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Bulletin SAF 1874


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Séance du 11 octobre 1873

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SÉANCE DU i 1 OCTOBRE 1873 ..
. Pl~ésidence de M. A. de Blois . .
1\'1 de MontHault, secrétaire donne, sur l'invitation de

M. le Président, lecture du proces-verbal de la seance
précédente. .
M. Halléguen ~ep~od~it la réclamation q~'il avait fAite ~
la séance du mOlS d aout, par lettre, et qUl porte sur la
rédaction du procès-verbal de juillet. Il regrette qu'on n'ait
au ~rocès-verbal ~es o?ser~ations et rés~rves
pas mentionné
qu'il a faites au sUjet de la partie hIstOrIque du travaJl de
NI. Le Men. , "
Après quelq.u~s obser.vations ?e. M. le Prési~ent sur la
manière dont 11 est pos8lble de redlger les proces-verbaux,
l'incident est clos ct M. de Blois fuit pari à l'assemblée des
la fouille d'un tumulus faite prè$ de
résultats donnés par
. Lannilis. Il a fflÇU de M. Ribault receveur de l'enregistre­
à Lannilis la lettre suivante:
ment
cc Monsieur, YOUS apprendrez peut-être avec, intérêt la
découverte qui vient d'être faite à Lannilis, d'un tumulus et
le résultat des-fouilles qui y ont été pratiquée~ hier 25 cou­
sous la dÏt'ection de M. de Lécluse, vérificateur de
rant,
l'enregistrement.
Ce tumulus est situé ft 1 kilomètre du bourg de Lannilis,
de la nouvelle route de l'Abervrach, dans un cbamp
près
à M. Caraès. . .
appartenant
Il est peu élevé, ayant été cultivé depuis fort longtemps
el sa hauteur au-dessus du niveau moyen du champ, ne
dépasse pas deux mètres . .
Les fou,illes. ont été faites par le propriétaire, M. Caraès,
en présence de MM. de Lécluse, de Merey, Morvan,
Charles, chimiste, Sagot, médecin, et Péron, directenr des
de la route de fAbervrac'h à qui l'on doit la décou-
travaux •
du tumulus. '
verte
Un puits pratiqué à l'endroit du tumulus qui 'nous a paru
le centre, n'a pas tardé à nous faire voir la dalle qui
être
recouvrait le tombeau. . .
dalle, de forme ovale, d'une longueur de 3 m. 50 c.
Cette
de 2 m. 2~ c., reposail sur une maçonne­
et d'une largeur
de l'argile .
rie en pierres noyée dans

Une brèche ayant été faite dans la maçonnerie, le tombeau
s'est présenté à nous parfaitement intact.

Il contenait beaucoup de cendres, quelques fragments de
deux morceaux
bois de chêne presque réduits en poussière,
de bronze recourbés d'une longueur de 20 centimètres,
complétement oxidés (1); et enfin au centre du tombeau,
un vase en terre cuite à trois anses~ orné de quelques
dessins grossiers et contenant de la cendre (2). .
Ce sont là les seuls objets qui aient été trouvés, bien qne
les cendres et le sol du tombeau aient été visités avec soin

Voilà, monsieur, la relation aussi exacte que possible des
fouilles du tumulus en question, vous la soumettrez si vous
le jugez à propos, à la Société archéologique de Quimper.
Si cette société avait besoin de renseignements autres que
ceux que j'ai donnés ci-dessus, je me mets entièrement à sa
disposition. Recevez, etc. Signé Ribault, receveur de l'En­
registrement à Lannilis. )
Cette intéressante lecture est accueillie avec le plus vif
intérêt et la Société prie son président de remercier cn s·on
nom M. Ribault et les autres auteurs de la découverte.
sera transmise à 1\1. Le Men, di-­Cette communication
recteur du Musée d'archéologie, afin de savoir s'il seJait
possible de faire transporter au Musée départemental les

obj ets recueillis .
M. Hallé uen a la parole sur le château et le parc de

Châtèâu m.
Il 'expose que la description de ce curi~ux et im­
portant ouvrage a été donnée par lui ,dans rEcho de Châ­
teaulin du 19 octobre et dans les numéros suivants des,
26 octobre, 2 novembre et 10 novembre 1850. II a été for­
tement aidé dans ses recherches par les ouvrages de
MM. de Fréminvillé et de Blois.
M. Halléguen donne d'abord la description du château

(1) M. Ribault ,ioint un dessin de ces fragments, d'où il semble
résulter qu'ils appartenaient à des bracelets.
(2) Joint un dessin représentant le vase.
(3) Joint un plan et une coupe verticale du tombeau avec l'indication
de toutes ses dimensions.

oprement dit. Il en énumère les enceintes, les fossés, les
ou , ' . d' (E h h Al'
château a été détruit par un mccn le. code Cateau zn ,
19 octobre 1 ~o~ ). . . A'
En résume Il Y avait sur la montagne de Chateaulin,
rocher nu et abrupt sur toutes ses faces, un castel impor­
IJa base du mont s'avançait d'un côté dans ]a rivière,
tant
de i'autre un vaste étang l'entourait. Un chemin étroit ,
]e roc donnait accès au plateau en le con­
taillé dans
et en passant sous une ligne de remparts et de
tournant
à ce chemin, dominé par le fort,
tours formidables;
les routes du pays. Du côté de la
aboutissaient toutes
rivière le rocher est taillé en terrasses. Le sommet est
bardé de remparts flanques de nombreuses tours. En plu-
le roc taillé à vif, rend tout assaut impossible.
sieurs endroits
la ,partie la plus inaccessible, vers le midi, s'élève le
Sur
donjon avec ses 1 hautes tours.
Ca stellin , nom breton de Châteaulin, signifie château
de Nin, selon l'étymologie qu'en a donné M. de Blois,
le château ,du Pays de Nin.
Castellin était donc
A qui faire remonter sa construction?
Les ruines actuelles sont relativement modernes. On n'y
trouve que peu ou point d'indices romains.
voie romaine passait à Châteaulin, se
Cependant une
dirigeant de Carhaix vers Crozon et la pointe du Raz.
Il n'y a aucun castel à proximité, si ce n' est Castellin, La
du village de Kerstrat est encore un indice. Le
proximité
la montagne qui domine le
camp romain dut être placé sur
pays, les voies et la principale rivière. Pourtant l'importance
de l'établissement romain, qui devait être considérable ne '
se déterminer aujourd'hui, on ne trouve aucune
peut
à peine quelques plaques de marbre
substruction romaine,
et quelques tuiles à rebords et, parmi les mu'rs d'enceinte et
Jes murs de la chapelle de Notre-Dame .. quelques pierres
de petit appareil qui doivent provenir des anciennes cons­
romaines. (Echo de Châteaulin, du 25 octobre
tructions
M. Halléguen compare ensuite Castellin avec le château
de la Roche-Maurice, et le château de Roc'h-Morvan, il cite
• de Blois, de Kergariou, de Kerdrel, de Courcy, de

le Noir. n en conclut que la partie
Fréminville, Ernold
été bâtie au plus tard an xe siècle par
féodale du château a
de Cornouailles, On a pu le réparer ou même le
un comte

reconstrUIre en parne.
, L'auteur cite ensuite Dom Morice, , prp.uves, tom 1, col.
467: Il remarque l'expression: juxtà caslrum quod
Il' même document décrit un endroit
vocatur Castellin;
montagneux qui vocatur nin (cartulaire de Landévennec),
le château une haute anti­
ces deux textes indiquent pour
quité, puisqu'on se sert pour le désigher du même nom
que pour le pays lui-même. .
lU. Halléguen rapporte ensuite les opinions vulgaires et
les traditions populaires sur l'origine de Castellin .
à l'histOire du château; elle ne commence il
Il passe
être connue qu'an commeneement du XII" siècle, 1148. . ,
Siége de 1163.. ' CitaLÏons de Dom Morice et de Guil­
laume Le Breton, ainsi que de différent~s pièces communi­
à l'auteur par M. de Blois (Echo de Châteaulin,
quées
2 novembre '1850) . .
Parc Il se compos,e essen­
Nous arrivons maintenant au
tiellement de deux parties, munies chacune d'une enceinte
Le petit Parc est compris dans le grand; tous
spéciale.

deux partent du château .
Il fut tracé par 'le duc Jean Le ' Roux au XIIIe siècle
(Chroniqtte de Saint-Brieuc), Ce Duc répara Castellin qui •
avait souffert du siège du XII" siècle.
Le mur commenee près de l'angle nord-est du donjon,
traverse la rivière il la chaussèe de l'ancienne pêcherie,
le Champ-du-Haut, le chemin de Parc-Bihan, le
borde
champ de Parc-Névez-Bihan, reparaît au Parc-ar- VU1' et
dans la lande Parc-Goré-ar-Goarem ; il borde le bois Parc­
BOuin-Bras, et traverse les terrés de Quimil jusqu'au
à la rivière.
halage et
là l'enceinte du petit Parc qui finit près de Parc-
, C'était
Bihan. .
, Venait ensuite le grand Parc:J' son I-mceinte commence à
Parc-ar-Mançon, il suit Parc-Izella, le bois de Quimit,
Run­
Clos-Bras, Kerstrat, Pen-Feunteun, Toul-ar-Rodo,
an-Parc, Pennaros, Rosaon, Meilar, Prion, Stanguivfn,
Kerluan, Parc-ar-Cao, Pennapont.

Elle traversait la rivière sur l'écluse de Meil-Aon, suivait
les carrières de Guilly et. Kérével, et arrivait à Pe~nanros ;
uis eUe bordait le chemIn Hent-ar-Vur, traversaIt la mon-

lin à Gouezcr,. .
Elle entre en Briec il Kéréré, passe à l'Eau-des-Fontai­
nes au Moulin-Neuf~ à Meil-an-Abbat, il Quiguen, à Gars­
ar-'Saut, à Toul-ar-Greil, à Quarit., dans l'allée de Tré­
gain~ au ~tang, à Toul-ar~Saout~ ~ Plas-Barré, au Mè~­
Don, à Twuret-ar-Traon~ a Parc-ts-an-Guer, au chemm
Fos-ar- Vtt?', àPors-m'-Lçnn, Pennavur, Hinguer, Posta­
riot, les bois et prés, du Gollen et. d Il Guern,K érel, Est­
Cast, Clémeur, Port-Richard, Toul-ar-Philistin ,Cosmeil,
Guillipars, montagne de Sat'nt-Gil/las, Prataval, le mont
du Quelch; elle rejoint le château par le Vieux-Bourg .. le
Chemin- des-Morts. le côté ouest du vieux cimetière, em­
brassant ainsi la chapelle de Notre-Dame entre son point
de départ et son point d'arrivée. ,
. Cette enceinte était entourée d'un chemin que l'on peut
à cheval dan~ une grande partie de son
encore parcourir

étendue.
Le périmètre total du grand Parc est de 7 à 8 lieues.
Les paysans l'appellent le mur du diable.
M, l!alléguen entre ensuite dans de nouveaux détails sur
le rôle du château dans l'histoire de la Cornouailles: Il cite
un grand nombre d'hi~lOriens qui font mention de Castellin
et une charte de donation du 2 mars 1 ~89, au sujet de
l'hôpital du château. Il raconte la naissance au château de
Pierre II, fils de Jean, duc de Bretagne, et de Blanche de
Navarre, aux fêles de pâques de 1241.
M. Hallégueil ayant lcrminé sa lecture, M,)Faty fait
remarquer que les tours des châteaux avaient la forme
ronde sous la domination romaine jusqu'au xIie siècle
environ; à partir du XII' siècle, elles deviennent carrée5 et
ce n'{'.st que beaucoup plus lard qu'on revient à la forme
que les tours de Castellin sont rondes.
ronde. Il remarque
Il en conclut que, s'il est constaté que les fortifications sont
antérieures au XIIe siècle, il est probable qu'elles ont été
construites sur un emplacement romain et peut-être même
, sur des substtuctions romaines.

M. de· Blois dit que pour lui Castellin est un ancien
dès la conquête 7 et qui fut sinon
castrum romain qui exista
au moins développé et fortifié comme étant un point
fondé,
le pays contre les incursions
très-important pour défendre
du Nord. Ce point dominait le cours de l'Aulne,
des pirates
à l'endroit où cette ri\'ière cess'ait d'être navigable. Il est
donc impossible qu'il n'ait pas été choisi comme point •
la défense du littoral par le tractus Nervien
essentiel pour
et Armoricain.
M. de Blois demande ensuite à M. Halléguen compte
a souvent employée dans son tra\'ail,
d'une expression qu'il
à savoir: Pays de Nin; sur quoi se base i\I. Hallégucn?
N;n veut dire montagne, éminence, mais jamais à la con-
de M. de Blois il n'y a eu de Pays de Nin. ,
naissance
M. Hanégue~ cite Castellin, Coat-Ninun et Nin-Dour,
l'une de l'autre, les anciens
trois localités très-rapprochées
Caslel-Nini, ce qui ne peut
auteurs appellent Châteaulin
Château de Nin c'est-à-dire château
se traduire que par

Pays de Nin.
M. de Blois dit que Castel-Nini veut dire château de la
et que les noms cités par M. Halléguen, se
montagne,
retrouvent partout où il y a une montagne ou une colline.
Cela ne peut constitiuer ce qu'on appelle un pays .
M. Halléguen insiste en disant que pour lui il y avait un
Pays de Nin, pays de peu d'étendue peut-être ... mais qui

ce nom qu'on retrouve plusieurs fois à des encl.roits
portait
rapprochés, et dit qu'il ne peut traduire Castel-Nini que
par Château de Nin ou çhâteau du Pays (le Nin.

M. de Blois ne ileut traduire Castel Nini que pa r :
Château de la Montagne.
Il pense que le petit Parc était le lieu de promenade, les
du Châtelain. Il y a aussi à Morlaix et dans tous les
jardins
un grand Parc et un petit Parc.
autres châteaux Ducaux
il existe aussi partout la même
Quand au grand parc,
légende de la construction de l'enceinte par le diable en une
~uit ; partout le nom populaire de Mur du Diable.
seule
Cet usage n'était pas particulier à Châteaulin ni à la
Bretagne, il existait partout en France et dans tous les pays
La grande enceinte était peut-être un mur indi­
d'Europe.
le parc de chasse réservée au duc ou au seigneur .
quant

Cependant ... bien qu~~ ce~te épo.que}c dl'oi t d~ chasse ~ût .
une importance, o(~ s ?xphque dIfficIlement la COflstruCtlon
de murailles de huit lieues de tour pour garder une chas se
M. de Blois pense que c,es .m~railles pouvaient servir ~ déli­
domain~ eng~ge, a .separer les terres .atIermees d~
miter le
domaine résen:e qUi restaH le propre du SeIgneur et qUi

était cultivé par des hommes à lui. .

L'ordre du jour étant épuisé M le Président fait procéder
à l'élection des personnes qui se som présentées pour faire
~e la société et qui sont: .,. " ,
\ partie
t 0 NI. Le ROUI, . membre du 'ConSeIl general presente
par MM; de Blois et Lc l\"1en ;
2 M. Dermier principal du collége, présentê par
MM. Faty et de Montifault; .
3° M. l'abbé Quéméneur, curé de Sainte-Croix à
Quimperlé, présenté par M~I. de Blois et Le Men;
, 4° 1\'1. Loyer, Lucien, étudiant 'en droit, préseoté par
MM. Audran et Le Men ; .
à l'unanimité et font désormais
Ces candidats sont admis
partie à la société. ' 1
La séance est levée à 4 heures 1/2.

Le Secrétaire,
,V. DE MONTIFAULT. '

Le bureau, considérant qu'il n'y a plus à l'ordre du jour
que: 1 la statistique monumentale de diverses communes
par 1\'1. Flagelle; 2° les voies romaines sortant
du Finistère
de Quimper ou traversant cette ville par M. R. F. Le Men;
que le Président, plusieurs membres et notamment M. Le
Men seront absents le d~uxième samedi de novembre; que
M. Flagelle n'est pas certaine' pour ce même
la présence de
Jour;
Décide que la prochaine séance est remise au deuxième
décembre;
samedi de
Fait un appel pressant à tous les membres en les priant
d'apporter pour cette séance quelques documents . .

NOTA. MM. les Sociétaires sont priès de vouloir bien faire
parvenir le plus tôt pOisible leur cotisation (10 francs) à
M. Faty, major en retraite, rue des Reguaires, n° ~2, à
Quimper. _
Le . Président,
A. DE BLOIS.

Dons offerts au Musée départemental d'archéologie.
M. l'abbé EVRARD, vicaire-général.
t ° Treize monnaies romaines en bronze de Néron, Trajan,
, Antonin le Pieux, Faustine jeune,Gallien, Victorin, PostUffiP.,
Claude II, Constantin Le Grand et Constantin Il.
2° Huit monnaies françaises en argent, en billon et en
de Charles V, Louis XII, Charles IX ... Henri III,
bronze,
Henri IV ... Louis XIII et de la première rép~)blique.
3 Deux blancs et un douzain de billon des ducs de Bre-
1 et Jean IV. .,
tagne François
4° De.ux doubles réales d'Espagne, de Ferdinand et
Isabelle . . .
5° Sept jetons en cuivre •

M. VESSEYRE, ancien maire de Quimper.
Un moyen bronze d'Antonin le Pieux.

M. Prosper HÉMON, membre de la Société .
. t ° Un pied de roy en cuivre du XVIIe siècle.
2° Un sceau matrice en cuivre de la Ferme des Devoirs
de Bretagne.

Quatre monnaies romaines en bronze.

4° Une médaille en argent du XIIIe siècle.
5° Une monnaie en argent de Louis XV.
6° Une pièce de deux liards en cuivre des colonies fran-·
çaises (1722).
7° Une pièce de monnaie norwégienne en billon de 1694.
8° Une pièce russe en bronze. ,
médaille commémorative en bronze de la victoire
Une
en 1797, par la flotte américaine composée de
remportée
t5 navires, commandée par John Jervis, sur la flotte espa-
gnole, forte de 27 voiles. (Ai suivre) .