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Saint-Frégant, château de Penmarc'h, septembre 2024



Compte rendu d'excursion
Saint-Frégant, château de Penmarc'h, septembre 2024


Les photos sont en fin de page : cliquer ici

Les origines

La date 1546 inscrite sur l'entrée principale est sans doute celle d'une restauration ou d'une reconstruction. Le nom de Penmarc'h apparaît pour la première fois en 1308. À la fin du XVe siècle, Alix de Coëtivy, dame de Penmarc'h, épouse de Henri II (1414-1465) est la gouvernante de l'enfant du duc de Bretagne.

Penmarc'h devient une baronnie

Alain IV (1440-1498) est chambellan pendant plus de 30 ans. Le 12 décembre 1498, la duchesse Anne, « reyne de France et duchesse de Bretagne » lui accorde le titre de banneret, réservé à des seigneurs puissants, devant entretenir à leurs frais au moins 25 hommes d'armes. La terre de Penmarc'h est également érigée en baronnie. Le premier baron de Penmarc'h mourut moins d'un mois après avoir obtenu son titre. Louis de Penmarc'h, son frère, tuteur du jeune Henri, s'empressa de faire confirmer par le roi Louis XII la faveur accordée par sa « très chère et très aymée compagne la Reyne ». Le 9 juillet 1499, l'érection de Penmarc'h en baronnie était un fait accompli, avec tous les droits et privilèges que comportait un tel titre.

Le meurtre du deuxième baron de Penmarc'h

Henri III (1484-1529) est le deuxième baron de Penmarc'h. Il n'a pas été un guerrier comme ses ancêtres. Le 12 octobre 1523, il est avec son voisin Marc'hec, de Guicquelleau, « beufvant et faisants bonne chère ». Une dispute survient au cours du repas. Marc'hec sort son épée, frappe le sieur de Penmarc'h, lui coupe trois doigts et le blesse à la tête. Une deuxième scène survient le 15 janvier 1527. Henri de Penmarc'h se rend à Guicquelleau à 11 heures du soir. En compagnie de Marc'hec, il mange et boit plus que de raison pendant trois heures. Les deux compères finissent par s'insulter. Henri de Penmarc'h se lève et au moment où il monte à cheval, Marc'hec lui décoche un coup d'arbalète et l'achève à coups d'épée.

Marc'hec cherche à obtenir la protection du couvent des Cordeliers de Landerneau. Les moines refusent et Marc'hec est arrêté. La cour de Lesneven se souvient que Marc'hec est coupable de nombreux méfaits dans la région. Il avait même osé attaquer la garde personnelle du roi François Ier lors de son passage au Folgoët en 1518. Marc'hec est condamné le 17 février 1527 à être décapité sur la place de la Cohue à Lesneven. Son bras droit est attaché à un poteau près des douves du château de Lesneven et sa tête est piquée sur un pieu et exposée devant son château.

Alain V (1523-1562) devient le troisième baron de Penmarc'h à l'âge de 4 ans. Il obtient du roi François Ier des lettres concernant les foires de Goulven. C'est également lui qui a fait reconstruire le château que nous voyons aujourd'hui, du moins la partie centrale.

Les guerres de la Ligue

René Ier (1584-1632) n'avait pas deux ans à la mort de son père Claude (1543-1585). Dans la nuit du 31 juillet 1594, des soldats au service de la Ligue arrivent au château de Penmarc'h. Marie de Tuomelin, dame de Penmarc'h, leur refuse l'entrée. En les voyant tenter d'incendier la porte, elle leur ouvre. Les soldats pillent le château. Habillé en fille, le jeune René de Penmarc'h n'est pas emmené comme otage.

Prééminences et droits de la baronnie de Penmarc'h

En 1602, René obtient du Roi Henri IV l'autorisation de transférer de Goulven au lieu de Kerradenec « le lieu de l'exercice tant de justice (avec fourches patibulaires) que de la juridiction de la baronnie de Penmarc'h, laquelle (disent les lettres patentes) s'étendait de toute ancienneté sur plu­sieurs grandes paroisses de l'évêché de Léon ».

Au temps de Vincent-Gabriel (1655-1717), un document nous fournit des informations sur les prééminences et droits des seigneurs de Penmarc'h. Outre le droit d'apposer ses armes sur les vitres et en divers lieux de plusieurs églises, ils possèdent à Goulven le droit à quatre grandes foires. À la Saint-Goulven le seigneur rend justice. À la Saint-Louis, il est autorisé à prélever une poignée d'argent à l'offrande de la grand'messe. Chaque vendredi ont lieu à Goulven les marchés pendant lesquels se tient l'audience de la juridiction du seigneur. Ce dernier a le droit de lever des droits sur les marchandisent qui s'y vendent. Il en est de même pour la foire de la chapelle Saint-Gildas au Hellez en Guissény.

L'incendie de 1715

Dans la nuit du 13 au 14 août 1715, un incendie dévora l'aile gauche du château. Les archives qui avaient échappé aux flammes ont été emportées par les sauveteurs appelés en renfort par la dame de Penmarc'h. François-Gabriel mourut deux ans après en son château de Penmarc'h. Ses enfants seront les derniers à porter le nom de Penmarc'h.

Après la Révolution

À la Révolution, « le citoyen et la citoyenne Penmarc'h » obtiennent du conseil général de Saint-Frégant un certificat de civisme. En échange ils doivent brûler les archives qui restent. La lignée des Penmarc'h s'éteint en 1804 avec le décès de Louis-François (1728-1804), marié trois fois et mort sans enfant.

En 1806, les biens de Penmarc'h sont partagés entre les ayant-droits. François-Jonathas de Cresolles reçoit le château et ses dépendances. Il ne réside pas dans le château et le loue à l'abbé Joachim Le Poulzot qui y installe une institution scolaire qu'on peut voir comme ayant précédé, plutôt qu'à l'origine du collège de Lesneven. En 1817, l'abbé Le Poulzot est chargé de relancer le collège de Quimper et on ignore ce que devient l'institution de Penmarc'h. À partir de 1821, M. de Cresolles s'installe à Penmarc'h où il habite une partie de l'année. Il reçoit le chevalier de Fréminville au cours de son voyage dans le Finistère en 1832.

À sa mort en 1876, sa fille aînée Armande-Charlotte, épouse du général de Montarby, hérite du château. Le général y fit d'importantes réparations. En 1922, le château est vendu aux consorts Broch qui exploitent la ferme attenante et cèdent le château à la ville de Brest. L'antique château des seigneurs de Penmarc'h sert d'école aux petits Brestois faibles ou convalescents.

Le château aujourd'hui

De nos jours, la tour fortifiée, de plan circulaire et couronnée de mâchicoulis, est le seul reste de l'aile droite du château. Le corps de logis possède, côté est, un donjon carré en saillie. Sur la façade, les lucarnes à pignon sont décorées de pinacles et de crochets. La porte est à arc surbaissé et accoladé.

Liens

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin/annee_1930.html
Les seigneurs de Penmarc'h en Saint-Frégant. L. Farcy. Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome LVII, 1930, pages 52 à 92.

Photos de l'excursion SAF (septembre 2024)

Croix ancienne à l'entrée du château de Penmarc'h

Croix ancienne à l'entrée du château de Penmarc'h (vers le XIIe siècle)

Façade du château de Penmarc'h

Stèle de l'Âge du fer provenant de Keradennec

Pavillon fortifié

Pavillon fortifié

Donjon carré

Donjon carré

Blason moderne

Lucarne