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fait le rapport d'excursions· archéologiques faites der
nièrement par lui et M. de Trogoff, dans les communes
et de La Forêt. 0
de Fouesnant
EXCURSIONS ARCHÉOLOGIQUES
DANS LES COMMUNES DE FOUESNANT ET LA FORêT •
Il Y a deux mois environ, M. de ° Trogoff de Coatalio, notre o
qui s'occupe avec zèle de rechercher les monuments
collègue,
les objets qui peuvent intéresse!' la Société et enrichir le
le Musée, m'annonça qu'il avait reconnu dans un taillis flppar-
tenant à M. de Poulpiquet en Fouesnant, lrois tombelles ou
tumulus, et qu'il existflit près de la propriété plusieurs en-
ceintes qui semblaient être des emplacements de camps Gau-
lois, de camp~ Romains, et des substructions d'habitations an-
cwnnes. - . .
M. de Trogoff invita M. Le Men et moi à aller visiter les
lieux, nous offrant l'hospitalité, se faisant fort d'obtenir de
M. de P01l1piquet, son cousin, l'autorisation de fouille!' les tu-
et se chargeant, quoiqu'on fut occupé à battre, de trou·
mulus,
ver les ouvriers nécessaires. 0
M. Le Men n'ayant pu venir, je partis (wec M. de Trngoff,
nous nous rendîmes d'abord à la pointe de BecmeU, où . Le •
Men supposait qu'il y avait des substructiolls Romaines ou Gau-
loises. Nous y rencontrâmes M. Louis Hémon, notre collègue et
M. Le Moine, ingénieur~ Nous parcourûmes en tous sens ·les
landes situées entre les deux menhirs et le chemin du séma
Là nous trouvâmes une vaste enceinte qui a évidemment 0
phore.
servi de camp retranché à une époque plus ou moins ancienne .
Une parti~ des retranchements a été utilisée SOllS le 1 Empire,
une batterie assez irppùrtante en ligne drQite, do
pour fonder
minant la mer, et terminée à chaque extrémité par deux plale
Cette batterie aujourd'hui démolie
formes demi-circulaires.
était consfruite en fort moëllons liés à chaux et à sable. C'est
sans doùte ces substructions qu'on avait voulu indiquer à
M. Le Men, car malgré toutes nos recherches, il nous a été
impossible de découvrir une brique ou des traces d'anciennes
fonda lions .
Le lendemain nous parcourûmes une partie des communes
de Fouesnant et La Forêt; dans plusieurs endroits on rencontre
des traces de fortifications assez mal conservées et des débris
de bl'iques romaines. Tous les plateaux entre Coalalio, FOlles-
nant et La Forêt ont été habités et même fortifiés pendant la
pél'Ïode G~uloise et la période Romaine, mais ce qui reste est
impossible à relever, la culture a trop détruit el trop déformé
, les enceintes.
MM. de Poulpiquet nous accordèrent très-gracieusement la
permission de fouiller les tumuhls qui leur appartiennent dans
les bois de -PenftHlIic, près Fouesnant. Ces tumulus sont au
nombre de trois. Ils son.t sitllés, deux dans un hois tai'llis, et le
. 3e dans une haute futaie, le tout à l'extérieur,' d'un camp re-
tranché important avec double rempart et douve ou chemin
.couvert au milieu . . Les remparts en terre et pierres jetées
à quatre mètres de largeur au som-
sans ordre, ont encore trois
met, et 2 50 à 3 de hauteur. _
Les trois tumulus ne sont éloignés de ce retranchement que
de 7 à 15 mètres. Ils on t ch.ncun 10 mètres de diamètre, avec
une dou-ve ou' -rigole .d'environ 1 mètre de largeur. Deux
d'entr'eux,à quelques mètres l'un de l'autre,dans le taillis, sont
fort peu élevés, ils n'ont guère qu'un mètre de hauteur .
Le 3 au contraire, tout en n'ayant que le même diamètre
offre des pen Les à pic~ II était parfaitement conservé, en un
mot intact. C'est cfllui qui est dans la fulaio et appartient à
M. Charles de Poulpiquet. Il est situé à tOm de la barrière de
M. Alavoine, .à l'est du chemin qui va à la mer, à 5 du bord
de ce chemin. Il est couvert d'arbres de futaie et de fortes
souches.
C'est celui dont nous eo.treprîmes la fouille. M. de TrogofJ,
M. de Poulpiquet,Charles,M. Le Rodallec,juge de paix à Foues-
M. LO\li~ Hémon, avocat, M. Le Moine, ingénieur à Paris
nant,
et. moi dirigeâmes les foui!les.
Nous avons constaté que le tumulus avait 10 mètres de
diametre. Il était enloùré d'une douve Oll fossé de 2 mètres
de 40 à 50 centimètres de profondeur. Le dia
. de largenr et
du monument est donc de 14 mètres y compris la
mètre total
douve. La hauteur perpendiculaire du sommet au sol naturel
est de 3 m. 20 c.
Nous avons ouvert la tranchée de t mètre de largeul' de
à l'est, sur une longueur de 7 mètres, puis nous l'avons
l'ouest
le centre de manière à obtenir au centre une
élargie vers
cuvette de 3 mètres de diamètre.
Dans celte opération nous avons rencontré de nombreux
morceaux de charbon, des couches dr. terre calcinée d'une
teinte rouge et présentant presque l'aspect de la. hrique, mdÎS
pas un seul débris d'urne ou de poterie •
Nous n.'avons pas fouillé les deux autre tumulus qui sont
dans le tai \lis.
les fr'ais
M. de Tl'OgofT a. pris généreusement à sa charge
assez considérables de cette fouille.
Le jour suivant nous sommes allés visiter [e curieux châ- .
teau de Lespont. Dans le pays on dit que ce château était 'un
château de Templiers. Mais je ne . sais si celle opinion est fOll-
dée .. Le châtean de Lespont était fort important. Il occupe une
vaste enceinte de 100 mètres de . longueur environ, dose de
murs qui sont de véritables remparts, hauts de 12 à J 5 mètres,
en lluges pierres de moëllons, avec angles en pierre de faille .
Ces murs sont garnis de meurtrières. L'ent.rée est une porte
à plein ceintre où l'on voit encore d'énorùles gonds enchassés
de taillf'. Au-dessus de la porte, mais pas au
dans la pierre
milieu, à gauche, se trouve un éctissçm supporté par 2 lions .
et surmonté d'une couroune. L'écusson et la couronne ont été
martelés; cependant on voit que l'écu était écétrtelé, les sup:
ports sont deux lions à peu près assis et semolan t grimper
contre les bords de l'écu; la queue est passée entre les paltes
de derrière.
Le châtr'au de Lespont présente des ruines grandioses. Par
ce qui reste on peut juger qu'il était le chef-lieu d'une très •
importante seigneurie. .
Nous avons cherché en vain l'ouvertur.e du souterrain que
les gens du pays prétendent avoi vu, ' et qui aurait été comblé
depuis . . Si ce .sout.errain llégendaire, qui s'étend, dit-on, très
loin, a jamab existé, son .ouverture se trouverait an pignon
ouest de ce qui resle actuellement du château à un endroit
où restent des. substructions de deux pièces assez v.astes •
Ce château appar tient aujourd'hui à M. Buzaré.
- Enfin, nous · avons visité, avec M. de Trogoff, l'église de
La Forêt, son cime,tière et ses environs. Je ne vous ferai pas
la description de la remarquable église de La Forêt, qui' es t
connue dA la plupart d'entre vous. Mais je dois dire un mot
au d'une grande valeur. qui surmonte l';mtel de la
d'un table
chapelle, qui est lsit.uée du côté de l'épître. Ce tableau, com
mémoratif de l'Institution du Rosaire, et qui, à ma connais
sance,' n'a jam,ais été signalé, demande à être connu.
Je n'y ai trouvé aucune signature. Les personnages ont le
costume du temps de Louis XIV. En bas se trouvent peintes sur
la toile les armes de Coëtlogon: de gueules à 3 écussons
d'hermines, couronne de marquis, crosse, mître et chapeau .
d'évêque (1). Ce sont évidemment les armes de François de
de Quimp tlr, de 1665 .à 1706, qui fut sans
Coetlogon, évêque
le donateur de cette peinture.
doute
Le tableau est divisé en (leux partie8 principales; la plus
. (1) Les Coëtlogon, dont les descendants existent encore, remontent à
• t t80. Ils étaient marquis de Coëtlogon, vicomtes de Méjussaume et
bat'ons de Pleugritlet. L'une d.es branches s'est fondue en 1742 dans
P. de Courcy.)
la famille de Carné (Voir NobIliaire de
importante, comme dimensions, dans le bas, représente un
portique, ' qui laisse voir la mer et une floUe nombreuse. Du
côté droit de ce portique, on voit saint Louis dans le costume
où il est ordinairement représenté, à genoux et présentant Hue
couronne d'épines. Il est accompagné de seigneurs et de da
mes de la COUI', en grand costume du temps de Louis XIV.
Du côté gauche on voit le pape, les cardinaux, des abbés
et pretres en pneres. . .
· Au-dessus de èe premier molif, et sortant de nuages, la
Vierge assise tenant sur se3 genoux l'Enfant-Jésus. A droite et
à genoux, une religieuse rl~cevant le ,.chélpelet des mains' du
Divin Enfant; à gauche lIn religieux à genoux recevant le cha-
pelet des mains de II:l Vierge; deux anges dans les coins. Sur
'ceLLe t.oile en e,ncadremenl détns des chapelets de perles, for
mant eux-mêmes des cadres ovales, sontpeint3, outre les ar
mes de l'évêque de Coëtlogon, quinze ,médaillons:
1° Au milieu, en haut,TAnnonciation.
2° A gauche en haut, mariage de Marie et de Joseph.
3 A gauche, naissance de Jésus.
4· Adoratio~ des ges.
5° Jésus et les docteurs.
6° Transfiguration.
7° A gauche, en bas, Ascension.
8 Assomption de la Vierge.
9° A droite, en haut, Jésus au Céllacle.
10 A droite, Jésus crucifié . .
11° Jésus tombant sous la croix.
t2~ Jésus au prétoire.
13° Flagellation.
· t.{o A droite~ en bas, Jésus au Jardin
des Oliviers.
. 15° La Trinité et la Vierge.
Ce remarquable tableau, de grandes dimensions, est entouré
d'un magnifique cadre sculpté en haut relief. Il a 6 mètres de
hauteur et of .de largeur. La peinture m'en a paru d'une grande
valeur.
Un habitant de La Forêt m'a cédé une hache en bronze, qui
a été trouvée dans un champ, à 50 mètres environ, en face du
portllil de l'église. Cette hache, qui Il'a rien de remarquable,
offre pourtant un certain intérêt, puisqu'elle peut servir à déter
de l'âge de bronze.
miner l'emplacement d'une habitation
Après cette lecture, M. le président prieM. de
au nom de l'Assemblée, de transmettre à
Montifault,
MM. Charles de Trogoff et de Poulpiquet, tO ~lS 1 s~s
remerciements pour le bienveillant et généreux con-
cours qu'ils lui ont prêté dans l'excursion dont il vient
de faire l'intéressant récit. .
. M. Le Goarant de Tromelin fait hommage à la 80-
ciét4 d'une brochure intitulée: Note SU1~ quelques fos
siles des grés siluriens de Saint-Germain-sur-Ile, etc.) par
MM. G , de Tromelin ~t Paul Lebesconte .
La séance est levée à 4 heures. ...
. Le Vice-Président, faisant (onctions de Secrétaire,
F. AUDRAN.