Une nouvelle statuette du Mars gallo-romain découverte dans le Finistère,
P. Galliou,
Bulletin de Société archéologique du Finistère, 2017, tome 145.
Résumé :
Un prospecteur, oeuvrant à l'ouest de Plogastel-Saint-Germain dans une parcelle qui livra aussi des vestiges de la Protohistoire (un fragment de hache à douille du Premier âge du Fer) et un sesterce d'Antonin le Pieux (138-161 apr. J.-C.), a découvert une statuette de cuivre allié, de facture et de type indiscutablement romains. Haute de 7,8 cm pour un poids de 56,3 g, elle figure un homme nu, coiffé d'un casque.
Cette statuette d'assez bonne facture représente sans conteste une divinité gallo-romaine, qu'il est relativement malaisé d'identifier, les objets qu'elle tenait à l'origine ayant disparu. On ne saurait y voir une figuration de l'Hercule italo-étrusque, dont les statuettes sont nombreuses en Gaule, car, si celui-ci est bien représenté nu, il n'est jamais casqué. Le mouvement général du corps n'est d'ailleurs pas le même, Hercule, s'apprêtant à frapper de sa massue, étant figuré légèrement déhanché, ce qui n'est manifestement pas le cas de notre personnage. Ce dernier est, en réalité, montré en position statique, au repos, le corps sans doute appuyé sur deux objets, l'un tenu de la main droite, l'autre de la main gauche.
Cette position et la présence d'un casque incitent à penser que c'est le dieu Mars, ou en tout cas un dieu armé.
Bien qu'aucune de ces statues n'ait été, à ce jour, découverte dans la péninsule armoricaine, le culte de Mars, ou plutôt d'un Mars topique (Mars Mullo), y est bien attesté, du moins dans sa partie orientale et ses marges (Allonnes, Athée, Nantes, Rennes).
À l'intérieur de l'espace armoricain, les statuettes de cuivre allié de ce modèle ne se rencontrent pas chez les Coriosolites et les Vénètes, voisins immédiats des Osismes, et, chez ces derniers, de manière presque exclusive, dans la partie sud-occidentale du territoire, comme le montrent les trouvailles de Cléden-Cap-Sizun, Goulien, Guengat, Mahalon, Plogastel-Saint-Germain, Plonévez-Porzay, Quimper, Trégunc. Elles paraissent y dessiner un espace culturel particulier (sud du Porzay, Cap-Sizun, pays bigouden, Cornouaille méridionale) dont la nature exacte, correspondant peut-être à une subdivision ancienne de ce peuple, nous échappe encore. Il est de même impossible, dans l'état de la recherche, d'associer ce culte particulier aux trois grands sanctuaires reconnus dans la même région à Trégouzel en Douarnenez, Trouguer en Cléden-Cap-Sizun et Tronoën en Saint-Jean-Trolimon, l'absence quasi générale, dans ces temples, de dédicaces aux divinités ne permettant pas de savoir quel(s) dieu(x) ou déesse(s) y étaient vénérés.
Notons enfin que ces statuettes, d'un style généralement médiocre, sont loin de relever d'un type uniforme, laissant deviner l'existence d'ateliers différents, mais sans doute tous locaux, produisant pour les habitants de la région des figurines qui, vendues sur les marchés ou par des colporteurs, étaient ensuite placées dans des laraires privés ou des « chapelles » de bord de route. Elles témoignent aussi, en tout état de cause, de la vitalité de l'artisanat du bronze, encore largement méconnu, dans l'ouest de l'Armorique romaine.