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Bulletin SAF 1882


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Séances du 25 mars et 29 avril 1882

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SÉANCE DU 25 MARS 1882 .

Présidence de M. le Vicomte HERS ART
DE LA VILLEMARQUÉ .

MEMBRE DE L'INSTITUT
'Étaient présents: MM. de la Villemarqué, Aûdran,
Trévédy, Faty, Serret, Malien, Moreau de Lizoreux,

,Maigre, Vesco, Hardouin, Luzel, de Jacquelot,

Boùrrassin, Cormier, Bolloré, Diverrès, de Blois. .
M. le Président procédant au dépouillement de la
correspondance, communique à la Société diverses
lettres émanées des bureaux du Ministère de l'Instruc­
tion publique et des Beaux-Arts; dans les deux pre­
mières, Son Excellence, pour éviter tout malentendu
postérieur, rappelle que la somme de 3,000 francs

récemment allouée doit être, au terme même de la
décision ministérielle, affectée· : 1° au solde des huit

moulages exécutés au Trocadéro, moyennant un prix
de 400 ff'. ; 2° à l'achèvement ou du moins à l'avance­
ment des galeries du Mus8e ethnographique; enfin,
une autre lettre réclamait un accusé de réception du
mandat de 3,000 francs délivré au nom de· M. le Tré-

sorier; celui-ci fait connaître que le mandat en ques-
tion ne lui a été remis que la veille: il a fait diligence
pour en toucher le montant,mais l'argent n'a p~ encore
être encaissé, par suite de formalités de Trésorerie.

M.le Président, est unanimement approuvé lorsqu'il
à Son ExcelIenèe que la
annonce qu'il a répondu
Société était sincèrement reconnaissante des enCOUl'a-

.BULLEtIN DE L~ Soc. All.CHI>OL. DU FINISTÈRE. -TOM~: IX:

gements que lui avait accordés l'État et qu'elle mettait
tous ses soins à mériter cette faveur en se conformant,
ainsi que le témoignait le Pror.ès-verbal de la séance
précédente, aux intentions du Ministre .
M. Luzel a été chargé par M. Beàu, conservateur
du Musée; de sol1iciter l'autorisation d'aliéner plusieurs
costumes bretons achetés en double par les premiers
ôrganümteurs, ainsi qu'une vieille roue de potier. La
Société estime qu'elle est sans qualité pour trancher
· la première question; quant à la secOl)de, elle oppose
un refus formel.
M. Mallen s'étonne des retard~ apportés dans la con-
fection du catalogue du Musée, promis et attendu

depuis de longs mois. D'après le8 renseignements qui

ont été fournis à M. Audran, il paraît que ce travail,

". exécuté avec un soin minu.tieüx par Mlle Le Men, touche
à sa fin et sera bientôt livré à l'impression.
LBctured'une circulaire ministérielleannoncantl'ouver- .
· ture, à laSorbonne, du Congrès des Sociétés' artistiques.

La ville de Quimper estgénéralementdépourvuecte mo-
numents publics d'un caractère vraiment architectural;

comme faisant exception, on doit cependant citer la
· chapelle du collège, bâtie par les Jésuites, dans le goût
italien, et dont la façade se distingne par sa belle
ordonnance et ses élégantes proportions. Les travaux
en CQurs d'exécution menacent d'en .masquer une ,
partie; il serait peut-être encore temps de modifier les ,
plans et d'embellir les abords du nouveau lycée, en
dégageant complètement l'entrée de la chapelle.
Trois lettres de M. le sénateur Henri Martin, ad res-
· sées à M. de la Villemarqué, témoignent de son ardente
sollicitude pour les monuments druidiques de Trégunc .

(( Dieu veuille, écrit-il, qu'on n'arrive pas trop tard
«( pour la Roche aux Fées. Je ne connais rien de plus
«( intéressant en Bretagne que les deux ' groupes
«( menacés. »). Ces monuments seront conservés, gràce à
ce puissant patronage. Aussi, la Société tient-elle à
exprimer à son illustre protecteur l'hommage de sa
très-vive gratitude.
Notre Compagnie a appris avec lne:réelle satisfaction
la nomination de l'honorable M. Fergusson à la prési­
la S. R. d'Irlande. La Bretagne arm'oricaine
dence de
sympathies que ce savant témoignait à
n'a pas oublié les

notre province, alors que ses belles études . l'avaient

fixé dans les champs de Carnac et de Locmariaquer. -
Présentations de nouveaux membres. Sont admis :

MM. Maillot., rédacteur du F'inistere; Vivien, professeur
et Le Bail,
au collège; Salzac, .percepteur, de Briec
présentés par MM. Luzel et Audran ; Kerautret,
avocat,

architecte à Douarnenez, par MM. Vesco et de Blois;
Laporte, ancien contrôleur des contribu-
Georges

par MM. Malle'n et de la Vil1emarqué;
tions directes,
de Leissèguès-Rozav~n, juge d'instruction à Ploërmel,
par
Le Gendre, ancien conseiller de préfecture,
MM. Trévédy et Luzel, et M. Ducourtioux, directeur
des contributions directes, par MM. Vesco et Trévédy.
Là parole est ensuite donnée à M. le conseiller
Har:douin pour lir8 son Mé.moire sur la réformation de
la Coutume de Bretagne (1).
M. de Blois a été chargé d'exposer les résultats de

l'enquête à laquelle se sont livrés les délégués de la
société qui ont visité les décou vertes faites à Plomarc'h,
près de Douarnenez. Votre Commission avait constaté
~1) Sera publié ultérieurement.

sur· ce · point l'existence d'un établissement romain
et était d'avis d'y entreprendre dèS
assez important,
fouilles; il n'est plus possible de vous soumettre une
à ce sujet, car M. Trévédy, entré directe­
proposition
luent en communication avec 'le propriétaire, en a
reçu upe réponse qui équîvaut à un refus ou du moins
rejette l'entreprise à une époque ultérieure et indéter­
minée: M. de Bécourt pense qu'il serait fàeheux de
à l'idée d'explorer les côtes de
renoncer complétement
la baie de Douarnenez; le domaine de Plomarch
n'est pas à vrai dire le seul point où on ait trouvé des
vestiges romains. M. de Blois confirme l'exactitude de
cette assertion et ajoute qu'on l'a engagé à visiter

d'anciennes cuves en briques et ciment r0Il?-ain de-
état de conservation que (>lusieurs
meurées dans un tel
sont encore utilisées par l'industrie locale.
par M. Vesco, receveur des
Dons faits an Musée

finances. Notre honorable collègue dépose sur le .
bureau plusiéurs fragments de poteries et d'amphores,
et des poids recueillis à Aix, en Savoie; d'autres '
débris, non moins curieux, provenant des habitations
fibules, anneaux,
Lacustres, du lac du Bourget, tels que
Ces objets sont examinés avec
instruments divers, etc.

attention et seront plus tard déposés dans les vitrines
du ·Musée, suivant les intentions du généreux donateur. '

La séance est levée à 4 heures 1/2. .

Le Secrétaire.
A. DE BLOIS .

SÉANCE DU 29 AVRIL 1882.

Présidence de 1\:1 . F. A UDRAN

VICE-PRESIDENT DE LA SOCIETE
. Étaient présents : MM. Hardouïn, Serret, Faty ~

Malen, de Bécourt, Luzel, Maillot . .
Dépouillement de la correspondance. M. de la Ville­

marqué, Président de la Société, s'excuse de ne pou­
voir assister à la séance: il se rend à Paris, pour des .
recherches à faire à la Bibliothèque nationale.
M. A. de Blois, Secrétaire, et M. Vesco expriment
également leurs regrets d'être retenus chez eux pour
cause de maladie. .
M. A. de la Borderie n'a pu envoyer à la Société',
pour cette séance, la comrnunicatiôn qu'il avait pro­
mise sur un passage de la vie de saint Gouesnou, mais
il la fait espérer pour une des plus prochaines séances.
M. le Vice-Président donne lecture du procès-verbal

de la séance du 25 mars, qui ne donne lieu à aucune
observation,. si ce n'est que, à propos du vœu formé
par la Société, relativement à l'isolement de la cha-

. pelle du Collège des bâtiments' du nouveau Lycée,
M. de Bécourt 1it q n'il · a eu conn'aissance du plan des
travaux et que pleine satisfaction sera donnée à la
Société. ,
Maintien à l'ordre du jour de la communication pro­
mise par M. de la Borderie; le Vice-Président se charge,
au besoin, de lui rappeler sa promesse.
M. Serret met sous les yeux des membres de la So-
ciété une remarquable collection de dessins exécutés par

lui d'après de vieux menbles, lits. bahuts, coffres, cré­
dences, bancs d'œuvre, etc., provenant des campagnes
des environs de 'Quimper, et qui sont l'œuvre de sim-
ples menuisiers de nos communes rurales. Un travail
. de M. Serret sur l'~rt décoratif en Basse-Bretagne doit ·
acco,mpagner ces planches; mais, la rédaction n'en
. étant pas encore terminée, la ledure a été renvoyée
à la première séance.

Les dessins de M. Serret, d'une exactitude et d'une
perfection irréprochables, ont été l'objet des éloges
unanimes et de l'admiration des membres présents,
qui émettent le vœu de les voir publier, le plus tôt pos-
sible, avec le texte qui doit les accompagner.
Une discussion intéressante s'est ijnsuite engagée

sur les auteurs, ·les dates et les rapprochements aux-
quels donnent lieu les vieux mobiliers bretons. On a

. remarqué, entr' autres particularités, qu'ils datent gé-
118ralement du XVIIe siècle, qu'on en trouve peu d'an-
térieurs à 1,500 et que plusieurs d'entr' eux rappellent
l'ornementation espagnole, sans doute par suite du
contact assez prolongé des Espagnols avec nos popula­
tions bretonnes, durant les guerres de la Ligue, à la
fin du XVIe siècle.
motifs paraissent aussi remonte~ à une
Quelques
origine beaucoup plus reculée et offrent des ressem­
blances curieuses avec aes dessins observés sur les
pierres de la grotte de Gavr-Innz's et quelques autres
monuments mégalithiques de Bretagne. La feuille de
lot us se montre encore assez souvent sur les vieùx lits

et bahuts de no.s campagnes du Finistère, des Côtes- .
et du Morbihan. Le style ogival domine pres­
du-Nord
que partout. La période brillante de cette ornementa-

- - t'lU
tion artistique semble n'avoir guère été de plu,", d\1l1
siècle, que l'on peut lUl1itel' approximativen1ent entre
1580 et 1680 ; encore les documents sont-i is assez rares
entre 1589 et 1600, à cause des guerres continuelles
et de la grande misère qui en fut la conséquence la

'plus immédiate pour nos paysans bretons.

Le Président donne ensuite lecture d'Un travail in-
téressant du Président du Tribunal civil de Quimper,
M. Trévédy, sur un dernier débris de la chapelle ·
Saint-Jean, de Quimper. Le débris en question semble
être un pinacle de cette ehapelle, qui a été travaillé et
arrondi, dans sa partie supérieure, pour servir de
borne, au coin de la rue. Seule, la partie inférieure,
qui était cachée en terre, offre encore des fragments '
de sculpture de style ogival. .
La pierre a été transportée au Musée archéologique.
Plusieurs membres' discutent entre eux pour savuir
&i cette chapelle de Saint-Jean, qui se trouvait sur le
quai, vis-à-vis de l'entrée de la rue Vis, é,tait bien
l'Hospz"tale z"nter duas Kemper dont il est question

dans la charte du duc Conan IV, de 1160. M. Aymar

de Blois était de cet avis, et pensait que par duas
Kemper on devait entendre Quimper, ville close, et
. Loc-Maria, premier berceau de la cité, l'ancienne Oiv'itas
Aquilonia, cité del'Aquûon et nondes A'l'gles, commeon
l'a prétendu. Il semble qu'il est plus rationnel d'interpré­

ter inter duas Kemper par: erttre Quemper et Quem­
perlé, car il nepeut être question ici de Quemper-Guézen-
ne2, dansles Côtes-du-Nord; et alors il resterait encore à
déterminer le lieu précis où était situé cet établissement
d'Hospitaliers de Saint-J'ean ' de Jérusalem~ On a pro­
posé d~ l'attribuer. à une vieil1e chapelle en -ruine

nommée l'H6pz'tal, qUt3 l'on trouve à 4 ou 5 kilomètres
de Quemper, au bord de la route de Rosporden, un
peu ~u-delà de la jonction de l'ancienne et de la nou-
velle route, et sur laquelle on manque de renseigne­
ments suffisants pour en déterminer la destination,

d'une manière certaine,

Il ne faut pas, comme cela arrive souvent, confon-
dre les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem avec
les Templiers, Après l'extinction violente' de · l'ordre

du Temple, en 1312, les biens ,des Templiers, en Bre-
tagne, passèrent aux mains des Hospitaliers de Saint­
Jean de Jérusalem ou chevaliers de Malte, et ,de là
vient la confusion q1le l'on fait entre les mains de ces
derniers de la double provenance des dotations de
leur ordre, H.ien n'est dQ-Rt~ plus inexact que de con si-

dérer comme anciennes possessions templières tous

les biens des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem

et de vouloir trouver dans la charte de Conan IV une

liste des maisons de l'ordre du Temple, en Bretagne,
Comme le fait remarquer très-sensément M, ' Paul
Delabigne-Villeneuve, dans le Bulletin de l'Assocz'a-
tion bretonne, année 1853, deuxième livraison, on n'a
pas fait aSflez attention que ce document ne concerne
TempEers et qu'il n'y est question que de la
point les
MAISON DE L'HôPITAL DE JÉRU~ALEM, Conanus, dux
Brz'tann'l'œ, et ~ Notum s'il, etc, - .J.VIe dedz'sse et
cG:~cess'l'sse et hac rneâ cartâ confirmaV'l'sse DOMUI HIE­
ROSOLYMITANJE HOSPITALlTATIS omneselemos'l'nas, etc,-'
Or, Domus Hierosolymz'tanœ est une qénomination qui
n'a jamais été appliquée à ·la milice de y 'ordre du
Te.mple, qui était toujours désignée par ces ex pres .. ,
sisns : Mz'liÜ'a TempZz'. Fratres miUtÙJ3 Tempz?". , ;

M1:l't'tes sanctœ dom'Us~Hierolosym't·tani. - Ten~plar.l·l· .
Les Templiers furent, dès leur naissance, en 1118,
la conservation et la défense des Lieux­
institués pour .
Saints, après la conquête française, et leur nom vient
de ce qu'ils s'établirent d'abord dans une maison située

près de l'emplacement du Temple de Salomon. Les •
Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, qui remon-
tent au milieu du XIe siècle, . furent une société de

Frères-Servants ou d'Oblats, employés à Jérusalem au
service des malades et des pèlerins, dans un hôpital

dédié sous le vocable de Saint-Jean. Plus tard, pour
protéger les pèlerins et les malades, ils se trouvèrent
dans l'obligation de devenir un ordre militaire. La '
. charte de Conan IV n'est qu'une confirmation solen-

nelle accordée aux Hospitaliers de Saint-Jean de
Jérusalem des biens qu'ils devaient à la largesse des
ducs ·et des barons de Bretagne, et il n'y a pas lieu de
s'ingénier à y chercher des établissements de l'ordre

et des aumônedes,
du Temple, mais bien des hôpitaux
qui étalent placés ordinairement au bord des routes
et des gués des
. les plus fréquentées et près des ponts
cours d'eau.
A vant de leycr la séance, le Président, au nom de la .
société archéologique du Finistère, félicite M. Luzel,
un de ses membres, sur. la distinction dont il a été
la part de l'Académie francaise,
récemment l'objet de

pour sa nouvelle publication en deux volumes des
Legendes chretiennes de la Basse-Bretagne, qui a
obtenu un prix de 1,000 francs. .
M. Luzel répond qu'iJ remercie ses collègues et que,
._ sans s'exagérer l'importance de la distinction à laquelle

il est fait allusion, il la considère comme un encoura-
gement à poursuivre ses recherches et ses études sur
la littérature populaire et traditionnelle de la Basse-
Bre'tagne. .
La séance est levée à quatre heures.

Le Secrétaire par intérim)

F.-M .. LUZEL .