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Bulletin SAF 1874


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Notice sur la ville de Morlaix et le château du Taureau

M. de Blois

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de M. Joseph -Denais, demeurant à Beaufort en Vallée, près
Les victimes de
d'Angers, une petite brochure intitulée
Quibéron .. dont l'auteur fait hommage à la Société en lui of­
frant d'entrer en relation avec elle.
La réunion invite M. le Président à remercier l'auteur et
à lui faire savoir qu'elle entrera volontiers en relation avec
lui.
M. le Président, passant à l'ordre du jour .. fait connaître
M. Le Men étant malade .. ne peut se rendre à la séance
, que
et faire ]a lecture annoncée sur la restauration des tombeaux
la cathédrale de Quim per.
des évêques de
M. de Blois prend ensuite la parole et lit le travail suivant:

SUR
LA VILLE DE MORI,AIX ET LE CHATEAU DU TAUREAU.

Je ne comptais vous entretenir que de la forteresse muni­
cipald du Château du Taureau, près de Morlaix; mais je me
suis laissé entraîner par l'intérêt du sujet à vous occuper de
cette ville, en faisant usage d'excellentes recherches faites par
un savant antiquaire dont je n'ai pas besoin de rappeler le nom.
L'histoire de toutes les villes du Finistère mérite d'être ac­
Société départementale.
cueillie dans notre
pas sur le nom de Morlaix. Ce nom en latin
Je ne m'étendrai
ons relaxus, et en breton Montroulès, suffit pour faire recon­
naître qu'on le prononçait anciennement Montrelais. C'était,
il n'y a pas encore si longtemps, celui de l'une des hauteurs
Ce nom donné à d'autres loca­
dont cette ville est entourée.
des gorges de montagnes, ne saurait être
lités situées dans
que dans celle· ci.
mieux justifié
On conserve dans cette ville des monnaies du III" siècle, dé-
il y a plus d'ùn demi-siècle, dans les ruines de son
couvertes,
château et de ses remparts, ce qui a donné lieu de conjecturer
élevés sur l'emplacement d'un castrum romain.
u'ils furent
Il serait étrange
ette opinion doit être facilement admise.
si avantageuse pour le commerce maritimp, eut
qu'une position
à ,l'attention des vainqueurs de la Gaule. Mais corn·
échappé
ment fût-elle abandonnée dans les âges suivants!
Les monnaies dont il est question s'arrêtent au règne de

l'empereur Valérien, vers l'an 264. ~l ~st à re~arq~er que' cett~
époque, à laquelle co~~ence le dechn de 1 empIre, fut aUSSI
celle de grandes calamItes pour la Gaule septentnonale surtout.
C'est celle des grandes incursions de la piraterie saxonne qui
détruisit plusieurs ~e ses ~illes que le g.ouv~rnem~~t impérial
plus désormaIS la pUIssance de retabhr. D aIlleurs, le
n'eut
commerce de cet établissement devait se faire avec la Grande­
ql)i était ~ncore pl~s ravagée par ces barbares dont
Bretagne,
elle a fini par devemr la prOIe. '
Il est possible que cette ville antique ait porté le nom de
Julia; mais le témoignage d'un écrivain du XIIe siécle~ comme.
celui de Conrad de Salisbury, qui ne cite aucune autorité à
l'appui de c~tte asserliop, 11e peut pa~ être ' d'une va~eur sé­
rieuse. MorlaIX est une VIlle du moyen·age. La populatIOn qu'y
attirée le commerce maritime était, au commencement
avait

du même siècle encore éparpillée en petites agglomérations ,
le voisinage
ayant chacune leur église, et elle était protégée par
en occuper le centre.
d'une petite enceinte fortifiée, qui devait
C'est l'idée que nous en donne l'acte de donation de l'une de
ces églises aux moines de Marmoutier, qui est celle de Saint­
Martin. Cet acte est de l'année 1128. Les églises de Saint.
Mathieu et de Saint· Melaine , de Morlaix, devinrent aussi dans
les mêmes temps, des prieurés desservis par des moines avant
en paroisses. Les services que rendait le clergé
d'être érigées
que ceux du clergé séculier.
monastique étaient plus appréciés
Ces fond~tions furent faites par les comtes du Léon, qui ne
que le titre de vicomte§.
prenaient alors
C'était encore l'époque des guerres baronales. Les annales
du temps sont pleines du récit des débats qui s'agitaient par
les grands seigneurs du pays ou que ceux-ci
, les armes entre
à soutenir contre les ducs de Bretagne, qui ne prenaient
avaient
le titre de comte. ,Hervé III, comte. de Léon, était en
alors
guerre avec le duc Conan IV. Ce prince appela le secours
II. 'l'oi d'Angleterre, et du duc de Normandie qui fit
d'Henry
une invasion dans le pays de Léon. en 1166, et détruisit les
de IJesneven, Saint-Pol et Treb~z. On voit les ruines
châteaux
de cette dernière fortifioation près de Morlaix. Guyomarh VI
qui succéda à Hervé de Léon 1 était d'un caractère brouillon ;
les violences par .lesquelles il emanglanta sa famille, amenèrent
de Geoffroi, qui venait de monter sur le trône
l'intervention
son mariage avec Alix, fille de Conan. Geoffroi en
ducal par
prit occasion de s'emparer de Morlaix en 1179. A la mort de
Guyomarh protesta contre cette confiscation par la
ce prince,
de cette ville. Quelques années plu~ tard, le roi d'An­
reprise
de Geoffroi, revendiquait par un siége q~'il fit
gleterre, père
en personne,. les droits du jeune, duc ·Arthur de. Bretagne, $on

pupille. Après une vigoureuse résistance des assiégés, Henry II
~'empara .de cette plaee qui depuis fut définitivement annexée
.au duché. Celte acquisition était pour les princes bretons d'une
très-graqde importance, en ce qu'elle scindait les possessions
des comtes de Léon, en- isolant de leur ancien domaine, délé­
mité à Morlaix par le cours du J arleau, de vastes contrées
dont ils étaient devenus maîtres dans le pays de Tréguier (t).
Ainsi commençait le déclin de cette maison puissante dont. les
prodigalités de ses derniers comtes avaient, moins d'un siècle
après; complété la ruine. Les vicomtes de Léon que nous re­
\rouvons ensuite dans l'histoire, ne sont plus qu'une branche
de cette famille.
puinée
La politique ducale recommandait la ville de Morlaix à toute
des princes bretons. Ils venaient y passer du
la sollicitude
temps dans un château de plaisance construit d'abord sur la
rive gauch~ et aux J'lords du Quefleut. Il fut re~ati sur les ter­
rains plus élevés qui dominaient l'flficienne enceinte de ville,
après que le premier emplacement de ce château eût été aban­
donné pour former l'enclos du couvent des Dominicains que
les habitônts y fondèrent en 1235. Jean II se plut à orner le
nouveau château. En exécution d'un vœu qu'il avait fait étant
à la Réole, en Guyenne, où il combattait avec les Anglais, il
construisit la belle église de Notre-Dame du Mur, que Jean IV
-se chargea plus tard' de coureH}ner par Ull magnifique clocher.

C'était la chapelle ùucale ; Jean II y avait institué une collé­
giale desservié par un prévot et huit chapelains, en 1296, et
fait transférer la confrérie de' la Trinité, établie depuis plus
d'un siècle et demi dans l'église de Saint· Mathieu. Ce fut sans
doute pour la rendre plus aèeessible aux habitants qui aura.ient
voulu assister aux offices de l:église de Notre-Dame du Mur,
u'il marqua sa place aux plus prochains abords de la 'Ville.
1 cerna aussi de murailles un espace de sept cents journaux,
nOl~ loin du château, pour lui servir de parc. Albert Le Grand,
parlant du duc Jeaq IV, écrit: que ce prince aimait à prendre

((- le plaisir et le déduict de la chasse dans cet enclos rempli
• de bêtes fauves .•
. La paix dont avait joui la Bretagne jusqu'au règne du duc
Jean, III, fut troublée après sa mort survenue en 1341, par la

guerre que soutinrent durant plus de vipgt ans les deux pré­
. tendants ~ sa couronpe. Charle~ de Etois, marié à la comtesse
qe Penthièvre, que le feu duc avait reconnu pOQl' son héritière,

conformément à l'·usage des fiefs dA ce pays, défendait avec l'ap-

W On pe~t voir dans une enquête de l'année IU5, rapportée aux
les d~ l'HISTOIRB DB BRETÀG!fE, tom l, col. 887, que le domaine
comtes de Léon. ~·éteIld,jÜ\ · d~p"18 19. cap' 8alut-Mllhé t ju.5qg~à
Lannion •

pui du roi de France, les droits de sa femme!Jil1,e d~ f~ère ain~
de Jean IV contre le comte de Montfort, qm n e~l etaIt que le ,
frère puîné' f ce prince était soutenu par les··AnglaIs. No.tre pays
était d'evenu le théâtre des vieilles hostilités des deux peuples.
Morlaix et tout le pays qui l'entoure reconnaissaient l'autorité
de Charles de Blois et, s'il est vrai que le comte de Montfort
ou son fils en ait fait le siège, cette tentative demeura sans
résultat. Cette ville, en 1352, envoyait des députés aux .Etats
de Dinan, pour aviser au paiement de la rançon de Charles de­
Blois fait prisonnier à la bataille de la Roche-D'errien. Quand
le sO~'f de la bataille d'Auray eût rangé la Bretagne sous la loi
de, Jean IV, Morlaix fit sa. soumission; mais demeura toujours­
d;une. foi suspecte au duc conquérant. Ses habitants, par un
sentiment romnuin à toute la Bretagne, étaient impatients de
la faveur exclusive dont les Anglais jüuissaient près de ce
prince et de· la défiance qu'il montrait pour ses sujets. Elle
entretenue· par l'empressement avec leq,uel des Bretons
était
servaient la France sous leur compatriote le c,onnéta·ble'
Du Guesclin. Dans une guerrel qu·'il faisait au roi Charles V,. le
IV avait imaginé de mettre Ulle garnison ang1aise, à,
duc Jean
MorlaiX', en 1373 .. Des troupes françaises qui traversaient la

Basse-Bretagne, se joignirent a la noblesse du pays et aux na­
bitants, pour débarrasser la ville' de ces étrangers:. Ils furent
assiégés qans le château· ; l'es uns furent tu.és, les autres furent
contraints de· capituler. Mais le duc, qui alors était allé solli­
de nouvea·ux secours en Angleterre, ne tarda pas à dé­
citer

barquer au pays de Lèon à la tête d'une armée considérable=.
A son arrivée, les MorlRisiens dégondèrent les portes de leur
ville en signe d'e soumission et. s'avanc~rent , au deva.nt du prince.
en demandant grâce. Jean IV , avant de faire aucune réponse,.
exigea que cinquante des coupables fussent remis en ses
U épargna la ville;: mais tous les habitants qui lui
mains.
avaient été livrés furent mis à mort. Jean IV, qui pour ne pas

entrer ell ville s.'était logé au châ-teau , de Cuburien, partit
aussitôt 1 laissant dans M.orlaix une garnison de huit ,cents
hommes. Les Morlaisiens, pendant que. le duc était en voyage,
les mêmes secours et expulsèrent leurs
appelèrent encore
Bien heureusement pour el1X, ce prince HB trouva· pas
gardiens.,
, le loisir de mettre à, ex,écution la vengeance dont ils étaient
menacés. . ,
L'activité GommerCÏcile de cette ville n'était pas' au-dessous
de, son énergie dans. les affaires publiques. Sa prospérité s'ac~
crut sous les règnes plus paisibles de Jean V et de ses '-suc­
cesseurs. Anne de Bretagne s'était. remariée à Louis, XII.
I~orsqu'elle passa à Morlaix: en se rendant d'un pélerinage au
Folgoët, vers celui de Saint-Jean-du-Doigt, eUe. fut reçue avec

les plus vives démonstrations de joie; c'était en l'année 1505.
François 1 dans le cours d'un voyage en Bretagne, dont on
ignore les motifs, visitait aussi la ville de .. en 1518.
L'alliance de ce prince avec Henry VIII d'Angleterre, quoique
fameuse entrevue du
solennellement renouvelée dans leur
Champ du drap d'or, fut bientôt rompue par une ligue offensive
du monarque anglais avec Charles-Quint, en 1522. Leurs
à la voile dans -l'été de
forces maritimes combinées mettaient
la même année, sous les ordres du grand amiral d'Angleterre.
Cette flotte de cent huit forts navires, après avoir ravagé les
côtes de Normandie et pillé Cherbourg, paraissait près de l'em­
bouchure de la rivière de Morlaix dans les derniers jours de
juin, avec le dessein de faire un gros butin dans cette ville.
Par une singulière coïncidence, en même temps que la noblesse
du pays se rendait à Guingamp pour une revue que devait
à l'occasion de la guerre, le comte de Laval, lieutenant
passer,

en Bretagne, les négociants de Morlaix partaipnt pour
général
foire de Noyal-Pontivy. C'était le grand marché des toiles
noyales, dont ce port faisait de grosses expéditions. In­
dites
de ces circonstances par un traître du nom de La T1'igle,
formé
qui n'était pas capitaine de la ville. comme l'a écrit Albert Le
Grand, mais qui pouvait bien y avoir alors commandé. comme
lieutenant, l'amiral comte de Surrey changea son projet d'at­
en un projet de surprise. Les Anglais, débarqués dans la
taque
rade, le 3 juillet, s'acheminèrent par petites bandes; les uns
déguisés en paysans, et les autres en marchands, se glissèrent

la ville et dans les faubourgs, tandis que d'autres se
dans
cachaient dans un bois; sallS que les habitants eussent la moin­
dre défiance, jusqu'à ce que réveillés par l'ouverture des
portes et l'entrée hruyante des Anglais, au milieu de la nuit,
Ils se jetèrent dans la campagne. Le pillage fut complet ; les
églises elles-mêmes ne furent pas épargnées. « Deux seules
• personnes, écrit Albert Le Grand, se mirent en défense 1 le
• recteur de Ploujean 1 chapelain de Notre-Dame du Mur~
• lequel ayant levé le pont de la porte de Notre-Dame, monta
• dans la tour, d'où à coups de mousquet il versa en la pou­
Il dre (la poussière), les plus eschauffés ; mais enfin il fut miré
• et tiré. Et une chambrière de ]a Grande Rue qui voyant

• que tout le monde du logis s'estoit sauvé à la fuite, amassa
« quelques autres filles de la rue en la maison et ayant ouvert
te l'escoutille ou trape de la CéIve quiestoit à l'entrée de la
Cl porte, en dedans, de sorte que les ennemis entrant en foule
• tombèrent dans la caye où ils se noyèrent au nombre de
• plus de 80. Enfin. la maison fut forcée et la généreuse fille
« qui, avec ses compagnes, s'estoit retirée et enfermée au
ex sommet du logis, poursuivie par les soldats, fut prise et jettée

« du haut en bas sur le pavé. " La patache que les Anglais
avait dépêchée pour recevoir le butin ne put arriver au Pl)r.t.
Le chenal avait tlté barré au moyen des arbres coupés dans
l'avenue du couvent des Cordeliers de Cuburien , qui avaient
la rivière. Les Ang\ais partirent à temps pour ne
été jetés dans

pas rencontrer le comte ~e Laval qui arrivait au secours, .après
mjs le feu à la vllle, emmenant avec eux les habItants
avoir
sur lesqqels ils avaient pu mettre la main, et dont ils attendaient
une forte rançon. Mais six à sept cents traînards qui s'étaient
attardés à faire bonne chére aux celliers du Quai de Tréguier,
dit notre auteur, furent taillés en pièces près de la fontaine du
aux abords de la ville. Cette fontaine s'est appelée de­
Stivel,
puis la Fontaine des Anglais. On dit que les captifs restèrent
en Angleterre, et que la ville demeura sous le
plusieurs années
coup .de cette catastrophe pendant dix ans.
Depuis lors, en temps de guerre maritime, les Morlaisiens
surveillèrent le cours de leur rivière. ' Sous leur conduite, les
de Saint-Mathieu, dè Saint-Melaine et les habitants
paroissiens
des paroisses riveraines se relevaient dans un poste établi à 1 a
de Bec-ar-Menez ; celle de Penalan, sur ' l'autre rive,
pointe
soumise à la même garde par les habitants de Saint­
était
Martin et autres de la même rive. On cherchait un mode de
défense plus efficace et m(lins assujettissant. Le prieur des

en donna un projet. qui finit par être accueilli. Ce
Dominicains
prieur, du nom de Nicolas Trocler proposait de fortifier un îlot
de la rade qui commande si complètement les deux
rocheux •
passes de la rivière que ses feux pouvaient aisément en fermer
La ville demanda l'autorisation do construire ce châ·
l'accès.
teau. Elle lui fut accordée après une enquête sérieuse, aux
conditions qui suivent. Les Morlaisiens devaient faire la dé­
pense de cet établissement, faire choix du capitaine et d.e
la garnison, l'entretenir, ' payer les gages du chef et de sa
se couvrir par l'abandon que le roi faisait des de­
troupe, et
de la ville, ce qui fut accepté avec
voirs, aides, impôts et billot
empressement. Au bout de deux ans, le 5 juillet t 544, jour
de ]a surprise de Morlaix, Jean de Kermellec pre­
anniversaire
possession du Château dlt Taureau, comme capitaine avec
nait
une garnison de vingt-trois soldats, choisis dans les jeunes,
gens de familles notables du pays) un trompette, un canonnier­
un aumônier. DiX: ans après, on complétait l'organisation
du personnel par l'adjonction d'un lieutenant, d'un enseigne,
d'un portier et même de trois dogues. On voit que Saint-Malo
pas la se.ule place qui compt,at des chiens parmi ses dé­
n'était
La paie du capitaine était de deux cents livres, celle
fenseurs.
de soixante. La première somme représenterait en
des soldats
valeur actuelle cinq mille francs; la seconde douze cents en·

viron. Si ce n'est pas"n. l'établissement du Château du . Taure. au"
c'est au mo.ins à la surprise de Mo.rlaix que se rappo.rte la devise,
héraldique de ses armes do.nt la pièce principale est un navire.
Cette devise est un jeu de mo.ts sur so.li no.m : S'ils te m01'dent,
mord les. ' .
, l\Jo.rlaix, en 154.8, vo.yait entrer dans ses murs la jeune reine,
d'Eco.sse, Marie Stuart, qui venait de débarquer à Rosco.ff et
épou,ser le Dauphin, depuis Franço.is 11, avec lequel elle
allait
ne. rég,na en France que peu de mo.is. Au moment de, son en­
le po.n.t de la po.rte No.tre-Dame (1) s'écro.ula So.us la mar­
trée
de so.n esco.rte. Elle craignit qu'o.n en vo.ulut à sa vie, ce fut
che
alors que le sire d.e Ro.han, en la rassurant, lui dit ces paro. ...
les souvent citées: Jamais Breton ne fit trahison. Quelques an­
llées plus tard la vill~ reçut. une no.uvelle o.rganisatio.n muni­
cipale, semblable à cene de plusieurs grandes villes de.
'FrçlB.ce. Nantes av.ait o.bten.u ce privilége, en, 1560, deux ans
avant c~lle de Mo.rlaix. Il ne fut o.ctl'o.yé à Rennes et à
Brest que tren.te ans plus tard; ce qui peut do.nner l'idée de,
~'importallce qu'o.n reco.nnaissaït alo.rs à la ville de Mo.rlaix .
le pro.cureur o.u syndic des bo.urgeois, qlli prit alors,
Jusque-là
le titre de maire. n'avait aucune juridictio.n de po.lice;. Le maire.
de,vant être a.ssisté. dans so.n service par des échevins, égale­
ment élus, pa.r les habitants. Charles IX accorda aussi, en
1566, à la. ville la faculté d'avo.ir Ull.e juridictio.n co.nsu­
laire o.u co.mmerciale. Les juges étaient élus par les principaux
négociants.
Le co.rps municipal. à qui il appartenai t de no.mmer le capi­
Chàteau du Taureau. avait jusqu'en 1562, po.rt,é ses.
tain.e du
choix sur les habitants de la ville, qu'il jugeait les plus pro.pres·
à eocercer cet emplo.i. Il avait élé, depuis l'o.rigine. co.nfié succes­
~ivement à J.ean de Ke-rmellec et à Guillaume des Fo.ntaines,.
qui était en même temps sénéchal. à Guillaume Quemeller,
No.uël, Richard. Nicolas et Vincent Lezay. Elevé à une,
Vincent
plus haute dignité pal: so.n nouveau régime, le co.nseil résolut
de faire de cette capitainerie un attribut de l'office des maires.
de Mo.rlaix. Il fut résolu en conséquence que chaque maire
o.rtan.t après so.n s.e~vice, qui n'était qu'annal, serait investi,

de ce petit co.mmandem.ent. Nous
pendant l'année suivante,
avo.ns. eu o.ccasion en parlant de la surprise de Mo.rlaix de dire
(};ue cette ville avait. un capitain.e. Tout ce qui regardait le
service militaire se faisait so.us. son auto.rité. Le sénéchal et. lui
no.mmés par le prince, étaient les représentants de la puissance
so.uvera,ine ; ils occupaient le. premier rang dans. les · délibé-

(1) Cette p'0l'te Notre-Darne n'était pas celle de Notre-Dame-du-MUl',
ault'e chapelle située. au-d.essous de la viUe close.
mais celle d: une

rations municipales. La caf.itain~rie .. de Morlaix fut érigée e.n
titre de gouvernement en 1 <:168. ; frollus ,du. Mesgo~lez. ~arqUls
de la Roche en faveur de qUl cette creatIOn aValt eu heu en
qu'e'll~ lui c?nfér~üt de.s. droits plus considérables que
induisit
ceux qu'il avaIt eus Jusqu alors; Il voulut. d?nner des ?rdresau
Château du Taureau et en nommer le capItame. Malgre la haute
que lui accordait Catherine de Médicis, mère du roi,
protection
il échoua dans ses préten~ions. .
Nous sommes maintenant en présence des évènements du
temps de la Ligue, à Morh~ix. ~ou::; devons c?mf?encel' par
sItuatiOn du pays a l'epoque que
dire quelque chose de la
nous abordons. La Basse-Bretagne s'était peu occupée des
querelles de religion jusqu'en 1589. Mais l'assassinat d'Henry III
qui appelait à la couronne un pl:ince H~guenot, y. callsa .de
vives alarmes pour le sort de la fOl catholIque. La LIgue laIS­
sait en suspens la question d'Hérédité. Elle avait proclamé le
vieux cardinal de Bourbon, oncle d'Henry IV, et s'était fait
de partisans. En J 591, Brest était la seule ville de ce
beaucoup
pays qui fut soumise à l'autorité de Henry IV, et il n'y avait
pas alors longtemps qu'elle avait été enlevée aux Ligueurs, Cette
faction trouvait un appui considérable dans le gouverneur
de Bretagne, qui était de la maison de Lorraine, et qui,héritier
sa femme, des prétentions de la maison de Penthièvre sur
par

la Bretagne, ne cherchait qu'une occasion pour les faire valoir.
Mais l'élat des choses avait beaucoup changé depuis que le roi,
de Paris, éLait rentré dans le sein de l'Eglise.
devenu maître
Vannée suivante, le maréchal d'Aumotlt, l'un des plus renom­
més capitaines de ce temps, recevait la mission de mettre fin à
la guerre civile mêlée de brigandages, qui désolait la Bre­
tagne. Le parti de la Ligue était puissant à Morlaix; mais les
hommes sages. qui tendaient à s'en éloigner. devenaient de
plus en plus nombreux. Le maréchal, parti de Tréguier pour se
rendre dans cette ville, trouva en route ses députés, qui, à
l'insu du gouverneur, venaient le prier d'y faire son entrée,
. en lui proposant des articles de capitulation qu'il se hâta d'ac­
SOll anivée imprévue ne laissa an sire de Carné Ro­
cepter.
que le temps de se jeter dans le
sampoul, ligueur déterminé,
château, avec soixante gentilshommes du pays qui furent bien­
de cinq cents soldats de Mercœur. S'il eût pu
tôt renforcés
tenir plus longtemps , une bataille eût été livrée sous les murs
de la ville, car Mercœur n'en était plus qu'à quelques lieues
avec sa troupe et un corps d'Espagnols. D'Aumont venait d'être
IIll corps d,'Anglais. Mais la disette était au château ;'
rejoint par
il fallut se rendre. Pendant que les assiégés en suppor­
taient les ' privations. le maréchal avait galamment envoyé
un mouton et du gihier à l'adresse de la dame de Rosam-

poul, qui avait voulu subir avec son mari les épreuves du siége.
L 'un des articles de la capitulation portait que la ville gar­
ses priviléges allciens sur le Château du Taureau. Il eût
derait,
au maréchal de repou~ser cette disposition;
été très-impolitique
mais, pendant les 'Vingt-quatre jours de la durée de ce siége,
il dut s'apercevoir que son exécution prochaine était pleine de
péril s. Ce Château du Taureau, remis aux mains d'un ancien
eette faction
maire ligueur, pouvait devenir une citadelle pour
et tomber au pouvoir des Espagnols. On c.urait pu voir le Châ­
teau du Taureau comme le château de Primel, sur la même
rivière, occupé par La Fontenelle, . ou tomber aux mains des
D'Aumont, fit appel au patrioLism,e ~u capi~aine de
étrangers.
cette place. en lui demandant au nom de la paIx puhlIque, de
se maintenir dans son commandement envers et contte tous •
jusqu'à ce qu'il eût reçu d'Henry IV l'avis de se retirer. L'an­
cien maire. qui exerçait cet. emploi, était Guillaume du Plessis
de Kerangoff, ancien ligueur, mais qui avait compris qu'il n'y
se rattacher au roi légitime. Quand son SllC­
avait plus qu'à
cessèuf vint pour occuper le fort, il lui en refusa l'entrée. La
ville s'étonna de cette violation de ses droits et ne voulut plus
payer les gages du capitaine. Du Plessis l'y contraignît en met·
tant arrêt sur le passage des navires. Elle recourut à l'autorité
du conseil privé du roi. Ses requêtes furent traînées en longueur
par des réponses dilatoires ou ~vasives, si hien que le capitaine
du Plessis. dont la famille subsiste encore dans le pays, ne reçut
de se retirer qu'au hout de dix ans. Il remit lechâ­
l'autorisation
au maire sortant qui s'appelait Maurice de Kerret. C'était en
teau
l'année 1604. Sans doute l'histoire doit dater la fin des évène~
ments de la Ligue en Bretagne, de la 'reddition de Nantes que
Mercœur tint en son pouvoir jusqu'lm 1598; mais le calme ne
se fit pas partout aussitôt. Malgré les soins d'Henry IV pour
empêchel' tout mouvement de réaction, du Plessis en hutte à
la commune qui lui demandait compte de la prolongation de
et réclamait de fortes condamnations pé­
son commandement

exhiba alors les ordres du roi. Il justifia en même
cuniaires ,
temps qu'il avait été forcé de faire de grosses avances pour le
maintierl du service de la place. On dût lui payer huit mille
écus, malgré l'état des finances de la ville qui s'était fort en­
dettée pendant que son admmisLration était dominée par le
parti de la Ligue. .
Les élections municipales de l'année 1641 furept mêlés de hri­
on ambitionnait la mairie en vue de la capitaiQerie du châ·
gues;
teau du Taureau. Ce privilège fut suspendu; le roi nomma un of­
à ce commandement. La ville . envoya une députation à la
ficier
cour. Elle obtint de Richelieu sa réintégration dans ses prérogati­

ves. Rien n'était moins conforme aux idées monarchiques que 1'a-

bandon d'une place ~e guerre .à l'autorjté ml1nicip~le:, mais
c'était un privilége umql1e, et qUI par SUIte ne pouvmt, tlr~r à
conséquence. Ce. fut le renouvellemAent des memes ae:lt.atlOu,s
qui y mit fin. LoUIs XIV confia. le chateau pendant troIs an~ a
un offitier de ses gardes, qlll eut pour successeurs deux ma­
de camp et un lieutenant général de Ja maison de Goes­
réchaux
briant. yvon de GnesbrÏ:mt, un 4e leurt: auteurs, avait été capi­
taine dé Morlaix en 1558; enfin M. de Saulx-Tavannes lieu­
dè ce châteall au moment de
tenant-général, était gouverneur
la Révolution. En supprimant le privilége des Morlaisiens, 10 roi
pris à sa charge les dépenses d'entretien du fort et de la
avait

.garnison et avait érigé cette capitainerie en titre de gouverne­
ment. C'est ce qui était arrivé depuis longtemps pOUl" beaucoup
des anciennes villes closes qui avaient eu des capitaines et que
leur éloignement des frontières ne permettait plus de classer
dans les places de guerre; elles avaient des gouverneurs qui y
recevaient les premiers honneurs quand ils y résidaient, et parti­
à lems délibérations et à leurs affaires importantes.
cipaient
Elles payaient aussi les émoluments attachés à leur charge. ce
qui était une ll1cmière de traitement qu'on donnait aux officiers
La ville soldait ainsi les gages de:; gouverneurs de
généraux.
Morlaix et du château du Taureau. Le service du château du

Taureau était confié à quelque ancien capitaine, comme re-
traite. Son dernier lieutenant de roi était M. de la Villcmar­
qué. aïeul du collecteur des Chants populai1'es de la B1'etagne,
notre confrère, que nous sommes heureux de voir au milieu
de nous. . .
Le procureur général de La Chalotais fut enfermé avec son
fils ail château du Taureau, en 1765. pendant qu'on instruisait
procès intenté contre lui à l'occasion de l'opposition que le

Parlement de Bretagne avait faite pour la défense des priviléges
de la Bretagne. D'autres détenus politiques y furent enfermés
plus tard, 'si l'on peut donner ce nom aux auteurs des attentats
Romme, Soubrany et Bom'botte
révolutionnaires; tels étaient
dans l'insurrection de 1795, entreprise pour rétablir
impliqués
le régime de la Terreur. Ces temps derniers Blanqui et d'autres
des faits de même nature.
y étaient prisonniers pour
La puissance royale qui dominait partout ne laissait plus aux
villes que la gestion des inlél'êts municipaux. Elles n'ont plus de
rôle dans l'histoire. Les évènements de la ville de Morlaix se
réduisent à peu près à des conflits de juridiction on de pré­
les autorités. Mais il nous reste à faire connaître
séance entre
5~S antiquités monumen tales, au premier rang desquelles se .
la belle -église de Notre-Dame-du-M ur, bâtie, comme on
plaçait
l'a dit, par Jean 11 en 1295, et terminée par le clocher qu'y
éleva Jean IV. .

. Celle antique chapelle du château ducal était cn grande vé­
nération, non-seulement dans la ville, métis dans tout le pays.
C'était la gloire et l'objet de l'affC'ctioll de ses habitants. Ils étaient
fiers de son magnifique clocher. On le construisait pendant que
les lHorlaisiens chassaient leurs garnisons anglaises. L'église
était déjà entrée dans l'enceinte de la ville. Lors de la seconde
ces attaques, on tirait. de la plateforme de la tour sur ces
ét.rangers. Le maréchal d'Aumont y avait aussi placé des canons
le siége du château; les habitants obtinrent qu'ils fussent
pour
mis ail~eurs pour qu'on np. fit pas dommage au clocher. .
La disposition de l'édifice était singulière. Trois rangs, cha­

cun de cinq travées, le partageaiellt en quatre nefs. La pre­
mière formait le collatéral du sud, la seconde la grande nef, la
troisième le collatéral nord; la quatrième se développait du
côté de la ville close, en façon d'avant-corps. Son plan poly­
assez à un demi ovale coupé en longueur_
gonal ressernblait
C'est dans cette espèce de vestibule que Jean IV avait élevé le
beau portail d'entré.e qui faisait la base de sa tour; il pénétrait
en fausse équerre jusqu'au collatéral voisin. On dit que ces bi­
zarreries du monument disparaissaient dans son élégance géné­
rale. La tour percée de longues baies était couronnée d'une
flèche avec ses quatre clochetons. L'église avait cent dix pieds
de long. sa tour cent vingt pieds et la flèche cent vingt-huit
ce clocher à celui du
pieds de haut. Beaucoup préféraient
Créïsker. -
était la patronne de la cité. Son église
Notre-Dame-du·l\1ur
eu était la basilique. On y fêtait toutes les solemnités publiques;
les paroisses s'y rendaient pour la procession du Sacre;
toutes
Je gouverneur, la sénéehaussée, le corps de ville y avaient leurs
Cette église cut aussi le triste privilège de servir au culte
siéges.
de la déesse Raison, aux fêtes patriotiques de la Décade et au­
tres' ainsi qu'aux mariages civiques. La Révolution n'avait con­
servé qu'une paroisse à la viUe et l'avait établie dans l'église
des Dominicains, olt elle était desservie par le curé constitution­
Cependant le Conseil municipal entendait que la ville gardât
nel.
du Mur au moins comme monument. Elle l'avait
la chapelle
achetée au prix de six mille six cents francs dans une adjudica­
15 mai 1792. Comment arriva·t-il qu'elle fut
tion nationale du
de cinq ans après le rétablissement du culte ca­
détruite plus
tholique '? Elle était alors aux mains d'un industriel qui l'avait
de la commune, en 1805, pou r spéculer sur la vente
acquise
de ses matériaux de démolition. Vainement un généreux ci­
toyen, M. Le Denmat, otTrait de l'acquérir pOUf la sauver. Au­
cune des mesures que la prudence ou la loi prescrivent dans

l'intérèt de la sûreté publique ne fut prise pour prévenir la
chute imminente ùe la tour, la seule partie que l'on voulùt, dit-

on, préserver. Priv~ des appuis ~~'il tro~vait dans les mu~'s
adjacents, ce· magOlfique clocher s ecro,ulatt avec fracas a~ mI­
lieu de la journée d~ ~8 mars 1806. ~n ecrasa~t sous ses deco~­
bres les maisons VOlsmes et" ensev~hssant hml personnes q~ Ils
atteignirent mortellement. L Il1S0UClance de la commun.e ne s ex­
lique pas, quoique son Conseil fût, dit· on alors, composé en
ne suffit pas p0,ur rend~e rai~on ~e tels procédés. Le malheur des
un mstmct destructeur des monuments
temps avait developpe

religieux q~i. s',est étend~" dans ~e~ Lemps derniers, à d'aut~es
catégories d edlfices publIcs. A cote des causes de celte l'ume
qui nous sont connues, le génie du mal travaillait à détruire ce
temple de la supe1·s~ition. Tel fut le sort du monument qui faisait
la gloir~ de cette vll~e: , ., '
L'églIse des DommlCams manque d'elevahon .. Elle n'a que le '
mérite d'appartenir au XIIIe siècle. Les bâtiments conventuels
elle est entourée sont anciens. On y voit de vieilles ins- ,
dont
criptions. L'église sert à présent de magasin de fourrage pour
la remonte j les bâtiments du couvent sont devenus une ca­
Ici nous ne pouvous pas nous dispenser de rappeler que
serne.
cette communauté cumptait au XVIIe siècle un pieux et savant
des Vies des Saints de la Bretagne. Qui n'a
religieux, auteur
pays, parler d'Albert le Grand? Il était de
entendu, dans notre
la ville de Morlaix, où son nom s'est perpétué jusqu'à ce jour.
Il peut aus~,i passer pour l'historiographe dA sa patrie. On
trouve détaillés dans la Chronique des p.vêques de Saint-Pol et
de Tréguier, intercalée dans les Vies des Saints de Bretagne
une masse de faits très-précieux pour l'histoire de la ville de
Morlaix. La plus intéressante des églises paroissiales de Morlaix
est celle de Saint-Melaine, construite au xvO siècle. Celle de la
de Saint· Mathieu ne mérite d'être mentionnée que
paroisse
pour sa tour dp, la fin du siècle suivant, dont la lourdeur mas:­
sive fait contraste avec le style de la Renaissance qu'on a pré­
tendu y employer. Construite d;:ll1s le style moderne, dans les
dernières années du XVIIIe siècle, l'église de Saint-Martin est
loin d'être sans mérite; sa tour achevée récemment. s'har­
monise avec sa façade d'entrée. La font.aine dite des Carméli­
tes, présente en ee genre d/e monument le type gothique le
plu3 distingué et le plus pur qu'on puisse rencontrer dans
notre Bretagne.
Nous avons parlé du château de Cuburien et du monastère
du même nom. Ce château où nous avons vu Jean IV séjourner
vint châtier les Morlaisiens. en 1373, appartenait au
quand il
vicomte de Léon avec la forêt du même nom, qui en était voi­
sine. En 1458 Alain, vicomte de Léon et de' Rohan, fonda près
de ce château, qui est à une demie lieue de la ville, un Couvent

de Cordeliers que possèdent maintenant des religieuses Augu~-
tines. L'Eglise en est élégante. Les familles considérables de la
bourgeoisie ou de la noblesse de Morlaix y avaient des empla­
cements de sépulture indiqués par de belles pierres tombales qui
formaient le pavé. On y retrouvait les noms et les armes des fa­
milles que l'histoire de Morlaix au XVe ou XVIe siècle remet sous
nos yeux S'il est vrai que ces pieuses dames, pour mieux assurer
lalnetteté du balayage, aient fait repiquer ces pierres, nous au­
rions à regretter qu'elles aient fait si bon marché des vieux sou·
du pays dont leur acquisition les avait rendu dépositaires.
venirs
Mais nous vivons à une époque ou le désir d'améliorer l'état
des édifices religieux conduit à des innovations telles que si ce
même goût avait régné dans les temps anciens nos Églises
présenteraient bien peu de souvénirs de l'antiquité qui sied si
bien aux monuments de ce genre.
La lecture de cet intéressant travail est accueillie par
l'assemblée avec d'unanimes marques d'approbation.
M. Audran propose de l'insérer in-extenso au procès­
verbal, afin que nos collègues absents puissent en prendre

connalssance.
Cette proposition est adoptée à l'unanimité.
M, de Blois demande si personne n'a d'observations à
présenter sur cette communication J
M. Audran dit que le chàteau du Taureau était une petite
Bastille où l'on ne se faisait pas faute d'enfermer les jeunes
gens de famille de ce pays dont l'inconduite était pour leurs
parents un sujet d'inquiétude.
1\'1. de Blois répond qu'il n'a vu nulle part que le chàteau
du Taureau fut un lieu de détention de ce genre~ et qu'il
ne paraît pas qu'il ait servi de prison dans d'autres circons- _
que celles qu'il a indiquées.
tanres
1\1. Hcrsart de la Villeroarqué, présent à la séance, re­
mercie M. de Blois, du souvenir personnel qu'il lui a ac­
cordé en parlant du dernier lieutenant du roi du chàtean
nu Taurea-u. Il ajoute que M. Audran a en raison de re­
marquer que cette citadelle recevait p~r fois des jeunes
gens qui, s'ils fussent restés libres Ou s'ils eussent été
traités suivant la rigneur des lois, eussent fait le déshon­
neur de leur famille. Tel était, dit-il, un jeune homme aux
manières charmantes qui captivait rintérêt de tous les ' visi­
teurs. On soilicitait pour lui la permission de faire une , pro-

menade ou de passer quelques heures dans la ville un jour
de carnaval. Mon grand-père, continue M. de la VilIe­
marqué s'y refusait en excipant des ordres formels qui lui
défendaient de laisser sortir son prisonnier. Les instances
trouva plus qu'un moyen de les
devenant pressantes, il ne
cc fut d'exhiber SO'IlS promesse du secret le plus
reponsser,
absolu, la lettre de cachet. Les sollicitations ne furent plus
on y lut que le jeune el intéressant , détenu
renouvelées;
avait été le meurtrier ds sa mère.

lU. de Blois revient sur le nom de la ville de Morlaix ... qui
se prononçait primitivement Montrelais. D'autres membres
pensent que l'origine de ce nom doit passer pour suffisam-
ment démontrée.
lU. de Blois ajoute qu'il ne s'est pas arrêté dans son tra­
vail il l'étymologie qu'il a entendu donner du nom de Jar­
Ieau. qui est celui de la rivière passant à lV1ùrlaix ... qui
le partage do diocèse de Léon et dll diocèse de Tre­
faisait
guier, et qui servait également à délimiter le comté de Guin­
de Léon, D'après cette étymologie, le nom
gamp et celui
viendrait du mot anglo-saxon Earl ou Jarl et voudrait dire
que c'était \a rivière des comtes .
Il soumet cette remarque aux observations de la Société.
M. Briot de la l\lallcrie dépose sur le bureau plusieurs
qu'il prie la Société de vouloir bien
médailles ou monnaies,
agréer pour le l'Jusée d'archéologie.
M le président lui adresse les remerciements de la So­
ciété ; le prochain Bulletin contiendra le détail et la des­
cription des pièces qui viennent de lui être offertes.
La séance est levée à quatre heures.
Le Sec1'étaire,
, V. DE MONTIFAULT.

ORDRE DU JOUR

_ Pou?' la séance du samedi 12 juillet, à 2 heures, dans une des
, salles du Musée d'A1'chéologie.
1 Nomination d'un vice- président de la Société, en rem­
de 1\'1, Roussin démissionnaire, (art. 2 du régle­
placement
mei11.) , ' _