sont réunis Je 28 février 1H76, et
ont fait immédiatement appel au concours bienveillant de.
M . Fougeray, Porquier, Guihéneuc et de Kerlivio, en les in-
à prendre part à la prochaine séance de la commission,
vitant
fut alors fixée au 3 mars suivant.
qui
M. Porquier s'excusa de ne pas pouvoir faire partie de
Seul,
la commission, à raison d'un voyage qu'il devait faire, préci-
sément fi l'époque du concours régional.
Le 3 mars, tous les membres de la Commission étant pré
~ents, il fut procédé il la formation du bureau. M. Le Men et
Ayrault furent nommés: le premier président et le second Sé-
crétaire. 0 •
La Commission s'occupa alors du choix du local destiné à
l'Exp'osition, et il fut arrêté' qu'elle se tiendrait dans les salles
du Musée archéologique, où l'arrangement se ferait à' peu de
où de nomhreuses vitrines fermant à clef permettaient
frais, et
de placer les objets précieux et donnaient aux exposants tou-
tes les garanties de conservation qu'ils pouvaient désirer.
La commission fut d'avis que le Hombre de se" membres
était trop restreint et qu'il était néce~saire de'faire encore appel
à quelques personnes de bonne volonté, dans toute l'étendue de
la circonscription régionale.
Avant de se .séparer, les membres de la Commission se s~mt
rendus auprès de M. le Maire de Quimper pour lui demander
son concours. · "
M. le Mair.e, qui a faiL à cette démarche l'accueil le plus
bienveillant, a mis à notre disposition une ,somme de mille
fl'anès, pour faire face aux dépenses de l'Exposition •
Dans sa dernière séance, ten ue le 15 ' de ce mois, et où
étaient présents MM. Le Men, Fougeray, Guihéueuc, Chardon,
de Montifalllt, Rou:5sin et Ayrallll:, la Commission a arrêté
la liste de ses membres, a nommé
d'une mallière définitive
M. J\stor, maire de Quimper, président honoraire et s'est occu-
vais avoir l'hon-
dont je
pée de la rédaction d'un programme
ne ur de vous donner lecture.
Concours régional de 1876.
EXPOSITION DE
CERAMIQUE.
MONSIEUR,
Une Exposition de Céramique aura lieu à Quimper au mois de mai
prochain, dalis les salles du Musée dt>partemental il'Archéologie, à l'oc
casion 'du C·)L1COUrS régional de 1876. Une commission s'est con~tituée
de M. ASTOR, maire de
à cet effet, sous la présidence honoraire
Quimper. ' •
Elle est composée de:
M ~I1 . AYRAULT,substitut du Procureur de la République, membre de
la Société archéologique. .
CHARDON, propriétaue au château de Kerscamp, près Hen-
nebont.
te comte DE CH:\.UVEAU ,au château de Keryolet, près Con
carneau, membre de la Société archéologique.
CHAUVIN, négociant à Saint-Pol-de-Léon.
DAVY DE CUSSÉ, conservateur du Musée de la Société polyma
tique dU,Morbihan, à Vannes.
FOUGERAY, directeur d'une manufacture de faïences à Locmaria-
Quimper. membre de la ,Soeiété archéologique.
GARNIER, conservateur-adjoint à la manufacture nationale de
Sèvres ,
GAULTIER DU MOTTAY, président de la Société archéologique
des Cotes-du-Nord •
GUIHENEUC, maire de Port-Louis (Morbihan).
DE IŒRLlVIO, négociant à Châteaulin.
René KERVILER, ingénieur des pont.s et chaussées,
à Saint-
Nazaire, membre de la Société archéologique du Finistère.
DE LANLAY, garde général des forêts, à Landerneau, membre de
la Société archéologique.,
LEROY DE 'LA BRIERE, trésorier-payeur général, à Brest.
R . .:.F. LE MEN, archiviste du Finistère, directeur du Musée dé
partemental, secrétaire de la Société archéol ~ gique.
MM. DE secrétaire de la Société archéologique.
RICHARD, juge de paix, à Quimperlé, membre de la Société
archéologique. •
avocat à la Cour d'Appel de Rennes, président de
S. ROPARTZ,
Sodété archéologique d 'Ille-et-Vilaine, président de l'Ex po- ,
sition artistique et archéologique faite à Rennes en 1872, mem
bre de la Société d'archéologie du Finistère. e
ROUSSIN, p"opriétairc, au château de Kel'aval, près Quimper,
membl'e de la Société a)'(~héologique.
La commission, dans sa séance du 3 mars, a nommé pour son pré.
M. LE MEN, et pour son secrétaire M. AYRAULT.
sident
• Cette Exposition dont l'initiative appartient à la Société archéolo-
gique du Finistère, a pour but priucipal Je mettre en lumière et de
réunir. 'dans un même local, les produits de l'art de la terre, dûs à
l'industrie des habitauts de la péninsule hretonne, depuis les temps les
plus reculés, jusqu'à la fin du derniel' siècle. '
A côté des po primitives découvertes dans les dolmens du
Finistère, figureront les vases de l'époque gallo~
Morbihan et du
romaine, souvent remarquables par l'alliance de l'art étranger et de
l'art indigène qui se révèle dr.lns leurs formes et dans leur ornemen-
tation. Puis viendront les spécimens des poteries du moyen-âge, oû
l'on retrouvera les traditions décQratives d'une époque des plus re-
culées.
Mais le grand intérêt de l'Exposition, celui qui satisfera la légitime
, du plus grand nombre, sera la réunion des faïences et des '
curiosité
porcelaines des manuJactures bretonnes, Quimper, Rennes, Nantes,
Lorient. Quimperlé nons montreront simultanément leurs produits
l'étude comparée permettra de saisir' les différences caractéris-
dont
tiques, et nous fournira en même tem ps les moyens de ne plus 1 es
confondre avec les faïencee d'une autre origine .
Une sorte de Renaissance s'opère depuis plusieurs années, dans
q'uelques-uns de ces 'anciens centres céramiques. Des spécimens de ces
Üès-intéressante collection
nouveaux produits, auxquels sera jointe une
d'andens poncis de Quimp~l', trouveron~ naturellement le ur place à
qudqt\e dis tance des anciens.
Quoique. dans l'œuvre utile qu'elle ,se propose de réaliser, la cO,m-
,mission ait surtout pour objectif les faïences et les porcelaines bre·
tonnes, elle' n'entend p.as exclure de l'Expoiitioll les produits cérami-
ques d'une autre provenance. Elle sera au contraire tl'ès-heureuse d'y
voir figurer celles qui, c0!Ilme genœ et comme décoration, offrent avec
de ressemblance. Il serait en effet très-curieux et très
elles des points
pour les collectionneurs céramistes, de voir les uns à côté des
instructif
autres:
Les décors bleus de Rouen et de Quimper;
Les cornes ùe Rouen et de Quimper;
Les fleurettes de Sinceny et de Quimper;
- Les :léC01'S à terrasses et à personnages de
Gùillebaut -et ceux de
Caussy, etc. •
Elle acceptera aussi avec reconnaissance, toute belle pièce de grès,
de faïence ou de porcelaine ancienne, française ou étrangère, qu'on
voudra bien lui confier.
Une vit.rine spéciale sera aussi réservée aux émaux et aux carreaux
du XIIIe au XVIe siècle, dont la place est toute marquée à côté des
productio.ns de l'art de la terre émaillée.
La Commission a besoin dn concours actif et - dévoué de tous ceux
J.j:xposition peut intéresser, et eHe les prie de joindre leurs
que cette
efforts aux siens, non-seulement en faisant des envois personnels, mais
encore en donnant connaissance de l'Exposition à tontes les personnes
qui possèdent des objets susceptibles d'y figurer. - Elle compte tout
particulièrement sur l'appui des habitants de la cÎl'conscription du
Concours régional, qui ont ùes roll,ections; et elle les invite d'une ma
à prendre part à cette manifestation artistique.
nière pressante,
Les pel'sonnes qui voudront bien nous confiel' quelqnes-uns de ces
objets, sont priées de les faire parvenir avant le 20 av ril, en les adres-
sant à M. le Président de la Commission, au Musée archéologique à
Quimper .
Il sera.bon que les
envois soient nrq:lOl1cés à l'avance, et que l'ou
indique par quelle voie et eomment Les objets devront être renvoyés.
On recommande d'employer, autant que possible, ùes vis au lieu de
poùr la fermeture des caisses.
pointes, .
Les plus graodt:s précautions seront prises pOlir le transport, le dé
ballage, -le déplallement des pièces déposées, et on apportera une at·
tention toute spéciale aux recommandations qui pourront être faites
par les exposants, au Président ou à quelqu'un des membres de III
Commission.
On prie les exposants de mettre leur nom sur les pièees qu'ils vou
dront bien envoyer. En tout cas, les pièces seront revêtues d'une éti-
quette portant un numéro et le nom de l'expéditeur, à mesure qu'on
les retirera des caisses. '
Le local du Musée archéologique se compose de deux vastes salles
à clef, où les pièces déli-
contenant quatorze grandes vitrines fermant
eates seront placées. '
On recevra avec reconnaissance les renseignements sur la prove-
nanee et l'attribution des objets. . .
Le transport, le déballage, le placement et le réamballage seront .
affectés à l'Exposition.
payés sur les erédits
Quimper, le 15 mars 1876.
, Le Président de la Commission de l"Exposition,
Le Secrétaire . R.-F. LE. MEN.
L. AYRAULT.
La plus grande publicité devra être donnée à ce programme,
, qui sera inséré dans les journaux de la circonscription régio-
nale? et qui sera adrèssé à tous les collectionneurs dont les
noms seront connus des membres de la commission.
En terminant ce compte-rendu de nos premiers travaux? je
suis heureux de vous dire, Messieurs? qlte partout la nouvelle
de cette exposition a été accueille avec la plus vive sympathie;
de tous côtés aux demandes
de nombreuses adhésions arrivent
déjà faites par notre président? et tout nous fait espérer que
l'exposition sera brillante et que 'nous Rtleindrons le but si
utile et si intéressant que nous nous sommes proposé.
A la suite de cette lecture, plusieurs memb-res ex
priment le vœu que la'plus grande publicité soit donné
à cette Exposition.M. Le Men, président de la com
mission, déclare -qu'il fera tirer à '600 exemplaires le
programme dont il vient d'être donné lecture, et que
toute la presse de la circonscription du Concours sera
invitée à le reproduire.
M. Surrault offre -de faire iI!lprimer ce programme
dans le Bulletin de l'Instruction primaire. Cette offre
est acceptée avec reconnaissance.
M. le président donne ensuite la parole à M. Le
Men, pour la lecture de son travail intitulé:
FOUILLES D'UN POSTE GALLO-ROMAIN
SUR LE MONT-FRUGY, A QUIMPER .
Une des voies romaines qui ont le plus particulièrement at
des archéologues, depuis que les monuments
tiré l'attention
pays sont devenus l'objet ù'une étude sé-
antiques de notre
rieuse, est celle qui, varlant de Dariorigum (Vannes), venait
aboutir à C'Ïvitas Aquilon'ia (Locmaria-Quimper) après avoir
trav~rsé, flans le Finistère, les communes de Rédéué, Quim
perlé, ~.ellac, Le 'Irévoux, Bannalec, Melgven, Saint- Yvi et
Ergué-Armr.l. A une petite distanëe au n'ord de l'église de cette
se confondait avec deux autres voies
dernière commune, elle
venaut~ l'une de Vorgium (Carhaix) et l'autre de Concarneau;
avoir longé dons une direction nord-sud~ la crête
puis après
du Mont-Frùgy, elle descendait, par une pente dou l' e, au fau-
bourg. de Locmaria, où elle pass·ait l'Ode~ à gué,. près du lieu
où s'élevait jadis la chapelle de Saint-Colomban .
Les ruines 'romaines abondent, comme rOll sait, à Locmaria
ses environs, sur-les deux rives de l'Odet. Il est difficile
et dans
les s~ntiers qui y-conduisent sans heurter du pied
de parcourir
quelque antique débris, et la bêche ou la charrue amènent cha-
à la surface du sol, dans les champs voisins, des frag
que jour
de peintures murales, de revêtements en marbre et de
menls •
fines poteries, derniers témoins d'une splendenr dont la tradi·
tion ne s'est pas conservée dans les habitations de divers âges,
qui composent aujourd'hui ce fauhQurg. L'Église, dont l'heu
reuserestauration a été pour notre regretté président, M. Ay
mar de Blois, l'objet ùe tant de démarches et de tant de soucis,
fut sans doute érigée sur J'ell1placement du temple païen de la
cité. Je ne voudrais même pas affirmer. qu'une partie des ma-