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Bulletin SAF 1876


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Fouilles d’un tumulus près du bourg de Pleyben (Finistère)

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par M. l'Inspecteur à ses subordonnés commence à
porter ses fruifs; et, en remerciant M. Surrault, elle

la voie
le prie d'encourager ses collaborateurs dans

féconde où ils sont entrés.

M. le Président fait connaître qu'il a demandé à
M. de Kerdrel l'autorisation pour la Société, de faire

.des fouilles dans un terrain qu'il possède près de Car-

haix. Il ne doute pas que M. de Kerdrel n'accorde cette
• autorisation. .

M. Le Men donne lecture d'un compte-rendu de la
fouille du tumulus de Pleyben. . . ,

FOUILLES D'UN

. PRÈS DU BOURG DE PLEYBEN (FINISTÈRE).

A cinq cents rnètre~ environ au nord-est du bourg de Pley­
ben et non loin de la route de Brasparts; existe un tumulus de
grandes dimellsion~, qui n'a pas encore été signalé à l'attention .
des archéologues. Ce monument dont le diamètre est de 41

mètres' du ,nord au sud, et de 52 mètres de l'est à l'ouest, me-
sure en hauteur deux mètres cinquante centimètres à sa, partie
Il est situé à 300 mètres à l'est d'une fontaine, dans
centrale.

un champ qui figure au plan cadastral de la commune de Pley-
ben. sous le nO 139, section C, et qui porte le. nom de Parc-ar-
Vouden (champ de la Motte). On sait que ce nom sert fré-
quemment à désigner les pièces de terres où se trouve une
motte féodale ou un tumulus, monuments entre lesquels leS

habitants de la campagne établissent rarement une différence.

Il y a quelques mois MM. Piraux, commis principal des
contributions indirectes à Pleyben, et Duval, surnuméraire de
l'enregistrement, qui était alors en intérim dans cette 10caIit~

eurent l;idée de fouiller ce tumulus dont la régularité semblaiL
exclure la probabilité de fouilles anciennes, Cette, nouvelle se
répandit rapidement, dans le bourg, et toute la popuLalion se
porta sur les lieux pour assister à la découverté de la barrique
Dar vous savez, Messieurs, que dans notre pays lors­
d'argent.
qu'on fouille un monument, c'est pour y chercher' une barrique

d'argent quand èe n'est pas une barrique, d'or, Aussi pendant
les premiers jours les travailleurs de honne volonté ne firent
pas défaut, et les promoteurs de la fouille n'eurent' il. leur re- ,

procher qu'un ,excès de zèl~, Mais découragés en voyant qu'au
ils ne trouvaientq~ue des pierres et du charbon,
lieu d'un trésor

ils abandonnèrent bientôt leur trav·ail.
MM. Piraux et Duval prirent alors quelques ouvriers pour
continuer l'exploration commencée. Malheureusement les nom­

breuses occupations de ces messieurs ne leur permirent de se

trouver sur les lieux qu'à de rares intervalles. Il en résulta que
les fouilles ne purent pas recevoir une direction méthodique'
et qu'elle(demeurèrent incomplètes, malgré le bon vouloir de
ceux qui les avaient entreprises. .
Ces recherches n'ont pas cependant été sans profit pour la
science; outre qu'elles ont produit un certain nombre d'objets

dont vqus trouverez plus loin Ja description, elles ont permi,

à MM. Piraux et Duval de- reconnaître le mode de c~nstruction

de ce tumulus. Voici à ce sujet les renseignements que je tiens
de leur obligeance.

La couche extérieure, du monument était formée de terre sur
une épaisseur d'un mètre environ. Au*dessous de eette enve-
loppe se trouvaient trois couches de pierres de moyennes di-
mensions, séparées l 'une de l'autre par des couches de terre
épaisses de 50 centimètres. .
Une grande quantité de cendres et de charbons était répan­
due dans toute la masse du t.umulus; ' quelques fragments d'un
ou de plusieurs vases en terre d'un brun rougeâtre, assez fine,
un peu octueuse, renfermant des paillettes de mica, mais

exempte de graviers étaient disséminées ça et là à l'intérieur

du mon ument.
Des trois · couches de pierres dont j'ai parlé plus haut, on a

les objets suivants que j'ai l'honneur de placer sous vos
extrait

yeux. ,
1. Un bloc de quariz cristallisé dans plusieurs de se~ ~arties,
long de 0 m. 45, large de 0 m. 25, et épais de 0 'm. 23, repré-
sentant la moitié d'un mortier dont la cuvette avait une pro-
fondeur de 10 centimètres, et un diamètre de 0 m. 30.

2. Une meule plate à moudre le grain, aussi en quartz,

gue de 0 m. 55, large et épaisse de 0 m. 20.
3. Une autre meule plate, aussi en quarLz, longueur 0 m.42,
largeur 0 m. 30, épaisseur 0 m. 15. .
4. Une troisième meule en granit quartzeux, de la forme des

précédentes. La partie antérieure est cassée; elle mesure 0 m.30

en longueur et en largeur, sur une épaisseur moyenne de

Ces sortes de meules sur lesquelles on broyait le grain au

moyen d'une pierre arrondie appelée molette. ne sont pas,

rares dans le Finistère; mais c'est la première fois que j'ai
occasion de voir des instruments de cette espèce formés de

blocs de quartz pur. •
5. Deux fragments de molettes en granit 'quartzeux.
6. Trois pierres à aiguiser. -
7. Un casse-tête formé d'une pierre schisteuse non travail-

lée, t~rmillée d'un bout par 'un tranchant mousse, et présentant
. sur Ulle de ses faces une profonde cavité artificielle où se
plaçait le pouce. Cette arme ne peut être empoignée que par

une main d'assez grande dimension.
Deux autres pierres brutes ayant sur leurs faces des ' dé­
pressions naturelles ou artificielles, et qui ont pu servir au
même usage que la précédente. .

9. Une pierre de forme trapézoïdale que l'on a commencé
de creuser pour en faire un mortier ou un autre rase. Lon-

gueur 0 m. 23, largeur 0 m. 15, épaisseur 0 m .. 09.
10. Deux pierres schisteuses (1) informes, dont l'une mesure
o m. 25, sur 0 m. 20, qui présentent dans leur partie médiane

un étranglement artificiel destiné, sans aucun doute, à les as-

sujettir à une corde. Elles servaient peut·être de poids pour
les filets; la plus lourde de ces pierres pèse
11. Des fragments de poterie et de charbon disséminés dans
le tumulus •

Aucun objet en métal n'a été trouvé dans le tumulus. Il est
possible que si la fouille avait été complète, on eut rencontré

une urne vers la partie centrale du monument, et peut-être

au· dessous du sol ambiant. Cette particularité s'est présentée
tout récemment dans les fouilles que)lotre confrère, . Charles
de TrogotT, a faites dans un tumulus qui existe sur sa pro-

priété de Coatalio, en la commune de Fouesnant, et dont le
diamètre est d'envirùn ·20 mètres et la hauteur 3 mètres. Il a
découvert au centre de ce monument et à 1 mètre au-dessous
du sol naturel, une urne en terre, munie de deux anses, qui
.. ne contenait pas de cendres, et qui n'était protégée par au­
cune enveloppe de pierres. Cette urne, qui a été malheureuse-
ment brisée d'un coup de pioche, et que M. de TrogofT a bien
voulu offrir au Musée d'Archéologie, appartient par .sa forme et
par son orn,ementation qui consiste en chevrons et en lignes

'. obliques tracées à la pointe, à la catégorie des vases que. rOll

. rencontre ordinairement accompagnés d"armes ou .d'instruments
en bronze.

M. Piraux, Duval et Le Corre, propriétaires du champ où
se trouve le tumulus de Pleyben, ont fait don à notre Musée de
tous les objets qui ont été trouvés dans ce monument. La

Société Archéologique Ju Finistère ne peut manquer de se

(1) Ee schiste est à peu près la seule pierre des environs de Pleyben,

montrer reconnaissante envers les dnnateurs. de ces curieuses
que les archéolog~es examineront avec un véritable
antiquités ,

intérêt.
Après la lecture de ce compte-rendu 'l'assemblée
exprime ses remercîments à ces Messieurs et prie M. Le

Men de leur faire parv~nir un exemplaire du Bulletin
sur les fouilles du tumulus
qui contiendra le rapport
Pleyben.-. . ,

M. Audran, vice-président, a la parole pour la lec­
sa notice sur les Dominicains de Quimperlé.
ture de

LES DOMINICAINS DE QUIMPERLÉ.

Le couvent des Dominicains ou Jacobins de Quimperlé fut
fondé vers le milieu du XIIIe siècle, par Blanche, fille de Thi­
baut. comte de Champagne et . de Brie, femme de Jean 1 dit .
Le ,Roux, duc de Bretagne.

Voici en quels , termes Dom Lobineau rapporte éette fon-
dation: .

u Ce n'était pas assez pour la piété de la duchesse d'avoir
« contribué avec le duc son mari à la fondation de Prières (1),

CI[ elle fit deux fondations en son propre nom . La première fut .
u de l'abbaye de la Joye , auprès de Hennebont, pour les reli-

u gieuses de l'ordre de Cisteaux, où elle mit pour première
• abbesse Sibille de Beaugency, sa nièce, auparavant religieuse
« de Saint-Antoine, près Paris. La seconde fondation fut pour
c les religieux de Saint-Dominique, auxquels elle fit bastir un

u couvent auprès de Kemperlé, que l'on appelle Abbaïe Blan-
q che, autant par rapport au nom de la fondatrice que par
Cl opposition à l'abbaïe de Sainte-Croix qui est habitée par des

(t) Abbaye de Notre-Dame des Prières, paroisse de Billiers, évêché
de Vannes. (Âbbatia Beatœ de J1recibu8.)